"Sous les vents de Neptune" de Fred Vargas
L'histoire: Une jeune fille assassinée par trois coups de poinçon, un ivrogne qui ne se souvient de rien mais que tout accuse... Pour le commissaire Adamsberg, il n'y a aucun doute: le passé refet surface. Le tueur au trident est de retour. Celui-là même qui avait poignardé la fiancée de Raphaël, le frère du commissaire, des années plus tôt dans leur contrée natale des Pyrénées. Seul hic: l'homme est mort depuis vingt ans...
Se pourrait-il qu'Adamsberg, cet homme rêveur et sensible, coure après un fantôme et perde la raison?
La critique de Mr K: Cette lecture constitue ma deuxième incursion dans l'univers de cet auteur. J'avais particulièrement apprécié cette première expérience entre suspens et humour. Je n'avais qu'entraperçu le héros récurrent de Vargas, le commissaire Adamsberg et vu ce qu'on en dit dans la blogosphère, il me tardait d'être confronté à nouveau à ce personnage pour pouvoir mieux le jauger et le découvrir davantage.
L'histoire fait la part belle au commissaire Adamsberg qui voit ressurgir du passé le monstre qu'il avait poursuivi pendant plus de dix ans lors de ses débuts. C'est l'occasion d'en savoir un peu plus sur ce héros hors du commun et notamment sur ce frère qu'il a perdu: mort, disparu, en fuite? La réponse est dans ce livre. Adamsberg est vraiment unique en son genre: flegmatique parfois jusqu'à l'extrême, doté d'un sens de l'observation aigü, il a des intuitions qui lui permettent d'avoir toujours un coup d'avance. J'ai éprouvé une grande sympathie à son endroit, derrière le commissaire à la carrière exemplaire (quoiqu'ici légèrement menacée!), on découvre au détour de certains paragraphes quelques éléments de fragilité, de faiblesse: sa rupture non digérée avec Camille, ses rapports ambigus avec Danglard son adjoint précieux et ultra-cultivé (cette relation m'a régalé pendant toute ma lecture, confiance ou méfiance?), ses regrets vis-à-vis de son frère... Profondément humain, Adamsberg m'a touché et épaté vu qu'il réussit des prouesses.
La majeure partie du récit se déroule au Canada. En effet, Adamsberg et une partie de ses agents doivent y effectuer un stage sur les nouvelles techniques d'investigation (relevés et traitement de l'ADN, nouvelles technologies de recherches...). J'ai bien aimé ce petit voyage qui m'a rappelé celui que j'avais fait en 2005 quand j'étais allé à Montréal et Québec voir des amis. On retrouve l'ambiance et la beauté des paysages (passage de la visite d'Adamsberg près d'un lac). Dépaysement donc pour le lecteur mais aussi pour le héros qui va vaciller en plein milieu de l'histoire. Parmi les stagiaires, j'ai particulièrement apprécié Retancourt, femme imposante et grassouillette qui semble ne pas apprécier des masses son commissaire. Elle a un rôle clef dans cette histoire et se révèle aussi inventive que vive (le contraire d'Adamsberg). Les seconds rôles sont tout aussi intéressants comme Danglard dont j'ai déjà parlé et les membres formateurs canadiens qui encadrent les français fraîchement débarqués du vieux monde (rancunes contre les français, incompréhensions, amitiés naissantes, soupçons...).
Un livre que j'ai personnellement dévoré. Le style de l'auteur fait merveille une fois de plus. Le parlé québecois est très bien retranscrit et l'on sourit beaucoup à la lecture de cet opus. Vargas ne nous épargne pas pour autant avec une deuxième partie particulièrement haletante dont la conclusion laisse à penser que tout n'est pas encore réglé. Un bon pollar et un personnage principal qui donne envie de creuser davantage dans la bibliographie de Vargas. À lire!