"Le café des au revoir" de Toshikazu Kawaguchi
L’histoire : "Je voulais que tu saches que mon bonheur, c’est à toi que je le dois." Ce sont les paroles de Monji, décidé à tout dire à sa femme plongée dans le coma. Comme lui, ceux qui fréquentent le café Funiculi Funicula espèrent y réparer le passé. Une tasse de café leur permettra de voyager dans le temps et d’adresser à l’absent le message d’amour qu’ils n’ont pas su formuler à l’époque.
Ainsi, Hikari qui se sent coupable de n’avoir pas répondu à la demande en mariage de son petit ami, disparu depuis ; Michiko, hantée par le souvenir de son père qu’elle a rejeté ; Sunao, qui pleure son chien adoré… Sauront-ils dire au revoir à leurs aimés et, ce faisant, se réconcilier avec eux-mêmes ? Car pour honorer la mémoire des absents, il faut d’abord trouver la paix en soi.
La critique de Mr K : En novembre de l’année dernière, j’avais lu et fortement apprécié Le café où vivent les souvenirs de Toshikazu Kawaguchi, un ouvrage solaire, léger et enivrant. L’auteur est de retour en 2024 avec Le café des au revoir, une nouvelle série de courts textes mettant en scène de nouveaux clients du fameux établissement où l’on peut revenir dans le passé simplement en s’offrant une tasse de café. La magie opère une fois de plus instantanément avec ce nouvel opus tout aussi séduisant que les précédents et qui se lit d’une traite.
Retour au café Dona Dona donc avec à nouveau une série de personnages que la vie n’a pas épargné, chacun à sa manière. Ils entrent tour à tour dans le café, plus ou moins convaincus par les rumeurs qui courent sur les lieux et finalement, ils vont franchir le pas une fois la dame en blanc partie aux toilettes et ayant libéré la fameuse table où le miracle peut avoir lieu. Ce fantôme veille jalousement sur cette place et elle a le caractère bien trempé. Une fois installé, le client peut se faire servir un bon café et l’on peut revoir les êtres aimés ou disparus si l’on respecte un certain nombre de règles.
Une jeune femme, culpabilisant d’avoir rejeté son père depuis décédé lors d’un tremblement de terre, souhaite ainsi le revoir pour pouvoir échanger avec lui, une autre ne se remet pas de la perte de son chien et voudrait le revoir une dernière fois, une jeune femme qui culpabilise d’avoir rejeté la demande en mariage de son petit ami de l’époque... ce sont autant de personnages un peu perdus et en quête de solution. Le café Dona Dona va leur permettre de passer un cap, de mener à leur manière un travail d’introspection, revenir à l’essentiel et à la vie.
On retrouve tous les ingrédients qui ont fait des précédents opus de vraies réussites. Une simplicité et une universalité qui explosent en bouche à chaque récit que l’on parcourt, des évidences de vie sans tomber pour autant dans le moralisateur ou le cucul. L’auteur a un don certain pour apporter de la sagesse dans chacune des situations qu’il décrit, dans un style simple, épuré mais d’une profondeur extrême. L’âme humaine ne semble avoir aucun secret pour lui et l’on se régale de ces voyages dans le passé qui révèlent beaucoup de choses sur ce que nous sommes comme êtres humains.
La lecture fut aisée, passionnante et divertissante et l’on se plaît à retrouver ce café pas comme les autres. Les amateurs de littérature nippone et de récits initiatiques ne s’y tromperont pas, on est face à une nouvelle œuvre de goût réjouissante au possible.