Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
15 juin 2023

"La Mémoire des étoiles" de Jack Vance

81DpXhkl6RL

L’histoire : Au cours d'une exploration ethnologique, le philosophe Hilyer Fath et sa femme Althéa sauvent de la mort un garçon de six ans, Jaro. Celui-ci est traumatisé par un drame qu'il ne parvient pas à se remettre en mémoire. Le couple adopte l'orphelin et le ramène sur sa planète. Jaro, troublé par des souvenirs fragmentaires et par de curieux messages télépathiques, décide de parcourir l'espace pour retrouver le secret de ses origines.

Pour le garçon et pour Skirlet, sa petite camarade (qui rêve de devenir détective interstellaire quand elle sera grande), c'est le début d'une folle course à travers les étoiles où ils affronteront les plus extrêmes périls et déjoueront les pièges les plus perfides pour trouver la réponse à une question particulièrement obscure : qui est Jaro ? Au nom de quoi est-il en vie?

La critique de Mr K : Quand on va chez mémée en vacances c'est souvent pour moi l'occasion d'amener de gros pavés de SF ou de fantasy, le cadre bucolique et isolé de tout se prête idéalement à ce genre de lecture. Les vacances de Pâques 2023 n’ont pas dérogées à la règle avec ce splendide space opéra du maître du genre, Jack Vance. La Mémoire des étoiles bien qu'il fasse dans les 800 pages se lit d’une traite, avec un plaisir sans limite. On retrouve tout le talent de l'auteur avec son imagination à nulle autre pareille et un style addictif à souhait.

Tout débute par la découverte d'un mystérieux enfant par un couple de chercheurs sur une planète lointaine. Sauvé in extrémis d'une bastonnade sévère, Jaro va être adopté par ses sauveurs et grandir sur la planète de ses tuteurs. Ainsi dans la première moitié du livre, nous suivons les premiers pas de Jaro dans sa nouvelle existence et le devenir du jeune homme dans une planète aux mœurs étranges, très différentes de ce qu'on peut s’imaginer d’un monde du futur. Ainsi ses parents sont des marginaux à leur manière qui se démarquent de leur voisin et de la communauté car ils n'acceptent pas d'intégrer ce qu'on appelle des clubs, sorte d'associations calquées sur les fraternités / sororités d'étudiants américains, qui donnent les clés de la réussite et permettent l'ascension sociale. Jaro va donc construire son identité autour de cette différence en refusant lui-même de suivre le chemin classique, de plus il doit composer avec une absence de souvenirs de ses six premières années.

L’ouvrage tourne donc beaucoup autour de cette quête mémorielle qui obsède de plus en plus le héros notamment via une petite voix qui prend de plus en plus de place dans sa vie. Elle murmure, lui parle dans son esprit et personne ne peut expliquer ce phénomène qui devient de plus en plus inquiétant. Jaro a aussi des flashs sur sa mère, un homme menaçant mystérieux, une maison... Poursuivant son cursus malgré son statut de paria, il n’a de cesse d’interroger ses proches, de creuser des pistes, de consulter des spécialistes... À mi lecture, les événements vont se précipiter et Jaro va aller de révélation en révélation, l’ouvrage virant dans le space opera classique avec son lot de voyages intersidéraux, d’aventures parfois échevelées et au final enfin pour Jaro, LA vérité.

Bien que touffu, ce roman se lit donc très facilement. L’immersion est totale comme à chaque fois avec Jack Vance et sa science aiguë de la description qui s'avère toujours aussi précise et évocatrice. Peu d’auteurs sont capables de planter de tels décors, des mondes entiers conçus parfaitement, crédibles malgré l’aspect futuriste de l’entreprise. Mœurs et coutumes, architecture, structures politiques et économiques sont passées aux cribles dans des passages descriptifs de haute volée, jamais rébarbatifs et suscitant une curiosité renouvelée. Quel voyage vraiment !

Malgré ces passages descriptifs réguliers et parfois très importants, le récit en lui-même ne perd pas vraiment en rythme, d’ailleurs il se nourrit des éléments apportés précédemment pour ancrer vraiment l’histoire dans ces univers très particuliers. Le processus n’a rien d’artificiel et il se dégage de l’ensemble une cohérence frappante. Ce récit initiatique se révèle très bien ficelé avec des personnages très charismatiques, complexes, parfois totalement borderline. Les péripéties sont nombreuses, des révélations incroyables (la nature profonde de la mystérieuse voix) et l’absence d’effets de manche faciles et attendus sont un plus certain. Dans le genre, la fin de l’antagoniste principal n’a rien de spectaculaire mais se révèle des plus logiques. Bien que classique dans son déroulé, ce roman possède son lot de surprises qui désarçonneront plus d’un d’entre vous. On se laisse donc embarquer sans souci, l’intérêt du lecteur ne se dément jamais et on referme le présent ouvrage avec un large sourire aux lèvres.

Un bon crû donc qui ravira les adeptes de Vance et de SF dense et aventureuse. Perso, j’en redemande encore et je pense retrouver l'auteur dans les prochains mois pour un nouveau voyage extraordinaire.

Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
- Le Cycle de Tschaï
- Les Chroniques de Durdane

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité