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Le Capharnaüm Éclairé
20 octobre 2015

"Ring" De Koji Suzuki

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L'histoire: Kazayuki Asakawa déglutit, les yeux rivés sur l'écran de télévision. Au fond de lui-même, il sait que c'est vrai, que ce n'est ni une plaisanterie, ni une menace en l'air. Il sait que les quatre adolescents, dont sa propre nièce, qui ont regardé ensemble la cassette vidéo avant lui sont morts. Juste au même moment. S'il veut survivre, il lui faut comprendre d'où vient cette cassette, le sens de ces images énigmatiques et inquiétantes, de cette malédiction absurde. Et il ne lui reste plus que sept jours. Même moins de sept jours ! Et pas la moindre piste...

La critique de Mr K: Les films qui m'ont vraiment effrayé lors d'une séance cinoche se comptent sur les doigts d'une main. Ring de Hideo Nakata fait partie de ceux là avec une séance à haute tension vécue à sa sortie au MK2 Hautefeuille lors de ma période parisienne. Un grand grand flip, une peur viscérale et persistante durant deux semaines. J'ai appris par la suite qu'il était le premier tome d'une trilogie littéraire nippone qui a connu un succès monstre (hé hé!) au pays du soleil levant. Puis le temps a passé, seules restent les pensées (et de très mauvais remakes US) et dans ma PAL toujours rien! Jusqu'au jour pas si lointain où le présent volume s'offrait à ma vue! Vision sublime, réflexe pavlovien et hop! Acquisition directe!

Pour les amateurs du film, attendez vous à être légèrement surpris. Autant Nakata en avait fait une œuvre très intimiste et féministe par moment, autant ici, dans l'ouvrage de Koji Suzuki, c'est l'oncle d'une des victimes de la K7 maudite qui enquête. Journaliste en disgrâce suite à un reportage manqué, il fait le rapprochement par hasard entre la mort de sa nièce et celle mystérieuse d'un jeune couple dans une voiture abandonnée au bord de la route. Véritable thriller à la mode page-turner, on suit son enquête qui le mène dans un chalet de vacances où il va visionner un étrange film aux vertus quelques peu mortifères! Eh oui, on meurt de peur littéralement, une semaine pile poil après son visionnage! Le compte à rebours s'amorce et impitoyablement les jours se suivent vers le jour fatidique. Le rythme s'accélère, les révélations fourmillent et la fin… hé hé, la fin…

Je ne suis pas forcément amateur de lectures faisant suite à un visionnage cinématographique mais je dois avouer qu'avec ce récit je vais réviser mon jugement. On appréhende bien le processus d'adaptation et bien que la trame principale soit respectée (la K7, la malédiction, le personnage de Sadako), on est surpris par certains aspects de l'histoire et la vision masculine apporte un angle différent et non dénué d'intérêt. L'amitié qui lie le héros et son professeur de fac décalé est touchante, anime le récit et lui donne une vigueur supérieure au film au détriment peut-être d'une sensibilité plus exacerbée dans le métrage et par là poignante. Les morts, quelques lieux, divergent aussi et l'on tourne beaucoup en rond avant d'approcher la vérité qui s'écarte quelque peu aussi du film. Le personnage de Sadako reste aussi effrayant que dans le métrage mais en plus humain ce qui la rend encore plus tragique et cruelle en même temps.

En filigrane, c'est une vision du Japon contemporain et agité, mêlée d'influences plus traditionnelles qui s'offre à nous. Les âmes esseulées se croisent, la technologie est présente au moindre recoin (la première piste est d'ailleurs assez ambiguë et joue sur cet aspect de la société japonaise). Mais il y a aussi le poids des traditions, le machisme ambiant, la rancune accumulée, les esprits non morts et leur errance, le don surnaturel et la sorcellerie qui rentrent en jeu. Un ouvrage très complet et multiforme qui trouve son unité dans son sens aigu du récit et du rythme.

Comme dit lors de ma critique du recueil de nouvelles Dark water du même auteur, ne cherchez pas ici un ouvrage typiquement japonais. On nage dans le style thriller à l'américaine avec un savant dosage de suspens et de révélations mais une écriture plus commune et finalement proche d'auteurs occidentaux. Point de fantaisie, de digressions trop intimistes ou d'images filées mais un roman efficace et diablement mené qui procure attentes et espérances bien mesurées. Pas de peur mais une certaine appréhension, notamment un crescendo bien prenant dans les 20 derniers pages où malédiction et résolution se mêlent pour un final vraiment tendu. Lu dans le noir avec une lampe frontale, le livre procure son petit effet tout de même. Un gage de réussite et d'accomplissement que je vous conseille d'appréhender à votre tour si vous en avez le courage!

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Commentaires
V
Honte à moi, je ne savais pas que ces films, Ring ou Dark Water (qui m'ont aussi vraiment terrorisés au ciné !), étaient issus de livres ! Je vais regarder ça de plus près du coup, moi qui cherche toujours des bouquins qui "font peur". Merci pour la découverte
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