Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
2 avril 2023

"Journal de la construction d'un phare" de R. L. Stevenson

couv10556560

L’histoire : Au large de l’Écosse, en mer du Nord, à la croisée de plusieurs routes maritimes, se trouve un récif meurtrier, où les navires s’abîment par dizaines. En 1807, un homme décide de mettre fin à cette malédiction. Ingénieur pour la Compagnie des Phares du Nord, Robert Stevenson se lance dans une entreprise périlleuse : ériger un phare sur un récif immergé vingt heures par jour. Trois années durant, dans des conditions chaotiques, il coordonne le chantier de Bell Rock. Animés par la volonté de rendre la mer plus sûre, ses hommes et lui luttent contre vents et marées pour mener à bien ce projet ambitieux.

La critique de Mr K : Ce n’est pas tous les jours que sort un inédit de Robert Louis Stevenson, l’auteur du cultissime L’île au trésor, un des tout premiers romans qui m’ait littéralement emporté loin de la réalité et dont je me souviens encore des effets malgré le temps qui a passé. Ce "Journal de la construction d’un phare" n’est pas une fiction, il s’agit d’un témoignage / écrit documentaire plus ou moins séparé en deux parties entre des mémoires sur la famille Stevenson et la grande œuvre menée par le grand-père de l’écrivain sur l’îlot de Bell rock. L’ensemble se révèle intéressant et bien mené même si au départ il faut un peu s’accrocher.

Comptant 250 pages, l’ouvrage débute donc sur des annales familiales. Robert Louis Stevenson remonte le temps jusqu’à la fin du XVIIème siècle et nous invite à rencontrer ses aïeuls. Le procédé a plutôt de quoi surprendre, le lien est d’ailleurs plus que ténu par rapport à ce qui va suivre. Métiers, mariages, morts tragiques se succèdent dans un récit plus itératif qu’autre chose. On s’y perd un peu, on ne s’attache pas vraiment aux personnes que l’on croise. Seules quelques anecdotes et certains destins tragiques retiennent l’attention. Il faut, je trouve, dépasser cette partie pour que l’intérêt de l’ouvrage se révèle totalement.

En effet, la seconde partie devient littéralement passionnante avec un focus sur le grand-père de Stevenson, ingénieur aventurier travaillant pour le bureau des phares du Nord qui envisage à l’époque la construction de quatre nouveaux phares dont celui de Bell rock qui occupera la fin du témoignage. Les côtes sont dangereuses à l’époque, il y a peu de phares, les naufrages sont légions. L’aïeul voyage donc beaucoup, prend des notes et conçoit nombre d’ouvrages ou de phases de travaux dont l’édification de tours, de ponts, de routes mais aussi de phares. On en apprend beaucoup sur les logiques à l’œuvre autant techniques, financières qu'humaines.

Finalement, l’ouvrage se termine par la retranscription fidèle du journal du grand-père durant la construction du fameux phare, récit quasiment au jour le jour où l’on vit au plus près ce projet fou qui se heurte à de nombreuses difficultés. C’est passionnant et surtout impressionnant lorsque l’on connaît le contexte géographique, naturel difficile des lieux (notamment la marée) et les limites technologiques de l’époque. L’aventure est aussi humaine avec une immersion totale avec les hommes qui mènent les travaux, le rythme imprimé à l’ouvrage et les conditions d’existence difficiles.

Malgré un début difficile car quelque peu rébarbatif, "Journal de la construction d'un phare" se lit donc très bien même s’il diverge nettement des autres œuvres de Stevenson au niveau style. Classique, descriptif et attaché à la vérité, l’essai devient véritablement captivant et se révélera source de plaisir intense pour tous les amateurs d’ingénierie et d’aventures humaines. Avis aux amateurs !

Publicité
Publicité
Commentaires
S
En ce moment, je lis pas mal de choses sur la construction du phare d'Ar-men : 14 ans de labeur, une véritable épopée humaine.
Répondre
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité