"Paranoid Park" de Blake Nelson
L'histoire: Bon, c'était la dernière semaine de l'été et on se trouvait dans le centre-ville quand Jared a suggéré qu'on fasse un tour à Paranoid Park, histoire de voir. Sur le coup, je n'ai rien dit. J'avais entendu parler de Paranoid, bien sûr, mais je n'avais jamais songé à y aller. Je me disais que ce n'était pas à ma portée. Mais lorsque j'ai fini par répondre que je ne pensais pas être prêt pour ça, Jared s'est marré et a répliqué un truc du style: "Personne n'est jamais prêt pour Paranoid Park". Et c'est là que tout a commencé.
B.N.
La critique de Mr K: Je poste cet avis suite au partenariat que nous avons obtenu auprès de B.O.B. Ce livre est constitué de plusieurs lettres adressées à une inconnue (la destinataire sera connue à la toute fin) par le héros, jeune skater américain de 17 ans qui tue accidentellement un agent de sécurité. Un cadavre, pas de témoin. Il va devoir affronter ses démons entre désir d'oubli et culpabilité qui ressurgit régulièrement.
Avec ce petit livre de 187 pages, Blake Nelson nous offre un portrait saisissant des affres de l'adolescence. Son style concis et efficace dresse sans fioritures les états d'âme changeants d'un jeune homme en chute libre. Ses parents sont au bord du divorce, il commence à s'intéresser aux filles sans vraiment les comprendre, puis le drame suscité se produit et sonne la fin des repères pour ce jeune américain lambda. Tout autour de lui gravitent des personnages qui sentent bien qu'il commence à glisser mais le héros s'enferme dans sa carapace et il a de plus en plus de mal à se sortir de son désarroi.
J'ai lu cet ouvrage très rapidement. On est vite pris par l'histoire et l'écriture de Nelson est très évocatrice. Le souci, et il est majeur, c'est la petite citation inscrite au début de ce roman: «Jeune homme, reprit-il en se redressant, je crois lire de l'affliction sur votre visage», Fiodor Dostoïevski, Crime et châtiment. J'avais adoré ce roman russe quand je l'ai lu et malheureusement, inconsciemment pendant la lecture de Paranoid Park, je n'ai pu faire autrement que de comparer et franchement, il n'y a pas photo. Certes, l'histoire est menée avec délicatesse et réalisme dans le livre de Nelson mais cela reste pauvre par rapport à la maestria de Dostoïevski. Le personnage du bourreau devenu victime de ses remords est beaucoup plus poussé et plus marquant.
Malgré ce reproche, Paranoïd Park reste une lecture intéressante que je recommande même si, finalement, il n'y a rien de véritablement nouveau dans le contenu, beaucoup de livres traitants du même sujet. Il ne me reste plus qu'à regarder l'adaptation de Gus Van Sant.
La critique Nelfesque: J'ai lu "Paranoid Park" à la suite de Mr K. Petit livre, il fut vite avalé. Effectivement il n'est pas très original mais on se prend d'affection pour le personnage principal de ce roman qui a tout d'un ado ordinaire mais qui voit sa vie bousculée par une "erreur de parcours". On se retrouve presque en lui, ayant toujours en tête l'insouciance et les préoccupations de notre adolescence: s'amuser, draguer, le lycée et les copains.
Le héros est un fana de skate et sa passion le perdra. Un soir comme un autre, il va faire un tour de trop à "Paranoid Park" et ce qui jusque là pouvait s'assimiler à une soirée ordinaire va vite tourner à la catastrophe. S'ensuivent de longues nuits blanches où la culpabilité et les analyses de la soirée tournent dans la tête du jeune homme. Comment bascule-t-il de la banalité de la vie lycéenne à la délinquance? Est-il vraiment délinquant? Comment effacer définitivement cette soirée de sa mémoire?
On suit ce jeune garçon dans la tourmente et le doute, on se demande comment il va pouvoir se sortir de ce mauvais pas et qu'elle fin aura ce cauchemar. Un roman qui se lit très bien et respecte l'univers adolescent sans tomber dans la caricature. Je vous le conseille.