mardi 9 mai 2023

Février - Mars - Avril : Nouvelles acquisitions

Aujourd'hui, nouveau post consacré à nos acquisitions avec ces trouvailles faites depuis quelques mois au gré de nos pérégrinations entre boîtes à livres, visites à Emmaüs ou dons des amis. Une fois de plus, il y a foule, regardez plutôt...

Acquisitions avril 2023 ensemble

Comme d'habitude, il y en a pour tous les goûts, tous les formats aussi. C'est parti pour un passage en revue des petits nouveaux !

Acquisitions avril 2023 1
(littérature dite de "genre")

- Nuage de Emmanuel Jouanne. Présenté comme un space opera surréaliste, cet ouvrage me tente déjà beaucoup avec cette histoire de découverte d'un nouveau monde farfelu et utopique. Le ton a l'air décalé et ce roman est considéré comme un chef d’œuvre par nombre de nos collègues blogueurs amateurs de SF.

- La Mécanique du Centaure de M. John Harrisson. Encore du space opera avec un auteur que je vais découvrir avec ce titre et qui a une belle réputation. L'ultime survivant d'une race éteinte attise les convoitises et se voit pourchassé à travers toute la galaxie par deux factions antagonistes. Pitch très sympa pour un ouvrage tout droit issu des seventies US !

- Le Gambit des étoiles de Gérard Klein. Un aventurier du futur se trouve embarqué malgré lui dans une mission dangereuse et semée de pièges. De la SF "jeunesse" par un maître en la matière, ça promet !

- L'Étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman. Variation autour de Jack L'éventreur avec cette histoire de jeune garçon dont les parents ont été victime du terrible meurtrier et qui a été depuis élevé par des fantômes. Cependant, la Mort réclame son dû et la confrontation semble inexorable avec le meurtrier... J'adore Neil Gaiman et ce pitch a l'air incroyable. Hâte de lire ça !

Acquisitions avril 2023 3
(Fantastique et policier mêlés pour mon plus grand bonheur !)

- Jonathan Strange et Mr Norrell de Susanna Clarke. Une belle grosse brique des familles teintée de noir sur sa tranche mêlant fantastique, aventure, féérie et romantisme. Une association de magiciens se mue en rivalité féroce dans un roman initiatique que Nelfe m'a dégoté au hasard d'un chinage. Typiquement le genre de lecture de vacances, il ne passera pas l'été !

- Les Neufs dragons de Michael Connelly. Réussir à mettre la main sur un ouvrage d'un auteur qu'on aime beaucoup et dont on a presque tout lu a toujours un parfum particulier. C'est le cas avec ce volume des enquêtes d'Harry Bosch que ma chère et tendre a trouvé par hasard dans un vide grenier. À priori, ce volume voit notre héros confronté à sa plus grande peur et son cœur de père va être mis à rude épreuve.

- La Fille cachée de Lisa Gardner. Une de mes auteures chouchou, impossible de résister à la tentation avec encore une fois un thriller qui promet de me garder éveiller tard avec une histoire de passé à déterrer et de vérité inavouable. Miam miam !

Acquisitions avril 2023 2
(De la variété entre Histoire et contemporain, en passant par du très bizarre !)

- La bâtarde d'Istanbul d'Elif Shafak. Un roman en immersion dans la Turquie à travers le temps, le destin de différentes générations de femmes et l’histoire de deux familles aux secrets honteux. Très réputée, je vais découvrir cette auteure turque avec ce titre qui donne vraiment très envie.

- Alice est montée sur la table de Jonathan Lethem. Une spécialiste de la physique des particules a réussi à capturer le Néant dans son laboratoire. Mais ce non-être semble avoir une personnalité ! La vie de l'héroïne va s'en voir bousculée. Pitch délirant, ton loufoque selon quelques retours de lecture que j'ai pu lire ici ou là, voila sans conteste le livre le plus barré de ces nouvelles acquisitions.

- Tibi la blanche d'Hadrien Bels. Trois gamins en attente des résultats du BAC à Dakar croquent la vie à pleines dents sous la plume d'un auteur amoureux de cette ville et des bons mots de la rue. Ce titre ne restera pas longtemps dans ma PAL !

- Savonarole d'Ivan Cloulas. Un essai historique trouvé en plein Périgord dans une boîte à livres isolée du côté d'Agonac. Cet ouvrage met en lumière un révolutionnaire avant l'heure dans l'époque moderne naissante, prédicateur austère, guide spirituel de la République restaurée à Florence, il connut un destin peu commun. Je retourne à mes études, chouette !

Acquisitions avril 2023 4
(La sélection de Nelfe, toujours aussi raisonnable comparée à moi !)

- Pukhtu Primo de DOA. Ah DOA ! Voilà un auteur que j'aime beaucoup sous bien des aspects. Après "Citoyens clandestins" et "Le serpent aux milles coupures", voici le 3ème volet du cycle clandestin, une briquasse hyper documentée avec pour toile de fond l’Afghanistan. Dès qu'il s'agit de DOA je suis hyper enthousiaste, me voici donc plus que ravie.

- Un été près de la mer d'Anne Philipe. Trouvaille de boîte à livres, j'ai été charmée par la 4ème de couverture : "C'est un été radieux, comme si les beaux jours ne devaient jamais cesser d'être beaux. Les grandes personnes et les enfants sont vacants, jouant ou rêvant entre la mer et les vignes, dans la chaleur heureuse. Tant de lumière, de paix, de joie présente et promise - une jeune femme attend un enfant pour bientôt - finissent étrangement par vous serrer le cœur. On se sent pris d'angoisse et on s'en veut, puisque rien ne la justifie." Entre Philippe Delerm pour l'évocation du temps qui passe et un je ne sais quoi d'angoissant, ça pourrait bien me plaire. Clairement un coup de poker !

