Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
28 octobre 2015

"Sept jours pour expier" de Walter Jon Williams

7jours

L'histoire: Perdue au fond du Nouveau-Mexique, la petite ville minière d'Atocha se meurt doucement, oubliée à l'orée du XXIème siècle, à peine troublée par le Centre de recherches en physique quantique récemment installé à ses portes.

Jusqu'au jour où cet univers provincial va se détraquer pour Loren Hawn, le chef de la police locale : fermeture de la mine de cuivre, troubles en ville, alerte au Laboratoire de technologie avancée.

Mais ce n'est rien à côté de cet homme qui vient de mourir un soir dans ses bras, criblé de balles. Loren Hawn le connaît bien, comme il connaît tout le monde dans le pays : il est déjà mort dans un accident de voiture vingt ans plus tôt...

La critique de Mr K: Imaginez une petite ville américaine typique de la bordure sud en contact avec le Mexique. Rien d’extraordinaire ne s'y passe et tout est réglé comme du papier à musique. La vie suit son cours entre les déplacements pendulaires des habitants (beaucoup de mineurs), les coups payés au bar, les infidélités des maris désœuvrés et le temps qui passe doucement comme dans un roman de Steinbeck. Les ennuis commencent d'abord quand la mine ferme: la violence fait son apparition dans la ville de Loren Hawn, chef de la police locale. Les nuits se suivent et la violence monte crescendo parallèlement à la tension liée aux licenciements massifs et au désœuvrement qui en découle. Et puis, un événement étrange va tout faire basculer: l'irruption d'un mort qui ne semble ne plus l'être pour re-mourir à nouveau! Loren l'a bien vu lui! Miracle? Manipulation? À lui de trouver la réponse mais il n'est pas forcément très bon de remuer certaines choses... il va l'apprendre à ses dépens.

Première mise au point, Sept jours pour expier est inclassable. Bien que présentant quelques éléments de pure science fiction, il lorgne davantage sur la chronique provinciale, le roman noir et le polar bien couillu (et parfois sans grande finesse il faut bien l'avouer). Loren Hawn est l'archétype du héros à l'américaine type Schwarzenegger. Ancien boxeur clandestin épris de sa ville au point de se l'attribuer, devenu chef de la police, il n'hésite pas à rajouter une bonne touche de violence policière lors de ses arrestations. Fasciste sur les bords, borderline, il ne trouve refuge qu'au sein de sa famille (marié, deux enfants) et la foi qui le réconforte lors de ses périodes de moins bien. Malgré tous ces aspects qui sur le papier me déplaisent, l'alchimie prend et même si le personnage dérange et dégoûte, on s'attache à cet homme lié à un passé qu'il ne veut pas lâcher, prisonnier de schémas mentaux dont il ne peut se défaire.

Et pourtant, le monde évolue, même son pasteur lui dit. Ainsi, depuis quelques années, un laboratoire de haute technologie s'est installé dans le voisinage et le secret plane sur ses réelles activités. Une milice privée est chargée de sa sécurité et les fuites d'information ne sont pas pour rassurer notre policier vieux-jeu. La mort de son ami d'enfance déjà décédé (sic) coïncide pile poil avec le début de la semaine d'expiation, 7 jours où chacun va à l'Église suivre les sermons des révérends passant en revue les sept pêchés capitaux. Peu à peu, on fait le lien entre les événements qui se précipitent et cette période spirituelle très particulière.

En creusant, Loren Hawn va se confronter à un monde peu reluisant où corruption et intérêts privés se confondent au détriment des simples citoyens. Des pressions lui sont imposées, la tension s'accentue sur lui et ses proches. Flirtant avec le danger, il ne veut pas dévier de sa route. Les dégâts collatéraux sont nombreux et il flotte une odeur de souffre et de sang sur son passage. Le chef de la police va se battre seul contre tous: la hiérarchie stupide et intéressée, la naïveté des gens d'église, la cruauté et le sadisme des attachés de pouvoir… C'est littéralement Sin City transposée dans une ville du désert du sud qui nous est proposé ici! Les âmes sensibles feraient bien de s'abstenir tant on est parfois bousculé par des propos et des actes type hardboiled à vous faire décrocher la mâchoire (à mettre en parallèle avec les tabassages type Marv que l'on retrouve dans ce livre).

Walter Jon Williams a un sens du rythme narratif remarquable. Le début est certes un peu lent mais à la centième page (sur 520 en tout), l'intrigue décolle pour ne plus atterrir avant une fin tout bonnement apocalyptique, où à l'instar de l'inspecteur Mills dans Seven, le héros va déchaîner sa fureur. La lecture est aisée, plaisante, parfois très drôle (il y a des répliques vraiment tordantes, flirtant avec les punchlines ringardes de film d'action de seconde zone) mais aussi touchante à l'occasion (les scènes dans l'intimité familiale du héros) et tripante lors de scènes d'actions vraiment dantesques!

Un chouette moment de lecture en somme qui ne révolutionne pas le genre mais au caractère addictif et immersif certain. Une expérience que vous ne regretterez pas si vous êtes amateur du genre.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité