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Le Capharnaüm Éclairé

18 avril 2024

Premières acquisitions 2024

 

Il fallait bien que ça arrive... Le voici, le voila, le premier post acquisition de cette année 2024. Aujourd'hui, je vais vous parler d'une partie ce que nous avons récolté lors de nos passages dans certains dépôts vente, recycleries et autres boîtes à livre. C'est que ça commençait à s'accumuler dans mon bureau et que depuis nous sommes allés chez Emmaüs... Mais ça c'est une autre histoire que je vous conterai une autre fois...

 

 

Pas mal comme butin, non? Il y a du beau monde et des heures et des heures de bonheur de lecture à venir. Et c'est parti pour la présentation des petits nouveaux qui vont venir grossir les rangs de nos PAL qui n'en finissent pas de ne pas se vider... enfin, surtout la mienne, Nelfe étant une fois de plus beaucoup plus raisonnable que moi.

 

 

- L'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante. Voici une tétralogie que j'ai envie de lire depuis très longtemps (il ne me reste plus que le quatrième volume à dégoter) vu son aura et les retours très positifs que j'ai pu lire ici ou là. On suit le destin de deux amies qui se sont connues dans un quartier pauvre de Naples et dont les destins vont s'entrecroiser au fil du temps et des époques. J'ai hâte de débuter cette saga qui promet beaucoup et que je me réserve pour cet été.

 

 

- Trilogie La Moïra de Henri Loevenbruck. Fantasy quand tu nous tiens ! Cette trilogie me tendait les bras et est précédée d'une flatteuse réputation. Deux héroïnes, deux parias qui pourraient sauver le monde mais attisent les convoitises. Vendue comme un roman initiatique empli d'aventure, voila typiquement le genre d'ouvrage qui pourrait être dévoré très rapidement. Et la plume de Lœvenbruck est tellement efficace !

 

- Cycle Endymion de Dan Simmons. Faisant suite à la tétralogie Hyperion que j'ai adorée en son temps (c'était avant la création de ce blog, c'est dire), j'ai enfin mis la main sur les quatre volumes d'Endymion. Nous revenons sur la planète Hypérion et suivons un tout nouveau personnage principal et recroiserons d'anciennes connaissances dans un space opera qui promet lui aussi beaucoup. J'adore Dan Simmons qui ne m'a que très rarement déçu et il me tarde de retourner dans cet univers si particulier et si séduisant.

 

 

- Outresable de Hugh Howey. J'ai beaucoup aimé Silo et l'occasion faisant le larron, Nelfe est tombée sur celui-ci. Hugh Howey nous convie cette fois-ci dans un monde où le sable a tout recouvert et où les hommes subsistent comme ils peuvent en essayant de reconstruire la civilisation. Les plongeurs sont une corporation à part, une élite qui descend toujours plus profond pour rapporter des artefact d'un monde perdu. On va suivre l'un d'eux en quête d'une cité mythique objet de tous les fantasmes. Le pitch est accrocheur et connaissant le bonhomme, on va avoir affaire à un bon thriller SF des familles.

 

- Lâchons les chiens de Brady Udall. Un recueil de nouvelles teintées d'humour noir de chez Terres d'Amérique. 11 nouvelles pour 11 personnages seuls, frustrés ou trahis par la vie qui ne trouvent pas de solution pour résoudre leurs problèmes. Vu la qualité de cette collection et mon amour pour les textes courts, je pense que je vais passer un bon moment.

 

- Sept jours pour survivre de Nathalie Bernard. Un thriller glaçant se déroulant dans le grand nord canadien avec cette histoire d'une adolescente amérindienne qui se réveille perdue dans une cabane perdue au milieu de la forêt. Que fait-elle ici ? Elle ne sait pas mais il ne lui reste que sept jours pour survivre. L'écriture et les thématiques développées par Nathalie Bernard m'avait énormément plu dans son roman Sauvages lu en mai dernier, celui-ci me parait être dans la même veine. Chouette chouette chouette !

 

Voila c'est fini comme dirait l'autre, on n'a pas fait les choses à moitié en ce premier trimestre 2024 et ceci n'est qu'un premier aperçu, la suite devrait vous être présentée d'ici peu.

