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Le Capharnaüm Éclairé
1 mars 2017

"Nocturama" de Bertrand Bonello

Nocturama afficheL'histoire : Paris, un matin. Une poignée de jeunes, de milieux différents. Chacun de leur côté, ils entament un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de la capitale. Ils semblent suivre un plan. Leurs gestes sont précis, presque dangereux. ls convergent vers un même point, un Grand Magasin, au moment où il ferme ses portes. La nuit commence.

La critique de Mr K : Chronique tardive mais chronique quand même ! Voici enfin mon avis sur Nocturama, vu dans le cadre du festival Télérama en début d'année. Dans le genre dérangeant ce film se pose là ! Nelfe l'a vu également mais n'est vraiment pas motivée pour rédiger son avis ici, pourtant elle avait très envie de le voir (petite confidence, elle ne l'a pas aimé du tout du tout).

3,5/6. Autant le film est magnifique dans sa forme autant le fond m’a interloqué, bousculé et finalement presque écœuré. Ce qui est sûr, c’est qu'il marque bien une époque et un moment de civilisation dans un contexte de désacralisation du politique, du malaise grandissant des populations et de la menace terroriste généralisée.

Nocturama 3

Le film est divisé en deux parties bien distinctes. La première met en scène des jeunes de toutes origines et de toutes classes sociales (pour éviter la stigmatisation j’imagine) qui déambulent dans le métro, dans les rues de la capitale et enfin différents bâtiments comme une tour du quartier de la Défense, un ministère ou encore un centre commercial. Ils sont reliés entre eux, reçoivent des textos, des photos, se croisent sans se parler, sont parfaitement coordonnés. On pense immédiatement aux reportages que l’on a pu voir sur les djihadistes qui ont durement frappé la France ces dernières années. Enfin, l’acte se déroule menant à une deuxième partie plus en vase clos, où les protagonistes se retrouvent regroupés et réagissent à ce qui vient de se passer. La fin clôture le film comme le couperet de la guillotine laissant le spectateur perdu et hagard.

Nocturama

J’ai largement préféré la première partie qui fait la part belle aux protagonistes sans qu’il y ait vraiment de paroles échangées. Les plans se succèdent, répétitifs mais d’une beauté parfois stupéfiante. La pression monte avec une musique insidieuse, une incrustation à l’occasion d’un mystérieux compte à rebours des heures qui s’écoulent avant l'heure fatidique. C’est beau, les rétines explosent, le spectateur est tenu en haleine pour savoir de quoi il en retourne. Quand vient la révélation, on est soufflé. Peu surpris mais en attente de réponses sur les motivations profondes de cette sédition extrême à l’égard d’un pays et d’un pouvoir démocratique.

Nocturama 2

C’est là où le bât blesse. On a très peu de réponses, le réalisateur se réfugiant derrière un fond abscons, voulant sans doute par là incarner par son œuvre une jeunesse en révolte dont la souffrance non entendue a causé un passage à l’action effroyable. Il se contente alors de filmer (de fort belle manière encore) les réactions de chacun entre joie et angoisse montante. Pas de réponse précise à leurs motivations simplement une étude de caractère et de réactions humaines, et au final un message naïf, simpliste et puéril (à l’image de la jeunesse bien souvent je vous l’accorde). C’est trop peu pour moi quand on porte un projet si fort et un sujet plus que polémique. J’adore être dérangé dans mes habitudes de spectateur, j’aime être heurté au fond de mon être (voir les chroniques d’Antichrist ou de Martyrs) mais ici, on tourne en rond et finalement l’entreprise s’avère ratée en terme de fond. La forme est elle magnifique et le déroulé de narration alternatif en fin de métrage est un modèle du genre.

Pour autant cela ne suffit pas, difficile dans ces conditions de défendre complètement un tel film qui bien que très abouti esthétiquement m’a paru rater sa cible et son but. Dommage...

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Commentaires
T
J'en pense exactement la même chose. La première partie était tout à fait fascinante. En plus quand tu vis à Paris les lieux plus ou moins familiers sautent aux yeux, j'adore ça. Mais la deuxième ça retombe comme un soufflé.
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