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Le Capharnaüm Éclairé

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7 juillet 2025

Pour quelques livres de poche en plus...

 

Nouveau post acquisitions pour bien démarrer l'été ! Il vient complèter le précédent qui faisait la part belle à la littérature de genre, on ne s'en éloigne pas trop avec cette nouvelle sélection d'ouvrages dégotés par-ci par-là depuis plusieurs mois. Jugez plutôt.

 

 

100% sélection Mr K avec des titres en pagaille entre horreur / épouvante, policier, littérature jeunesse, romans noirs et fiction historique. J'en salive déjà d'avance même si le temps joue contre moi et qu'il faudra de nombreux mois pour venir à bout de ces titres prometteurs. C'est parti pour la traditionnelle présentation des nouveaux entrants de ma PAL !

 

 

- Mamie Luger de Benoît Philippon. Du même auteur, j'avais lu et apprécié Papi Mariole l'année dernière. Je suis tombé sur cet ouvrage qui l'a fait connaître et qui promet d'être aussi drôle et saignant avec une grand-mère de 102 ans qui accueille les flics à son domicile avec sa 22 long rifle. Les échos de la blogosphère sont très bons et je sens que ça va être une lecture à la fois fraîche et piquante. 

 

- Berceuse de Chuck Palahniuk. On ne présente plus cet auteur à la maestria littéraire épatante et aux livres qui ne laissent jamais indifférent. Un journaliste fait une découverte incroyable, une berceuse qui aurait le pouvoir de tuer ! Le souci, c'est qu'il n'est pas le seul à connaître ce secret et on imagine ce que cela peut donner sur des lèvres mal intentionnées. Miam miam !

 

 

- Les Naufragés du Wagner de David Grann. Un récit d'aventure, de naufrage, de disparition et de réapparition à la sauce marine se déroulant au XVIIIème siècle. Pas besoin d'en dire plus, si ce n'est que c'est le genre de récit que j'affectionne tout particulièrement. L'ouvrage a très bonne presse, il ne restera pas longtemps dans ma PAL.

 

- Le Crépuscule et l'Aube de Ken Follett. Depuis le temps que je désirais mettre la main dessus en occasion, enfin j'ai en ma possession la préquelle aux Piliers de la terre, une lecture culte à mes yeux. L'action se déroule en 997, toujours à Kingbridges alors que les anglais doivent faire face à des attaques viking. Une épopée qui promet d'être grandiose où se mêlent vie et mort, amour et ambition, violence et trahisons. Hâte de m'y mettre !

 

 

- Cat magic de Whitley Strieber. Fin des eighties, une petite bourgade de Pennsylvannie, la mort rode et empli les cœurs. Deux communautés s'affrontent, des chrétiens rigoristes d'un côté et des adeptes de la Lune et de l'Amour physique de l'autre. La quatrième de couverture m'a séduit de suite, ça m'a fait penser à mes premières lectures de Stephen King. Qui lira, verra !

 

- Fury de John Coyne. Une épidémie de folie furieuse s'étend dans la population et ça fait des ravages. L'ouvrage promet d'être gore et speed, le genre de lecture sympathique à souhait à l'occasion !

 

- Mary Terreur de Robert R. McCammon. Un thriller horrifique qui promet là encore beaucoup avec une femme pour le moins dérangée du bulbe aux multiples identités lorgnant sur un nouveau né pour régler une dette très ancienne. Pas sûr que la mère naturelle soit d'accord...

 

 

- Le Mambo des deux ours de Joe R. Lansdale. Une trouvaille sympathique pour un auteur dont j'avais beaucoup aimé Un froid d'enfer. Tensions raciales, alliance contre nature entre un flic blanc et un citoyen black, une maison de dealer cramée, une petite ami disparue en plein territoire du Ku Klux Klan... Ça sent bon le roman policier hardboiled et sans concession. De la bonne came en somme !

 

- Noir Océan de Stefan Mani. Huis clos marin à bord d'un cargo en partance vers nulle part où huit marins emportent chacun un terrible secret. Lorsque les communications sont coupées et les moteurs sabotés, la folie rampante depuis le départ devient galopante, gare aux dégâts ! 

 

- Zone mortuaire de Kelt et Ricardo Montserrat. Un roman noir, social écrit en collaboration entre un écrivain installé et un collectif d'habitants de Kervénanec, quartier populaire de Lorient. On est dans le local, le poisseux, le douloureux mais aussi l'espérance. Je suis curieux de lire ça !

