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Le Capharnaüm Éclairé
24 juin 2023

"Le sacrifice du roi" de Livie Hoemmel

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L’histoire : En 1972, en pleine guerre froide, un Américain de 29 ans devient champion du monde d’échecs en battant le Russe Boris Spassky, sous les yeux médusés de l’opinion mondiale. Bobby Fischer vient ainsi de mettre un terme à l’hégémonie soviétique sur le titre ininterrompue depuis 1948. De cette débâcle naîtra une promesse faite par les dirigeants de l’Union soviétique à la Russie tout entière : "Dans trois ans, au prochain championnat du monde, notre fier représentant écrasera l’Américain !"

1975, coup de tonnerre : Bobby Fischer renonce à son titre. Il abandonne sans combattre ni donner d’explication, et disparaît de la scène médiatique. Le monde des échecs est en deuil. Pourquoi le Mozart de cet art n’a-t-il pas défendu son titre, alors qu’il se savait invincible ?

Sa décision demeure un mystère. Les historiens, les philosophes, les psychiatres finiront par enterrer cette énigme de manière simpliste : Bobby aurait tout simplement perdu la raison. Ce livre, presque cinquante ans plus tard, nous dévoile enfin la vérité, en s’appuyant sur des faits réels.

La critique de Mr K : Échecs et espionnage au programme aujourd'hui avec Le Sacrifice du roi de Livie Hoemmel, un auteur bien mystérieux dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il est amateur de mathématiques et d’échecs (ça va bien ensemble me direz-vous). L’ouvrage revient sur le parcours de Bobby Fischer, joueur américain qui en 1972 a réussi à faire basculer la victoire aux championnats du monde du côté occidental. L’Histoire retiendra aussi qu’il n’a pas remis son titre en jeu trois ans plus tard. Mais pourquoi ? Le mystère reste entier et l’auteur propose ici de lever le voile sur cette énigme. Les frontières entre réalité et fiction se mêlent joyeusement dans un roman enlevé et jubilatoire que j’ai littéralement dévoré.

Il faut donc pour les autorités soviétiques faire chuter le nouveau roi des échecs. Il est américain et cela n’est pas concevable tant la supériorité intellectuelle doit rester du côté communiste. Or, Fischer est un génie, un joueur hors pair adepte d’un jeu d’attaque et totalement imprévisible. L’école de jeu soviétique semble totalement impuissante malgré son hégémonie passée. Quoi de mieux qu’un génie pour battre un autre génie ? Brejnev et Andropov, deux grandes figures du parti partent en quête de LA personne qui pourrait apporter LA solution pour faire chuter le champion américain. Ils finiront par trouver Olga...

L’ouvrage commence à notre époque et voit un narrateur se faire arrêter puis questionner par un agent russe souhaitant savoir qui est à l’origine de l’écriture d’un mystérieux manuscrit qui fait trembler nombre de puissants dont le maître du Kremlin, Vladimir Poutine. L’auteur met en place ici les bases des révélations à venir, cela augure du lourd, du très très lourd même ! Très vite, le livre devient la retranscription du manuscrit en lui-même, divisé en plusieurs parties consacrées aux protagonistes principaux Bobby et Olga. La partie sur Bobby suit tout d’abord les vérités historiques établies que l’on peut vérifier facilement sur le net puis on enchaîne les anecdotes dont à priori certaines qui n’ont jamais été dévoilées. Génie pédant, asocial et obsédé par le jeu, il monte les échelons de la hiérarchie du jeu avec facilité et une rapidité déconcertante pour tous. Olga elle, est plus nébuleuse. Qui est-elle vraiment ? On nous conte l’histoire d’une jeune orpheline surdouée qui va finir par être approchée par le KGB pour monter un terrible complot visant à déstabiliser Bobby Fischer. Son parcours chaotique et hors normes est passionnant à suivre et la suite est loin d'être décevante.

L’immersion dans l’ambiance Guerre Froide est très bien rendue avec cette tension unique, les coups tordus et la lutte d’influence. J’ai trouvé le point de vue un peu partial avec des soviétiques vraiment manipulateurs, quelques contre-vérités ajoutées (non les russes n’ont pas perdu la Course aux étoiles, Gargarine et la station Mir sont là pour le prouver) et finalement aucun réel contrepoint sur les agissements américains qui ont dû être importants aussi autour de la figure du champion d’échecs. Je n’ai cependant pas boudé mon plaisir tant l’époque, les esprits sont plus vrais que nature et accompagnent très bien la trame principale. À de multiples reprises, j’ai aussi pensé à la série Le Jeu de la dame que j’avais beaucoup aimé. Il s’avère que les scénaristes se sont en partie inspirés de la vie de Bobby Fisher. Le parallèle est sympa même si j’ai trouvé ce livre plus poussé dans le domaine de la psychologie des personnages, plus fin aussi.

Mais au final, à mes yeux c’est le personnage d’Olga qui emporte la palme avec son parcours de vie atypique, terrifiant parfois, hors norme en tout cas. Et quand on finit par apprendre la nature réelle du stratagème qu’elle met en place pour convaincre Bobby Fisher de laisser tomber son titre mondial, on ne peut que s’incliner, il fallait y penser et seule une intelligence supérieure pouvait avoir cette idée. Bon ça reste un roman, ils ont beau avancer le fait que cet ouvrage livrerait une vérité historique, je ne pense vraiment pas que cela se soit passé ainsi mais l’idée est vraiment délirante et bien emmenée.

Vous l’avez compris, Le sacrifice du roi est un bonheur de lecture. Fans d’histoire, d’échecs et d’espionnage, ne passez pas à côté, ça se lit tout seul, c’est passionnant de bout en bout. Un beau coup de cœur de mon côté.

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Commentaires
G
Oh il me tente bien celui-là, je ne connaissais pas du tout!
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M
Et hop là, encore un livre en plus 😅
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