- La Ferme africaine de Karen Blixen. Dégoté dans la même boîte à livres que le roman précédent, celui-ci est un des ouvrages préférés de Sylvain Tesson. Doit-on également vraiment rappeler la célèbre adaptation cinématographique "Out of Africa" ? Voilà 2 arguments bien lourds !

- L'Insomnie des étoiles de Marc Dugain. Encore un auteur adoré depuis la claque que m'a mise "Avenue des géants". En plus ici, il aborde le thème de la seconde guerre mondiale. M'est avis que je vais encore ressortir de cette lecture chamboulée !

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Pas de quoi s'ennuyer donc, ni être à cours de lectures vu nos PAL respectives qui grossissent toujours un peu plus. Y'a des jours où j'aimerais vraiment pouvoir uniquement lire sans contrainte de travail tant il y a de livres à découvrir, à aimer et si peu de temps pour le faire. En attendant vous retrouverez dans les semaines, mois (voire années) à venir les chroniques des présents ouvrages. À bon entendeur...


jeudi 1 septembre 2022

"Corniche Kennedy" de Maylis de Kerangal

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L’histoire : Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison.

Le temps d'un été, quelques adolescents désœuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer...

La critique de Mr K : Découverte de Maylis de Kerangal aujourd’hui avec ma chronique de Corniche Kennedy, lu cet été dans le cadre de mes préparations de cours pour mes Terminales BAC pro qui doivent étudier une œuvre intégrale en rapport avec le jeu. Effectivement l’ouvrage vaut le coup par son style d’écriture (trop difficile pour mes élèves par contre) et son évocation de l’adolescence. Cependant un traitement du dénouement un peu facile et trop léger à mon goût a gâché un peu ma lecture...

La corniche qui donne son nom à l'ouvrage est un spot prisé par les adolescents pour se retrouver. On y cause, fume, drague, s’embrouille et surtout, on y trouve trois promontoires qui permettent de plonger dans la Méditerranée à des degrés divers de dangerosité et d’adrénaline. On fait donc la connaissance d’Eddy, Mario et les autres qui vivent pleinement leur adolescence entre provocations, grande camaraderie et flirt avec les limites notamment judiciaires, la police étant sur les dents pour empêcher les jeunes de se livrer à leurs jeux dangereux. Un jour la bande voit s’incruster une jeune fille, Suzanne. Suite à un premier contact plutôt rugueux (un vol de portable et un saut imposé pour régler la dette), elle fait son trou et son arrivée va bouleverser quelque peu les forces en présence.

En parallèle, on suit le quotidien de Sylvestre, le chef de la brigade littorale qui alterne enquêtes sur les milieux mafieux opérant sur Marseille entre prostitution et trafic de drogue et ses observations à la jumelle des jeunes qui déconnent sur la corniche. Bientôt, il va devoir sévir, les petits cons abusent or nul n’est sensé ignorer la loi et sa hiérarchie lui met une grosse pression. Il faut du chiffre. On le sent entre-deux dans cette affaire, l’ordre des priorités lui échappe mais bon, c’est son boulot et il doit appliquer les ordres. Les deux lignes narratives vont forcément se croiser et ça va faire des étincelles.

La grande force du roman dans son contenu est l’évocation de l’adolescence. C’est très réaliste, crû mais complètement fidèle à ce que je peux en percevoir au quotidien au taf. Tantôt attachants, souvent agaçants (et encore je ne les ai pas à la maison), cet âge est très bien décrit avec subtilité, nuance et une affection certaine. Combats de coqs avec son lot d’insultes, de chambrage et d’affrontements divers, l’amitié dans son exclusivité et son jusqu’auboutisme, les tentations multiples et les expérimentations, le refus de l’ordre établi, le besoin d’intégration dans le groupe quitte à faire de belles conneries, les hormones et le désir sexuel... autant de thématiques essentielles à cet âge que l’auteure aborde vraiment avec intelligence.

J’ai bien aimé aussi les parties mettant en scène le flic un peu sur le retour qui se révèle assez borderline avec sa consommation prononcée d’alcool, les clopes qu’il enchaîne constamment et son rapport ambigu avec une prévenue qui fragilise sa position. Faussement monolithique et froid, j’ai aimé ce personnage pour sa fragilité cachée, sa sensibilité émoussée par le travail, l’expérience et les rapports de force qu’induisent son métier. Le métier de policier est lui aussi bien retranscrit avec des passages bien hard quand on aborde la mafia et ses pratiques, notamment le parcours d’une jeune femme devenue prostituée et prisonnière de son mac. C’est édifiant, écœurant et bouleversant.

L’écriture est sublime quant à elle. Très poétique, déstructurée avec des phrases très longues ou les différentes propositions se répondent et s’entrechoquent, le voyage littéraire est grisant. Peut-être trop complexe pour des lecteurs novices comme mes élèves d’enseignement professionnel, ils risqueraient de s’y perdre et de perdre patience face à l’érudition de certains termes. Par contre, à voix haute, la lecture est terrible et je n’ai pu m’empêcher d’ailleurs d’en lire des passages à ma Nelfe adorée. Un bémol de taille quand même, la fin elliptique que j’ai trouvé facile, comme si l’auteure en avait assez d’écrire ce roman ou n’avait plus d’idée... J’aime les fins ouvertes quand elles se justifient, ici j’ai trouvé cela abrupt et manquant de construction. Vraiment dommage, je suis ressorti de la lecture un peu frustré.

Reste cependant que Corniche Kennedy est un ouvrage addictif, très très bien écrit avec des personnages qui ont du corps et du cœur.

