Accueil des nouveaux venus !
Avec la pandémie, forcément on bouge moins et surtout on ne fréquente plus trop certains hauts lieux de craquages comme notre cher Emmaüs. Cependant, à l'occasion d'une promenade ou de courses, il nous arrive de tomber sur une boîte à livre ou sur un magasin de revente d'objets de seconde main. On revient souvent "brocouille" (comme on dit dans le bouchonnois) mais parfois, il arrive qu'on tombe sur une ou plusieurs pépites... Voici aujourd'hui la présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives, trouvailles effectuées lors des trois derniers mois de 2021.
Pas mal de titres prometteurs, non ? On retrouve comme d'habitude des auteurs qu'on apprécie et dont on a hâte de retrouver la plume. Mais il y a aussi des quatrièmes de couverture qui ont pu attirer notre regard et attiser notre curiosité. Suivez le guide avec la présentation qui suit, il y a en plus un petit bonus en fin de post.
(Premier lot pour ma PAL)
- Du domaine des murmures de Carole Martinez. C'est deux jours après que ma documentaliste en ait parlé de manière fort élogieuse que je tombai inopinément sur cet ouvrage d'une auteure qui m'avait drôlement séduit avec Le Coeur cousu lu en 2016. Carole Martinez nous plonge en plein Moyen-âge pour suivre le destin tragique d'Esclarmonde, une femme insoumise qui décide de se consacrer à Dieu en se faisant emmurée vivante ! Ça ne sent pas la joie de vivre mais j'en ai tellement entendu du bien que je pense que je vais passer un bon moment.
- Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter. Ma Madeleine de Proust de ces acquisitions avec cet ouvrage lu en 6ème (de mémoire) et qui m'avait marqué. Deux enfants inséparables dont un de confession juive en Allemagne sous le régime nazi puis la Seconde Guerre mondiale, ces quelques mots suffisent pour donner la tonalité et les enjeux de cet ouvrage que je prendrai grand plaisir à relire avec mes yeux d'adulte. Je vais préparer mes mouchoirs, dans mes souvenirs c'était rude.
- Mémoires d'un jeune homme dérangé de Frédéric Beigbeder. Il s'agit du premier roman de l'auteur, personnage bien barré à lui tout seul et qui livre ici une fenêtre sur sa vie débridée de l'époque. Typiquement le genre de lecture que j'aime, qui détend et fait délirer à la fois. On peut faire confiance à Beigbeder pour user de sa verve sarcastique et nous emporter loin de la réalité !
- Le Déclin de l'empire Whiting de Richard Russo. C'est LE pavé de ces nouvelles acquisitions et c'est un coup de poker... J'espère que je ne me suis pas planté en l'adoptant ! Bon il s'agit tout de même du prix Pulitzer 2002, une fresque romanesque dans l'Amérique d'aujourd'hui entre petites misères et grande décadence, secrets de famille et lutte pour l'affirmation de soi. Ça sent quand-même très bon cette affaire !
(Et un deuxième lot pour ma pomme !)
- Seven dials d'Anne Perry. J'aime beaucoup cette auteure et quand l'occasion se présente j'aime ramener un de ses livres à la maison. On retrouve dans celui-ci l'enquêteur Thomas Pitt plongé en plein secret d'État avec un crime qui pourrait mettre à mal la couronne. Du policier classique comme je les aime en plein XIXème siècle, le combo qui tue !
- Riches, cruels et fardés d'Hervé Claude. Là encore une quatrième de couverture plus que convaincante et un auteur que je vais découvrir avec cette histoire se déroulant dans un hôtel quatre étoiles en Australie, coupé de tout et où les morts vont s'accumuler. Le postulat est classique mais c'est le genre de jeu de massacre littéraire que j'aime beaucoup (surtout quand ça dessoude chez les nantis). Wait and read !
- Le Langage de Pao de Jack Vance. Je ne dis jamais non à Jack Vance, un auteur prolifique, polymorphe et à la plume enivrante. Cet ouvrage a l'air bien étrange, le résumé à l'arrière est ésotérique. Il est question de modeler le comportement des humains en leur enseignant une langue nouvelle qui change de sens selon la catégorie de l'utilisateur. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Je trouve aussi...