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15 avril 2024

"Monstres" de Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis

 

L’histoire : Lorsqu’un cirque itinérant débarque dans son village, le jeune Otto s’y rend, intrigué par l’annonce d’une bête terrifiante, d’un Monstre en lettres majuscules ! Mais sous le chapiteau, quand le rideau se lève enfin, c’est la surprise totale, autant pour les spectateurs que pour le lecteur…

 

La critique de Mr K : Nouvelle découverte faite au CDI de mon établissement avec cet ouvrage fortement conseillé par ma collègue professeur documentaliste. Monstres de Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis a en effet très bonne presse et nombreux sont les retours dithyrambiques que j’ai pu lire ou voir ici ou là. J’avoue avoir été complètement charmé par la perspective de le découvrir à mon tour et je dois convenir que l’œuvre est très belle, envoûtante même, mais finalement elle se révèle plutôt convenue.

 

Un village perdu au milieu de nulle part, un jeune garçon dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il se sent seul, à part dans la communauté et différent des garçons de son âge. En quelques pages / planches, le décor est planté. Un cirque itinérant arrive au village et une certaine animation gagne les cœurs et les esprits surtout que le Monsieur Loyal de la troupe annonce la divulgation d’une créature à nulle autre pareille, un monstre défiant toute logique et toute imagination. Les esprits s’animent, la curiosité est à son comble. Le lendemain, lors de la soirée révélation, tout va changer pour le personnage principal qui va voir tous ses principes ébranlés.

 

 

On ne va pas se mentir, très vite on pense à Tim Burton. L’aspect gothique, le noir et blanc, un être esseulé... on se retrouve plongé dans les œuvres majeures du maître. Le carcan du groupe, la méfiance, la peur de l’inconnu, l’appréhension et la fragilité du héros sont au centre de ce récit que l’on suit avec plaisir. Et même si on n’est jamais surpris (j’ai vu venir la révélation sur la nature du "monstre" très vite), on se laisse porter par le souffle et la portée du message ô combien important en ces temps troubles où la différence inspire méfiance et politiques répressives. Ode à la différence, à la tolérance, ce livre porte un message universel qui ne manquera pas de toucher le lecteur.

 

 

La forme est magnifique en terme d’illustrations. Ce noir et blanc crayonné est un écrin magistral au propos véhiculé, les détails, l’ambiance étrange qui se dégage illustre parfaitement les thématiques en jeu. L’envoûtement est total, absolu et l’on tourne les pages émerveillé et curieux de savoir où tout cela va mener. Je suis plus réservé sur la partie littéraire, le récit est bien mené mais j’ai trouvé le texte finalement très basique, pas si poétique que ça au regard des images proposées comme illustrations. On pouvait aller plus loin dans l’explicite, la poésie pure pour relever encore le niveau d’adhésion du lecteur. Après, j’ai mon âge et je pratique la lecture depuis longtemps… je pense que les lecteurs plus jeunes seront beaucoup plus séduits par la prose proposée.

 

 

Monstres reste cependant une très belle lecture qu’on ne peut que conseiller et qui plaira au plus grand nombre.

13 avril 2024

"Les filles de Salem" de Thomas Gilbert

 

L’histoire : 1692. Salem, en Nouvelle-Angleterre. Abigail, 17 ans, raconte l'histoire des sorcières de Salem dont elle fut l'une des victimes. Suspectées d'être possédées par le démon, des jeunes filles de ce village puritain dénoncent d'autres membres de la communauté de les avoir ensorcelées. La psychose s'emballe, donnant lieu à des procès en sorcellerie et à de nombreuses exécutions.

 

La critique de Mr K : Très bonne lecture que cette BD one-shot que j’ai piquée à Nelfe, elle qui l’avait emprunté pour elle à la médiathèque du coin. J’avais regardé la série américaine du même nom (qui n’a rien à voir avec le présent récit si ce n’est la thématique) et qui m’avait vraiment plu par son côté jusqu’au-boutiste et barré sur certains arcs narratifs. Thomas Gilbert nous offre avec Les filles de Salem une plongée sans concession dans l’Amérique puritaine du XVIIIème siècle mettant en lumière la bêtise humaine et sa cruauté dans une BD éprouvante pour les nerfs et notre sensibilité.