 

- Le Sabot du Diable de Kem Nunn. Un photographe se retrouve engagé pour capter un cliché d'un des meilleurs surfer du monde à l'assaut du Heart Attacks, la vague ultime pour tout amateur de surf. Mais le spot est inaccessible, au fin fond d'une réserve indienne où règnent la violence, la drogue et des légendes inquiétantes. Hâte de tenter l'aventure !

 

- La Vengeance aux yeux noirs de Lisa Gardner. Comme je le dis à chaque fois quand je croise la route d'un Lisa Gardner que je n'ai pas encore lu, je ne peux résister. Dans ce volume, on retrouve Pierce Quincy, un profiler du FBI dont l'intuition sans faille lui permet de résoudre bien des affaires. Cette fois-ci, il a affaire à un mystérieux personnage qui souhaite sa perte. Notre héros va se retrouver sur la corde raide.

 

 

- Le Comte de Karlstein de Philip Pullman. Belle pioche encore sans doute avec ce titre d'un auteur que j'adore. Entre comédie et épouvante, on croise dans cet ouvrage un diable chasseur, deux fillettes vouées à un sacrifice terrifiant, un bandit en fuite et un mystérieux comte qui donne son titre au livre. Cet ouvrage non plus ne fera pas de vieux os dans ma PAL.

 

- Le Petit Nicolas, Le Petit Nicolas et les copains et Les Bêtises du petit Nicolas de Sempé et Goscinny. Quel bonheur que cette trouvaille ! Pensez-donc, trois volumes du Petit Nicolas, une de mes madeleines de Proust en littérature. Je les ai dévorés en fin d'élémentaire et j'y replongeais régulièrement ensuite en début de collège, malheureusement je ne les avais pas, il s'agissait toujours d'emprunts au CDI ou à la bibliothèque. Le tort est désormais réparé et je les relirai avec plaisir en compagnie de Little K.

 

- Scarlett et Novak d'Alain Damasio. Déjà lu et chroniqué ici, cet ouvrage me servira dans le cadre de mes cours et notamment de sessions de lecture à voie haute pour susciter le débat et l'échange avec les jeunes qui me sont confiés. Certes l'ouvrage ne révolutionne rien mais il est parfait pour engager la discussion autour de la dépendance aux Smartphones.

 

Une bien belle récolte que ces acquisitions qui viennent grossir les rangs de mes lectures à venir. J'ai beau me dire que ce n'est pas raisonnable (ma PAL ne désemplit jamais) mais tous ces titres m'ont irrémédiablement attirés, je n'ai pas pu résister. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'ils promettent des heures et des heures de lectures passionnantes. Rendez-vous ici même pour les futures chroniques.

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4 juillet 2025

"Paracuellos" de Carlos Giménez

 

L’histoire : Carlos Giménez a entrepris de conter les merveilleux souvenirs de sa folle jeunesse dans les foyers de l'Assistance Publique espagnole, à l'époque de la dictature du général Franco. Il a regroupé ses récits sous le titre "Paracuellos", du nom de l'un de ces foyers.


De chaque évènement qui l'a marqué, aussi infime soit-il, de chaque anecdote ou mésaventure, vécus en ces verts paradis, il a tiré des pages bourrées de gags désopilants à se taper la tête contre les murs et à mouiller son froc de rire.


Alors attention les yeux, vous avez intérêt à sortir vos mouchoirs des fois que les larmes se mettent à dégouliner tellement vous allez vous fendre la gueule.

 

La critique de Mr K : Très bel emprunt à la médiathèque que ce recueil regroupant tous les tomes des Paracuellos de Carlos Giménez que j’avais parcouru il y a bien bien longtemps. Cette réédition est de poids, le contenu dense et le choc toujours aussi percutant. Quelle misère et quelle tristesse ! Et dire que la tendance actuelle en France est de se rapprocher des solutions franquistes évoquées dans cet ouvrage…
 

 

Comme le dit Carlos Giménez en préambule, cette série n’aurait jamais du s’appeler Paracuellos mais plutôt Histoire de l’Assistance Sociale ou Histoire des foyers (Paracuellos est le nom de l’un dentre eux). Les différents recueils compilés ici (au nombre de six) sont constitués de petits strips, histoires comptant deux à six planches dessinées, basés sur des histoires et des anecdotes que l’auteur a pu vivre ou qui lui ont été racontées par des enfants qui ont passé quelques années enfermés dans l’un de ces foyers. L’idée pour l’auteur était de livrer un documentaire réaliste sur la manière dont on (sur)vivait dans ces lieux de claustration régis par un ordre militaire et catholique intégriste.

