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Le Capharnaüm Éclairé
28 juillet 2022

"L'holocauste" de James Gunn

jamesG

L’histoire : Mort aux savants ! L'appel à une vengeance sanglante s'éleva dans le monde entier Les peuples avaient été soumis trop longtemps au pouvoir de la science. Maintenant ils exigeaient leur liberté, même au prix de la barbarie... même s'il leur fallait tuer tout homme dont le savoir menaçait leur ignorance. Hier John Wilson était un grand savant admiré... maintenant c'était un hors-la-loi, un fugitif, un homme traqué. Son intelligence était le signe ineffaçable de sa culpabilité et son unique et fragile chance de survie.

La critique de Mr K : De la SF vintage au programme de la chronique du jour au Capharnaüm éclairé. L’holocauste de James Gunn nous propose un récit en trois parties bien distinctes, chacune d’ailleurs publiée à part à l’époque (1956, 1969 et 1972 pour être précis), et une vision apocalyptique d’un futur où la science est accusée de tous les maux et où l’on chasse les scientifiques ! Édifiant et prenant, on est ici en présence d'un livre proposant une véritable vision et réflexion sur l’être humain, son rapport à la science et la foi.

John Wilson n’avait pas vu les choses venir. Un soir, en rentrant de chez des amis, il voit un incendie gigantesque qui consume l’université où il travaille. La foule s’est retournée contre les savants leur reprochant tous leurs écarts et surtout les tenant pour responsables de toutes leurs difficultés notamment sociales et économiques. Notre héros n’a pas le choix, il doit s’enfuir, le voila devenu un fugitif recherché qui va devoir traverser le pays pour trouver une échappatoire... C’est un cours résumé de la première partie car la deuxième change d’angle de vue avec un quasi huis clos angoissant et une troisième partie qui semble en bonne partie déconnectée totalement de John Wilson. Le lien finira par se faire dans un final de toute beauté.

La dystopie est des plus flippantes, le roman est court (256 pages seulement) mais il réussit à planter un background complet et bien ficelé. Logique de développement, division de la société, mise en place d’un nouveau régime, autoritarisme larvé puis totalement assumé, surveillance et politique raciste dans le sens où elle écarte toute une catégorie d’individus... autant de thématiques abordées de manière claire, ludique (si si malgré un fond des plus sombres) et éclairante bien des fois. Chacun y retrouvera des allusions à des périodes charnières de notre Histoire commune. J’y ai pour ma part vu une belle parabole sur le Maccarthysme qui a sévi aux USA dans les années 50.

Le héros est brinquebalé pendant tout le roman. Perdu, décalé dans ce monde en pleine déréliction mais très intelligent et réfléchi, il doit survivre puis se défendre lors d’un procès. Face à la haine la plus crasse, le ressentiment aveugle de ses congénères, il va devoir ruser, argumenter et prouver son innocence. Ces passages sont assez jouissifs et donnent à lire de beaux raisonnements philosophiques sur la science, ses objectifs, sa méthode mais aussi ses limites et son manque d’humanité parfois. Lien avec la religion, la foi du scientifique est mise à l’épreuve face aux rouages de la machine répressive et les exactions dont il est victime. Bien que classique dans sa caractérisation, le personnage m’a plu et livre de belles saillies qui font mouche.

L’ouvrage se lit tout seul. Il est un peu daté c’est vrai dans le style mais il est très immersif, évoque des problèmes cruciaux dans le développement humain et propose une trame bien plus riche qu’elle n’y paraît de prime abord. Les amoureux de SF peuvent y aller, c’est une petite perle dans son genre.

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