 

 

C’est Abigail, une jeune fille de quatorze ans au début du récit qui va nous tenir la main durant tout l’ouvrage. Fille d’une famille installée, elle a soif de vie et partage ses joies et espérances avec ses copines. La vie est rude en ces temps reculés, les colons ne sont pas installés depuis très longtemps, la "menace" indienne est dans toutes les têtes, on vit de chasse et d’agriculture, les superstitions courent et la religion est en recul au grand désespoir du révérend local. Les filles elles, vivent leur vie et rencontrent de manière impromptue puis plus régulièrement un indien au visage peint en noir qui n’a pas peur d’eux et avec qui se tisse un lien fort et dénué de toute arrière-pensée. La nature et le relâchement sont de mise, une certaine idée du bonheur.

 

 

Mais on imagine bien que cela ne va pas durer, un homme du village les surprend et va vendre la mèche à la communauté. C’est le début de l’escalade, tout ce qui est suspect prend une ampleur insoupçonnée laissant place à une paranoïa galopante sur laquelle surfent les élites et notamment le pasteur qui voit là une occasion de resserrer ses griffes autour de ses ouailles au nom de la vraie Foi. L’épuration doit débuter et en première ligne les femmes, sources du pêché depuis l’épisode de la pomme au jardin d’Eden. Les premières victimes seront une aubergiste et sa fille, coupables d’avoir des mœurs plus libérées (c’est à dire non asservies par quelque homme que ce soit) puis le vent mauvais se tournera vers Abigail et ses proches copines…

 

 

Bien que profondément pessimiste et éprouvante, cette BD se lit d’une traite, hypnotisés que nous sommes par cette œuvre au fond et à la forme qui s’épousent parfaitement. Récit dramatique au possible, les dessins illustrent parfaitement le propos, lorgnant bien souvent vers une forme d’expressionnisme avec ses personnages déformés par la colère et le ressentiment, la peur habitant les visages des bourreaux et des victimes. L’esthétique renforce vraiment l’atmosphère sombre et la personnalité atroce de certains personnages. Il y a peu d'espoir, de passages plus lumineux si ce n’est de rares incursions dans la nature environnante, le reste semble perverti déjà par l’esprit humain et la folie qui ne demande qu’à se manifester.

 

 

Les personnages sont très bien caractérisés, les débuts font craindre une certaine forme de manichéisme mais il n’en est rien et certains seconds couteaux se révèlent bien nuancés donnant une puissance renouvelée aux actes en cours. Société carcan, familles étouffantes et effet de groupe se conjuguent et prennent à la gorge le lecteur, le rendant captif à l’image d’Abigail née à la mauvaise époque. La raison n’a pas voix au chapitre ici, les manipulations mentales ont cours s'appuyant sur les croyances fallacieuses et les pulsions de mort de tout à chacun. C’est assez effrayant et malheureusement très crédible pour l’époque et même aujourd’hui quand on voit les phénomènes auxquels on peut assister sur les réseaux sociaux à l’occasion.

 

 

Super récit, magistralement retranscrit et à la contextualisation parfaite. C’est beau, fort et terrible à la fois. À découvrir et lire absolument si ce n’est déjà fait.

11 avril 2024

"Mémoires de la forêt T1 : Les souvenirs de Ferdinand Taupe" de Mickaël Brun-Arnaud

 

L’histoire : Dans la forêt de Bellécorce, au creux du chêne où Archibald Renard tient sa librairie, chaque animal qui le souhaite peut déposer le livre qu’il a écrit et espérer qu’il soit un jour acheté. Depuis que ses souvenirs le fuient, Ferdinand Taupe cherche désespérément à retrouver l’ouvrage qu’il a écrit pour compiler ses mémoires, afin de se rappeler les choses qu’il a faites et les gens qu’il a aimés. Il en existe un seul exemplaire, déposé à la librairie il y a des années. Mais justement, un mystérieux client vient de partir avec… À l’aide de vieilles photographies, Archibald et Ferdinand se lancent sur ses traces en forêt, dans un périple à la frontière du rêve, des souvenirs et de la réalité.

