"Rêves d'Icare" de Gérard Guerrier

L’histoire : La première histoire illustrée du vol non motorisé à travers des portraits d'aventuriers du ciel et le récit des inventions qui ont révolutionné l'aéronautique.

Icare et Dédale, Eilmer de Malmesbury, le moine volant du XIe siècle, les vélivoles découvreurs d'ascendances thermiques et les parapentistes de l'extrême ont tous un rêve commun : celui de voler comme des oiseaux dans le ciel.

De l'Antiquité à nos jours, Gérard Guerrier raconte l'histoire du vol en liberté et, en s'appuyant sur une riche iconographie, parfois burlesque, souvent vertigineuse, il nous conduit sur la trace des défricheurs et précurseurs, doux rêveurs, ingénieurs et inventeurs géniaux qui ont permis des avancées considérables en matière d'aéronautique.

Du célèbre Otto Lilienthal au méconnu Samuel Franklin Cody, le cow-boy qui se faisait passer pour le fils de Buffalo Bill et n'hésitait pas à embarquer à bord de cerfs-volants géants, des ailes de chauve-souris et vélos musculaires au BASE jump et aux planeurs à énergie solaire, l'auteur explore toutes les formes de vol non motorisé, en les remettant en perspective pour mieux comprendre le sillage, parfois sinueux, qui a permis l'envol de ces filles et fils d'Icare.

La critique de Mr K : Chronique particulière aujourd’hui au Capharnaüm Éclairé avec un beau livre qui trouvera sa place sous le sapin, un ouvrage documentaire de Gérard Guerrier sur l’histoire du vol non motorisé : Rêves d’Icare paru aux éditions Paulsen cet automne. Le sujet est passionnant en soi, voler étant le rêve le plus cher de l’humanité depuis ses origines et son illustration est fascinante dans ce livre prenant de bout en bout.

Divisé en douze chapitres, l’ouvrage se propose donc de remonter le temps et de suivre l’épopée du vol libre à travers les âges. De l’Antiquité à l’époque contemporaine, en passant par le Moyen Age et l’époque moderne, on croise de sacrés individus au fil des pages que l’on tourne avidement. Chaque partie débute par un point historique et technique, se poursuit par quelques portraits de personnalités et se termine par des repères chronologiques pour mieux replacer dans la ligne du temps, ces expériences, ces réussites mais aussi ces ratés retentissants.

Et on en croise du monde ! On pense forcément à Dédale et Icare mais saviez-vous par exemple que le roi Salomon aurait utilisé un tapis volant pour transporter des dizaines de milliers d’hommes ? On ne compte plus en ces temps lointains le nombre de tentatives d’envol par saut depuis une hauteur avec son lot d’inventions abracadabrantesques imitant la nature ou surgies d’esprits torturés, pour ne pas dire parfois illuminés. Des moines volants, des hommes en lévitation puis les débuts de la montgolfière, les imitations de cerfs-volants, les ailes aéroportées, les bicyclettes volantes, le base jump tout proche de nous et de nombreuses autres aventures et avancées sont détaillées avec un luxe d'explications qui ravira les amateurs.

L’auteur nous fait à chaque fois un point technique sur chacun des aspects du vol libre qu’il aborde. Moi qui suit un pur littéraire, j’ai grandement apprécié sa manière très pédagogue de parler sciences, lois de la nature et ingénierie. C’est très abordable, très souvent loufoque aussi tant la science s’apparente souvent à des choix un peu fous et des tentatives parfois complètement hors sol (c’est le cas de le dire !). On passe de systèmes de pensées à d’autres systèmes de pensées, Aristote doit finalement laisser sa place à la pensée scientifique moderne, on a forcément en vue le cogito ergo sum de Descartes. L’expérimentation bat alors son plein à partir de l’époque moderne et donne lieu à de fabuleuses avancées et des découvertes majeures. Gérard Guerrier met tout cela en lumière et souligne très bien l’importance de ces progrès dont nous bénéficions au quotidien aujourd'hui.

Les portraits qui suivent la mise en place initiale de chaque chapitre illustrent le propos de fort belle manière. On s’étonne, on rit, on est impressionné par ces personnalités tantôt fofolles tantôt précurseures. On se plaît à les découvrir grâce à la langue parfois facétieuse d’un auteur amoureux de son sujet. On ne se lasse pas une seconde, on va de surprise en surprise et au final on ressort de cette lecture bien plus érudit qu’en y entrant. Rajoutez à cela une mise en page superbe, des illustrations parfaites et vous obtenez un ouvrage très prenant que les amateurs peuvent acquérir les yeux fermés. C’est un petit bijou !