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Le Capharnaüm Éclairé
12 janvier 2015

"Dark Water" de Koji Suzuki

dark water

L'histoire: Sur le point de divorcer, Yoshimi Matsubara essaie d'obtenir la garde de sa petite fille de cinq ans. Elles vivent toutes les deux dans un vieil immeuble sombre et humide. Déjà inquiète pour son avenir, Yoshimi est hantée par d'étranges ruissellements, qui semblent presque vivants, sur les murs comme au plafond et par des apparitions obsédantes et répétées d'un petit sac rouge ayant appartenu à une fillette disparue deux ans plus tôt...

La critique de Mr K: C'est ma première incursion chez Koji Suzuki, auteur mondialement connu désormais depuis que Hideo Nakata a adapté au cinéma Ring et Dark Water, deux excellents films pour se mettre les j'tons sous la couette! Cet écrivain est comparé très souvent à Stephen King dans son pays et peut vendre ses livres au delà du million d'exemplaire! C'est dire l'ampleur du phénomène! Je suis tombé par hasard sur cet ouvrage et je m'attendais en lisant la quatrième de couverture à un roman. Il n'en est rien car il s'agit en fait d'un recueil de nouvelles!

Dans un prologue court, on suit une grand-mère qui se balade au bord de la baie de Tokyo en compagnie de sa petite fille. Cette dernière est friande d'histoires d'épouvantes et mamie en connaît beaucoup! L'auteur en relate quelques unes ici à travers 7 courts textes. Point commun entre-eux, ils ont tous un rapport avec l'eau. Le lecteur est donc parti pour une exploration des peurs les plus profondes de l'esprit japonais.

L'ouvrage commence avec la nouvelle éponyme bien connue des cinéphiles. Dans Dark Water, une mère célibataire peu sûre d'elle quant à l'éducation de sa fille fait face à des phénomènes inexpliqués des plus effrayants. Peu à peu une ambiance glauque s'installe et la menace se ressert. Qui est cette mystérieuse jeune fille qui semble hanter les lieux? Diablement efficace, cette nouvelle plante un décor très inquiétant dès les premières pages et fournit une caractérisation bien complexe des rapports mère-fille tout en se ménageant une fin plus ouverte que dans la version cinématographique. Une belle réussite!

Suit la nouvelle L'île déserte qui se déroule en deux temps. La première partie raconte une soirée entre deux amis où le narrateur rencontre la petite amie de son meilleur copain. Quelques jours plus tard, ce dernier dit l'avoir abandonnée nue et enceinte (ils sont fous ces japonais!) sur l'îlot artificiel Daiba VI situé en pleine baie de Tokyo. 15 ans plus tard, le narrateur a l'occasion d'aller l'explorer. Il va y faire une étrange rencontre... Plus classique dans son format, "à l'américaine" diront les mauvaises langues, cette nouvelle est juste efficace à défaut d'être originale, on passe tout de même un bon moment.

À fond de cale nous présente Hiroyuki un pêcheur colérique dont la femme a disparu depuis la veille. Il la recherche partout et essaie de refaire le chemin inverse de la soirée arrosée du soir précédent. La tension est prenante dès le départ et se maintient jusqu'au bout même si pour ma part j'ai deviné très vite où l'auteur voulait nous emmener. Dans Une croisière de rêve, le héros se voit proposer une petite balade en baie de Tokyo sur le yacht d'une rencontre de fortune qui lui propose une affaire. Les tractations vont vite échouer et sur le chemin du retour, le bateau s'immobilise mystérieusement. L'inquiétude fait place à la peur quand le propriétaire revenant d'une plongée sous la coque raconte ce qu'il a vu... Pas trop mal, le récit s'embourbe tout de même dans des descriptions sans réel intérêt pour le déroulé de la trame, la fin est abrupte et laisse un goût d'inachevé.

À la dérive s'apparente lui à un récit classique de vaisseau fantôme, bien ficelé, il ne réserve pas vraiment de surprise mais la tension permanente est très bien rendue et l'on passe un bon moment. Couleurs d'eau est lui un des récit les plus forts de ce recueil. Il raconte la mise en place d'une pièce de théâtre dans une ancienne discothèque désaffectée sous la férule d'un metteur en scène quelque peu excessif. Un étrange ruissellement lors de la Première du spectacle risque de tout mettre en péril... Fantastique larvé, histoire dans l'histoire, incompréhension face aux événements, cette histoire dérange, déroute et finalement ravit par un final inattendu et très fort. Une belle expérience pour ma part! La dernière nouvelle intitulée Des forêts sous la mer, raconte la mésaventure de deux spéléologues amateurs qui se retrouvent coincés sous terre suite à une prise de risque de trop... Bon récit claustrophobique qui fait écho à nos peurs enfantines du noir et de l'enfermement. Pari réussi pour l'auteur qui a réussi à me faire stresser durant une trentaine de pages de haute volée!

L'ouvrage se termine sur un épilogue où la grand mère nous livre quelques clefs des histoires qu'elle a raconté auparavant, la boucle est bouclée et le spectateur ressort un peu chamboulé de cette lecture.

Le style est différent de toutes les autres lectures nippones que j'ai pu pratiquer auparavant. Moins poétique en tout cas et beaucoup plus occidentale dans la syntaxe et la façon d'amener les éléments des récits. Reste cependant des références et des réactions typiquement asiatiques qui raviront les amateurs. Pour ma part, j'ai lu ce recueil très vite et avec plaisir sans pour autant pouvoir crier au génie tant j'ai pu lire dans le genre des auteurs virtuoses.

Reste cependant un recueil à découvrir pour se faire quelques frayeurs aux senteurs d'ailleurs!

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Commentaires
S
je suis fan de nouvelles, alors je pense que ce titres serait parfait pour découvrir l'auteur et pour frissonner aussi à l'occasion !
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