 

 

L’auteur précise que les faits ont été romancés et que les personnages ne correspondent pas à des protagonistes existants mais derrière chacun d’entre eux se trouve l’histoire vraie d’un véritable enfant. L’Espagne de ces années-là (années 50 et 60 ici) était une société très dure et violente, cela se ressentait à tous les échelons et dans tous les milieux : maris violents, les gradés et les patrons qui tabassaient les aspirants et les apprentis, les professeurs maltraitant beaucoup aussi les élèves. Normal que dans cet état de fait, les enfants n’échappent pas à ce fonctionnement et deviennent violents entre eux. A société monstrueuse, réponse monstrueuse… c’est ce qu’étaient ces foyers de l’enfance.

 

 

On croise donc énormément de monde dans ces planches, à commencer par une ribambelle de mômes de tout horizon et aux caractères bien différents. C’est la loi du plus fort ou du plus malin qui règne parmi eux tant le cadre franquiste laisse peu de place au rêve et à l’évasion. On se chamaille, on se bagarre, on règle ses comptes, on se jauge mais on rit aussi à l’occasion, on partage, on lit, on joue. Ils restent des mômes et leur nature fait d’autant plus ressortir la cruauté de leurs conditions de vie. Le sentiment de faim est omniprésent, les obsède, ils sont en sous-nutrition constante. Malgré des chaleurs insoutenables l’été, on les rationne drastiquement en eau, ils dorment mal… C’est un véritable enfer sur Terre.

 

 

Quant aux adultes qui les encadrent, on est dans le domaine des kapos avec des professeurs tortionnaires, un militaire phalangiste ultra-rigoureux qui leur "enseigne" l’ordre et la discipline à coup de beignes et un prêtre fondamentaliste qui leur promet les Ténèbres éternelles à chaque homélie ou sermon. Nulle trace de confiance entre encadrants et encadrés, presque aucune éclaircie car on côtoie ici la méchanceté, l’incompétence voire même une forme de sadisme. Mention spéciale à l’infirmière myope comme une taupe adepte de la piqûre comme remède universel ! La lecture devient donc très vite angoissante et oppressante, on avance lentement, redoutant de tourner les pages tant elles sont frappées du sceau du malheur. D’ailleurs, j’ai pris mon temps pour le lire, j’ai échelonné ma lecture sur plusieurs semaines.

 

 

Il y a un côté Gotlib dans le dessin, d’ailleurs ce dernier a rédigé la préface du présent recueil. Noir et blanc seyant, petites cases et beaucoup de textes font de cette BD une œuvre dense, riche et exigeante. Il faut avoir le cœur bien accroché et l’esprit focus pour traverser sans encombre un ouvrage marquant à tout point de vue et qu’il serait bon de lire et relire par les temps qui courent...

1 juillet 2025

"Check-point" de Jean-Christophe Rufin

 

L’histoire : Maud, vingt et un ans, cache sa beauté et ses idéaux derrière de vilaines lunettes. Elle s'engage dans une ONG et se retrouve au volant d'un quinze tonnes sur les routes de la Bosnie en guerre. Les quatre hommes qui l'accompagnent dans ce convoi sont bien différents de l'image habituelle des volontaires humanitaires. Dans ce quotidien de machisme, Maud réussira malgré tout à se placer au centre du jeu. Un à un, ses compagnons vont lui révéler les blessures secrètes de leur existence. Et la véritable nature de leur chargement.
 

À travers des personnages d'une force exceptionnelle, Jean-Christophe Rufin nous offre un puissant thriller psychologique. Et l'aventure de Maud éclaire un des dilemmes les plus fondamentaux de notre époque. À l'heure où la violence s'invite jusqu'au cœur de l'Europe, y a-t-il encore une place pour la neutralité bienveillante de l'action humanitaire ? Face à la souffrance, n'est-il pas temps, désormais, de prendre les armes ?


