Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
31 août 2021

"Square eyes" de Luke Jones et Anna Mill

91NU0r4lldL

L’histoire : Pour la première fois de sa vie, Fin sort du réseau. Quelques mois plus tôt, elle avait inventé un programme si puissant et étrange qu'elle était devenue invincible. Jusqu'à ce qu'elle ne le soit plus. Maintenant, elle est bloquée hors des systèmes virtuels qui contrôlent la société. Une autre femme vit dans son propre appartement comme si de rien n'était. Fin n'a pas le moindre souvenir de comment tout cela a pu arriver...

Pendant ce temps, des gens disparaissent mystérieusement des rues de la ville et la technologie qu'avait inventé Fin pourrait en être la cause.

La critique de Mr K : Aujourd’hui chronique d’un roman graphique complètement barré et ésotérique, une œuvre atypique prêtée une fois de plus par l’ami Franck. Dans Square eyes, Luke Jones et Anna Mills, deux artistes évoluant dans le milieu de l’architecture proposent un récit dystopique glaçant nous interrogeant sur le progrès scientifique, l’évolution de l’espèce humaine et son rapport à la technologie mais aussi finalement sur la notion d’identité qui nous définit à travers tous ses aspects y compris ses éventuelles expansions numériques. L’ouvrage bien que complexe et parfois mystérieux dans sa trame s’est révélé passionnant.

1

Fin, la créatrice d’un programme révolutionnaire se retrouve déconnectée, en dehors du réseau virtuel qui est au cœur de la société et la contrôle. L’héroïne a vu sa création lui échapper et elle n’a plus la main sur elle mais elle ne sait plus comment cela s’est passé ! Pourquoi a-t-elle cédé ses droits ? Sa mémoire est un trou noir sur les derniers mois vécus, elle va donc tenter au fil de cet ouvrage de retrouver ses souvenirs manquants grâce à l’aide d’un ami et en retournant dans certains lieux. Les révélations viendront et avec elle des réponses pas forcément faciles à accepter.

2

Récit ambitieux, difficile d’accès, il perdra nombre de lecteurs en route dont moi par moment. Et pourtant, j’ai aimé cette œuvre qui dépasse le cadre de la simple narration et propose ce que l’on pourrait appeler un "beau livre", quasiment une œuvre d’art contemporain. C’est superbe, l’aspect visuel est scotchant quoique tout aussi étrange que son contenu textuel, narratif. Mêlant noir et blanc (la réalité ?) et couleur (le virtuel ?) par moment, tout est fait pour briser les barrières, confondre réalité, rêves et fantasmes. Il faut se laisser porter, se raccrocher aux images et aux maigres indices semés ici ou là, parfois faire des allers-retours dans l’ouvrage.

3

L’ambiance est très angoissante avec une science fiction proche de ce que l’on retrouve chez l’esprit paranoïaque de K. Dick mon auteur favori de SF. Réalité grise, virtualité chatoyante aux couleurs tripantes qui capte les esprits et les asservit se renvoient l’ascenseur et donnent à voir un futur épouvantable où l’humanité se réfugie dans la virtualité et finalement n’existe presque plus qu’à travers les messages, tweets et autres échanges du réseau global détenu par une firme toute puissante. Rien n’est jamais dit frontalement, les tenants et aboutissants sont souvent évoqués de manière nébuleuse mais cela suffit pour imprégner l’esprit du lecteur et le garder captif.

7

On alterne scènes classiques de rencontres, de déplacements avec des moments suspendus, des pages s’apparentant à des tableaux qui ralentissent le récit et nous invitent à la contemplation tout en se rapprochant bien souvent d’un univers proche du polar. C’est sombre, inquiétant et pourtant diablement séduisant. J’avoue qu’après deux lectures, je n’ai toujours pas tout compris mais franchement quel voyage et quelle œuvre esthétique ! Square eyes est à découvrir et explorer absolument pour les amateurs de SF dérangée et dérangeante.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité