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Le Capharnaüm Éclairé
31 janvier 2015

"Au commencement était la vie" de Joyce Carol Oates

Au commencement était la vieL'histoire : Kathleen a onze ans.
Sa mère vient de les quitter pour disparaître à jamais. Son père, dans une crise de démence alcoolique, a battu à mort sa sœur Nola et blessé si grièvement la petite Kathleen qu'elle doit être hospitalisée. Un mois d'hôpital avant l'Assistance publique. Un mois vécu comme un rêve interrompu. Ce rêve, elle croit le reprendre en devenant infirmière et pense trouver le bonheur dans l'amour qu'elle voue à un médecin.
Mais le destin, dans une infernale et implacable logique, va la ramener au commencement de sa vie marquée par l'abandon et la mort.

La critique Nelfesque : De Joyce Carol Oates, je ne connaissais que "Délicieuses pourritures" que j'ai lu il y a 3 ans. J'avais adoré ce bouquin et quand je suis tombée sur "Au commencement étant la vie", j'ai tout de suite su à la lecture de la 4ème de couverture, que celui ci me plairait (sans parler du titre que je trouve superbe). Et bien c'est peu de le dire ! Et à la fin de ma lecture, je me suis empressée d'aller lire les résumés de tous les autres ouvrages de l'auteure (une bonne cinquantaine !) pour en mettre quelques autres dans ma wishlist.

Ce roman est vraiment une expérience émotionnelle. Ce n'est pas une simple lecture où on découvrirait pas à pas l'histoire de Kathleen, cette petite gamine de 11 ans faisant ses premiers pas vers l'âge adulte. C'est vraiment un coup de poing dans le bide.

Le roman commence très fort avec un premier chapitre à vous glacer le sang. Kathleen et sa jeune soeur sont victimes de la violence de leur père, un soir ordinaire. Outre l'atrocité de cette scène, l'issue fatale pousse le lecteur au bord de la nausée. Vraiment, je ne suis pas une petite nature et j'en ai lu des trucs affreux mais là ça va bien au delà. Comprenez que ce n'est pas tant dans les descriptions que l'auteure choque le lecteur mais plus dans ce qu'elle lui donne à ressentir. Nous sommes là témoin d'un moment clé de la vie de Kathleen qui va conditionner toutes ses années à venir.

Le dernier chapitre est en miroir avec ce dernier. Sans trop en dire, il laisse le lecteur dans le même état que quelques pages plus tôt. Entre les deux, la vie de Kathleen se déroule telle que la vie d'une personne brisée peut se dérouler. L'hôpital, l'orphelinat, les familles d'accueil, tel est le quotidien de Kathleen qui va peu à peu se forger une identité et tout faire pour être aimée. On s'attache à son personnage, on rêve pour elle, on croit en l'avenir comme elle, malgré tout. Cette gamine qui a mal commencé sa vie met énormément de soin à être aimable, à bien faire les choses, à donner une bonne impression, à s'appliquer dans le moindre de ses actes à chaque heure de sa vie, sans relâche. Trop peut être, trop sans doute, dans un monde où il est tellement plus facile de se gausser des êtres qui sont différents que de les aider.

J'ai lu ce roman de 150 pages d'une traite. J'en suis ressortie complètement sonnée. Abasourdie par la violence ordinaire présente dans ces quelques pages, hypnotisée par un destin que j'ai dévoré presque de façon malsaine, comme une voyeuse, et écoeurée par les choix de Kathleen impardonnables mais tellement compréhensibles... En fermant mon livre, j'étais mal, physiquement mal. Consciente d'avoir vécu une expérience littéraire hors du commun qui laisse des traces dans la vie d'un lecteur.

Je vous conseille vivement ce roman. Vraiment. Pour l'expérience, parce qu'il ne peut pas laisser indifférent, pour réveiller chez vous cette part d'humanité qui parfois dans le quotidien peut être cachée sous une couche de choses futiles accumulées avec le temps. Parce que la vie est belle souvent mais peut parfois se révéler être d'une laideur abjecte pour certains et qu'il ne faut pas l'oublier. Ne passez pas à côté de ce roman.

Egalement lu et chroniqué de la même auteure au Capharnaüm éclairé :
- Délicieuses pourritures

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Commentaires
S
voilà un billet qui me réconcilie avec l'auteure !
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E
J'ai lu un de ses livres mais le titre m'échappe, en attendant j'ai lu récemment deux livres sur des enfants "maltraités" et leur passage à l'âge adulte. Je mets donc celui-ci de côté quand j'aurais à nouveau envie de me plonger dans ce genre de lecture.
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F
Je note celui-là et je te conseille Foxfire-Confessions d'un gang de filles que j'ai énormément aimé en 204.
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L
Je suis très fan de Oates, et j'ai été rarement déçue par ses romans, je note ce titre. Bravo tu sais donner envie!!!
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F
Bravo, ça donne vraiment envie. J'avais lu et moyennement apprécié "Délicieuses pourritures" mais en ce moment je suis plongé dans "Mudwoman", un régal. <br /> <br /> Je retiens donc "Au commencement était la vie" pour plus tard.
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P
Waouh ! J'avais déjà entendu parler de cet auteur mais sans jamais prendre le temps d'ouvrir un de ses romans pour le découvrir. Là, je dois dire que je n'ai qu'une envie, me procurer celui-ci ! Merci pour cet article.
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