dimanche 16 octobre 2022

Lectures "Petite poche" chez Thierry Magnier

Focus aujourd’hui sur sept titres de la collection Petite poche des éditions Thierry Magnier, sept titres que j’ai emprunté au CDI de mon établissement pour ces vacances d’été afin de me faire une idée sur ces récits très courts, ces ouvrages pouvant se lire en un quart d’heure et faisant appel à des auteurs reconnus. Le principe est simple : 48 pages environ pour parler d’un sujet de société via le regard d’un enfant. Le postulat est bien sympa et le pari réussi quasiment à chaque fois !

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L’expulsion de Murielle Szac : Très belle évocation d’un drame familial et intime avec l’expulsion de tout un immeuble pour cause d’insalubrité. On rentre dans la tête de la jeune Bintou, de ses appréhensions, espoirs et craintes. Elle fait face à l’incurie des adultes face aux souffrances de l’enfance et au passage l'ouvrage balance un bon coup de projecteur sur la rapacité des journalistes et l’indifférence du plus grand nombre face à ces drames humains. Un très beau texte qui touche en plein cœur.

Le Train des barracas de Françoise Legendre : Là encore un beau texte nous mettant dans la peau d’un enfant cette fois-ci confronté au déracinement dans les années 60. La famille portugaise émigre en France pour le travail, l’héroïne doit laisser derrière elle son pays, son grand-père et le jardin qu’ils entretenaient ensemble. Juste et sensible, cette micro-storia fonctionne à plein et provoque immédiatement l’empathie.

Jour de colère de Caryl Férey : À la veille des vacances, les parents d’Adrien s’embrouillent, le séjour ne se déroulera pas comme prévu, le héros et sa petite sœur vont passer deux mois chez une amie de maman. La colère gronde chez Adrien. Où est papa ? Que se passe-t-il ? Très incisif, ce texte de Caryl Férey est une belle réussite avec un traitement de la séparation vu par l’enfant dans tout ce qu’elle a de surprenante et de douloureuse. Une flèche en plein cœur !

Tsunami de Mikaël Ollivier : Damien nous raconte son quotidien, et ses petits-déjeuners en particulier, alors que les parents écoutent les infos toutes plus terribles les unes que les autres. Peu à peu, on se rend compte de l’impact qu’elles ont sur lui. C’est fin, intelligent et brillamment amené.

Les invités de Charlotte Moundlic : Superbe parabole sur la colonisation avec ces invités qui peu à peu prennent de plus en plus de place dans la maisonnée de la narratrice et le pays où se passe le récit. On se prend au jeu et l’on sent la tension monter progressivement, le sujet est difficile mais tous les écueils évités pour en proposer une vision juste, simple et essentielle. Un incontournable !

Joyeuses Pâques et Bon Noël d’Hubert Ben Kemoun : Sans doute le plus émouvant des sept ouvrages avec cette histoire de grand-mère un peu fofolle qui reçoit durant quatre jours son petit-fils, plus réticent, chez elle. Petit à petit, un lien se crée, quelque chose de puissant et des souvenirs naissent. Superbe !

Écran total de Christophe Léon : Seule déception de ma sélection, cette histoire d’installation d’écran plat géant qui phagocyte la vie de famille tombe un peu à plat. Le môme est attachant mais la chute à fait pshiiit. Reste un rythme indéniable et quelques moment de grande drôlerie.

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Une belle collection donc que je conseille à tous les jeunes lecteurs et aux pédagogues. C’est riche, les auteurs proposent des textes courts, incisifs et bien menés. Franchement, j’en lirai d’autres et j’en utilise certains pour essayer de faire gagner en appétence de lecture mes jeunes pousses plutôt éloignées du monde merveilleux de la lecture. À découvrir et faire découvrir.


vendredi 1 juillet 2022

"Une éclipse" de Raphaël Haroche

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L’histoire : Après Retourner à la mer, Goncourt de la nouvelle en 2017, Raphaël Haroche publie un recueil de douze textes tout aussi éclatants de maîtrise. Avec une grande finesse et un sens de l'absurde comme du tragique, il a l'art d'explorer l'âme humaine dans ses minuscules défauts. Qu'il s'agisse d'un couple qui se défait, d'un enfant à qui on a volé l'insouciance, d'un joueur de tennis ayant abdiqué ses ambitions de jeunesse ou d'une femme invisible aux yeux de la société, tous ses personnages semblent impuissants face aux dégâts du quotidien et du temps qui va.

