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Le Capharnaüm Éclairé
4 juin 2020

"Or, encens et poussière" de Valerio Varesi

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L’histoire : Parme, la nuit, le brouillard. Un carambolage monstrueux se produit sur l’autoroute : des voitures ratatinées, des camions en feu, une bétaillère renversée. Vaches et taureaux errent sur la route, désorientés. Et des gitans auraient été aperçus, profitant de la confusion pour piller les véhicules accidentés. Le commissaire Soneri est le seul flic de Parme qui connaît assez bien la plaine du Pô pour ne pas se perdre dans le brouillard : c’est lui qu’on envoie sur place. Au lieu de petits voleurs, il découvre au bord de la route le corps carbonisé d’une femme. Nina Iliescu est une immigrante roumaine qui laisse derrière elle une longue liste d’amants de la haute société parmesane. Agneau sacrificiel ou tentatrice diabolique, même dans la mort, la jeune femme à la beauté fascinante exerce son pouvoir sur Soneri. Et lui réserve quelques surprises...

La critique de Mr K : Chronique d’une belle découverte littéraire aujourd’hui avec Or, encens et poussière de Valerio Varesi tout juste paru aux éditions Agullo. Il s’agit du cinquième tome mettant en scène le commissaire Soneri, mais le premier que je lis. Ce ne sera pas le dernier tant cet enquêteur adepte de méthodes à l’ancienne, au regard critique acéré sur le monde qui l’entoure et à la vie amoureuse compliquée a su me séduire.

L’ouvrage démarre fort avec la découverte d’un cadavre totalement brûlé au milieu d’un chaos indescriptible. L’ambiance est magnifiquement rendue avec une écriture qui m’a accroché de suite : un brouillard opaque, des véhicules emboutis les uns dans les autres, des gyrophares perdus au milieu de nulle part, des bovidés errant au hasard et un binôme de flics qui débute son enquête. Le ton est donné d’emblée avec un mystère qui ne va aller qu’en s’épaississant, mettre en cause des personnes de la bonne société parmesane et remuer des affaires pas très nettes.

L’enquête en elle-même n’est pas ce qui m’a le plus marqué. C’est rondement mené mais finalement il n’y a pas énormément de coups de théâtres. C’est très classique avec les traditionnelles phases de doute, d’hypothèses foireuses et de révélations qui font avancer les choses mais rien de transcendant, on a plus affaire à une investigation de routine, une affaire comme on peut en voir souvent. Pour autant, on s’intéresse de près à cette histoire de meurtre sordide au cœur duquel se trouve une jeune femme mystérieuse venue de Roumanie pour essayer de trouver une vie meilleure. Personnage fascinant aux multiples facettes, jusqu’au dernier chapitre, la fameuse Nina Iliescu conserve bien des secrets.

Le point fort de l’ouvrage est son personnage principal. Je découvrais donc avec Or, encens et poussière le commissaire Soneri et dans le genre personnage en roue libre il se pose là. Durant tout l’ouvrage, il ne fait pas grand chose, laisse souvent ses subordonnées gérer à sa place car il va très mal (ce qui ne l’empêche pas d’avoir du flair et de résoudre l’enquête tout de même). Il ne sait plus sur quel pied danser avec sa compagne qui voit en parallèle un autre homme que lui et cela le démolit littéralement, l’obsède et a des répercussions sur son travail. Incapable de se concentrer, de rester fixé sur son enquête, une bonne partie du roman nous raconte ses atermoiements, ses fêlures et ses faiblesses. Cela brise l’image du commissaire respecté, vanneur et même craint pour ses colères mémorables (évoquées par le jeune inspecteur qui l’accompagne tout du long). J’ai aimé l’être humain qu’il est, son côté borderline et capable d’envoyer valdinguer n’importe qui à n’importe quel moment.

La langue est un très bel écrin qui met en valeur ce personnage notamment à travers des dialogues bien sentis avec des répliques qui font sourire et parfois frémir. L’auteur nous donne à lire un très bon roman policier, au charme italien indéniable : plus d‘une fois il m’a ouvert l’appétit avec les passages fréquents du héros dans des lieux de restauration aguicheurs en diable, on croise de sacrés seconds rôles, au premier rang d’entre eux un ex-aristocrate ruiné au charme et à la délicatesse sans égal ou encore une femme d‘affaire peu scrupuleuse et forte en gueule. C’est frais, vivant et emporte le lecteur dans un univers crédible au charme certain et où l'on n'est vraiment sûr de rien tant les lignes peuvent bouger d’un chapitre à l’autre.

Une fois ouvert, il est très difficile de refermer cet ouvrage qui provoque une addiction quasi immédiate. Et c’est bien désolé qu’on se voit arriver très vite au mot fin. On aurait bien poursuivi notre lecture un peu plus...

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Commentaires
G
Merci pour cette belle chronique! Je ne suis pas trop polar, mais je note la saga dans un coin de ma tête pour un cadeau aux mordus de ma famille!
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