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mardi 26 juillet 2022

"Du domaine des Murmures" de Carole Martinez

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L’histoire : En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.

La critique de Mr K : En 2016, je découvrais Carole Martinez avec le fantastique Le Cœur cousu, un ouvrage qui m’avait marqué à la lecture et qui m’encourageait à poursuivre ma découverte de l’auteure. Mais voila, le temps a passé... Elle s’est rappelée à moi lors de la découverte Du domaine des Murmures dans une boîte à livres dans notre coin, un ouvrage qui m’avait en plus été fortement recommandé par la documentaliste de mon établissement. Une fois de plus, ce fut une expérience incroyable avec au bout un plaisir de lire absolu et des souvenirs plein la tête.

Esclarmonde, fille de noble, a 17 ans et va se marier. Comme il est de coutume à l’époque, on se marie par intérêt dans les hautes sphères de la société, il faut forger ou consolider des alliances, on court la dot et l’on réfrène ses sentiments. C’est mal connaître notre héroïne qui plante tout le monde le jour J et décide de se consacrer à Dieu et se fait emmurer à la chapelle du château ! À travers ses yeux, nous suivons sa situation mais aussi celle des familiers de la maisonnée quitte à faire des milliers de kilomètres grâce aux témoignages et messages que reçoit l’héroïne devenue Sainte par son choix et qui reçoit nombre de pèlerins. Mais être emmurée ne veut pas forcément dire qu’elle est totalement coupée du monde et elle n’est pas au bout de ses surprises et de ses épreuves...

Se déroulant au Moyen-Age, ma période préférée en Histoire, la reconstitution est parfaite. On est vraiment immergé dans ce monde bercé par la religion et les croyances païennes. On ne rigole pas avec la foi et les commandements en ce temps-là mais on est aussi très précautionneux envers les intersignes, ces manifestations naturelles (ou non ?) qui font partie du quotidien à une époque où la science n’existe quasiment pas. Il est donc souvent fait référence aux pêchés, aux vertus, à la foi qui transporte des montagnes, à des fantômes ou autres esprits qui peuvent venir troubler vos nuits... L’aspect spirituel de la destinée d’Esclarmonde est très bien construit et fait écho à son époque, lui donnant une grâce dans l’abnégation, une aura saisissante.

Le personnage d’Esclarmonde est passionnant. La jeune fille de 17 ans, par son choix, va opérer un virage à 180 degrés dans une existence qui était jusque là balisée. En rupture avec sa famille et le monde, elle va se réinventer, se muter en femme forte, en sainte dans sa prison de briques où il lui arrive bien des choses (aucun spoiler mais c’est dur) et le vent des rumeurs et des colporteurs lui permettent de témoigner de l’évolution du domaine mais aussi le devenir de personnages pourtant partis bien loin faire croisade pour récupérer la ville sainte de Jérusalem. Bien que non actrice des faits relatés, sa voix porte et apporte renseignements, une peinture fort réussie de ce Moyen-Age souvent fantasmé à outrance. Esclarmonde apparaît alors comme une figure féministe à sa manière, une résistante mais aussi une personne fragile au destin brisé.

Les émotions se multiplient donc dans le crâne du lecteur surtout que malgré sa réclusion, elle continue d’entretenir des relations avec certaines personnes qui viennent la visiter : son fiancé transi d’amour devenu poète émérite, les servantes de la famille qui lui restent fidèles, le chanoine du domaine ou encore les centaines de personnes qui viennent lui demander son aide. Mais il y a aussi les petites trahisons, les tensions sous-jacentes et des révélations qui peuvent changer la donne, l’ouvrage prend alors une direction plus dramatique qu’elle ne l’est déjà.

Comme pour Le Cœur cousu, cet ouvrage se lit d’une traite avec passion et addiction. La langue poétique à souhait, accessible, souple, évocatrice, procure un plaisir de lecture immédiat et durable. Le voyage est total, prenant et absolument grandiose. On arrive au mot fin avec délectation et une once de déception tant on aurait voulu que l’expérience perdure. Un grand roman pour une grande écrivaine. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

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jeudi 21 juillet 2022

"Riches, cruels et fardés" d'Hervé Claude

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L’histoire : Luxe, sable et volupté... A la limite de la jungle australienne, face à la Barrière de corail et à des centaines de kilomètres de la première ville, se trouve un hôtel quatre étoiles... Un lieu pour touristes fortunés triés sur le volet, qui savent ce qu'ils viennent chercher et qui veulent la paix. L'isolement pourtant, privilège ultime des riches, peut devenir l'enfer. Un ouragan se déchaîne et les voilà coupés du monde. Les comportements changent. Des crocodiles sortent de l'eau devenue boue. La pluie tombe comme les arbres et un premier cadavre est découvert. Il n'en faut pas plus pour que les solidarités se lézardent. Personne, finalement, ne connaît son voisin... Personne ne sait s'il pourra s'en sortir ni qui sera la prochaine victime...

La critique de Mr K : J’ai dégoté cet ouvrage lors d’un chinage, la quatrième de couverture m’a bien plu et le nom de l’auteur me disait quelque chose sans que je puisse vraiment remettre une tête, une situation sur le patronyme Claude Hervé. C’est plus tard, en le googlisant que l’évidence se fit. Hervé Claude est un ancien journaliste de France Télévision puis d'Arte qui a notamment présenté le journal télévisé. Quelle reconversion ! Dans Riches, cruels et fardés, il nous offre un thriller se déroulant à l’autre bout du monde, dans un resort reculé où se retrouvent des membres éminents de la communauté gay et où va se dérouler un véritable jeu de massacre sous les auspices d’une terrible tempête qui sévit...

