Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
31 juillet 2022

"Showman killer" de Jorodowsky et Fructus

showman

L’histoire : Mercenaire de l'espace, le Showman est un super-assassin né de l'imagination démoniaque d'un généticien. Dénué de toute émotion, formé à l'art des combats, il a été conçu pour tuer et seul l'or ou les joies simples propres à la mécanique de destruction lui procurent du plaisir. Pourtant, le destin de l'implacable Showman prend une nouvelle tournure quand il croise, lors d'une mission, la fascinante Ibis...

La critique de Mr K : Très bon et beau triptyque de bande dessinée SF prêté une fois de plus par l’ami Franck avec les trois tomes de Showman killer de Jodorowsky et Fructus. Space opera dantesque qui s’inscrit je trouve dans la lignées de La Caste des Métabarons et des Technopères que j’avais dévoré. Un empire en pleine déréliction, une menace venue d’un autre monde, un antihéros apathique qui ne pense qu’au fric sont au programme d’une œuvre qui dépote, régale les rétines et scénarisée de main de maître par un Jodorowsky une fois de plus en pleine forme.

Showman killer est une création ex nihilo d’un généticien fou qui cherche à obtenir l’assassin parfait, à savoir un être doué de pouvoirs uniques sans aucune once de conscience. On se garde bien de toute morale élémentaire dans ce type de quête et la naissance, puis l’apprentissage de Showman killer est terrible dans son genre. Très vite, la créature va se retourner contre son créateur et se mettre à son compte. Seul l’argent l’intéresse, dorénavant il se vendra au plus offrant. En parallèle, on suit l’omnimonarque, empereur d’un empire galactique puissant qui est tombé dans une sinistrose totale suite à la perte de sa femme qu’il aimait plus que tout. Il confie les rênes à une intrigante aux pouvoirs défiant toute imagination et qui poursuit d’obscurs desseins : la supra-hiérophante.

1

Tout cela passe bien au dessus de notre héros qui se contente d’amasser richesses sur richesses. Tout va changer quand une femme fascinante lui apparaît et va finir par lui confier un bambin que tout le monde recherche, à commencer par la régente démoniaque. Commence alors une profonde mutation chez Showman killer, lui qui est imperméable aux sentiments voit son armure se fendre, il n’agit plus seulement pour lui et prend conscience qu’il est bien davantage qu’un tueur sans âme. On s’oriente alors vers un affrontement titanesque qui livrera ses conclusions dans un dernier tome fulgurant.

3

Dès les premières planches, on est scotché par la beauté des dessins qui s’inscrivent dans la grande famille des dessinateurs cultes que sont Druillet, Caza et Moebius. Fourmillant de détails, colorés, animés, explosant les codes et les cases traditionnelles, on en prend plein les mirettes et l'ensemble donne à voir un univers gigantesque, bariolé, varié où technologie futuriste côtoie mysticisme et puissances spirituelles puissantes. Ça part loin dans le délire, on plane littéralement et l’on est vraiment transporté ailleurs sans que l’on puisse vraiment s’échapper.

2

On retrouve les questionnements de Jodorowsky sur le pouvoir et ses errances, la famille et ses déviances (on va très loin parfois ici), la religion et les croyances, la confrontation des cultures. En soi, ce n’est pas novateur si on le pratique déjà depuis un petit bout de temps mais c’est efficace, très bien huilé et le background est vraiment fouillé et cohérent. On voyage beaucoup de monde en monde, on alterne espace sidéral et mondes inconnus totalement dépaysants avec leurs propres règles et lois physiques. Génial !

4

La trame bien que classique est passionnante et les personnages charismatiques. À commencer par la supra-hiérophante qui est vraiment effrayante, machiavélique et en roue libre quand elle sent que les choses lui échappent. On croise aussi des créatures étranges, des dieux et déesses oubliés et à l’origine de tout un curieux personnage auquel au départ on donnerait le bon dieu sans confession. Le personnage principal gagne en épaisseur et lui qui m’indifférait quelque peu prend de l’ampleur et devient intéressant. Son second est quand à lui excellent de drôlerie, le parfait fait-valoir qui montrera une utilité des plus appréciables à certains moments clefs de l’aventure.

7

Univers foisonnant, explorations de l’immensité sidérale et du soi dans des moments psychédéliques, lutte de pouvoir intense, actes immoraux et grands quêtes initiatiques font de cette BD une pure expérience qui laisse bouche bée. Les amateurs ne doivent pas passer à côté !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité