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Le Capharnaüm Éclairé
6 septembre 2010

"L'homme à l'envers" de Fred Vargas

untitledL'histoire: Laisser les loups vivre en liberté dans le Mercantour, c'était une bonne idée, dans l'air du temps. Ce n'était pas celle des bergers et, quelques mois plus tard, la révolte gronde.

 

Mais est-ce bien un loup qui tue les brebis autour du village de Saint-Victor? Les superstitions resurgissent, un bruit se propage: ce n'est pas une bête, c'est un loup-garou... Lorsqu'une éleveuse est retrouvée égorgée dans sa bergerie, la rumeur tourne à la psychose. À Paris, le commissaire Adamsberg guette les nouvelles de la Bête du Marcantour: "Comme des tisons, mon gars, comme des tisons ça fait, les yeux du loup, la nuit".

 

La critique de Mr K: Ca faisait un petit bout de temps que cet auteur m'intéressait et me faisait de l'oeil. Les 40 premières lignes du chapitre 2 ont été le sujet du DNB technologique il y a déjà quelques années et je l'utilise souvent lors de DNB blanc pour mes loupiots, régulièrement à la Fnac je tombe sur les oeuvres de cette archéologue-écrivain et je remets à plus tard l'achat d'un volume, enfin mes parents m'en avait déjà parlé au détour d'une conversation à propos de nos lectures respectives... Tout ça pour dire que c'est mon premier Vargas! Et franchement, si j'avais su, j'aurai fréquenté cet auteur bien plus tôt.

 

Ce livre s'apparente à un road-movie campagnard (roman picaresque comme disait mon vieux prof de français de Lycée, Mr B) oscillant constamment entre suspens et moments de franche rigolade. Il est surtout prétexte à la présentation et à la mise en action de personnages hauts en couleur. Il y a Adamsberg, pas très présent d'ailleurs au début, personnage étrange, au charisme puissant et aux manières délicates mais fermes (nombre de blogueurs vantent ses mérites, il a ses fans!). Camille, une ex, qui s'est éxilée en pleine cambrousse et dont le plus grand plaisir est de se plonger dans les catalogues d'outillage professionnel pour "s'évader" et parfois se ressourcer. Lawrence, son amant canadien au phrasé minimaliste, amoureux de la nature, spécialiste des grizzlis, expatrié en France pour étudier les loups du Mercantour. Soliman, fils adoptif d'une éleveuse sauvagement assassinée, d'origine africaine, amateur des définitons du dictionnaire et conteur hors-pair de petites sagesses africaines de son crû! Exemple:

 

- Avant, commença Soliman, aux commencements du monde, les hommes ne faisaient pas la cuisine.
- Ah merde, dit le Veilleux.
- Et c'était comme ça pour toutes les bêtes de la terre.
- Oui, coupa le Veilleux en versant le vin. Adam et Eve ont couché ensemble, et ensuite ils ont dû trimer et se faire à manger toute la vie.
- Pas du tout, dit Soliman. Ce n'est pas ça l'histoire.[...] Partout, la nourriture était à portée de leur main, continuait Soliman. Mais l'homme prenait tout pour lui et les crocodiles se plaignaient de sa voracité égoïste. Pour en avoir le coeur net, le dieu du marais puant pris la forme d'un crocodile et s'en alla contrôler la situation par lui-même. Après avoir souffert la faim pendant trois jours, le dieu du marais convoqua l'homme et lui dit: "Dorénavant, l'Homme, tu seras partageux". "Que dalle", lui répondit l'Homme. "J'en ai rien à branler des autres". Alors le dieu du marais entra dans une terrible colère et ôta à l'homme le goût du sang, de la chair fraîche et de la viande crue. À dater de ce jour, l'homme dut faire la cuire tout ce qu'il portait à sa bouche. Ca lui prit beaucoup de temps et les crocodiles eurent la paix dans leur royaume de la viande crue.
- Pourquoi pas, dit Camille.
- Alors l'homme humilié d'être devenu la seule créature à manger cuit, repassa tout le boulot à la femme. Sauf moi, Soliman Melchior, parce que je suis resté bon, parce que je suis resté noir, et ensuite parce que je n'ai pas de femme.