(Le lot de miss Nelfe ! Toujours plus raisonnable que moi, vous remarquerez...)
- La Couronne verte de Laura Kasischke. Nelfe et Laura Kasischke, c'est une belle histoire d'amour littéraire. Elle était donc aux anges quand nous avons mis la main sur ce titre qu'elle n'avait pas encore lu. Deux jeunes femmes américaines parties fêter la fin du lycée au Mexique vont visiter avec un inconnu le fameux Chichen Itza. A priori ce n'était pas une bonne idée... Plume magique et un don certain pour explorer la psychologie de chacun, ses failles et ses égarements, je pense que ma douce va passer un beau et grand moment de lecture.
- La Cage dorée de Camilla Läckberg. Encore une auteure que Nelfe adore, décidément elle en a de la chance dans nos errements de boîtes à livres à boîtes à livres. Il s'agit ici d'un one-shot (il n'appartient donc pas à la série de romans avec Erica Falck comme héroïne). Camilla Läckberg verse ici dans le noir avec un mélange de trahison, rédemption et vengeance d'une femme qui a tout sacrifié pour un mari qui va la tromper. Il faut se méfier d'une femme en colère et l'héroïne du roman va rendre coup pour coup. Clairement un ouvrage pour ma douce...
(Et un dvd bonus !)
Ben oui, c'est suffisamment rare dans une boîte à livres pour être soulignée : un DVD ! On ne court pas après mais il nous manquait le troisième élément de la trilogie de Christopher Nolan consacré à Batman (chronique lors de sa sortie ciné ici). Un ton en dessous du précédent (aaaah ! ce joker anarchiste complètement jeté !), il reste une belle pièce d'action stylisée et profonde. M'est avis que je vais le revoir très vite !
Voila voila, un beau bilan je trouve, riche en promesses d'heures de plaisir. Chroniques à venir au fil de nos lectures respectives. Vive la seconde main !
"Les Chroniques de Durdane" l'intégrale de Jack Vance
L’histoire : Sur la planète Durdane existe un ensemble de communautés disparates, le Shant, sur lequel règne l'Anome, aussi surnommé l'Homme sans Visage. Dans cette région, chaque femme, chaque homme se voit équipé à la fin de l'adolescence d'un torque explosif que l'Anome peut faire détoner à tout moment. La terreur qu'inspire ce juge et bourreau a maintenu une paix relative pendant des décennies.
Mais voilà que débarquent d'on ne sait où les Rogushkoïs, de féroces créatures humanoïdes qui massacrent les hommes et s'accouplent avec les femmes. Et contre lesquelles l'Anome ne prend aucune mesure particulière.
Parce que les Rogushkoïs ont tué sa mère, le jeune Etzwane se jure de découvrir l'identité de l'Homme sans Visage et de mettre un terme à son règne. Bientôt tous les secrets de Durdane tomberont aux pieds du jeune homme, brisés comme des jouets trop fragiles. Et il sera bien obligé de comprendre que le prix de la responsabilité est parfois exorbitant.
La critique de Mr K : Confinement et mauvais temps se conjuguaient de manière morose quand je jetai mon dévolu sur Les Chroniques de Durdane de Jack Vance qui trônait dans ma PAL depuis trop longtemps. J’avais besoin d’aventure, de dépaysement, de plonger dans un gros pavé qui propose une immersion dans un monde neuf et dangereux loin de la grisaille du quotidien. Je prenais pas trop de risque car chaque lecture de Vance s’est toujours révélée passionnante. Pas de suspens donc, ce fut encore une fois une lecture foisonnante et fascinante proposant une lecture addictive et un plaisir constant. Suivez le guide !
L’action se déroule sur la planète Durdane, un astre accueillant où les humains ont essaimé il y a déjà 9000 ans. Sur l’archipel de Shant, divisé en plus de 90 cantons, règne l’Homme sans visage, un despote qui fait régner l’ordre par la terreur qu’inspire un collier que chacun porte à partir d’un certain âge. À la manière de celui porté par les élèves du film culte Battle Royal, il peut exploser à n’importe quel moment lorsque vous avez transgressé une règle et que le dictateur décide de vous faire passer de vie à trépas. Le système fonctionne car un calme durable s’est installé sur le Shant, chaque communauté peut appliquer ses lois et règles, l’ordre du monde progresse dans un rythme lent et sans rupture.
