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Le Capharnaüm Éclairé
1 février 2017

"Dans les forêts de Sibérie" de Sylvain Tesson

L'histoire : Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.


J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.


Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux.


Je crois y être parvenu.


Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.


Et si la liberté consistait à posséder le temps ?


Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?


Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

 

La critique Nelfesque : Voici un livre que j'avais dans ma PAL depuis déjà un petit bout de temps. Il avait croisé ma route lors de notre Lune de miel à Saint-Malo il y a 2 ans et j'attendais le bon moment pour l'ouvrir. J'ai toujours vu "Dans les forêts de Sibérie" comme un ouvrage qu'il fallait pouvoir apprécier et il se dégage de sa 4ème de couverture une certaine aura. J'avais besoin de sentir l'instant pour le lire et ce moment est arrivé il y a quelques jours. Un froid extrême sur nos terres bretonnes (hey -8° c'est déjà très froid), l'hiver bien installé, je pris mon plaid doudou et mon chat et je me lançais donc dans ce témoignage de Sylvain Tesson comme on rentre en religion, avec respect et avide de découvertes spirituelles.

 

Sylvain Tesson, à l'aube de ses 40 ans a décidé de partir loin, très loin, pendant 6 mois de sa vie. Partir, il connaît, il a déjà effectué bon nombre de voyages, mais cette fois ci, c'est pour un voyage immobile qu'il souhaitait quitter la France. Le voici donc installé près du lac Baïkal, en pleines forêts de Sibérie, à expérimenter la solitude, le silence et la nature et en ressortir changé.

 

Je me suis retrouvée dans le personnage de Sylvain Tesson, dans son ras le bol de la vie moderne, dans sa quête du bonheur et de la simplicité, dans son côté authentique et proche de la nature. La liberté, un concept bien flou et galvaudé à notre époque. Aussi une question très occidentale et réservée aux petits privilégiés que nous sommes et qui peuvent se payer le luxe de se poser des questions existentielles telles que celle ci. Maladie de notre temps, névrose de bobos, la vie parfois nous parait fade ou du moins incomplète. Nous nous sentons incomplets... Sylvain Tesson, par son expérience, veut se sentir vivant et va l'être. Tout n'est pas rose, tout n'est pas noir mais la proximité de la nature lui permet d'ouvrir les portes de sa perception sans drogues (mais avec pas mal de vodka) et de coucher sur le papier des pensées sur notre façon de vivre, sur sa vie personnelle et sur la notion de besoins, terme que nous utilisons à tort et à travers.

 

J'ai été particulièrement touchée par cette impulsion qui l'a mené en Sibérie, par ses réflexions, par ses doutes et ses peurs. Je l'ai envié dans sa démarche pourtant simple (partir) mais si difficile à entreprendre (partir) quand nous traînons nos habitudes sociales tels des boulets que nous nous créons nous-même. A la lecture de "Dans les forêts de Sibérie", difficile de ne pas se poser la question : pourrais-je partir moi aussi et me découvrir ? Peut-on réellement savoir qui nous sommes en restant enfermés dans nos habitudes ?

 

Au delà des considérations personnelles de l'auteur et des réflexions que cela engendre chez lui sur nos vies en société, Sylvain Tesson est ici au plus près de la nature, dépendant d'elle, devant la respecter, l'apprécier et la craindre pour ce qu'elle est. Pendant 6 mois, elle le nourrit, lui donne à voir quotidiennement des paysages somptueux, le fait vivre en communion avec elle mais elle est aussi dangereuse et l'auteur en a bien conscience et n'est pas parti dans son refuge tel un conquérant. Quand les températures atteignent les -30°, personnellement, je ne sais pas comment il fait... Mais le monsieur a de l'expérience, c'est un aficionados de la montagne et il est déjà bien averti des risques qu'il peut prendre.

 

Dans un décor à couper le souffle, Sylvain Tesson nous donne à voir une expérience initiatique exceptionnelle et couche sur papier 6 mois de réflexions quotidiennes sur la vie avec un cheminement de pensée posé et étayé. "Dans les forêts de Sibérie" est un ouvrage à part sur lequel on peut revenir plusieurs fois pour y trouver ce dont on a besoin. A défaut de tenter soi-même l'expérience, par la plume de Sylvain Tesson, simple, moderne et qui laisse voir une certaine érudition et culture, le lecteur parcourt plus de 5000 km et vit dans une isba de bois comme si il y était. De quoi alimenter son imaginaire et faire carburer sa cervelle. Un excellent livre de chevet !

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Commentaires
N
Depuis le temps que j'entends parler de ce livre (Et en bien !) Il faudrait vraiment que je le découvre !
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E
je le croise depuis si longtemps et je veux lire Tesson un jour ! je le note, mais pour une période plus calme (en vacances)
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W
Je rejoins les autres, ta chronique donne encore plus envie de découvrir cet ouvrage. Ca me fait très envie ce sujet et les circonstances dans lesquelles Sylvai Tesson recherche des réponses. Je note !
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M
Très tentant!! Je sais quoi demander pour mon anniversaire! Merci :)
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M
Décidément... il me faisait de l'oeil depuis que je l'ai vu (lui et les commentaires qui allaient avec) sur Instagram... maintenant c'est "pire". Rien que ta critique met des tonnes d'images fantastiques dans la tête. Hop, dans ma whishlist, assurément !
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