La critique de Mr K : Deuxième ouvrage de l’auteur et deuxième claque, Raphaël Haroche en plus de sa carrière musicale confirme son grand talent de novéliste avec Une éclipse, recueil que Nelfe m’a offert pour la Saint Valentin. On y retrouve la plume sensible de l’auteur du sublime Retourner à la mer et toutes ses qualités pour nous proposer des histoires simples et universelles à la fois. C’est beau, intemporel et extrêmement plaisant à lire.

Ce recueil se compose donc de douze récits pour douze personnages en crise, confrontés aux errances de l’existence et à la difficulté de la condition humaine. Un couple qui se désagrège et une rupture en approche, un jeune adolescent qui va connaître le loup lors d’un voyage en Égypte, deux hommes isolés dans une maison et un étrange rassemblement à leur porte, un voyage en voiture avec chauffeur pour un jeune enfant, les souvenirs d’un jeune espoir du tennis déchu après la mort de son coach, une immersion en dictature où tout se paie, un couple qui subit les lenteurs d’un chantier dans leur salle de bain à cause d’un ami "légèrement" hypocondriaque, une première rencontre entre deux personnes (dont une pour le moins diminuée) suite à des discussions sur un site spécialisé, un couple séparé qui se retrouve un bref moment pour faire piquer leur chien, une femme âgée aux portes de la mort qui revient sur des sensations et expériences de sa vie, un homme qui se souvient de son frère disparu sur un bateau ou encore, l’auteur lui-même qui va à la rencontre de ses lecteurs dans un hôpital et qui doit faire face à des questions plus ou moins débridées.

Qui dit crise ou moment clef, dit souvent souffrance et épreuve. C’est le cas ici avec des thématiques parfois très rudes comme le deuil ou l’absence. Des pertes irréparables, des questionnements profonds qui ébranlent, un avenir bouché ou compromis, c’est à cela que bien souvent Raphaël Haroche nous convie. On a le cœur au bord des lèvres, la gorge nouée face à ces individus lambda que la vie secoue, éprouve et parfois même repousse dans leurs retranchements. La réalité bascule pour beaucoup dans un cauchemar inextricable ou du moins dans une autre dimension avec à la clef une métamorphose intime, un changement de cap ou même une fin prématurée.

Mais cet ouvrage est loin d’être pessimiste et plombant. Au contraire, ces tranches de vie sont une fenêtre ouverte sur la vie, sa fragilité certes mais aussi et surtout sa valeur, le bonheur qu’elle procure et l’importance d’en ressentir le sens. C’est une ode à la tendresse, l’empathie, à la résilience mais aussi à la résistance et à l’estime de soi, du chemin parcouru dans une vie. Cette galerie de personnages est croquée avec grand talent, en parfois en très peu de mots, on capte le protagoniste, son identité, ses espoirs, son vécu. Tous ne sont pas des plus attachants (forcément, on préfère certains à d’autres) mais tous ont en commun une épaisseur intéressante et une densité incroyable dans leur traitement. Différents âges, situations, types de réactions font de ce recueil un beau panel de notre humanité dans ce qui la caractérise le mieux : une incertitude quasi constante et une peur trouble envers un monde incertain.

Vous l’avez compris, dans le genre de la nouvelle contemporaine, l’auteur fait mouche une nouvelle fois grâce à sa plume légère et profonde à la fois. Chaque page tournée est un vrai bonheur de lecture, on s’imprègne des mots, des portraits livrés et l’on ressort très souvent ému et touché. Un ouvrage magnifique que je vous invite à découvrir au plus vite. Merci ma chère Nelfe pour ce très beau cadeau.

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lundi 27 juin 2022

"Le Styx coule à l'envers" de Dan Simmons

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L’histoire : Une virée dans un Vietnam reconstitué, vaste parc d'attractions où de riches touristes jouent et rejouent à la guerre.