Au fil de la lecture, on suit le point de vue de différents protagonistes qui participent de près ou de loin aux événements. Il y a tout d’abord Ashe, un inspecteur flegmatique bossant pour des assurances et que l’on retrouve à plusieurs reprises. D’autres chapitres montrent l’action à travers les yeux de touristes venus se détendre et/ou connaître le grand frisson dans un resort au bord de la mer en Australie, près de la grande barrière de corail. L’ambiance est plutôt paisible, on est loin des grands rassemblements festifs propres à cette communauté parfois haute en couleur. Il y a beaucoup de couples plus ou moins en bon état, les dîners sont calmes. Cependant des tensions apparaissent notamment entre le patron et certains employés. Rien pourtant qui préfigure ce qui va suivre...

L’ouvrage démarre donc lentement, l’auteur se plaisant à s’attarder sur chacun pour bien caractériser leur situation, leur caractère. Je dois avouer qu’il faut être patient, rien de phénoménal ne se déroule sur les cent premières pages. Certes les personnages intriguent mais on se demande bien où cela va nous conduire. Puis c’est une disparition et un premier cadavre retrouvé sur la plage et les éléments qui commencent à se déchaîner. Les tensions entraperçues vont alors prendre de l’ampleur, des liens se font entre chacun, des rapports ambigus, cachés, qui accélèrent les choses mais en même temps brouillent les pistes. Le rythme s’accélérant, on n’est pas au bout de nos surprises avec des révélations parfois fracassantes et une noirceur de plus en plus palpable au Paradis.

L’ambiance change alors du tout au tout, on vire dans le noir le plus pur, voire le glauque. La nature humaine se révèle souvent dans des situations extrêmes où nos certitudes sont mises à l’épreuve. C’est le cas ici avec des limites de plus en plus poreuses entre bien et mal, la fin en la matière se garde bien de tout manichéisme et m’a pour le peu surpris et plutôt enchanté. Le croisement des regards permet de lever peu à peu les zones d’ombre et donne à voir une complexité dans l’architecture de la trame que l’on ne soupçonnait pas au débat. On reste cependant dans du classique et sans doute les plus armés d’entre vous devineront la fin avant qu’elle soit écrite. Pour ma part, je me suis laissé porter.

Sur le plan formel et stylistique, nous n’avons pas affaire à un ouvrage qui révolutionne le genre. On était ici dans le graduel et l’efficace, la langue est souple et les pages se tournent toutes seules. Au final, on ressort de cette lecture content mais pas transporté, peut-être manquait-il un tout petit supplément d’âme pour que cette lecture soit vraiment marquante. Reste un bon plaisir de lecture qui conviendra aux amateurs du genre.

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dimanche 30 janvier 2022

Accueil des nouveaux venus !

Avec la pandémie, forcément on bouge moins et surtout on ne fréquente plus trop certains hauts lieux de craquages comme notre cher Emmaüs. Cependant, à l'occasion d'une promenade ou de courses, il nous arrive de tomber sur une boîte à livre ou sur un magasin de revente d'objets de seconde main. On revient souvent "brocouille" (comme on dit dans le bouchonnois) mais parfois, il arrive qu'on tombe sur une ou plusieurs pépites... Voici aujourd'hui la présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives, trouvailles effectuées lors des trois derniers mois de 2021.

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Pas mal de titres prometteurs, non ? On retrouve comme d'habitude des auteurs qu'on apprécie et dont on a hâte de retrouver la plume. Mais il y a aussi des quatrièmes de couverture qui ont pu attirer notre regard et attiser notre curiosité. Suivez le guide avec la présentation qui suit, il y a en plus un petit bonus en fin de post.

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(Premier lot pour ma PAL)

- Du domaine des murmures de Carole Martinez. C'est deux jours après que ma documentaliste en ait parlé de manière fort élogieuse que je tombai inopinément sur cet ouvrage d'une auteure qui m'avait drôlement séduit avec Le Coeur cousu lu en 2016. Carole Martinez nous plonge en plein Moyen-âge pour suivre le destin tragique d'Esclarmonde, une femme insoumise qui décide de se consacrer à Dieu en se faisant emmurée vivante ! Ça ne sent pas la joie de vivre mais j'en ai tellement entendu du bien que je pense que je vais passer un bon moment.

- Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter. Ma Madeleine de Proust de ces acquisitions avec cet ouvrage lu en 6ème (de mémoire) et qui m'avait marqué. Deux enfants inséparables dont un de confession juive en Allemagne sous le régime nazi puis la Seconde Guerre mondiale, ces quelques mots suffisent pour donner la tonalité et les enjeux de cet ouvrage que je prendrai grand plaisir à relire avec mes yeux d'adulte. Je vais préparer mes mouchoirs, dans mes souvenirs c'était rude.

- Mémoires d'un jeune homme dérangé de Frédéric Beigbeder. Il s'agit du premier roman de l'auteur, personnage bien barré à lui tout seul et qui livre ici une fenêtre sur sa vie débridée de l'époque. Typiquement le genre de lecture que j'aime, qui détend et fait délirer à la fois. On peut faire confiance à Beigbeder pour user de sa verve sarcastique et nous emporter loin de la réalité !

- Le Déclin de l'empire Whiting de Richard Russo. C'est LE pavé de ces nouvelles acquisitions et c'est un coup de poker... J'espère que je ne me suis pas planté en l'adoptant ! Bon il s'agit tout de même du prix Pulitzer 2002, une fresque romanesque dans l'Amérique d'aujourd'hui entre petites misères et grande décadence, secrets de famille et lutte pour l'affirmation de soi. Ça sent quand-même très bon cette affaire !

