"Ceux qui osent" de Pierre Bordage

L’histoire : J'ai envie de pleurer sur cette humanité qui refuse d'être humaine, pleurer sur ces malheureux prêts à défier tous les dangers, toutes les souffrances pour goûter quelques miettes de bonheur. Pleurer sur les fous qui refusent de partager les richesses, les terres et le savoir. Ni les possessions ni le pouvoir ne rendent heureux.

La guerre fait rage entre les royaumes coalisés des Amériques et l'Arcanecout, dernière terre libre pour Jean et Clara. Jean est parti sur le front et se bat auprès des troupes alliées, avec son ami indien Elan-Gris.

Il a laissé Clara seule, dans les hauteurs de San Francisco. La ville est délabrée, la population meurt de faim. Mais la jeune femme se bat avec ses compagnes d'infortune pour survivre.

Jean et Clara connaîtront-ils un jour le bonheur d'être ensemble ?

La critique de Mr K : Dernier tome de la Trilogie Jean et Clara, Ceux qui osent de Pierre Bordage ne m’a pas séduit, il m’a même carrément ennuyé et je dois avouer que cela m’a attristé tant j’apprécie l’auteur et un scénario au départ prometteur. Mais voila, ici on est face à un ouvrage paresseux qui confine au délayage et à l’enfilage de perles.

Jean et Clara ont finalement réussi à se retrouver et à gagner l’Arcanecout où ils pensent pouvoir vivre paisiblement. Cependant ce Paradis démocratique attise le ressentiment des puissances européennes qui attaquent le territoire en lançant une offensive de grande ampleur. Nos deux héros sont à nouveau séparés. Jean se retrouve au front dans une troupe d’éclaireurs chargée de surveiller la frontière nord, c’est l’hiver, la neige et le blizzard sont au RDV. Les conditions de subsistances sont rudes. Clara elle, est restée à San Francisco et participe du mieux qu’elle peut à la Résistance face à la menace qui approche. L’un et l’autre vont être confrontés à de nombreuses difficultés qui mettront à mal leurs certitudes.

Sur le papier, ça a l’air bien, non ? En fait, on s’ennuie ferme assez rapidement. On tombe très vite dans la niaiserie, la romance à distance à l’eau de rose, l’auteur se plaisant à tartiner des pages sans âme où il est censé exprimer l’amour sans borne que se voue Jean et Clara. Guimauve quand tu nous tiens... Très vite on se désintéresse de leur sort et Elan gris m’a semblé bien terne dans sa caractérisation. Cette débauche de bons sentiments finit par écœurer, on a l’impression que Bordage se fiche de son public. Certes, c’est un ouvrage principalement destiné à la jeunesse mais ce n’est pas pour autant qu’il faut les prendre pour des buses.

Le background est pourtant passionnant, il y avait matière à décrire davantage encore ce monde uchronique. À ce niveau là, le minimum n’est même pas atteint, la révolte gronde en Europe et pourtant ce n’est abordé que sur dix phrases maximum sur l’ensemble de l’ouvrage, le reste est traité de manière très légère, jamais expliqué, enchaînant cliché sur cliché dans un manichéisme gênant. On peut suivre un idéal noble, essayer d’inculquer de belles valeurs à nos jeunes mais il ne faut pas pour autant tomber dans le tableau idyllique, peu crédible et finalement sans profondeur. L’impact est quasiment nul à l’arrivée.

Ça se lit cependant bien, Bordage s’y entend en terme de rythme, de style mais tout est tellement cousu de fil de blanc et plat qu’on a l’impression de lire un ouvrage d’easy reading fade et sans relief. Très grosse déception pour ma part.

Autres ouvrages de Bordage chroniqués au Capharnaüm éclairé :
- Mission M'Other
- InKARMAtion
- Le Jour où la guerre s'arrêta
- Le Feu de Dieu
- Atlantis : les fils du rayon d'or
- Hier je vous donnerai de mes nouvelles
- Chroniques des ombres
- Les Dames blanches
- Graine d'immortels
- Nouvelle vie et autres récits
- Dernières nouvelles de la Terre
- Griots célestes
- L'Evangile du Serpent
- Porteurs d'âmes
- Ceux qui rêvent
- Ceux qui sauront
- Les derniers hommes
- Orcheron
- Abzalon
- Wang