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Le Capharnaüm Éclairé
17 février 2022

"Abandonner un chat" d'Haruki Murakami

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L’histoire : Je suis le fils ordinaire d'un homme ordinaire. Ceci est parfaitement évident. Mais au fur et à mesure que j'ai approfondi cette réalité, j'ai été convaincu que nous sommes tous le fruit du hasard, et que ce qui a eu lieu dans ma vie, dans celle de mon père, tout a été accidentel. Et pourtant, nous les humains, ne vivons-nous pas en considérant comme la seule réalité possible ce qui n'est après tout qu'un simple fait dû au hasard ?

La critique de Mr K : Deux ans que je n’avais plus pratiqué Haruki Murakami, sans conteste mon écrivain japonais favori ! Je reviens à lui avec cet ouvrage très particulier. En effet, Abandonner un chat n’est pas un roman mais un témoignage, celui d’un fils sur son père qu’il a mal connu. Très court car en plus illustré de fort belle manière par Emiliano Ponzi, cet ouvrage se lit avec délectation et nous livre un Murakami comme on ne l’a jamais vraiment lu.

Ces micro-mémoires s’ouvrent sur un épisode de l’enfance de l’écrivain qui donne son titre à l’ouvrage. Sans se rappeler des raisons, Murakami nous raconte comment son père et lui à vélo sont partis abandonner leur chatte pleine jusqu’aux yeux. Une fois de retour chez eux, elle les attend déjà et force l’admiration du paternel qui décide de la garder jusqu’à sa mort. De cette anecdote découle alors le portrait intime d’un père par son fils qui revient sur l’enfance de son géniteur, sa formation, les années de guerre (contre la Chine puis durant la Seconde Guerre mondiale). Homme complexe, professeur de japonais dans un lycée privé et grand amateur / auteur d’haïkus, plutôt froid mais amateur d’ivresse, ils cesseront de se voir très longtemps avant d’ultimes échanges avant la disparition du père suite à une longue et douloureuse maladie.

Mêlant biographie et impressions plus personnelles, il nous dresse un portrait de son père qui touche en plein cœur, plein de nuances et de contrastes. Les rapports évoluent avec le temps, l’enfant grandit, marque sa différence, des fractures apparaissent, l’éloignement est de mise. Il n’y pas vraiment de regrets exprimés par Murakami, il accepte les choses telles qu’elles arrivent, une forme de stoïcisme de l’évidence qui donne à l’ensemble une légèreté et une volupté alors que certains sujets abordés sont difficiles. Il nous apporte aussi par la même occasion son regard sur la famille, les liens humains et finalement le destin, l’essence même de la vie.

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Le livre se lit tout seul en à peine une heure. Les dessins de Emiliano Ponzi magnifient les textes et nous accompagnent dans cette culture lointaine qui est si fascinante. On ressort très heureux de cette lecture mélancolique et sublime à la fois. À découvrir si vous êtes fan de l’auteur, il vous surprendra et vous séduira une fois de plus.

Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
"1Q84 : Livre I, Avril-Juin"
"1Q84 : Livre II, Juillet - Septembre"
"1Q84 : Livre III, Octobre - Décembre"
"Kafka sur le rivage"
"La Ballade de l'impossible"
"Sommeil"
"La Course au mouton sauvage"
"L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage"
"Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil"
"Le Passage de la nuit"
- "Après le tremblement de terre"
- "Danse, danse, danse"
- "Saules aveugles, femme endormie"

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