 

La critique de Mr K : C’est la fille de onze ans de l’ami Franck qui m’a conseillé et prêté cet ouvrage que sa professeure de français de 6ème lui a fortement recommandé. C’était assez touchant de se voir conseiller un livre par elle, grande lectrice depuis petite à qui nous avons fait lire quelques titres auparavant dont Pax, un livre marquant. C’est donc avec une grande attente que j’entamai la lecture du premier volet des Mémoires de la forêt : Les souvenirs de Ferdinand Taupe de Mickaël Brun-Arnaud, trilogie se déroulant dans la forêt Bellécorce et mettant en scène des animaux aux vies bien remplies et aux soucis bien réels. La lecture fut délicieuse, rapide et d’une grande profondeur car derrière ces aventures bucoliques se cachent des thématiques bien humaines qui sont source de réflexion et d’émotions denses.

 

L’histoire débute chez Archibald, renard libraire de la contrée qui a hérité de l’affaire de famille qui se transmet de génération en génération. Il aime rien de plus que conseiller et discuter avec ses clients, dépoussiérer ses ouvrages (il est un peu maniaque sur les bords) tout en dégustant de délicates boissons chaudes. Cette librairie est un peu particulière car chaque animal peut y déposer un ouvrage qu’il a écrit et se porter acquéreur d’un autre contre des noisettes sonnantes et trébuchantes. La vie coule doucement, lentement, paisiblement.

 

 

Tout bascule quand Ferdinand Taupe, un vieil ami à la mémoire de plus en plus défaillante, atteint de la terrible maladie de l’Oublie-tout, vient pour récupérer le livre où il a compilé tous ses souvenirs. Malheureusement pour lui, Archibald vient de le vendre la veille même ! Ferdinand est catastrophé, l’obscurité envahi sa tête petit à petit et il a peur de définitivement tout oublier. Et d’ailleurs où est passée sa chère et tendre Maude ? Devant le désarroi de son ami, le renard décide de laisser séance tenante son affaire et de partir sur les routes avec Ferdinand pour retrouver l’ouvrage et en même temps les souvenirs perdus. C’est le début d’une aventure à nulle autre pareille.

 

On se laisse embarquer immédiatement par ce conte initiatique et chaleureux où l’empathie est portée au maximum. Il y a beaucoup de bienveillance, d’écoute autour de ce pauvre Ferdinand qui passe par des moments très difficiles. Bien qu’à destination des plus jeunes, l’ouvrage est loin d’être simpliste, il propose des personnages assez finement ciselés, leur psychologie ne s’arrête pas à un trait de caractère et la nuance est de mise. Ils doutent, espèrent, se posent pas mal de questions et même si le voyage se passe globalement plutôt bien (malgré quelques révélations difficiles) et que l’on sait que la fin sera plutôt positive (quoique…), on se laisse porter par cette histoire fraîche emplie d’une candeur qui fait du bien et met du baume au cœur. Aaaah on les aime ces animaux anthropomorphes, profondément humains, attentionnés les uns envers les autres.

 

 

On aime aussi parcourir les sentiers avec Archibald et Ferdinand, observer la nature dans sa magie de tous les instants, se poser et regarder, faire des rencontres inoubliables entre salons de thé, concerts sous les frondaisons, ateliers de réparation, rencontrer les multiples personnages qui peuplent ces pages. L’aventure est belle, dépaysante et souvent bouleversante avec au centre la maladie de Ferdinand qui le dévore petit à petit, lui faisant perdre la tête et parfois paniquer quand il se réveille en pleine nuit sans savoir vraiment où il est… Le récit est très réaliste dans le traitement de cette maladie que tout le monde connaît et qui touche autant le malade que l’entourage. L’auteur s’y connaît, il a travaillé auprès de malades d’Alzheimer pendant des années.

 

Illustré de fort belle manière par Sanoe dans un esprit un peu nostalgique, ce livre est un bijou d’intelligence, de finesse et de douceur. Abordant un sujet difficile, la maladie handicapante et la fin de vie, il est écrit de manière subtile, douce et accessible sans jamais se départir d’une grande profondeur dans le propos et la manière d’aborder les relations à autrui. C’est beau, puissant et absolument génial dans son genre. À lire et faire lire au plus grand nombre !