La critique de Mr K : Jean- Christophe Rufin est un auteur que j’adore et dont les œuvres m’ont bien souvent marqué. Check-point avait tout pour me séduire et m’emporter, la quatrième de couverture était riche de promesse. Au final, la lecture fut rapide et plaisante mais pas inoubliable, la faute essentiellement à un manque de surprise dans le scénario et des personnages pour certains fades voire carrément caricaturaux.


Maud a 21 ans. Elle est belle mais ne l’assume pas et se cache du regard des autres en s’enlaidissant et en vivant un peu dans son monde. Elle s’engage dans une ONG lyonnaise qui s’occupe entre autre d’organiser des convois humanitaires vers des zones en guerre. Nous sommes dans les années 90, un conflit sanglant se déroule alors en ex-Yougoslavie, une épuration ethnique est en cours. Après quelques mois à s’intégrer dans l’organisation, suivre des opérations en cours et faire des bilans des actions, elle part pour la première fois en mission !


Parce qu’elle a passé son permis poids lourd, la voila partie dans la Bosnie en guerre en compagnie de quatre hommes. Ensemble, ils vont se relayer au volant pour apporter aux populations en détresse des rations et des vêtements regroupés dans deux camions. Il y a Lionel, le chef de mission adepte de la fumette et autoritaire à sa manière (oui je sais, les deux peuvent paraître incompatibles !), Vauthier le mécanicien du groupe taciturne et taiseux mais aux aguets (mais que peut-il bien cacher ?). Enfin, il y a Alex et Marc, deux anciens militaires qui semblent très proches et qui se mettent volontiers à part du reste du groupe. Dans un premier temps, tout le monde s’observe un peu en chiens de faïence. Les motivations pour être là semblent être bien différentes et la nature même du chargement pose question, tout n’a pas été dit à Maud et une première révélation va mettre à mal toutes ses certitudes. Les événements vont alors se précipiter, les équilibres fragiles se briser…


L’ouvrage s’apparente clairement à un huis clos. Ce road trip humanitaire n’est en fait qu’un prétexte pour proposer une étude de personnages approfondie bien que prévisible la plupart du temps. On passe beaucoup de temps avec eux dans les cabines des camions, la moitié de l’ouvrage s’y déroulant. Discussions vives, observations mutuelles, phases de conduite hypnotisante, le sommeil qui vous prend sans prévenir. On est au plus proche d’eux et c’est crédible, très immersif. Les rapports de force de départ vont beaucoup évoluer, la position donc de chacun aussi. C’est assez fun à lire même si certains personnages m’ont paru archétypaux, manquant cruellement de psychologie ce qui m’a étonné de la part de Rufin qui ne m’avait pas habitué à cela. Ainsi Maud est vraiment très très fleur bleue, limite niaiseuse. J’ai trouvé que l’évolution de son personnage manquait de subtilité avec un ultime acte qui ne colle pas avec le reste. Marc est lui aussi traité de la même manière à la mode beau ténébreux charismatique à qui on ne la fait pas. Un pur personnage de série B. On flirte donc parfois avec ces deux-là avec le kitsch et le ringard ce qui dynamite un peu la tension que veut distiller l’auteur. Heureusement, les trois autres protagonistes relèvent le niveau ainsi que les personnages secondaires qu’ils vont croiser durant leur périple.


Le plus réussi dans ce roman, c’est la description du voyage en lui-même. Rufin se plaît et excelle dans la description de la route empruntée, des paysages et du temps changeant (l’hiver approche). On rentre dans des vallées perdues au milieu de chaînes de montagnes mystérieuses, on suit des cours d’eau serpentant, on se chauffe la couenne au soleil ou l’on grelotte sous de fortes chutes de neige, on traverse des localités dévastées par la guerre, des fermes délabrées où l’on manque de tout mais où l’on est accueillant et aidant… Et puis, il y a les fameux check-point qui donnent leur nom au titre du roman. La tension est palpable, les haines séculaires malgré la cohabitation. Serbes, croates, bosniaques, chrétiens, musulmans cohabitent depuis longtemps mais depuis la chute du Mur de Berlin, la détestation a ressurgi et a éclaté en plein jour. A chaque barrage, il faut donc montrer patte blanche, jouer sur ses relations, offrir à l’occasion un bakchich. C’est très bien retranscrit et l’on sent là l’expérience de l’auteur, ancien médecin dans l’humanitaire puis ambassadeur. On ne tombe jamais dans la surenchère, tout est amené par petites touches et nourrit parfaitement l’imaginaire du lecteur.