L'Enfer tel que l'a imaginé Dante débarque sur Terre, mais uniquement pour les télévangélistes et leurs ouailles.

Grâce aux Résurrectionnistes, la Mort est enfin vaincue : leur technologie de pointe ramène à la vie vos chers disparus... jusqu'à un certain point.

Le cancer vous fait peur ? Attendez de savoir à qui profitent les métastases pour avoir vraiment peur...

La critique de Mr K : Ça faisait un bail que je n’avais pas lu Dan Simmons (décembre 2017, la honte !), un auteur que j’apprécie tout particulièrement. C’est à l’occasion du défi Instagram Mai en nouvelles que j’exhumai le présent volume de ma PAL gargantuesque. Avec Le Styx coule à l’envers, j’explorai une nouvelle facette du maître : l’art de la nouvelle, un genre que j’aime beaucoup. Quand on connaît la propension de Dan Simmons à livrer de gros pavés, je me demandais bien ce que ça allait donner. Loin d’être une déception, ce recueil s’est révélé très plaisant.

Douze nouvelles, douze voyages bien barrés qui oscillent entre fantastique et science-fiction, douze pièces précédées d’une courte introduction de Dan Simmons pour présenter la genèse du texte, raconter une anecdote ou livrer une pensée ou un coup de gueule. J’ai aimé ce principe qui permet de recontextualiser l’histoire à venir et livre des éléments intéressants sur le procédé d’écriture et parfois sur la personnalité de cet écrivain décidément hors norme.

Les sujets traités sont très variés. Une société où l’on peut faire revenir les morts (la nouvelle éponyme) avec une mère de famille qui revient mais qui n’est pas tout à fait la même. On suit ce retour via la voix de son jeune fils partagé entre joie, incompréhension et peur sur fond de dilemme moral et de questionnement éthique sur la recherche scientifique. La nouvelle est assez effroyable et m’a cueilli d’entrée. Dans Vanni Fucci est bien vivant et il vit en Enfer, un esprit revient des enfers mettre le souk sur le plateau d’une télévision évangélique. C’est dark et jouissif à la fois, on sent bien que Simmons a ces moralisateurs dans le nez. On enchaîne ensuite avec Passeport pour Vietnamland où des touristes peuvent s’immerger et même participer à la guerre du Vietnam. Très vite les frontières entre virtuel et réel se brouillent. Cette nouvelle dérangeante et âpre fait partie des meilleures du lot avec une tension de plus en plus palpable et un lecteur totalement conquis.

Deux minutes et quarante cinq secondes voit des hommes discuter dans un train des montagnes russes d’un projet top secret. Pour le coup, il s'agit à mes yeux de la nouvelle la plus faible de cet opuscule, j’ai été très vite perdu et je n’ai pas saisi la portée du texte. Heureusement, suit la terrible nouvelle Métastases où un fils nous raconte l’agonie et la mort de sa mère des suites d’un cancer. Il commence à avoir des visions d’étranges créatures qui rodent autour des malades. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? On nage ici en plein fantastique mâtiné d’une réflexion très profonde sur le deuil et la manière de le surmonter. Un grand crû ! Dans Douce nuit, sainte nuit, l’auteur nous sert un récit de noël post-apocalyptique bien saisissant avec la venue d’un prédicateur dans une communauté éloignée de tout. Le monstre n’est pas forcément celui auquel on pense, la fin est renversante, j’ai adoré.

