"Le soleil est rare et le bonheur aussi..."
L'histoire: La vie de Gainsbourg, du jeune Lucien Ginsburg dans le Paris occupé des années 1940, jusqu'au poète, compositeur et chanteur célébré dans le monde entier.
Le film explore son itinéraire artistique, du jeune homme épris de peinture à la consécration de sa musique dont l'avant-gardisme en a fait une véritable icône de la culture française. Mais aussi la complexité de sa vie adulte à travers ses amours tumultueuses.
La critique Nelfesque: Cela faisait des mois que j'attendais la sortie de ce "Gainsbourg, vie héroïque". Tout d'abord parce que j'aime beaucoup cet artiste, ensuite parce que la seule bande annonce que j'avais vu était assez bluffante et donnait vraiment envie. Et enfin, argument non des moindres: Joann Sfar à la réalisation.
L'appellation "conte" qui a été apposé au film laissait cependant une part de mystère. La bande annonce étant courte et surtout basée sur l'ambiance, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Et là hier soir, je me suis vraiment retrouvée devant un conte. Personnages imaginaires, délires artistiques, animations avec des dessins de Sfar bien évidemment, sont autant de détails qui font que nous ne sommes pas dans la biographie à proprement parlé. Il y a une dimension onirique dans ce film, des lenteurs qui laissent tout le loisir de s'imprégner des ambiances. Si vous n'aimez pas Gainsbourg, n'y allez pas. Si vous l'aimez juste bien, vous risquez de vous ennuyer à certains moments. Par contre, si comme moi, vous aimez le personnage de Serge, son côté provocateur et poète, sa musique et ses textes, alors ce film est fait pour vous. Eric Elmosnino qui interprète le rôle de Gainsbourg est tout simplement bluffant! On croirait voir Gainsbourg lui même autant dans l'attitude que dans le phrasé et cela sans caricature. Il s'est vraiment mis dans son personnage et l'habite plus qu'il ne le singe. Les autres protagonistes féminins, Bardot, Gréco, Birkin... sont elles aussi criantes de vérités. Et puis voir un Philippe Katerine dans la peau de Boris Vian, c'est tout simplement jouissif.
En résumé, ce film rend hommage avec délicatesse , finesse et poésie à ce monstre sacré qu'est Serge Gainsbourg. Je ne regrette pas de l'avoir attendu si longtemps et je ne suis pas du tout déçue. Mieux que ça, j'ai été surprise et cueillie à maintes reprises.
Et enfin, découvrir Jérôme Goldet à la contrebasse au détour d'une scène et voir au générique Bastien Lallemant, Albin de la Simone et Eric Löhrer, ça me fait chaud au coeur!
La critique de Mr K: 5/6. Très bon film. Décidément, dès que Sfar réalise quelque chose d'artistique, c'est un sans faute. Il invente à lui tout seul le concept de "biographie onirique". On suit la vie de Gainsbourg depuis sa prime jeunesse de dessinateur en herbe déjà amateur de belles plantes, puis les années passent et l'on retrouve l'artiste, ses oeuvres et rencontres marquantes, ses frasques et finalement sa déchéance. Comme annoncé dès le générique, il s'agit d'un conte et le réalisateur se permet d'imaginer et même de matérialiser les pensées, les doutes du héros sous la forme d'un double tentateur. Il se dégage donc de ce film un parfum de folie douce lié à la méthode de Sfar tout en conservant le côté sulfureux de Gainsbourg. Petit regret, Sfar ne s'attarde pas trop sur sa période Melody Nelson et L'homme à la tête de chou ma préférée. Enfin, à partir de Jane, les scènes se suivent sans lien véritable contrairement à la première partie du film qui fond dans la bouche comme un Léonidas. Mais ces quelques scories ne doivent pas vous refroidir, ce film mérite d'être vu notamment au cinoche pour apprécier à son zénith les images et le son excellents tous les deux. L'année 2010 commence bien!