L’écriture reste toujours aussi efficace. Les pages se tournent toutes seules, le rythme ne se dément jamais et malgré un balisage trop important à mes yeux, on souhaite toujours poursuivre sa lecture. Bon page-turner en somme pour un thriller psychologique qui atteint moyennement ses objectifs. Une lecture idéale pour l’été et pour celles et ceux qui souhaitent lire un ouvrage accessible et prenant.
 

Également lus et chroniqués au Capharnaüm éclairé du même auteur :
- Le Collier rouge
Rouge Brésil
La Salamandre
Le parfum d'Adam
- Globalia
- L'Abyssin

25 juin 2025

"La planète Folie" de John Brunner

 

L’histoire: Déconcertant, grave, alarmant !


Les sondes spatiales avaient rapporté à la terre des informations positives concernant la planète Asgard : une flore étrange certes mais sans danger, une faune pacifique, un sol fertile.


Or, dès que les colons s'installent, tout devient danger, peur, lutte pour la vie. Mais peut-on parler de lutte quand un "scorbut" d'origine inconnue ronge les hommes, les livrant tout entiers aux fantasmes et cauchemars des mythologies de la Terre ? Folie si puissante qu'elle envahit le quotidien.


En fait la planète se défend de toutes ses armes contre les intrus qui veulent faire d'elle une autre terre. Les hommes sauront-ils découvrir la vérité d'Asgard, l'écouter, la respecter ?

 

La critique de Mr K : Chronique d’un ouvrage de SF bien vintage aujourd’hui au Capharnaüm éclairé. La Planète en folie de John Brunner est sorti en France en 1977 chez les Humanoïdes associés, la couverture est bien dans son jus (et clairement hors-sujet je trouve) et les rebords de pages rouges, j’adore ! Après lecture, mon avis est mitigé. On passe un assez bon moment mais c’est parfois laborieux et le temps qui s’est écoulé n’a pas joué en sa faveur.

 

Asgard, nouveau berceau de l’humanité qui s’y est installée lors de son expansion vers les étoiles. Les colons y ont trouvé une planète habitable sur laquelle ils peuvent vivre et prospérer. Malheureusement, au fil du temps, des cas d’une mystérieuse maladie s’apparentant au scorbut se déclarent et des rêves effrayants hantent les esprits la nuit. La planète semble se défendre à sa manière, les intrus ne sont plus les bienvenus tant ils envahissent les territoires et pompent les ressources naturelles. Comment les humains vont-ils pouvoir combattre ce mal inconnu et soumettre ce monde devenu hostile ? Ne faudrait-il pas faire un pas de côté, observer, analyser et changer notre existence, notre mode de vie ?

 

Sur la papier, la quatrième de couverture est fort séduisante. L’action démarre de suite avec le héros Dennis qui se réveille d’un cauchemar. Explorateur émérite qui s’ennuie sur cette planète où il n’y a plus d’aventures pour lui, il souhaite la quitter et découvrir d’autres horizons et notamment mettre la main sur de nouvelles ressources pour renforcer la communauté. Il va être rattrapé par l’épidémie et suit de prêt la riposte, les recherches entreprises pour enrayer le mal. Tractations du pouvoir, scientifiques déboussolés et des cas qui se multiplient densifient un récit porteur de sens et parfois même prémonitoire. On alterne le présent mais aussi des éléments du passé de la planète, l’arrivée des colons et leur installation. Les éléments se répondent bien, la progression de l’intrigue est bien millimétrée et la fin plutôt maline même si je la pressentais fortement.

 

Reste un sentiment d’insatisfaction qui n’a fait que monter. La faute à des personnages qui ne m’ont clairement pas accroché, très souvent fades, sans réelle consistance. On est dans l’ordre de l’archétype sans fantaisie ni surprise. J’aime moyennement les sentiers balisés en littérature et je dois avouer aussi que je me suis ennuyé sur des pages entières. L’intérêt perdure cependant mais ne tient qu’à un fil. L’écriture est efficace mais ne brille pas vraiment par son originalité et sa folie, qui ne se résume qu’au titre de l’ouvrage.

 

Bref une lecture que je qualifierai de dispensable, à réserver uniquement aux fans de l’auteur ou de SF vraiment bien vintage.

