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Le Capharnaüm Éclairé
18 octobre 2011

"Dans les bois éternels" de Fred Vargas

vargasL'histoire:
- Danglard, la voyez-vous? demanda Adamsberg. L'Ombre?
Le commandant revint sur ses pas, tournant les yeux vers la fenêtre et vers la pluie qui assombrissait la pièce. Mais il était trop fin connaisseur d'Adamsberg pour se figurer que le commissaire lui parlait du temps.
- Elle est là, Danglard. Elle voile le jour: Vous la sentez? Elle nous drape, elle nous regarde.
- Humeur sombre? suggéra le commandant.
- Quelque chose comme cela. Autour de nous.
Danglard passa la main sur sa nuque, se donnant le temps de la réflexion. Quelle ombre? Quand, où, comment?
- Depuis quand? demanda-t-il.
- Peu de jours après que je suis revenu. Elle guettait peut-être avant, rôdant dans nos parages.

 

La critique de Mr K: Je vous propose aujourd'hui, un petit séjour livresque en compagnie d'un personnage que j'affectionne tout particulièrement: Jean Baptiste Adamsberg, commissaire aux méthodes et aux manières peu orthodoxes, héros emblématique de la romancière Fred Vargas. Dans ce dixième polar de l'auteur, il est aux prises avec le fantôme d'une religieuse assassinée qui hante son nouveau logement, deux cadavres de fossoyeurs amateurs retrouvés dans le quartier des puces de Saint Ouen, une infirmière serial-killeuse (ça se dit?) et des cerfs au cœur arraché découverts au petit matin par des promeneurs horrifiés dans la campagne normande. Bien malin qui pourrait y voir un lien, Adamsberg va s'y atteler avec toute son équipe que l'on commence à bien connaître à force de les fréquenter roman après roman.

 

Vargas chez moi, c'est comme les bons chocolats: ça fond dans la bouche. C'est un petit plaisir que je m'offre à l'instar d'un Michael Connelly. Ça ne révolutionne pas la littérature mais on est quasiment sûr de passer un bon moment en compagnie de personnages que l'on apprécie et dont on suit à la fois la vie privée et les méandres de leur enquête. Au fil des lectures, Adamsberg flic rêveur, poète à ses heures, assez sombre, n'arrive pas à stabiliser sa relation avec Camille. La nouveauté dans ce roman, c'est qu'elle a donné naissance à leur fils mais pour au moins la dixième fois, ils se sont à nouveau séparés. Cela donne des moments assez pathétiques où le commissaire ressasse son aigreur et ses remords. Touchant est le mot qui revient souvent quand je pense à ce personnage ombrageux aux intuitions géniales quand il s'agit de traquer les criminels.

 

C'est aussi avec un plaisir certain que l'on retrouve Danglard, son second. Véritable puits de science (il sait tout sur tout), rigide, limite alcoolique, mais toujours un appui sans faille pour son patron. On découvre dans ce roman sa sainte horreur des cadavres en décomposition et son attachement particulier au commissaire. On retrouve aussi toute une foule de personnages secondaires dont la plupart appartiennent à la brigade que commande Adamsberg. Véritable petite famille, ça jase, ça doute mais ça se sert les coudes! Même le chat de la brigade a un rôle important dans ce livre alors qu'il se contente en général de dormir sur la photocopieuse encore chaude. Certes le passage est peu réaliste (j'ai vu pas mal d'avis négatif sur ce pistage félin) moi ça m'a plutôt fait rire! Et puis quand il s'agit de chat, je pardonne tout!

 

Autres motifs de satisfaction, l'écriture! Vargas n'a pas son pareil pour nous plonger dans les discussions de bistrot, dans la ruralité dans ce qu'elle a de plus truculente et d'authentique sans pour autant s'en gausser. Querelles de clochers, figures locales prennent vie sous un souffle parfois épique. J'ai adoré les passages où Adamsberg se rend en Normandie pour enquêter sur les morts suspectes de cervidés et où il doit se faire une place à une table autour de laquelle sont assis des vieux de la vieille dignes des tontons flingueurs avec l'ancêtre à la langue franche et fleurie. J'ai beaucoup ri entre réflexions acerbes, pensées internes et analyses du commissaire.

 

Malheureusement tout a une fin, surtout les grands plaisirs. Ce fut une lecture rapide et très agréable comme quand on retrouve des copains qu'on n'a pas vu depuis longtemps, à la différence qu'ici je me suis bien fait cueillir par le dénouement alors qu'avec les potes on sait comment ça finit. Un excellent Vargas!

 

Déjà lus et appréciés du même auteur:
- L'Homme à l'envers
- Sous les vents de Neptune

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Commentaires
M
C'est une très bonne dialoguiste c'est vrai et je pique régulièrement des crises de fou rire en la lisant. :)
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F
J'ai adoré celui-là, moi ! Vargas ne révolutionne peut-être pas la littérature, mais le roman policier, certainement. Depuis que je la lis, je m'émerveille de son talent à restituer les dialogues. C'est l'une de ses grandes forces, ça et le soin qu'elle met à construire des personnages secondaires intéressants.
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M
@Riz-Deux-ZzZ: Oh oui! Vas-y! C'est un savant mélange d'humour, d'enquête policière et de relations humaines plus vraies que nature. :)
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R
Cette auteur me tente depuis un moment, et vu tous les avis positifs que je lis je crois qu'il va falloir que je m'y mette !
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M
@bambi slaughter: j'en ai pas lu encore assez mais c'est un tout premier choix c'est sûr! ;)
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B
J'avais beaucoup aimé ce Vargas, je crois bien que c'est mon préféré.
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