Dans Mémoires privées de la pandémie des stigmates de Hoffer, Dan Simmons nous fait lire la lettre d’un père à son fils alors qu’une terrible épidémie a défiguré l’humanité selon les pêchés de chacun. L’amateur de David Cronenberg que je suis a été comblé avec un luxe de détails peu ragoûtants et une réflexion intéressante sur le Bien et le Mal. Là encore la fin renverse tout et laisse le lecteur pantois. Les fosses d’Iverson m’a beaucoup moins plu, ce voyage dans des souvenirs de la guerre de sécession m’est apparu brouillon dans sa construction et sans réel intérêt en terme de trame. Un coup dans l’eau pour le coup. Le conseiller lorgne lui dans le thriller hardboiled où un conseiller d’éducation se révèle être un ange exterminateur qui règle les problèmes familiaux de ses élèves avec la manière forte. Jouissif et un pur shoot d’adrénaline, Simmons excelle dans l'exercice. Dans La photo de classe, une professeur passionnée par son métier continue à faire classe malgré un apocalypse zombie. Dur dur d’enseigner à des créatures non mortes mais elle a de la suite dans les idées. Ma nouvelle préférée et un texte d’intro où je me suis pleinement retrouvé dans la définition que donne Simmons du métier, l’auteur lui-même rappelons-le a été enseignant dans sa jeunesse. Le récit alterne moments branques et pensées intimistes très touchantes, on passe par toutes les émotions.

Dans Mes copsa mica, un homme part sur les trace des Dracula dans les pays de l’est et c’est le prétexte pour livrer des réflexions sur la mort, la pollution, l’humanité et la planète. Un récit précurseur dans son genre bien que peu digeste. Pas complètement réussi mais pas complètement raté non plus... Enfin, À la recherche de Kelly Dahl clôture le recueil avec une histoire de quête très poétique et remplie d’émotion. Différente des autres textes, elle offre un récit touchant et enivrant à la fois.

Malgré deux faux pas, on passe donc un très agréable moment en compagnie de Dan Simmons qui maîtrise parfaitement le genre et offre des textes surprenants et prenants à la fois. L’écriture est toujours aussi subtile et se fait ici maligne avec des chutes que bien souvent on ne voit pas venir. Personnages ciselés, contextes et background parfois incroyables, on se laisse porter avec plaisir et l’on ressort heureux de cette lecture pas tout à fait comme les autres. Avis aux amateurs !

Lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
Ilium
Olympos
Terreur
L'Homme nu
Les Chiens de l'hiver
- L'épée de Darwin
- Revanche

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dimanche 5 juin 2022

"Le sens du vent" de Gilles Dienst

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L’histoire : Les vies ordinaires ont ceci d'extraordinaire qu’à tout moment elles peuvent le devenir.

Comment des personnages ni super-héros ni aventuriers peuvent-ils se retrouver, sans l'avoir prémédité, en train de ne pas oser, taire, mentir, tricher, voire plus ?

Avec une sobriété d’écriture revendiquée, Gilles Dienst raconte les moments qui vont les entraîner là où ils n’auraient pas imaginé aller.

On y rencontre Jérôme et ses cendres, Williams et sa fille, celui qui n’aime pas les barbecues, Vanessa et le chien, Evelyne la charcutière espagnole, Audrey l’amoureuse, et Jean-Luc sous une carcasse de bœuf.

Huit personnages sur la crête de la vague, cet instant très éphémère avant la bascule. Ça peut parfois mal finir...

La critique de Mr K : Un beau recueil de nouvelles à mon actif avec la chronique du jour : Le sens du vent de Gilles Dienst. Le dernier né des éditions Quadrature propose de croiser le destin de huit personnages à un moment clef de leur vie, un moment qui va les faire basculer et changer de trajectoire pour le meilleur ou pour le pire...

En peu de mots, l’auteur réussit à nous faire rentrer dans l’intimité de ses personnages. Que ce soit le protagoniste en lui-même ou la situation à laquelle il est confronté, la caractérisation est un modèle du genre. On se prend au jeu et l’on se demande bien où cela va nous mener, les chutes étant bien souvent surprenantes alternant logique et parfois sidération. On reste toujours dans le crédible, le réaliste, ces textes se révélant des miroirs fidèles à ce qu’une vie humaine peut réserver avec ses petits moments de lâcheté ou de lâcher prise qui peuvent bouleverser une vie.

Ces instantanés de vie sont disséqués avec finesse, l’auteur se concentrant sur des failles apparentes ou non qui finissent par exploser en plein visage et donnent à voir une humanité au bord du gouffre. Amour, amitié, travail, la famille, d’autres thèmes et différents sentiments forts et profonds sont évoqués et rappelleront à tous les lecteurs des choses vécues ou ressenties dans leur existence. Ces courts récits proposent donc une expérience de lecture fraîche et une source de réflexion bien souvent jubilatoire lorgnant parfois vers nos côtés sombres.