8 avril 2024

"Les mains au feu" de Virginie Armano

 

L’histoire : François a seize ans. Ni courageux ni endurant, sans ambition ni vocation, il flotte dans la vie, observe ce qui lui arrive et les gens qui l’entourent avec distance, légèreté et drôlerie.
Sur décision de son père, lassé de son peu d’entrain pour les études, François devient apprenti coiffeur dans un salon pour dames. Il y compte les heures, dans un état semi-végétatif. Jusqu’à l’arrivée de Gabriel. Charismatique, ambitieux et instinctif, le jeune homme attire et hypnotise. François a enfin trouvé son modèle, son frère, son héros. Mais peut-on à ce point idolâtrer sans risquer de se perdre ?

 

La critique de Mr K : Aujourd’hui, je vais vous parler d’un premier roman. Ça a toujours une saveur particulière de lire le premier ouvrage de quelqu’un. De suite, c’est la couverture qui m’a attiré, je la trouve irrésistible et le résumé à l'arrière a fini de me convaincre. Les mains au feu de Virginie Armano se lit vite et bien, on accroche direct et il est impossible de relâcher le livre avant le mot fin. Seul bémol, un épilogue qui vient doucher l’enthousiaste constant qui m’a habité lors de cette lecture.

 

François est un adolescent lambda. Perdu, sans réel objectif, il vit sa vie de manière désincarnée comme beaucoup de jeunes de son âge. Apathique, feignant, volontiers cynique à l’occasion, il ne brille guère à la maison comme au lycée. D’ailleurs y aller semble être une perte de temps et un jour le paternel décide de le placer en apprentissage chez maman qui est coiffeuse de son état et possède son affaire. Voilà notre héros obligé de passer le balai à longueur de journée et d’apprendre à shampouiner les cheveux de toutes les vieilles du quartier. Pas de quoi faire rêver si ce n’est que François semble détenir un étrange pouvoir entre les mains, pouvoir auquel une cliente ne semble pas insensible…

 

Un beau jour, Gabriel fait une entrée fracassante dans la vie de François. 22 ans, une gueule d’ange et une gouaille imparable. Son charisme ébranle François qui très vite tombe sous le charme. C’est la rupture avec son passé médiocre, Gabriel le met en avant, le persuade que ses mains ont un don et les voila qui s’installent dans une maison à l’écart de la ville pour prodiguer soins et accompagnement aux personnes en détresse. François en est persuadé, il se réalise enfin, il a trouvé sa voie… Mais plus la lecture avance, plus on se rend compte que Gabriel loin d’être un simple ami, se révèle être un prédateur, un manipulateur de premier ordre à qui il ne faut pas s’opposer.

 

Ce roman est avant tout un très beau portrait d’un ado qui se cherche. Sa psychologie et celle de ses proches est très poussée, réaliste et donne à voir les travers auxquels on peut succomber quand on est déboussolé, jeune et pas sûr de soi. François, on l’apprécie et on s’en méfie en même temps. Il est touchant et agaçant, complètement à l’ouest mais pétri d’idéaux qu'il ne sait pas encore inatteignables. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par son père hyper rigide et une maman effacée. Heureusement qu’il peut compter sur mamie (Simone, prénommée comme la mienne) pour le soutenir et l’inspirer, même s’il s’en éloigne au fur et à mesure que l’emprise de Gabriel se fait de plus en plus forte. Le glissement est bien mené et même si à de nombreuses reprises on se dit que François est trop bête, c’est crédible et flippant à la fois.

 

Avec un sens du rythme indéniable et une belle plume, l’auteure nous invite à suivre la mue de François qui pense échapper à une captivité (son existence, l’école, ses parents) pour tomber dans une autre (Gabriel encore et toujours). Le rapport de dominant à dominé est très bien rendu, l’évolution très progressive du personnage principal est bluffante et l’on se demande bien où tout cela va finir. L’association entre François et Gabriel prend de plus en plus d’importance, les implications aussi et le crash final n’en prend que plus de force. J’aurais arrêté le livre à 5 pages de la fin, sur un élément brutal mais pur et totalement assumé.

 

Malheureusement, l’auteure se sent obligée de nous projeter dans un futur plus lointain où tout se passe pour le mieux pour François et un autre personnage. L’effet s’est révélé à mes yeux totalement artificiel, brisant une tension et une énergie terrible pour sombrer dans un happy end guimauve même si des incertitudes demeurent. Aaaaarg ! J’avoue être rentré dans une rage folle car jusque là tout était parfaitement agencé, dosé. Dommage vraiment...