Etzwane, un jeune homme que rien ne distingue de la masse est né dans le Shant, dans une communauté très religieuse fondée sur des règles strictes mais lui aspire à autre chose. Fils d’un musicien errant, il a une énergie créatrice et une nature versatile qui l’empêchent de s’intégrer et de se sentir en accord avec les préceptes qu’on lui impose. Dans une première partie, on le découvre lui et sa mère, personnes à part aux caractères bien trempés. Sa génitrice est endettée jusqu’au cou pour racheter son indenture, elle n’est pas libre de quitter le canton et de changer de vie. Son fils a encore le choix lui et il finira par partir à l’aventure et construire son destin, on le suit durant une dizaine d’années dans son parcours chaotique entre travail et coups tordus.
Tout bascule quand le Shant est mystérieusement attaqué à divers endroits par les cruels et sauvages Rogushkois, des êtres sauvages qui pillent, violent et massacrent les communautés isolées. Le temps passe et l’Anome (titre officiel de l’Homme sans visage) ne réagit pas à ses actes innommables et lorsqu’en revenant dans son canton revoir sa mère, Etzwane la retrouve morte suite à une attaque des Rogushkois, il prend la décision de changer les choses et en premier lieu d’aller questionner directement l’Homme sans visage. Ce n’est que le début d’un voyage initiatique durant lequel notre héros va en apprendre beaucoup sur son monde et sa manière de fonctionner, sur les étranges créatures qui les attaquent et cachent un secret très lourd qui va changer à jamais sa vision des choses. Les révélations sont nombreuses, vont crescendo et proposent un voyage assez fabuleux dans son genre.
J’ai adoré les personnages. Comme toujours chez Jack Vance, on est loin des archétypes et des caricatures. Tout ici est nuance, construction savante et circonvolutions complexes. Le héros par exemple est loin d’être lisse, ses décisions et ses motivations portent même à confusion parfois, lorgnant avec les limites entre le bien et le mal. On flirte donc souvent avec Machiavel entre raison d’État et velléités plus personnelles. On croise nombre d’autres personnages tout aussi réussis mais dont la liste est trop longue pour ne pas tomber immédiatement dans l’itération assommante. J’ai particulièrement apprécié le chef de troupe de musiciens et son allant irrépressible, Ifness un historien venu de la terre pour étudier Durdane et qui est sensé ne pas intervenir dans le cours des choses ou encore un allié improbable qui finira par faire sédition entre deux volumes bien virevoltants. Très riche en développement personnel, cette trilogie est un régal pour les amateurs de destinées tortueuses et les psychés dérangées.
Véritable récit-monde, le contexte est d’une richesse incroyable avec une densité descriptive impressionnante mais jamais étouffante. On en apprend énormément sur Durdane en pénétrant dans les arcanes du pouvoir, l’organisation des différents cantons, les croyances et pratiques diverses qui ont cours dans le Shant. Dans la troisième partie, Etzwane élargit ses horizons, en parcourant un continent à demi sauvage le Caraz et partira même dans l’espace pour une quête désespérée. Lieux, ethnies et espèces sont donc passées au crible avec une légèreté de style louable et de tous le instants. Le dépaysement est total, l’immersion aussi. Durant plus de 600 pages, on est vraiment ailleurs entre réalisme crû, fantasy et SF avec une écriture qui fait merveille, que le temps n’affecte pas et qui au final procure un bonheur de lecture assez indescriptible.
Jack Vance frappe encore avec une édition vraiment superbe (manque juste une carte que j’ai par ailleurs trouvé sur le net) et une trilogie qui dépote et ravira les amateurs du genre. Courez-y si ce n’est déjà fait !