Pléthore de thématiques sont abordées avec toujours un sens de la formule, de l’à propos et un intérêt indéniable pour tous les destins livrés ici. Un homme qui n’arrive pas à trouver la force de répandre les cendres d’un parent disparu, un autre vit dans une autre réalité tant la souffrance liée à la perte d’un proche l’a définitivement abîmé (la superbe nouvelle "Finir autrement"), un homme qui déteste les barbecues se rend à une réception donnée par une vieille connaissance contre qui il n’a que rancune et envie, la quête de l’âme sœur sur les réseaux de rencontre et les déceptions qu’elle peut engendrer, la rencontre improbable entre deux êtres et l’étrange alchimie qui peut naître entre elles, une histoire d’amour qui finit en passion destructrice, une autre rencontre qui transfigure l’un des protagonistes quitte à le faire aller loin dans ses mensonges... autant de récits courts et incisifs, efficaces et très plaisants à lire.

Aucune nouvelle n’est vraiment au dessus ou en dessous du lot, tout est parfaitement équilibré avec une maîtrise du récit impeccable et une langue qui touche en plein cœur, multipliant les émotions et proposant une lecture enthousiasmante. Un très bon recueil de nouvelles donc, qui ravira les amateurs.

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mercredi 11 mai 2022

"Scarlett et Novak" d'Alain Damasio

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L’histoire : Novak court. Il est poursuivi et fuit pour sauver sa peau. Heureusement, il a Scarlett avec lui. Scarlett, l’intelligence artificielle de son brightphone. Celle qui connaît toute sa vie, tous ses secrets, qui le guide dans la ville, collecte chaque donnée, chaque information qui le concerne. Celle qui répond autant à ses demandes qu’aux battements de son cœur. Scarlett seule peut le mettre en sécurité. A moins que... Et si c’était elle, précisément, que pourchassaient ses deux assaillants ?

La critique de Mr K : Une nouvelle d’anticipation pour faire prendre conscience de certaines choses à nos jeunes zombies qui peuplent les couloirs de nos établissements scolaires ? Tel est le pari d’Alain Damasio avec Scarlett et Novak, très courte nouvelle qui aborde finement le sujet de l’addiction au numérique et notamment au portable. La lecture est rapide et efficace, il lui manque cependant, je trouve, un supplément d’âme pour qu’elle rentre dans le panthéon des ouvrages jeunesse incontournables.

Amateur de jogging, Novak court tous les jours. Il suit ses progrès quotidiennement grâce à son brightphone et Scarlett son IA personnelle qui l’encourage, le renseigne, l’oriente dans tous les domaines de son quotidien via une conduction osseuse. On n’arrête pas le progrès, plus besoin d’écouteurs ! L’histoire débute sur une course poursuite, Novak est suivi par deux individus. Le jeune homme compte sur son IA pour l’aider à se tirer de ce mauvais pas mais sans succès, la vie a aussi ses lois physiques. Dépouillé de son brightphone, de tout ce qui fait son identité, comment va réagir Novak ?

L’ouvrage se lit en vingt minutes maximum, autant vous dire que le texte est court et se doit d’être incisif. C’est une belle réussite à ce niveau là, le niveau d’intensité ne baisse jamais, on est littéralement pris par l’histoire et on ne peut fermer l’ouvrage qu’arrivé à la fin. Damasio maîtrise très bien le genre de la nouvelle, lui l’écrivain aux pavés sait aussi rentrer dans la caractérisation par l’économie de mots et Novak est "saisi" avec simplicité et profondeur. Il est la prolongation de notre jeunesse actuelle qui passe tellement de temps devant les écrans, visitant le monde à travers eux, se créant des amitiés, des réseaux qui forgent leur identité. C’est flippant mais c’est ainsi. Dans l’époque légèrement futuriste que nous propose Damasio, on passe systématiquement par son brightphone pour tout et n’importe quoi, on vit notre existence à travers lui. Tout cela nous est révélé par petites touches, des détails anodins de prime abord mais qui s’accumulant les uns aux autres donnent une vision inquiétante du futur.