 

Mais mon personnage préféré reste sans conteste et de loin: le Veilleux! Berger d'un âge certain et collaborateur fidèle de la première victime, il décide avec Soliman et Camille de "coller au cul" du meurtrier pour retrouver le responsable de la mort de sa patronne. Ce personnage est dantesque: stoïque, inquiétant, gâteux mais curieux, tolérant mais aussi plein de principes (il faut lire le passage où il dérouille à l'aide de sa vieille pétoire trois motards lepénistes s'en prenant à Soliman et Camille!)... Il inspire le respect et en même temps le rire, tellement il est décalé par rapport aux autres personnages et représente la vieille France paisible et traditionnelle mais à la fois accueillante.

 

On passe vraiment un excellent moment en compagnie de tous ces énergumènes, c'est mon premier road-movie en bétaillère mené tambour battant! Loin de se moquer du monde paysan et de la ruralité, on est plus dans une immersion picaresque à vocation humoristique et naturaliste. Ca se dévore, ca se déguste et ca se digère très bien! un bon livre que je vous conseille chaudement!

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Commentaires
M
@Luna: pour moi, le récit était secondaire, c'est les rapports entre les persos qui m'avait marqué. Pour le tueur, j'ai deviné plus tard que toi, vers le milieu du roman. :)<br /> <br /> Bon weekend à toi aussi!;)
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L
J'ai un avis très mitigé sur ce livre : le style de l'auteur m'a vraiment plus, et je compte bien lire d'autres livres qu'elle a écrit. Mais l'histoire, elle, ne m'a pas convaincu : je savais dès le début qui était le tueur, habituellement ça ne me dérange pas, mais là, l'histoire était trop sage... Quand ça part dans tout les sens, on se pose des questions, mais là ce n'était pas le cas alors l'évidence du tueur à un peu gâché ma lecture...<br /> <br /> Joli article, bon weekend !
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S
J'aurais pu également dire le Musso du polar :D :)
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M
@Shanaa: C'est marrant que t'en parle ainsi parce que j'avais justement fait le même rapprochement d'idées. ^^
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S
Coben c'est le Lévy des thrillers, ne tente pas!
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M
@Shanaa: C'est UNE maîtreSSE du thriller. C'est mon 1er Vargas et perso j'ai adoré ce road movie campagnard burlesque. Les perso étaient bien tcharbés et l'histoire bien menée. J'ai justement 2 autres Vargas dans ma PAL que je vais lire dans les mois qui suivent. Je me ferai alors une opinion plus précise sur cette auteure. Quant à Harlan Coben j'ai jamais tenté et, franchement, je n'en ai pas envie.
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S
J'ai trouvé ce livre bien en deca de sa réputation.<br /> On m'avait annoncé Vargas comme un maitre du Thriller, j'ai eu l'impression de lire un Harlan Coben en un peu mieux..
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M
@Grimmy: faudra que je fasse lire à Nelfe alors... elle a aussi un côté groupie!^^
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G
En tant quadmiratrice (groupie) d'Adamsberg (quel homme !), je ne peux qu'acquiescer à cet avis enthousiaste.
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F
Ah j'adore Fred Vargas et le commissaire Adamsberg (un béarnais, comme son nom ne l'indique pas). Toujours entre le fantastique et les légendes historiques avec des histoires bien ancrées dans le présent. Elle est très forte.
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V
Bon je vais y aller de mon petit couplet, mais elle me semble comme d'autres auteurs l'héritière de kââ (le côté trash, spéciale dédicace, en moins). je ne saurai que trop vous reconseiller mental( 4€ sur priceminister) ou trois chiens mort ou encore silhouette de mort sous la lune blanche
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