Acquisitions sous confinement
L'envie m'a pris de passer commande de quelques ouvrages d'occasion en ce début du mois auprès d'une librairie parisienne spécialisée dans les livres de seconde main. Nelfe m'avait dit qu'elle avait lu sur le net que ce haut lieu de la tentation que je fréquentais assidûment lorsque j'habitais en région parisienne rencontrait des difficultés... alors si je peux à la fois les aider en apportant ma pierre à l'édifice et succomber par la même occasion à une tentation qui me démangeait depuis quelques temps (NOUVEAUUUUUX LIIIIIIIIIIIIIIIIVRES !), je n'allais pas me gêner ! Ma PAL est déjà fournie mais pas de culpabilité pour autant, côté SF c'est tout de même réduit, il était donc temps de l'achalander à nouveau.
C'est donc un très beau butin que je vous présente aujourd'hui avec trois auteurs que j'aime tout particulièrement. D'ailleurs, si vous nous lisez depuis un certain temps, vous les avez sans doute déjà croisés plusieurs fois et souvent avec une chronique plus que positive voire dithyrambique. Entre Dan Simmons auteur US surdoué, le pape de la SF française Pierre Bordage et les récits de haute volée entre aventure et SF de Jack Vance, je pense que je vais me régaler. Voici une brève présentation de mes nouvelles acquisitions qui s'annoncent plus que prometteuses !
- Le Styx coule à l'envers de Dan Simmons. On commence avec ce recueil de douze nouvelles qui se propose de nous faire voyager jusqu'au bout de l'Enfer entre SF et fantastique. Je n'ai jusqu'à maintenant jamais lu cet auteur dans le format nouvelles. J'en ai entendu le plus grand bien et avec la quatrième de couverture bien barrée présentant des textes au contenu délirant (un parc d'attraction pour se rejouer la guerre du Vietnam, une nouvelle technologie qui a permis de vaincre la mort, la reconstitution de l'Enfer de Dante...), voila un recueil qui fait saliver.
- L'Abominable de Dan Simmons. Même auteur mais en version roman cette fois-ci avec ce titre qui me fait de l’œil depuis que j'ai lu des avis enthousiastes publiés sur IG, notamment celui de ma copinaute blogueuse Walpurgis. On se lance ici sur les traces du Yéti ni plus ni moins dans un thriller fantastique à priori très documenté et haletant. L'ambiance décrite entre folie humaine et expédition vouée à l'échec m'ont directement fait penser au très bon Terreur du même auteur et que j'avais dévoré. M'est avis que celui-ci ne fera pas long feu dans ma PAL !
- Résonances de Pierre Bordage. Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas lu de roman de cet auteur que j'adore. Dans ce roman, Bordage revient au space opera, un sous-genre de la SF qu'il maîtrise sur le bout des doigts. Amour et aventure promettent d'être au RDV avec cette histoire de deux êtres que tout sépare et qui vont devoir s'associer. Trame classique chez l'auteur avec sans doute pour moi un grand plaisir de lecture entre voyage spatial, complot, capacités spéciales et religion. J'en m'en délecte d'avance.
- Mission M'Other de Pierre Bordage et Melanÿn. Même auteur mais en association cette fois-ci avec un scénariste bien connu du monde de la BD. Une jeune femme suite à une avarie sur son vaisseau spatial va se retrouver sur Terre, une planète désormais en ruine où personne ne semble avoir subsisté. Elle commence un terrible périple afin de retrouver d'éventuels survivants... J'imagine que les auteurs vont nous livrer un récit initiatique mitonné à la sauce post-apocalyptique. Avec le talent de conteur des deux hommes, ça promet !
- La Mémoire des étoiles de Jack Vance. À l'heure où j'écris ces lignes, j'ai terminé l'intégrale des Chroniques de Durdane du même auteur (chronique à venir). Je me suis tellement régalé une fois de plus que j'ai commandé celui-ci pour avoir toujours un Jack Vance d'avance -sic-. Lors d'une expédition ethnologique, un couple sauve un garçonnet de six ans d'une mort certaine et l'adoptent. Mais qui est ce petit garçon qui régulièrement semble habité par des visions et qui reçoit des messages télépathiques ? Un long voyage plein de révélations débute. Cet ouvrage est excellemment noté par mes collègues blogueurs, je n'ai donc pas hésité une seconde pour l'acquérir.