Quid de l’humanité, de son empathie envers les autres, envers notre planète ? Il ne semble pas en rester grand-chose et le dernier acte livrera bien des vérités à un Novak changé pour longtemps. L’auteur rajoute en postface un poème type slam ("Une vie à caresser une vitre") qui assène des vérités terribles sur l’évolution de notre espèce, notre addiction au numérique accentuant notre nombrilisme, narcissisme larvé, l’individualisme, le culte de l’apparence et l’apathie. Le changement se sent déjà depuis quelques années avec mes promotions successives de 3PM, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur, une prise de conscience de tous me semble essentielle. Ce livre y contribuera à sa manière.

Je reste cependant mesuré dans mon enthousiasme car tout Dalmasio qu’il soit, l’auteur ne fait pas franchement preuve d’originalité. Au final, on n’est jamais surpris, tout est cousu de fil blanc et certains passages m’ont paru un peu moralisateur. Or, on sait comment réagi un rétif face à une leçon de ce type, il fait le contraire ou du moins s’y oppose. Bon, je ne boude pas pour autant mon plaisir, l’ouvrage est frais, bien fichu et reste important à faire partager. Je serai curieux d’avoir vos propres retours d’expériences.

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lundi 9 mai 2022

"Le Septième homme et autres récits" de Haruki Murakami, Jean-Christophe Deveney et PMGL

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L’histoire : Les histoires de Murakami ont une saveur unique, que ses millions de lecteurs dans le monde reconnaissent instantanément... entre réalisme social et romantisme fantastique, dans les interstices du Japon contemporain. Un crapaud géant décide de sauver Tokyo d'un tremblement de terre avec l'aide d'un banal salaryman, une jeune serveuse de vingt ans peut exaucer un seul et unique vœu...

La critique de Mr K : Chronique d’un très beau cadeau d’anniversaire de l’ami Franck aujourd’hui avec Le Septième homme et autres récits de Haruki Murakami, Jean Christophe Deveney et PMGL. Je suis un grand amateur de cet écrivain japonais dont j’ai lu et adoré une bonne partie de la bibliographie. J’aime son écriture poétique, son évocation douce et profonde de l’existence humaine, sa culture musicale et filmographique ainsi que son côté "barré" mêlant quotidien et éléments fantastiques. Vous comprenez donc ma légère appréhension à l’idée de le découvrir adapté en BD. C’est un peu la mode en ce moment et je ne suis pas forcément un amateur du procédé... Finalement, cet ouvrage ne m’a pas déçu bien au contraire ! Il m’a beaucoup plu et j’ai trouvé textes et dessins en complète adéquation.

Jean-Christophe Deveney et PMGL s’attaquent donc dans ce recueil à neuf nouvelles du maître dont une bonne moitié que je connaissais déjà via ma lecture des œuvres originelles. Je ne reviendrai pas sur le résumé de chacune, vous vous ferez votre idée en feuilletant l’ouvrage. Sachez qu’on retrouve toutes les obsessions et thématiques chères à l’auteur avec le don d’ubiquité, les perceptions mouvantes et évolutives de chacun et du moment de la journée, les habitudes ancrées qui rythment le quotidien et qui une fois modifiées bouleversent l’existence irrémédiablement, la force des rêves et des espérances qui peuvent faire basculer une vie, brouillent les limites entre le rêve et la vie bien réelle que nous passons sur Terre.

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L’onirisme est donc de mise, la mise en abîme, l’exploration des tenants et aboutissants d’une existence humaine à travers des portraits finalement très réalistes (à part l’histoire du crapaud géant qui est un peu hors norme) avec des protagonistes crédibles, souvent proches de nous, auxquels on peut s’identifier. Rien ne nous est épargné en terme de condition humaine dans ses joies et ses peines, cette quête de soi et de sa place dans la société. Ce sont des vies saisies au vol qui virent souvent à l’étrange, à l’irrationnel voire au fantastique / au fantasme sur un ou deux récits qui mettent à mal les éléments communément acceptés de tous. On s’attache très fortement à ces personnages qui se révèlent complexes, jamais d’une seule teinte. Il y a de la beauté et de la laideur chez chacun d’entre eux et cela leur donne une densité, un charisme de tous les instants. On s’interroge sur l’âme humaine, ses aspirations mais on se laisse prendre, emporter par la langue, le graphisme et l’univers si particulier d’un auteur qui trouve un bon prolongement dans ce volume.

