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Le Capharnaüm Éclairé
1 octobre 2016

"Après le tremblement de terre" d'Haruki Murakami

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L'histoire : Japon, 1995. Un terrible tremblement de terre survient à Kobe. Cette catastrophe, comme un écho des séismes intérieurs de chacun, est le lien qui unit les personnages de tous âges, de toutes conditions, toujours attachants, décrits ici par Haruki Murakami. Qu'advient-il d'eux, après le chaos ? Séparations, retrouvailles, découverte de soi, prise de conscience de la nécessité de vivre dans l'instant. Les réactions sont diverses, imprévisibles, parfois burlesques...

La critique de Mr K : Suite à notre passage au festival international de photo de La Gacilly et l'obtention de superbes marque-pages aux couleurs du japon (pays invité de l'édition 2016), je ressortis de ma PAL un ouvrage trop longtemps oublié dans celle-ci de mon auteur nippon favori. J'ai enchaîné les lectures sublimes et planantes avec Murakami mais jusqu'à maintenant je n'avais jamais goûté à ses nouvelles. C'est désormais chose faite avec Après le tremblement de terre et force est de constater que le talent du maître s'y exprime aussi pleinement.

Six nouvelles composent ce recueil et le drame de Kobe en 1995 relie de près ou de loin les six personnages principaux qui nous sont donnés à découvrir. On retrouve une fois de plus le goût prononcé de Murakami pour l'étrange, la romance contrariée et l'érotisme. Ainsi, un homme quitté brutalement par sa femme se voit confier une étrange mission, une réunion d'amis devant un feu de camp sur la plage donne lieu à des révélations surprenantes, un homme élevé dans l'amour de Dieu cherche son père, une chercheuse en médecine s'octroie un peu de temps libre en Thaïlande après une conférence internationale, un homme se retrouve nez à nez avec un crapaud géant très bavard dans son appartement et un trio d'amis doit éprouver son amitié au fil de son existence. Six histoires qui font la part belle à l'introspection, aux sentiments qui nous animent et à nos réactions face à l'indicible.

Murakami n'a pas son pareil pour évoquer l'absurdité de l’existence et la nécessité de vivre le présent et prendre conscience de ce que l'on a. Les personnages sont bien souvent confrontés à une forme de solitude profonde qui semble les enfermer dans une bulle dont ils ne peuvent sortir. Heureusement, bien souvent le temps joue en leur faveur et leur permet d'accéder au bonheur. Étrange mélange donc, avec une ambiance cotonneuse garantie 100% japonaise qui contribue à placer ces nouvelles dans un mix improbable de mélancolie et d'espérance. Chacun se débat avec sa vie et ses proches, et l'auteur réussit le tour de force de rendre ces courts textes denses et évocateurs malgré la brièveté de chaque micro-récit (25 pages environ pour chaque et un total de 150 pages). On suit avec envie ces parcelles de vie et c'est pantelant que l'on se retrouve au bord du chemin soit avec l'assurance d'une suite bien tracée soit à la croisée d'une décision que Murakami nous laisse imaginer. Loin d'être frustrant, ce procédé donne un caractère profondément humaniste à ces nouvelles.

Les drames sont évoqués avec brio avec en premier lieu le fameux tremblement de terre qui donne son titre à l'ouvrage. Peu de description de la catastrophe en elle-même mais plutôt une exploration des réactions qu'elle a pu susciter chez certains : indifférence, questionnement, traumatisme voir délire absurde. Chacun étant différent, cela donne des trajectoires assez divergentes et totalement imprévisibles pour certaines. Aucune nouvelle n'est vraiment supérieure aux autres ici même si mon côté fleur bleu à une préférence pour le trio d'amis qui se rencontrent, se côtoient, se déchirent et se retrouvent. On flirte avec la senteur si particulière qui m'avait envoûté dans le fabuleux Ballade de l'impossible.

On en redemande encore et encore mais le genre de la nouvelle réside justement dans la brièveté et l'intensité, deux défis relevés avec brio par Murakami toujours aussi inspiré, magicien des mots et des âmes qui nous convie à un autre festin littéraire dont on ressort une fois de plus émerveillé et déstabilisé. Décidément, cet auteur n'a pas fini de me séduire et de me transporter. Encore un ouvrage à lire absolument. Ca devient une habitude avec Haruki Murakami.

Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
"1Q84 : Livre I, Avril-Juin"
"1Q84 : Livre II, Juillet - Septembre"
"1Q84 : Livre III, Octobre - Décembre"
"Kafka sur le rivage"
"La Ballade de l'impossible"
"Sommeil"
"La Course au mouton sauvage"
"L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage"
"Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil"
- "Le Passage de la nuit"

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