Beau programme, n'est-ce pas ? J'ai hâte de les découvrir, ce sera pour la fin du mois avec pour le moment deux titres qui se battent en duel pour avoir la primauté de la lecture. Et vous, par lequel me conseilleriez-vous de débuter ? Il n'y a rien à gagner si ce n'est la mention de votre nom dans la future chronique de l'ouvrage concerné. Hé hé !
"Hillbilly Elégie" de J. D. Vance
L'histoire : Dans ce récit à la fois personnel et politique, J.D. Vance raconte son enfance chaotique dans les Appalaches, cette immense région des États-Unis qui a vu l’industrie du charbon et de la métallurgie péricliter. Il décrit avec humanité et bienveillance la rude vie de ces "petits Blancs" du Midwest que l’on dit xénophobes et qui ont voté pour Donald Trump.
Roman autobiographique, roman d’un transfuge, Hillbilly Elégie nous fait entendre la voix d’une classe désillusionnée et pose des questions essentielles. Comment peut-on ne pas manger à sa faim dans le pays le plus riche du monde ? Comment l’Amérique démocrate, ouvrière et digne est-elle devenue républicaine, pauvre et pleine de rancune ?
La critique Nelfesque : C'est un ouvrage singulier que je vous propose de découvrir aujourd'hui. "Hillbilly Elégie" n'est pas un roman à proprement parler et pourtant tout ce qui est relaté ici serait une belle base pour construire une trame de roman noir. Ce n'est pas non plus un document puisque l'auteur ne nous assomme pas de données précises et détaillées. C'est un témoignage, à hauteur d'homme, celui de J. D. Vance qui nous relate ici sa vie et celle de sa famille.
J. D. Vance est né dans les Appalaches. Il y a grandi et y a vécu des situations difficiles, situations dans lesquelles certains ne se relèvent jamais. Dans sa région, la misère sociale est omniprésente. Avec des problèmes de drogues ou d'alcool, les centres d'intérêts et préoccupations majeures des habitants ne sont pas les mêmes qu'ailleurs dans le pays. Là où certains vivent d'"American Way of Life", ici c'est "débrouille-toi avec rien".
Difficile dans ces conditions d'entrevoir un avenir, d'en rêver même, tant tout autour tout semble végéter et vivre au jour le jour. J. D. Vance pourtant va changer le cours de son destin, va aller plus loin qu'aucun membre de sa famille n'a jamais été, va faire la fierté de certains d'entre eux et surtout va se découvrir lui-même, ce dont il est capable, dépasser ses limites et écrire une future vie de famille aux antipodes de celle qu'il a toujours connue.
Sans jamais renier les siens, ni se renier lui-même, l'auteur va découvrir qu'une autre façon de vivre est possible. Avec une mère poly-addictive, un père absent et des beaux-pères successifs interchangeables, J. D. Vance n'a pas eu ce que l'on appelle un foyer sécurisant et un climat serein pour vivre son enfance paisiblement. Pourtant, grâce à ses grands-parents, figures de valeurs (les leurs, mais le cadre est là), il va se construire et suivre des règles. Même si mamie est du genre à casser la figure de celui qui n'est pas d'accord avec elle, même si elle déblatère les pires horreurs sur ses voisins et possède un carnet d'insultes bien fourni, c'est dans ce foyer que J. D. Vance et sa soeur trouvent l'amour dont ils ont besoin. Une bulle protectrice leur permettant de reprendre des forces. Un chez soi.
Les deux tiers de l'ouvrage sont consacrés à l'enfance et l'adolescence de l'auteur. Son quotidien, sa scolarité, sa famille, ses amis... Puis lorsqu'il va quitter sa ville pour les Marines et plus tard la fac, "Hillbilly Elegie" change de cap pour devenir beaucoup plus intellectualisé, parce que Vance est alors capable d'analyser et de critiquer ce qui l'entoure et surtout parce que pour la première fois de sa vie, il va vivre un changement. L'émulation qui va avec, la découverte de l'autre, l'envie de se surpasser, de comprendre, d'évoluer.
