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Le Capharnaüm Éclairé
14 mai 2020

"Montagnes de la folie / Les Montagnes hallucinées" de H.P. Lovecraft

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L’histoire : Au cours d'une expédition en Antarctique, deux scientifiques mettent au jour, derrière une chaîne de montagnes en apparence infranchissable, les vestiges d'une ancienne cité aux proportions gigantesques. Pendant cinq ans, un vénérable professeur d'université devient la proie d'étranges visions. Cherchant à comprendre ce qui l'a "possédé", il découvre en Australie des ruines plus qu'antédiluviennes cachées au regard des hommes. En visitant les dédales et recoins de ces lieux maudits, tous vont observer des fresques évoquant l'arrivée sur Terre d'entités d'outre-espace. Et constater que la menace de les voir reprendre le contrôle de la planète existe toujours...

La critique de Mr K : Chronique d’un re-reading à la saveur toute particulière aujourd’hui avec un auteur clef dans ma construction de lecteur. J’ai lu et dévoré quasiment toute son œuvre durant mes années lycée et fac, nourrissant au passage mon goût prononcé pour le fantastique, l’ésotérisme et la SF. C’est lors de sa participation à un concours sur Instagram que Nelfe a remporté entre autre cette nouvelle traduction de Dans les montagnes hallucinées, un classique des classiques quand on aime Lovecraft. Cette nouvelle version a à priori fait verser beaucoup d’encre, j’ai donc eu l’occasion de pouvoir y goûter et me faire ma propre opinion.

Décidément, je fréquente beaucoup le pôle Nord ces derniers temps dans mes lectures. Après le très bon Erebus qui versait dans le récit historique, je replongeai donc avec délice sur les pas d’une autre expédition, fictive je vous rassure, dans l’Enfer blanc antarctique avec une équipe dépêchée entre autre par l’université de Miskatonic. L’objectif est encore et toujours (on est dans les années 30) d’explorer une terra incognita, de faire des relevés notamment géologiques et d'approfondir les connaissances de l’Homme sur cet espace aussi mystérieux qu'hostile pour notre espèce. On peut compter sur l’auteur pour nous donner moult détails sur les tenants et aboutissants scientifiques, l’organisation et les personnes prenant part à l’expédition.

Évidemment, rien ne se passe comme prévu et l’équipe va faire des découvertes tour à tour surprenantes, troublantes voire tout à fait horribles et traumatisantes dans le dernier acte. Des montagnes immenses, des ruines cyclopéennes, des fossiles mi végétaux mi animaux, des traces suspectes et bientôt des créatures venus de l’outre-espace vont faire leur apparition et faire chavirer littéralement l’expédition dans l’horreur et la folie. On ne se frotte pas aux Grands Anciens sans risquer sa vie et sa santé mentale !

Ce livre fait toujours autant d’effet 25 ans après ma première lecture. Il est terrifiant de par son contenu et sa montée en pression. Lovecraft s’y entend comme personne pour faire monter la sauce, distiller le mystère, les indices à un rythme très lent et pénétrant. Ce texte est en fait essentiellement descriptif, peu ou pas d’action, le narrateur se contentant de raconter les faits qui se composent essentiellement de rapports de différents membres de l’expédition et de ses propres observations. Cela donne de grandes pages où l’on explore des lieux extraordinaires dans tous les sens du terme renforcé par un climax glaçant au sens propre comme au sens figuré. Architecture étrange, parcours labyrinthique dans une cité perdue jamais explorée par notre espèce, créatures innommables surgissant de la nuit des temps, des anciens mythes qui reviennent à la vie, santé mentale plus que chancelante des protagonistes, tous ces ingrédients se répondent, se complètent et donnent à lire un texte culte dans le genre.

Le plaisir de lire est toujours là, le style de Lovecraft est incroyable. Certes parfois désuet, mais c’est ce qui fait son charme. L’écriture datée, ampoulée parfois, souvent très précise, donne une densité et une profondeur au contenu terrible. Le récit prend vraiment à la gorge et l’on accompagne le narrateur dans ses expériences avec une angoisse durable qui tord les boyaux. Pour la traduction, je suis partagé. Je trouve le style moins poétique que dans mes souvenirs, plus heurté et parfois moins stylisé mais il paraît que l’on colle davantage au matériaux d’origine... Je ne suis pas assez calé en la matière pour en tirer un quelconque avis objectif et argumenté, sachez simplement que quelque soit la version que vous choisirez de lire, Les Montagnes hallucinées (je préfère largement ce titre par contre) est un classique du fantastique, peut-être pas le plus accessible pour découvrir l’auteur (préférez lui Dagon ou L’affaire Dexter Ward) mais un monument de la littérature qui en 2020 se lit toujours aussi bien !

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