23 juin 2025

"Un métier dangereux" de Jane Smiley

 

L’histoire : 1851, Monterey, Californie. L'Ouest, le vrai. Prématurément veuve - délivrée d'un mari qu'elle a suivi sans passion depuis son Michigan natal -, la jeune Eliza devient prostituée dans une maison bien tenue, sous l'égide d'une patronne soucieuse du bien-être de ses "filles", la très sage Mrs Parks. C'est le temps de l'indépendance, des amitiés confraternelles, de la découverte de soi et de la littérature. Mais voilà qu'une série de meurtres viennent faucher de jeunes consœurs. Face à l'indifférence des autorités, et inspirée par les aventures du détective Dupin, d'Edgar Allan Poe, Eliza décide de mener l'enquête.

 

La critique de Mr K : Très belle découverte que cet ouvrage dégoté dans la librairie indépendante La Dame Blanche à Port-Louis où j’ai mes habitudes. Mis en avant sur les rayonnages par la libraire aux goûts sûrs, Un métier dangereux de Jane Smiley s’est avéré être une très bonne lecture entre féminisme, enquête policière et miroir historique sur l’ouest lointain américain au XIXème siècle. Vif, dense et accessible, voila un ouvrage dont je n’ai fait qu’une bouchée !

 

Eliza est veuve, mariée à 18 ans à un homme possessif et violent, quand celui-ci meurt lors d’un règlement de compte au saloon, elle se sent enfin libre et décide de vivre sa vie comme elle l’entend. Elle devient péripatéticienne dans une maison close tenue par Mrs Parks, une tenancière soucieuse du bien être de ses filles et qui veille à leur sécurité. Cette existence pour le moins particulière convient à Eliza qui se découvre une belle amitié avec Jane, une collègue spécialisée dans les femmes. C’est le temps des balades, des découvertes littéraires (notamment Edgar Alan Poe leur contemporain) et des discussions à bâton rompu. Si ce n’est pas le bonheur ça en a le goût…

 

Et puis une, puis deux, puis trois filles de joie disparaissent sans que cela ne semble inquiéter les autorités. Elles sont sans doute parties faire leur vie ailleurs leur répond-on… Quand un cadavre puis deux refont surface, Eliza et Jane ne peuvent nier l’évidence, un meurtrier en série de femmes sévit dans les environs. Elles décident de mener l’enquête avec les moyens du bord : l’observation, la déduction et leurs connaissances des êtres humains.

 

L’enquête en elle-même n’est pas des plus trépidantes, l’époque s’y prête peu. Pas de technologie, une science de l’investigation qui n’en est qu’à ses balbutiements et une bourgade tranquille, lieu de passage de voyageurs divers et d’équipages maritimes. Eliza, tout en continuant à exercer son métier, part un peu hasard, se fie à ses intuitions, se trompe souvent et avec elle le lecteur. On croise nombre de personnages interlopes ou sensibles, les clients se bousculent au portillon et chacun peut dans l’absolu être l’assassin qu’elle recherche. Peu à peu la lumière se fait et la fin vient nous cueillir parfaitement au détour d’une scène de révélation bien menée, surprenante et terrifiante à sa manière. L’aspect policier est donc bien réussi.

 

Mais ce que j’ai préféré, c’est l’aspect féministe de cet ouvrage. L’époque est plus patriarcale encore qu'aujourd’hui mais les femmes pour autant existent, gèrent leur quotidien et nous les suivons de près. Notamment la vie dans une maison close avec ses rituels de chairs, ses rencontres. Les passes sont décrites avec réalisme et élégance ce qui en la matière n’était pas gagné au départ. Il est question de solitude, de frustration, de délires aussi et Eliza contrôle, s’adapte. Qu'elle est solide ! Qu'elle est forte ! L'existence ne l’a pas vraiment gâtée jusque là mais cette vie qu’elle s’est choisie semble lui convenir et lui offre une indépendance qu’elle a longtemps appelé de ses vœux. Et puis, il y a Jane, sa liberté, son extravagance et son indéfectible amitié qui émane d’elle et porte les deux héroïnes. Les deux personnages fonctionnent bien et on les suit avec plaisir.