"Hillbilly Elegie" est présenté comme une analyse de l'origine des votes pro-Trump. Il y a de ça mais pas seulement. Ce sont ces personnes qui ont sans doute apporté du crédit aux propos du nouveau président américain, qui se sont laissées charmer par lui mais il n'est pas du tout question de cela dans ces pages. Les choses ne sont pas nommées précisément si ce n'est par le décalage que l'auteur montre entre ses propres idées politiques et celles de ceux de sa ville natale. Il y a un fossé, un gouffre que seule l'instruction a permis de combler. Car bien que conscient de ces différences, l'auteur n'en reste pas moins proches de ses racines, respectueux de son entourage et affectueusement attaché à ses proches.
"Hillbilly Elegie", c'est le récit d'une vie, c'est l'exemple que rien n'est jamais gravé dans le marbre, que l'homme peut évoluer et changer les mentalités. Par certains aspects, cette histoire est transposable en France, dans certains foyers, certaines régions. Chez nous aussi, nous avons nos Hillbillies, pro-FN et pauvres dans plusieurs sens du terme. Ce parallèle avec la France, que chaque lecteur a le loisir de faire ou pas, est particulièrement intéressant et d'un certain côté également flippant... Reste l'espoir, le travail social, l'éducation et la force de l'être humain.
"Le Cycle de Tschaï" de Jack Vance
L'histoire : En découvrant la planète Tschaï, le vaisseau terrien Explorator IV est aussitôt détruit par un missile. Unique survivant de la catastrophe, Adam Reith va devoir affronter un monde baroque, violent et d'une beauté envoûtante. Un monde peuplé de quatre races extraterrestres: les belliqueux Chasch, les impénétrables Wankh, les farouches Dirdir et les mystérieux Pnume. Déjouer les traquenards, explorer les secrets des cités géantes, percer le mystère des hommes hybrides: autant d'étapes pour une extraordinaire odyssée, qui permettra peut-être à Reith de rentrer chez lui...
La critique de Mr K : Dépoussiérage de PAL avec cette tétralogie du Cycle de Tschaï de Jack Vance exhumée de mon stock perso où elle traînait sa peine depuis trop longtemps. Du même auteur, j'avais dévoré La Planète géante, bon roman de Space opéra où Vance faisait preuve d'une grande maîtrise en terme de création d'un univers et présentait un super récit d'aventure à l'ancienne. Je n'ai pas été dépaysé avec ce cycle qui présente les mêmes qualités et m'a fait passer un très bon moment de lecture.
Naufragé de l'espace, Adam Reith se retrouve plongé dans un monde très étrange. La planète Tschaï est bien différente de la Terre et il va devoir faire appel à toutes ses capacités d'adaptation pour pouvoir survivre et peut-être rentrer chez lui. Complètement démuni à son arrivée, confronté très tôt à l'adversité (sa navette d'exploration est détruite peu après son crash, son compagnon d'infortune exécuté devant ses yeux sans qu'il puisse intervenir). À travers les quatre tomes ici réunis, il va devoir explorer Tschaï, il sera aidé dans sa quête par deux êtres mis au ban de leurs sociétés respectives. Le récit se partage alors entre voyage exploratoire, quêtes insensées, projets d'évasion, entre-aide et traîtrises diverses. Impossible de s'ennuyer durant les 860 pages de ce volume.
On a affaire à un pur récit classique dans le Cycle de Tschaï de Vance. Si vous cherchez de la surprise, de l'originalité, passez votre chemin, vous risquez d'être déçu. C'est d'ailleurs le seul reproche que l'on peut faire à cette entreprise. Notre héros est très bien sous tout rapport, il conjugue aptitudes physiques hors norme, intelligence pratique et diplomatique, morale à toute épreuve même sous la menace et esprit d'ouverture. Dit comme cela, on pourrait être rebuté. Mais il n'en est rien tant ce personnage 100% terrien (américain diront les mauvaises langues), sort du lot dans ce monde inconnu. Il déteint singulièrement par rapport aux us et coutumes en vigueur sur Tschaï, et ce qui paraît surfait et caricatural dans un livre de littérature plus classique permet ici de donner un point d'ancrage au lecteur se retrouvant à des millions d'années de ses certitudes et de ses références culturelles.
