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Le Capharnaüm Éclairé
27 décembre 2022

"L'enfant et la rivière" d'Henri Bosco

bosco

L’histoire : Ce qui attire Pascalet plus que tout, dans ce pays de Provence où il vit, c'est la rivière. Il ne l'a encore jamais vue. Mais souvent il en rêve, surtout lorsque le braconnier Bargabot apporte à la maison les poissons qu'il y a pêchés. Un jour, pendant une absence de ses parents, Pascalet découvre la fascinante rivière et devient l'ami de Gatzo, un jeune garçon à l'histoire mystérieuse. Ensemble ils vont vivre sur l'eau des journées extraordinaires et sauvages et combler leur soif d'aventures.

La critique de Mr K : Superbe lecture que celle que je vais vous présenter aujourd’hui avec L’Enfant et la rivière d’Henri Bosco, un auteur qui me rappelle mes premières lectures, mes premiers émois face aux mots et notamment son roman L’âne culotte que j’avais dévoré très jeune (mon premier Folio dans ma bibliothèque perso d’ailleurs). Le charme opère toujours des décennies plus tard avec la découverte de ce roman dégoté lors de notre passage au Salon du livre jeunesse de Lorient où cet ouvrage me tendait ses petites pages. Roman initiatique véritablement magique, entre mots poétiques et illustrations évocatrices, on retourne véritablement en enfance et l’on est totalement transporté.

Pascalet est un jeune garçon qui vit dans le mas de ses parents en Lubéron. La nature environne la propriété éloignée de la ville et la rivière le fascine tout particulièrement. Cependant ses parents lui ont interdit de s’en approcher car elle est jugée dangereuse et il est encore bien jeune. Profitant de leur absence pendant quelques jours, seulement gardé par sa tante Martine qui est plus laxiste et l’adore, il part en exploration du côté de la rivière. Entre observations de la nature et rencontres déterminantes, le jeune Pascalet va quitter les rives de l’enfance...

Ce roman est avant tout une gigantesque métaphore du passage de l’enfance vers l’adolescence puis l’âge adulte. L’acte fondateur est la transgression de l’interdit parental, en désobéissant, il quitte quelque part le monde de l’enfance, s’affranchit de l’autorité des adultes pour acquérir une forme de liberté. Il découvre alors un monde (celui de la rivière) qui lui est étranger, une fenêtre sur tout un pan de son environnement proche qu’il ne connaît pas. C’est la fin de l’innocence.

C’est aussi une belle rencontre avec Gatzo, alter ego négatif de Pascalet. Tout les oppose dans leur caractère, leur appréhension des choses, seuls leurs silences respectifs les rapprochent. Mais très vite, ces deux là vivent en communion, partagent l’expérience d’une cavale qui va les attacher l’un à l’autre de manière irrémédiable. Leur relation est subtile, douce et enrichissante tant pour l’un que pour l’autre. Le bouleversement final retourne littéralement le lecteur, lui faisant voir un lendemain qui chante, sans pathos, tout simplement humain et logique.

Cet ouvrage est aussi une ode à la nature, sa beauté, sa perfection, son aspect sauvage aussi et les dangers qu’elle peut receler. Les descriptions sont d’une beauté à couper le souffle : un brin de vent, le courant impétueux de la rivière, les vols d’insectes, les déplacements des poissons, l’obscurité mystérieuse et le grand soleil du sud nous accompagnent merveilleusement, faisant appel à nos cinq sens grâce à la science langagière d’un Henri Bosco orfèvre en la matière. C’est beau, puissant, enchanteur.

Ce voyage initiatique est donc un bonheur de lecture de tous les instants, une expérience assez unique au charme désuet mais tellement envoûtant surtout en cette période où le climat déréglé fait peser de lourdes menaces. Ici, on fait une pause, on découvre et on respecte la nature et l’on se plaît à oublier tout ça. Un livre magistral à lire absolument.

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Commentaires
E
Je lis enfin cette si belle chronique sur un livre qui a bercé mon enfance. je l'ai relu il y a peu et m'y suis totalement immergée, bercée par la beauté de la nature si merveilleusement décrite par la plume précise, poétique et émerveillée d'Henri Bosco. il y a en effet ce petit côté un rien désuet mais qui fait aussi tout le charme du livre, peut-être parce qu'il renvoie à notre enfance, à un monde encore (un peu) insouciant, loin des terribles dérèglement et catastrophes actuelles. Ce livre, a participé, comme quelques autres, à ma fascination pour le monde naturel qui nous entoure et l'envie d'ouvrir grand les yeux devant chaque brin d'herbe. cela me donne envie de m'y replonger de nouveau...
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