 

L’époque est remarquablement reconstituée. Ce n’est pas celle que je préfère, j’ai du mal avec le western, mais ici c’est un beau panorama du rêve américain à l’ancienne, de la construction d’une nation et des erreurs qu’elle peut connaître. On n'évoque que peu le sort des amérindiens mais on croise nombre de déçus et d’aspirants au bonheur dans une époque rude et porteuse d’espoir à la fois. L’immersion est totale mais sans en faire trop, l’auteure ne sacrifiant jamais le rythme et la profondeur de l’histoire dans des descriptions alambiquées ou trop fournies. Le mix récit / caractérisation est dosé à la perfection et contribue grandement au plaisir de lire.

 

L’ouvrage se lit donc très vite, proposant une multitude de sentiments contradictoires, efface parfois les lignes séparant le Bien du Mal et livre au final un tableau subtile et détonant. Une expérience jubilatoire que je vous invite à tenter à votre tour.

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18 juin 2025

"Café noir" ouvrage collectif

 

Le contenu : Si vous plongez vos lèvres dans ce café noir de noir, vous risquez de plonger dans des miroirs vertigineux où la littérature noire se cherche elle-même. Du nord au sud de l’Europe, jusqu’à ses territoires les plus reculés, dans les îles et les exils, elles ont débusqué ce que la littérature avait à offrir de plus sombre au travers de neuf nouvelles : le secret, le mensonge, la jalousie, les corps oubliés et les corps retrouvés, les corps humains et les corps animaux, les meurtres de sang-froid et le sang encore chaud.

 

La critique de Mr K : Très bel ouvrage que ce recueil de nouvelles noires paru chez Agullo le mois dernier. Café noir offre des textes venus des quatre coins de l’Europe et propose une vision de la noirceur très diverse selon les pays et les mœurs qui en découlent. Neuf nouvelles plus ou moins courtes, neuf expériences, neuf textes plus ou moins marquants mais qui m’ont fait passer un excellent moment.

 

Une écrivaine rencontrant son éditeur qui refuse de publier son livre et lui dit sans ambage que c’est une bouse, une sculptrice et son mari qui vivent dans un appartement où flotte une odeur de putréfaction de plus en plus piquante, un homme montant à la ville pour retrouver son amante et qui nourrit une forte jalousie, une agression et un viol qui nourrissent des souvenirs obsessionnels, l’évolution de la Tchécoslovaquie post 45 au fil de l’histoire d’une propriétaire, un prisonnier et son bourreau dans une Géorgie déchirée, un marin et son fils prennant la mer pour une traversée métaphysique, un homme convoqué au commissariat pour une raison obscure, un groupe d’ami qui a implosé et des retrouvailles décalées suite au suicide d’un membre… Voilà le programme de ces neuf textes très différents dans leur forme et leur contenu. Le point commun : leur noirceur et l’exploration sans fard de la nature humaine.

 

Quel que ce soit le texte, vous pouvez être sûr que c’est efficace. On navigue vraiment en eaux troubles avec des personnages très humains soumis au trouble d’une situation ou de leur nature. Bien souvent, on ne sait pas trop sur quel pied danser, les auteurs aimant nous égarer pour mieux nous surprendre ou nous attraper. Bien que les contextes soient très différents, les éléments culturels aussi (on voyage vraiment à travers toute l’Europe), on retrouve à chaque fois l’idée de se concentrer sur un moment clef d’une vie, un élément de bascule qui révèle bien des vérités sur les personnages mais aussi sur l’humanité dans son genre.

 

On explore nombre de thématiques de manière à chaque fois approfondie malgré la brièveté des textes. L’art et l’inspiration, le souvenir et l’Histoire, l’amour et ses dérivés plus ou moins branques, les haines ancestrales et les relations nouvelles, la liberté aussi sous toutes ses formes et dans diverses situations. On aime se faire porter, dépasser voire bousculer par ces destins abrupts et profonds à la fois.

 

Les écritures de Rasha Abbas, Manos Apostolidis, Murat Celik, Zonitsa Garkova, Rakel Haslund-Gjerrild, Nino Sadghobelashvili, Shobasakthi, Katerina Tuckova et José Viale Mouthino diffèrent beaucoup d’un texte à l’autre mais on est séduit par chacune d’entre elles. Elles servent remarquablement le propos et offre un voyage de toute beauté. Percutant, poétique à l’occasion et crédible, voila un recueil qui fait mouche et qui ravira les amateurs. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

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