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(Et un deuxième lot pour ma pomme !)

- Seven dials d'Anne Perry.  J'aime beaucoup cette auteure et quand l'occasion se présente j'aime ramener un de ses livres à la maison. On retrouve dans celui-ci l'enquêteur Thomas Pitt plongé en plein secret d'État avec un crime qui pourrait mettre à mal la couronne. Du policier classique comme je les aime en plein XIXème siècle, le combo qui tue !

- Riches, cruels et fardés d'Hervé Claude. Là encore une quatrième de couverture plus que convaincante et un auteur que je vais découvrir avec cette histoire se déroulant dans un hôtel quatre étoiles en Australie, coupé de tout et où les morts vont s'accumuler. Le postulat est classique mais c'est le genre de jeu de massacre littéraire que j'aime beaucoup (surtout quand ça dessoude chez les nantis). Wait and read !

- Le Langage de Pao de Jack Vance.  Je ne dis jamais non à Jack Vance, un auteur prolifique, polymorphe et à la plume enivrante. Cet ouvrage a l'air bien étrange, le résumé à l'arrière est ésotérique. Il est question de modeler le comportement des humains en leur enseignant une langue nouvelle qui change de sens selon la catégorie de l'utilisateur. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Je trouve aussi...

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(Le lot de miss Nelfe ! Toujours plus raisonnable que moi, vous remarquerez...)

- La Couronne verte de Laura Kasischke.  Nelfe et Laura Kasischke, c'est une belle histoire d'amour littéraire. Elle était donc aux anges quand nous avons mis la main sur ce titre qu'elle n'avait pas encore lu. Deux jeunes femmes américaines parties fêter la fin du lycée au Mexique vont visiter avec un inconnu le fameux Chichen Itza. A priori ce n'était pas une bonne idée... Plume magique et un don certain pour explorer la psychologie de chacun, ses failles et ses égarements, je pense que ma douce va passer un beau et grand moment de lecture.

- La Cage dorée de Camilla Läckberg. Encore une auteure que Nelfe adore, décidément elle en a de la chance dans nos errements de boîtes à livres à boîtes à livres. Il s'agit ici d'un one-shot (il n'appartient donc pas à la série de romans avec Erica Falck comme héroïne). Camilla Läckberg verse ici dans le noir avec un mélange de trahison, rédemption et vengeance d'une femme qui a tout sacrifié pour un mari qui va la tromper. Il faut se méfier d'une femme en colère et l'héroïne du roman va rendre coup pour coup. Clairement un ouvrage pour ma douce...

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(Et un dvd bonus !)

Ben oui, c'est suffisamment rare dans une boîte à livres pour être soulignée : un DVD ! On ne court pas après mais il nous manquait le troisième élément de la trilogie de Christopher Nolan consacré à Batman (chronique lors de sa sortie ciné ici). Un ton en dessous du précédent (aaaah ! ce joker anarchiste complètement jeté !), il reste une belle pièce d'action stylisée et profonde. M'est avis que je vais le revoir très vite !

Voila voila, un beau bilan je trouve, riche en promesses d'heures de plaisir. Chroniques à venir au fil de nos lectures respectives. Vive la seconde main !


vendredi 13 août 2021

"La Ferme des animaux" de George Orwell - ADD-ON de Mr K

La Ferme des animaux

Nelfe a déjà lu et chroniqué ce roman le 01/07/11. Je viens de le terminer et de le chroniquer à mon tour.

Afin que vous puissiez prendre connaissance de mon avis, je vous mets dans ce présent billet le lien vers l'article originel où vous trouverez ma critique toute fraîche à la suite de celle de Nelfe.

Nous procédons ainsi pour les romans déjà chroniqués au Capharnaüm Eclairé mais lu à nouveau par l'un de nous. Pour "La Ferme des animaux" de George Orwell, ça se passe par là.

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jeudi 11 juin 2020

"La Folle aventure des Bleus... suivi de DRH" de Thierry Jonquet

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Le contenu : Adrien, fervent supporter de l'équipe de France de football, a tout perdu au lendemain de la Coupe du Monde à Paris. Quatre ans plus tard, il est sur le point de toucher le fond. Heureusement, les Bleus, ses héros, s'envolent pour la Corée à la conquête d'un nouveau titre de champions du monde...

Une gare un soir d'orage, un train en retard. Deux DRH, directeurs des "ressources humaines" observent, comme des entomologistes, les voyageurs et les regardent évoluer dans l'univers clos d'un wagon.

La critique de Mr K : Petite escapade chez Thierry Jonquet aujourd’hui avec un petit recueil de 93 pages qui m’a diablement séduit. La folle aventure des Bleus... suivi de DRH propose deux récits noirs bien enlevés comme sait si bien les proposer un auteur qui excelle aussi bien dans le format court que dans le roman. Petit tour d’horizon de ce court opuscule...

Dans La folle aventure des Bleus, on rencontre Adrien, un gros amateur de foot qui est dans une belle panade. Divorcé et sans nouvelles de ces deux filles, sans taf et à la rue, endetté jusqu’au cou suite à une partie de poker désastreuse, il est mal et se raccroche au rêve des Bleus qui vont tenter en 2002 de gagner à nouveau la coupe du monde. Dans ce marasme complet, voila qu’un espoir apparaît, un petit coup qui pourrait rapporter et lui permettrait de remonter la pente, de rembourser son créditeur et repartir dans la vie. Mais rien ne va se passer comme prévu... On retrouve ici tout le talent de Jonquet pour nous proposer une véritable descente aux enfers dans les milieux laborieux. La déchéance est ici totale, le récit cynique à souhait et la fin terrifiante. On se laisse délicatement emporter par la petite musique d’un quotidien banal que distille savamment Jonquet pour mieux nous dérouter vers un fatum implacable. Court et efficace, cette nouvelle pose des bases solides et retourne littéralement le lecteur.