Dans sa tâche, Adam Reith est aidé par Anacho, un sous-homme Dirdir, et Traz, un exilé des steppes. Adam Reith partage avec eux un statut de paria, de marginal. L'incompréhension première va vite céder la place à la curiosité puis peu à peu à l'amitié. C'est un peu le syncrétisme de toute relation naissante entre des êtres différents que nous voyons se dérouler devant nous: dogmes et pensées aux références distinctes donnent lieu à des moments savoureux entre déconcertation et rapprochement. C'est assez finement mené par Jack Vance qui se révèle très psychologue et construit une relation vraiment spéciale et attachante entre ces trois larrons. Loin d'être un long fleuve tranquille, cette odyssée va mettre à l'épreuve leur nouvelle amitié, la fortifier à travers les épreuves. Cet aspect du roman est très réussi et accroche le lecteur.
Le gros point fort de cette saga réside dans le background, Jack Vance excelle dans la création d'une planète entière entre naturalisme, sociologie et géopolitique. Il fournit un ensemble cohérent, impressionnant de densité, immersif à souhait. On tremble vraiment à l'évocation des terribles dirdirs et leurs mœurs sauvage, on est fasciné par les mystérieux Wankh qui vivent reculés en dehors du monde, on est troublé et désorienté par la race troglodyte des Pnumes... On voyage donc énormément entre cités cosmopolites grouillantes et inquiétantes, vastes espaces vides où le danger est omniprésent, les forêts sacrées impénétrables, les mers oubliées peuplées de pirates, les zones de fouilles archéologiques aux mirages mirifiques... autant de lieux décrits avec précision qui assurent variété, intérêt et fascination au lecteur. On ne peut s'empêcher d'ailleurs de penser par moment à un roman de fantasy tant de lieux commun à ce genre sont présents dans cette tétralogie: les incontournables passages à l'auberge, les phases de marchandages, les scènes d'action et la technologie peu présente dans les pages sauf à des moments clefs. Il en résulte une impression étrange, une originalité de bon aloi qui encourage le lecteur à poursuivre sa découverte.
Ce fut donc une lecture très agréable malgré un côté fléché pour le lecteur vétéran du genre. Pas de souci pour autant en terme d'accroche tant l'auteur se plaît à explorer de multiples pistes et sait nourrir les attentes suscitées par sa trame principale. Quel talent déployé dans ce domaine et dans celui de la stylistique: la langue est très abordable mais d'une finesse bienvenue qui sort un récit classique de ses limites, les personnages sont choyés par leur créateur et les visions proposées saisissantes de réalisme. Une très bonne tétralogie qui ravira les amateurs de voyage et de SF à l'ancienne.
Vide grenier mon ami
Aujourd'hui grand vide grenier annuel de notre village. Autant on vit à la campagne, avec une petit village à proximité, autant son vide grenier est monstrueusement ENORME! A croire que les habitants accumulent un max de choses toute l'année pour pavaner début juin... ou alors, à l'instar des villes du littoral, tout le monde afflue ce jour là... car ce vide grenier est l'un des plus grands de la région. Les stands investissent toutes les rues, le moindre recoin.
En bon chineurs que nous sommes, nous ne pouvions, cette année encore, râter cet "évènement"!
De retour à la maison, nous avons étalé nos trésors de guerre sur la pelouse:
Côté bouquins:
- "Mastodonia" de Clifford D. Simak
- "Echo park" de Michael Connelly
- "Le diable l'emporte" de Barjavel
- "Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
- "Le livre d'or de la science fiction", des nouvelles de J. G. Ballard
- "Le livre d'or de la science fiction", des nouvelles de Jack Vance
- "99 francs" de Frédéric Beigbeder
Côté BD:
- "La légende de Robin des Bois" de Manu Larcenet
Côté jeu:
- "Steambot Chronicles" pour PS2
Côté musique:
- "Wave Digger" d'High Tone
- "Cube" du Peuple de l'Herbe
Côté film:
- "Blueberry" de Jan Kounen
Je crois qu'on peut dire que cette année, le vide grenier de notre village est vraiment un bon cru!