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Les choix esthétiques divisent la toile, j’ai tout lu sur les dessins et les couleurs. C’est sûr qu’au premier abord, ce ne sont pas les belles planches de BD que j’ai pu lire. C’est sombre, parfois géométrique (en tout cas très anguleux), assez brut. Mais au fil de la lecture, on se rend compte que cela convient parfaitement au dessein poursuivi par les auteurs : dessiner du Murakami tout en respectant son univers et sa poésie. L’étrangeté des traits et de la technique employée traduit merveilleusement bien l’esprit Murakami, les chemins de traverses, les tromperies sensuelles, les corps déglingués ou du moins sujets au temps qui passe et les surprises nombreuses que nous réservent ces récits hypnotiques et existentiels.

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Cet ouvrage présente donc de très belles adaptations de nouvelles de Murakami. Le défi était de taille mais la singularité et la poésie du maître sont très bien retranscrites. Les amateurs ne doivent pas passer à côté, on est transporté et littéralement envoûté. On en redemanderait presque.

mercredi 23 mars 2022

"Le père que tu n'auras pas" de Luc Leens

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L’histoire : Des nouvelles écrites à hauteur d’hommes et de femmes. Une langue qui coule de source et emporte le lecteur. Douze récits où se mêlent émotion, humour et poésie. Des personnages qui, comme nous tous, ont appris en autodidactes à être parents, enfants, époux ou simplement eux-mêmes.

La critique de Mr K : Nouveau recueil de nouvelles contemporaines paru aux éditions Quadrature au programme de la chronique du jour et encore une belle expérience de lecture pour ma pomme avec Le père que tu n’auras pas de Luc Leens, un auteur belge fort talentueux qui évoque avec finesse et une écriture enlevée les drames et les joies qui peuvent émailler une vie humaine. Lu en un temps record, ces textes aussi divers que variés procurent un plaisir de lecture de tous les instants.

On croise des hommes et des femmes qui livrent ici encore des moments clefs de leurs existences, révélant des secrets de famille et des événements personnels qui ont pu faire basculer leur vie. Un premier amour qui a marqué irrémédiablement un parfumeur inspiré, un sommelier qui va découvrir l’identité du père qu’il n’a jamais connu, le quotidien machiste d’une jeune plombière qui va déboucher sur un acte terrible, un homme retranché chez lui pour faire face à un virus mystérieux, une femme d’un certain âge qui veut faire connaissance avec sa vieille voisine, la découverte d’une bague dans la machine à coudre d’une femme récemment décédée, le passé traumatisant d’une femme ayant séjourné en internat religieux, un enterrement qui va réveiller les souvenirs, une grand-mère qui fait connaissance avec sa petite fille sur le tard et lever le voile sur le passé... et d’autres personnages encore qui se révèlent tous attachants à leur manière.

Luc Leens est un très bon nouvelliste. Il a cette science aiguë de la caractérisation courte et dense à la fois. En quelques mots, paragraphes, il nous emmène à entrer de plein pied dans le quotidien et les pensées de gens à priori ordinaires qui vont se retrouver confrontés à des vérités parfois insoupçonnables. C’est rudement bien maîtrisé avec son lot de surprises et des émotions à fleur de mots qui touchent très souvent juste et fort. On se prend parfois à s’y reconnaître ou à penser à des moments vus, éprouvés et assimilés depuis longtemps. Comme le dit si bien Armel Job dans sa préface, la vie peut parfois se résumer à un assemblage de nouvelles, de fragments de vie pas forcément liés entre eux, sans logique apparente comme c’est souvent le cas dans le roman. L’auteur en fait ici la parfaite illustration avec talent et une profonde humanité.

