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Le Capharnaüm Éclairé
4 janvier 2022

"Le Second sommeil" de Robert Harris

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L’histoire : 1468.

Le père Christopher Fairfax est envoyé dans un village isolé du bout de l’Angleterre pour célébrer les funérailles d’un prêtre décédé brutalement.

D’abord saisi par l’accueil glacial des habitants, Fairfax est bientôt effrayé lorsqu’il découvre dans la chambre du défunt toute une collection de livres et d’artéfacts anciens, témoins d’un temps préapocalyptique. Des objets qui auraient dû conduire l’homme de Dieu au bûcher.

N’y a-t-il pire péché que celui de la connaissance ? Alors qu’il enquête sur ce prêtre hérétique, Fairfax va s’approcher trop près d’une vérité tenue secrète depuis des siècles – le destin d’un monde englouti par le temps, une civilisation disparue que certains cherchent à raviver pour sortir du noir profond de la nuit...

La critique de Mr K : Aujourd’hui, petite plongée dans le thriller historique avec un maître du genre. De Robert Harris, j’avais déjà lu et adoré Fatherland et Enigma, deux romans audacieux et passionnants pour l’amateur d’Histoire que je suis. C’est donc avec plaisir que je débutais ma lecture de Le Second sommeil au pitch de départ accrocheur. Au final, malgré une légère déception sur la fin, j’ai passé un bon moment et j’ai lu l’ouvrage en un temps record.

Christopher Fairfax est un jeune prêtre que l’on a dépêché dans une paroisse reculée pour célébrer la cérémonie d’enterrement du pasteur local. Ce dernier a été découvert mort à proximité d’un lieu dénommé le fauteuil du Diable, un endroit que les superstitions locales désignent comme dangereux et source d’un mal insondable. Arrivé sur place, le père Christopher va découvrir des ouvrages hérétiques et des artefacts pour le moins étranges, témoins du monde d’avant, du monde avant l’Apocalypse... Dans cette région isolée de tout, où les villageois vivent dans une crainte diffuse, on entend de drôles de bruits sourds et malgré l’emprise de l’Église, une vérité ne demande qu’à sortir. Et si en 1488, on vivait dans l’illusion et le secret sans le savoir ?

Attention, débuter cet ouvrage provoque immédiatement l’addiction. Comme toujours avec Robert Harris, on boit du petit lait en terme d’écriture. Subtile et directe à la fois, il excelle dans l’évocation des lieux et les tourments qui habitent ses protagonistes. L’époque est très bien rendue, on se retrouve plongé en pleine période d’obscurité, la foi fait force de loi et gare à ceux qui contrediraient la ligne sacerdotale. L’ouvrage tourne beaucoup autour des questions de croyance et de science, il est pour cela source de nombreuses interrogations et réflexions qui ne manquent pas d’assaillir le lecteur qui voit naître en lui un fort désir d’enquêter et d’en savoir plus sur ce fameux apocalypse. En effet, on se rend compte assez vite que nombres d’éléments ne cadrent pas avec le contexte décrit. Légers anachronismes, référence obscure au monde précédent les événements... On se doute qu’une révélation n’est pas loin de surgir bouleversant les certitudes posées par une oligarchie étatique et religieuse.

En terme de caractérisation de personnages, l’auteur fait le job. On retrouve des figures établies, les forces en présence sont classiques mais l’ensemble fonctionne bien car Harris sait y faire en matière de densité psychologique et rebondissements nombreux. On est donc rarement surpris mais l’ensemble est fluide, cohérent et apporte un plaisir de lecture durable. J’ai beaucoup aimé les personnages principaux qui cristallisent des questions essentielles comme la condition de la femme (avec une expérience de vie recluse et solidaire), la notion de progrès et d’enrichissement (le colonel entrepreneur qui souffle le chaud et le froid dans l’esprit du lecteur) ou encore l’opposition entre devoir et désir (le prêtre partagé entre sa mission et les élans de son cœur).

Le roman retombe un petit peu sur la fin que j’ai trouvé trop rapide, elliptique presque. Je m'attendais à mieux et même si on a les principale réponse, on ne peut s’empêcher de penser que l’auteur a botté en touche, laissant ses lecteurs sur le bord de la route. Légère frustration donc, même si l’esprit battant la campagne, on s’imagine ce qui pourrait advenir par la suite. Bonne lecture donc, pas parfaite mais qui fait passer des moments bien sympathiques. Les amateurs apprécieront.

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