DRH est un peu plus longue et constitue le deuxième morceau proposé ici. Plusieurs groupes de personnages attendent le même train qui a du retard : un groupe de jeunes impatients qui partent à une noce, un ex taulard tout juste sorti de zonzon que sa superbe petite amie est venue récupérer et deux DRH qui rentrent d’un séminaire sur les meilleures stratégies à adopter pour faire passer un plan social. L’auteur présente l’attente en faisant monter les tensions, en appuyant sur quelques éléments de caractère et la nature des liens qui unissent ces personnes. Le train finit par arriver et tout ce petit monde se retrouve dans le même wagon ou presque... L’escalade peut démarrer, les DRH vont observer ce qui se passe entre les deux autres groupes, parier dessus et en tirer au final une leçon glaçante. L’architecture de ce court récit est lui aussi un modèle du genre. L’auteur avance ses pièces petit à petit, l’angoisse monte peu à peu car la tension va vraiment crescendo et les attentes suscitées se révèlent toutes fausses, ce qui est toujours une bonne chose dans le genre de la nouvelle. On croise ici de la colère, du désir, de l’alcool, de l’étouffement et même Daniel Balavoine !

Belle petite lecture que ce recueil qui concentre toutes les qualités d’un auteur que j’aime parcourir régulièrement. Le ton cynique, l’écriture souple et cassante, des personnages déglingués et une morale savoureusement déviante sont à nouveau au programme. À lire absolument si vous êtes amateur du maître.

Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- Le Bal des débris
- Les Orpailleurs
- Le Pauvre nouveau est arrivé !
Moloch
Mémoire en cage
La bête et la belle
La vie de ma mère !
Mygale

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mardi 9 juin 2020

"La Fontaine pétrifiante" de Christopher Priest

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L’histoire : Dans un cottage isolé dans la campagne anglaise, Peter Sinclair, jeune écrivain désœuvré, cherche à faire le point sur son existence en rédigeant son autobiographie. Mais l'écriture commence à dériver. L'Angleterre autour de lui, plongée dans une lente apocalypse, s'efface peu à peu. Et Peter Sinclair se retrouve en train d'écrire l'histoire d'un autre homme, citoyen d'un monde imaginaire avec sa mer Centrale, sa cité de Jethra et son foisonnement d'îles exotiques - parmi lesquelles la mythique Collago, où la Loterie offre aux heureux gagnants l'accès à l'immortalité...

La critique de Mr K : Voilà deux ans que cet ouvrage patientait dans ma PAL, depuis en fait une rencontre avec l’auteur aux Utopiales 2018 lors d’une dédicace. Auteur aux talent immense, Christopher Priest s’était alors révélé un homme charmant, humble et d’une érudition jubilatoire. Ayant adoré toutes mes précédentes lectures de cet auteur, j’ai donc entamé La Fontaine pétrifiante, un ouvrage classé à part dans sa bibliographie et ma première incursion dans le cycle de L’Archipel des rêves. Une chose est sûre, j’y reviendrai vite tant le voyage s’est révélé aussi enrichissant que divertissant. Attention lecture bien barrée !

Peter est à un moment de sa vie où rien ne va plus. Plus de travail, plus de copine, mort de son père, des relations complexes avec sa sœur, plus d’appartement... autant d’éléments qui le poussent à se retirer au milieu de nulle part, dans un cottage en piteux état que lui prête un ami de longue date contre la promesse de retaper la bicoque et de s’occuper du jardin. Au début, Peter s’y attelle avec un certain enthousiasme mais très vite il se prend au jeu de l’écriture de son autobiographie. Littéralement possédé par ce projet qui lui permet selon lui de faire le point sur sa vie, il délaisse totalement les travaux et même sa vie journalière. Il ne mange presque plus, ne se lave plus et le logement atteint un stade de décrépitude avancé.

Puis dans un chapitre, on bascule. On retrouve Peter dans un autre monde, il vient de gagner à la loterie et a la possibilité de devenir immortel, rien de moins ! Il voyage d’île en île dans un mystérieux archipel pour rejoindre une clinique qui changera son existence à jamais et croise des personnes et notamment son ex compagne mais dans une version différente, "améliorée" pense-t-il même. Ce ne sont pas les mêmes noms, pas les mêmes expériences passées ensemble mais on retrouve des passerelles donnant sur ces deux existences liées mais distinctes à la fois. Étrange étrange... Au fil des deux récits qui finissent par s’entrecroiser, on comprend alors le processus en cours et le glissement mental initiatique et quasi mystique qui s'opère chez Peter...

Ce roman se lit vraiment d’une traite tant on est happé très vite par l’histoire et intrigué par Peter et son évolution. Contrairement à ce que pourrait laisser penser mes paragraphes précédents, ce livre est très accessible. Se situant à la croisée des chemins entre la littérature dite générale et la SF, tout est tourné ici autour du personnage principal qui se cherche à travers les épreuves multiples qu’il traverse. Il est beaucoup question de la mémoire, des souvenirs qu’on se forge (avec la notion de subjectivité forte qui les accompagne) et qui contribuent à notre construction aussi imparfaite soit-elle. Se rajoute par dessus, une remarquable évocation du travail de l’écrivain, du rapport à l’écriture et la relecture qui trouve son écho dans les scènes se déroulant dans les deux mondes et qui se répondent. Le roman prend alors une densité impressionnante et chacun y trouvera un univers vraiment fabuleux teinté de métaphores à l’interprétation variable.