 

Malgré cette ultime déception, la lecture fut rapide, addictive, Les mains au feu vaut le détour pour son évocation de l’adolescence, des choix qui bouleversent une vie, de la fragilité de l’être humain, sa propension parfois à se voiler la face aussi et une écriture séduisante et vive. On n'était pas loin du "perfect".

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5 avril 2024

"Blood Moon" de Bones

 

L’histoire : Sur la Lune, les conditions des travailleurs de l'exploitation minière M-Mining 03 sont difficiles, et les plaisirs bien peu nombreux. Le semblant d'équilibre du quotidien se fracture quand des cadavres affreusement mutilés commencent à être retrouvés. Tous présentent les mêmes signes : une mystérieuse inscription "BM" ainsi que des mutations sanguines. Benjamin fait partie des forces de sécurité engagées par l'exploitation. Accusé à tort de meurtre, il se retrouve malgré lui entraîné dans la sombre machination dissimulée derrière ces macabres découvertes, et devra découvrir la vérité par ses propres moyens.

 

La critique de Mr K : Chronique d’un cadeau d’anniversaire aujourd’hui avec cet ouvrage bien hardboiled offert par une vieille copine qui a très bon goût en matière de BD. C’est dire que je partais très confiant en ouvrant le présent volume présenté comme un récit d’horreur spatial, typiquement le genre qui peut me plaire, elle me connaît bien ma vieille copine… Blood Moon de Bones est un véritable électrochoc gore et bien barré. Même s’il n’invente pas grand-chose en terme de scénario, les planches dynamiques, le style marquant de l’auteur et le personnage principal ont entraîné directement mon adhésion et je ne me suis pas ennuyé une seconde.

 

 

Dans un futur pas si lointain, les hommes exploitent le sol de la Lune. Des mines y sont implantées ainsi que tout le nécessaire pour proposer un semblant de "vie" aux ouvriers attirés par l’appât du gain (4 fois le salaire terrestre) malgré la dangerosité de l’environnement avec notamment une gravité six fois plus faible que sur Terre et une atmosphère irrespirable. L’existence qu’on mène sur le satellite naturel de la Terre est rude, simple mais elle rapporte. Tout bascule avec la découverte d’un cadavre mutilé mimant la crucifixion du Christ. Le crime est clairement l’œuvre d’un ou de tordu(s) et c’est le premier dans l’Histoire de l’occupation humaine de la Lune.

 

 

Ça a de quoi décontenancer Benjamin, chef de la Police à Blue Moon City, un homme qui n’est pourtant pas du genre à se laisser dépasser par les événements. Il débute son enquête et se heurte aux limites du système. Ainsi, il n’y a pas de laboratoire d’analyse scientifique et étrangement, les autorité sont peu coopératives. Cela intrigue notre héros qui est du genre têtu et continue ses investigations malgré une menace sourde et insidieuse. Un autre cadavre, des personnes qui semblent devenir folles et pètent les plombs… tout cela précipite le récit et quand on finit par retrouver chez Benjamin deux cadavres de prostituées, on n’a plus de doute, le flic gène, il a mis le doigt sur quelque chose qui le dépasse. Réussissant à s’échapper, il s’enfonce de plus en plus dans la clandestinité pour lever le voile sur une vérité effarante.

 

 

Le scénario comme dit plus haut nage plutôt dans le convenu. On est tout de même dans l’efficace et le fulgurant, les pages se tournent toutes seules et même si l’on devine les grandes lignes assez vite, la révélation finale est vraiment saisissante et remet bien en perspective l’ensemble. Noir c’est noir, les personnages sont tous plus déjantés les uns que les autres, la faute à cet environnement hostile, où l’on vit les uns sur les autres et où l’on se défonce régulièrement pour penser à autre chose. Alcool, drogue, prostituées, l’ambiance générale est chargée en testostérone et ce n’est pas la finesse qui étouffe les êtres que l’on peut croiser dans ces pages.

 

 

L’affaire est menée avec rythme et explosion de couleur dans un univers clos et sombre. On en prend plein les mirettes. On se laisse emporter sans souci dans cette odyssée spatiale bien déjantée et à la conclusion quasi métaphysique bien que prévisible. Un excellent plaisir coupable.

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