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Le Capharnaüm Éclairé
4 novembre 2010

"Kornwolf" de Tristan Egolf

untitledL'histoire: Owen Brynmor ne comptait plus retourner dans la Pennsylvanie profonde de son enfance, pays provincial et rétrograde partagé entre ploucs américains et amish rigoristes. Mais à peine engagé comme reporter au journal local, il décroche un scoop: le retour du Démon de Blue Ball, cette bête mystérieuse qui jadis ravagea la région... Son enquête l'amène à exhumer la légende du Kornwolf, ce loup-garou qui hanta l'Europe du XVIIème siècle. Mais où s'incarne vraiment le Mal? dans un monstre quelconque, ou parmi les humains qui le pourchassent?

La critique de Mr K: Cette lecture est le résultat de l'obtention d'un partenariat obtenu de haute lutte avec la complicité de Nelfe sur le site de B.O.B. Cela m'a permis de découvrir un auteur fort intéressant: Tristan Égolf. Auteur de trois livres, décédé à 34 ans, ce Kornwolf a été publié de façon posthume en 2009 chez Gallimard. C'est perdu au fin fond de la Dordogne profonde, sur les terres de Jacquou le Croquant que j'ai été littéralement aspiré par cet ouvrage, terminant sa lecture à la lueur des leds de ma lampe frontale vers 3h du matin!

Le thème est universel: une "bête" monstrueuse ravagerait une région et l'on suit l'enquête menée pour démeler le vrai du faux et les réactions des habitants face à cette menace aussi mystérieuse qu'insidieuse, voir à la fin séditieuse! Un passage du livre est d'ailleurs très enrichissant quand le héros compulse un ouvrage qui rassemble toutes les légendes s'apparentant à des "fléaux", des êtres mi-homme mi-bête. On se rend compte que chaque culture, chaque civilisation a "son" loup-garou, "son" vampire. Dans Kornwolf les descriptions d'Égolf sont volontairement vagues, les témoignages "recueillis" parcellaires. L'auteur entretient le mystère autour de la cause du désordre. Balloté, le lecteur navigue constamment en plein brouillard, entre surnaturel, règlement de compte et actes de délinquance.

Dans cette oeuvre, l'aspect "fantastique" n'est qu'un prétexte. À travers ces événements, Égolf nous propose une peinture au vitriol de l'Amérique. Portrait sans concession de l'intégrisme religieux (les amish d'Égolf sont bien loin de ceux du film Witness), le fanatisme de certains membres des forces de l'ordre (l'agent Rudolf adepte du matraquage intensif), les secrets de familles honteux qui éclatent au grand jour, l'étranger dont on se méfie, l'être différent qui cristalise tous les fantasmes et peurs de la populace... On baigne dans la morale cucul, rigide et WASP qui me débecte tellement! Les nerfs sont mis à rude épreuve tant l'auteur enfonce le clou pour nous décrire cette Amérique en pleine dégénérescence. Un sentiment de malaise s'installe peu à peu, à la manière de ce qu'on peut ressentir lors du visionnage de Frankestein, Elephant man ou plus récemment, The Myst: le dégoût et l'injustice qu'inspire une foule poursuivant et invectivant un être solitaire et différent. Ce livre ne peut en aucun cas laisser indifférent.

L'écriture d'Égolf ne ressemble à aucune autre. On a affaire à une prose rageuse, évocatrice mais exigente. Le début du roman peut paraître difficile à saisir et à apprécier car l'auteur change souvent de point de vue, l'expression flirte parfois avec la préciosité (formulations alambiquées et vocabulaire technique) et les personnages sont nombreux. Mais à partir du 3ème chapitre, les fils de la toile commencent à se rejoindre, à former une intrigue et des rebondissements cohérents, plus clairs aboutissant à un dernier acte d'une sauvagerie et d'une folie extrême. Un grand livre, merci B.O.B!

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Commentaires
S
Pas de soucis :)
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M
@sofiaportos: tu me diras ce que tu en as pensé, une fois lu.^^
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S
Mince j'aurais du me candidater chez BOB pou celui la xD J'ai reculé car j'ai d'autres parts en cours, ceci dit je le met dans ma LAL :)
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