Autrefois je croyais que la force des mots était garante de vérité. Qu'à condition de trouver le mot juste, il ne dépendait que d'un acte de volonté approprié que je parvinsse à consigner sous une forme affirmative tout ce qui était vrai. J'ai appris depuis que les mots n'ont d'autre valeur que celle de l'esprit qui les choisit, de sorte qu'il entre dans l'essence de toute prose d'être une forme d'imposture.

En filigrane, un fil conducteur autre que le sens de l’existence en lui-même apparaît, il s'agit de l’amour, le seul le vrai. Là aussi Christopher Priest excelle avec une histoire véritablement tragique, mélancolique où l’espoir est cependant encore permis. Le double personnage Gracia / Seri est très attachant, des scènes la mettant aux prises avec un Peter déboussolé se révèle vraiment poignantes (c’est mon côté fleur bleue que je revendique totalement). Malgré un background incertain, où la réalité et la fiction se mêlent sans vergogne, il y a des êtres de chairs et de sang qui vivent et souffrent au fil des pages.

Roman labyrinthique basé sur une dualité forte (quasiment une schizophrénie galopante) où les personnages sont constamment en équilibre instable, l'écriture de Priest se révèle précise, toujours juste, avec un rythme qui ne se dément jamais. Cette lecture fut une expérience épatante conjuguant plaisir de lire, voyage aux cœurs des perceptions et réflexion intense sur soi. Un de mes préférés de l’auteur.

Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
-Le Prestige
-La Machine à explorer l'espace

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dimanche 15 mars 2020

Acquisitions virales...

2020 a bien commencé pour nous avec notre Little K qui grandit petit à petit. Mais elle n'est pas la seule ! Avant sa naissance, nous avions succombé une fois de plus au virus de l'acquisition d'ouvrages de seconde main. Il était plus que temps de vous faire une petite présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives... en fait dans la mienne, car Nelfe pour le coup n'a rien trouvé à son goût !

acquisitions mars 2020 ensemble

Ces trouvailles viennent d'horizons bien différents entre désherbage du CDI de mon établissement avant une remise à neuf complète, une ou deux boîtes à livres croisées lors de sortie en voiture ou encore des occasions dégotées dans des magasins de brocantes comme il en apparaît de plus en plus depuis quelques temps. Le butin est varié et fait surtout la part belle à des auteurs que j'aime tout particulièrement !

acquisitions mars 2020 2

- Celui qui survit et Fog de James Herbert. Deux titres du même auteur dégotés en même temps et au même endroit ! Coup double donc pour deux ouvrages prometteurs avec une histoire de brouillard maléfique qui rend les gens fous et dans l'autre volume un homme unique survivant d'une catastrophe aérienne confronté au paranormal. Des histoires à priori classiques mais vu le talent de conteur de l'auteur de la très bonne trilogie des rats, je pense que James Herbert va encore me faire passer un bon moment.

- Debout les morts de Fred Vargas. Un des derniers titres de l'auteure que je n'ai jamais eu l'occasion de lire. Pas d'Adamsberg dans celui-ci par contre, avec une étrange histoire d'arbre qui apparait sans prévenir dans le jardin d'une cantatrice qui va finir par disparaître. Bizarre, vous avez dit bizarre ? C'est souvent le cas avec les trames que nous propose Fred Vargas et en général, c'est pour le meilleur. Hâte d'en savoir plus.

- Les Voisins d'à côté de Linwood Barclay. Je suis bien content d'être tombé sur cette histoire de voisinage qui va faire trembler dans les chaumières ! Jusqu'à quel point connaît-on ses voisins ? C'est un peu le principe de base de cette histoire d'assassinat qui va remuer une petite communauté bien sous tout rapport... du moins en apparence ! Linwood Barclay excelle pour faire basculer des quotidiens banals dans le doute et les affres de l'angoisse. Il ne fera pas long feu dans ma PAL !

acquisitions mars 2020

- La Planète de Shakespeare de Clifford D. Simak. Impossible pour moi de résister à cet auteur quand je croise un de ses ouvrages en rayonnage d'occasion et puis cette collection de SF est mythique ! Dur de résumer la quatrième de couverture complètement folle de ce bouquin où un homme se réveille d'un sommeil cryogénique sur une drôle de planète où aurait vécu un certain Shakespeare. Même si je m'attends à tout et n'importe quoi avec un tel pitch, je ne me fais aucun souci, avec Simak je me régale à chaque fois !

- Bizarre ! Bizarre ! de Roald Dahl. Après ma lecture plus qu'enthousiaste de Matilda, il n'y a pas si longtemps, je vais remettre le couvert avec ce maître conteur qui propose ici une série de quinze histoires fantastiques entre drame et humour avec j'imagine le style si particulier et prenant d'un auteur qui a bercé mes jeunes années de lecteur. Typiquement le genre de lecture détente qui fait du bien et dont on a besoin en ces temps troublés.

- Le Roi Arthur : les légendes de la table ronde de Molly Perham. Un très beau livre pour finir le tour d'horizon du jour avec un ouvrage traitant d'un de mes héros préférés et tous les mythes qui l'entourent. J'ai rendez-vous avec Merlin, Arthur, Lancelot, Mordred et consorts avec des histoires éternelles, illustrées de fort belle manière. Que du plaisir en perspective !

Belle brochette d'ouvrages à mon actif encore une fois, la PAL remonte un peu mais rien de vraiment irrémédiable. Qu'il est bon de penser à tous ces mondes imaginaires qui m'attendent et procureront une évasion immédiate au milieu d'une actualité anxiogène au possible. Vous retrouverez comme d'habitude les chroniques de ces ouvrages sur le blog à plus ou moins longue échéance au fil de mes lectures. Portez-vous tous bien en tout cas en attendant. Et que la lecture soit avec vous !

jeudi 21 novembre 2019

"Delirium tremens" de Ken Bruen

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L’histoire : Il n'y a pas de détectives privés en Irlande. Les habitants ne le supporteraient pas. Le concept frôle de trop près l'image haïe du mouchard. Jack Taylor le sait. Viré pour avoir écrasé sciemment son poing sur le visage d'un ministre, cet ancien flic a gardé sa veste de fonction et s'est installé dans un pub de Galway. Son bureau donne sur le comptoir. Il est chez lui, règle des broutilles, sirote des cafés noyés au brandy et les oublie à l'aide de Guinness. Il est fragile et dangereux. Une mère qui ne croit pas au suicide de sa fille de seize ans le supplie d'enquêter. "On l'a noyée" sont les mots qu'elle a entendus au téléphone, prononcés par un homme qui savait. De quoi ne plus dormir. Surtout si d'autres gamines ont subi le même sort. Surtout si la police classe tous les dossiers un par un...

La critique de Mr K : Superbe découverte que Delirium tremens de Ken Bruen, premier volume d’une série littéraire mettant en scène Jack Taylor, un ex flic complètement borderline, alcoolique notoire, amateur de formulations chocs et d’ellipses mémorielles. Dans le domaine du polar servi bien noir, cet ouvrage se pose là et malgré un résumé plutôt classique pour ce genre de production, je peux vous dire que j’ai rarement lu quelque chose d’aussi frais et bien frappé pour rester dans la métaphore éthylique...

Jack Taylor est clairement une épave. Devenu détective privé occasionnel après un coup d’éclat malheureux le mettant en cause avec une huile gouvernementale, le voila réduit à traîner ses guêtres de pub en pub, le gazier s’enfilant les verres avec un talent somme toute impressionnant. Il collectionne donc les cuites, les rencontres farfelues, les trous noirs mais aussi les gueules de bois et les réveils difficiles. Son avenir semble derrière lui, il ressasse ses illusions perdues et à l’occasion repense à sa jeunesse.

Mais voila qu’un jour, une femme vient le voir pour lui demander d’enquêter en sous main sur le pseudo suicide de sa fille. Elle en est sûre, les conclusions officielles sont erronées, la p’tite n’a pu commettre l’irréparable. Connaissant bien la maison Poulaga, Jack ne tarde pas à découvrir qu’elle n’est pas la seule victime dans ce cas, que régulièrement des affaires sont classées masquant sans doute une organisation criminelle de grande ampleur. Ne pouvant compter que sur ses moments de lucidité (pas nombreux), des amis tout aussi jetés que lui et un vieux barman à la figure paternelle, le voila parti en croisade contre lui-même et des forces adverses redoutables. Ce ne sera pas de tout repos et l’espoir est bien mince de rétablir une vérité qui pourrait faire du mal à beaucoup de monde...

Autant vous dire de suite, l’enquête en elle-même passe très vite au second plan, l‘essentiel ici est ailleurs, j’en parlerai par la suite. Pour autant, cette quête de vérité n’est pas inintéressante, le suspens est bien mené et même si très vite, on devine où les pas de Jack vont le mener, on est happé par le background et les ficelles cachées à l’œuvre derrière cette série de disparitions dramatiques. Indics, rencontres impromptues, visites de lieux particulièrement glauques sont au menu avec son lot de surprises et de rebondissements parfois complètement loufoques ou dramatiques. Ça tape dur dans ce roman et pas seulement sur le zinc d’un bar, le héros s‘en prend plein la tête et on pourrait presque comparer son enquête à un chemin de croix parsemé d’embûches et dont le principal opposant est lui-même.

Delirium tremens est surtout l’occasion pour le lecteur de découvrir Jack Taylor, un anti-héros particulièrement amoché par la vie. Esprit nébuleux, dépendance poussée à l’alcool, mauvaises fréquentation, vie de patachon, impulsivité sont son quotidien décrit ici avec une économie de mots qui facilite l’empathie pour un personnage plutôt repoussoir au départ mais qui au fil des chapitres livre des parcelles d’humanité qui nous le rendent vite sympathique. Il y a de l’inspecteur Rebus en lui (mon inspecteur favori, je suis un grand fan de Ian Rankin) même si là on est tout de même au bout du bout. Les petits flashback qui nous sont assénés concernant son adolescence puis ces débuts finissent d’enfoncer le clou et offrent un personnage vraiment complexe qui cache ses fêlures derrière l’image de poivrot fini qu’il donne à voir. Certains diront que ce n’est pas original et je ne peux qu’abonder en leur sens mais c’est ici réalisé avec un grand talent et la lecture se révèle très très addictive (un jour de lecture pour ma part et c’était dur de s’interrompre).

Il faut dire que le style est épatant et original. Les chapitres très courts (souvent pas plus de cinq pages) se feuillettent sans forcer à la manière d’un thriller mais avec une forme parfois étrange mêlant citations, mise en page différente (des passages peuvent s’apparenter à de mini listings), punchlines irrésistibles de Jack en roue libre et un hachage du rythme qui accélère le récit et le rend totalement incontrôlable. J’ai adoré et c’est un peu le cœur remué (la fin est terrible !) que l’on referme cet ouvrage en espérant dégoter le suivant au plus vite pour continuer de suivre les traces bouillonnantes d’un personnage principal vraiment à part. Une petite bombe que tous les amateurs du genre se doivent absolument de lire !

Posté par Mr K à 18:38 - - Commentaires [6] - Permalien [#]
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