Dès lors, cette lecture emporte le lecteur, le transporte dans ces vies qui emmènent évasion, réflexion et empathie saisissante. Un très bon recueil que je ne peux que conseiller à tous les amateurs du genre.

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mercredi 12 janvier 2022

"Même pas mal" de Brice Gautier

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L’histoire : Un mari toxique, une grossesse non désirée, l’amour qui s’en va, la perte d’êtres chers, un corps malade qui n’obéit plus, chaque personnage de ce recueil doit faire face à la souffrance. Certains l’apprivoiseront comme un animal sauvage, d’autres la retourneront à leur avantage, tous parviendront d’une manière ou d’une autre à l’empêcher d’envahir leur existence.

La critique de Mr K : Chronique de ma dernière lecture de nouvelles en 2021 avec un autre recueil de chez Quadrature, Même pas mal de Brice Gautier. Douze textes, pour douze destins liés à la notion de souffrance qu’elle soit physique et mentale. Malgré un fil directeur qui n’inspire pas la joie, cette lecture est loin d’être plombante. Au contraire, elle recèle beaucoup de morceaux d’espoir et se révèle être source d’émotions multiples.

Les protagonistes de chacune des nouvelles ont donc en commun que la vie ne leur fait pas de cadeaux, qu’à un moment donné ou sur le long terme, l’existence s’est révélée être une garce et qu’il a fallu qu’ils composent avec. Le champ couvert est immense et aborde nombre de difficultés que chacun d’entre nous peut ou pourra rencontrer lui-même : le deuil d’un proche, le divorce et la nécessité de s’en remettre par quelque moyen que ce soit, la tromperie et le jeu de dupe qui peut en découler, le handicap et le changement de perception, des vérités anciennes qui ressurgissent et bouleversent le présent et les certitudes établies, la maladie qui corrompt le corps et l’esprit, les violences conjugales et leur impact psychologique, le désir d’enfant et ses contradictions ou encore le machisme ambiant qui castre un homme plus sensible que ce que les codes sociaux conçoivent.

Chacune de ces nouvelles est un enchantement, une évocation fine et juste de l’humanité dans sa fragilité, sa souffrance mais aussi ses capacités à rebondir, à se créer une parenthèse dorée lorsque le quotidien peut devenir insupportable. L’auteur excelle à détourner les attendus du lecteur qui s’imagine bien des choses, semble suivre des pistes toutes tracées mais nous nous trompons à chaque hypothèse car Brice Gautier déborde d’imagination et propose des chutes surprenantes à souhait. À noter que l’auteur a un don certain dans la caractérisation des personnages, notamment des femmes, ce qui donne lieu à de magnifiques portraits de personnes en déroute ou déboussolées mais qui à chaque fois réussiront à s’en sortir d’une façon ou d’une autre. Et pas toujours de façon très académique ou morale...

L’écriture subtile et exigeante reste accessible à chaque texte, propose des vies décrites avec sensibilité, délicatesse mais avec parfois un soupçon de dérision, d’humour qui relève l’ensemble. On prend donc un grand plaisir dans cette lecture qui propose à la fois des histoires d’une banalité confondante mais à la teneur profonde qui éclairent nos vies et nos possibles réactions. Un recueil à ne pas louper si vous êtes amateur du genre.

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mercredi 24 novembre 2021

"Les Quatre vents du désir" d'Ursula Le Guin

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L’histoire:
— Mary Ann, combien avez-vous eu au dernier test ?
Drôle de question en pleine réunion du Gouvernement Mondial !
— 12, répondis-je.
— Merveilleux ! Deux points de moins ! Un jour, nous aurons des gens aptes à détenir le pouvoir. Des gens qui vaudront zéro.
— Mais, professeur, vous n'avez jamais fait moins de 3 !
Il me regarda sans me voir.
— Le traitement sera amélioré, dit-il. Un jour, personne n'aura plus un Ql supérieur à 50.
Je me mis à rire. C'est alors qu'il franchit le bureau d'un bond et tenta de me mordre à la veine jugulaire.
Il y a six mois de cela et je vais lui rendre visite chaque samedi. Dès qu'il me voit, il se met à hurler. Ce n'est pas grave : le traitement sera perfectionné et nous le guérirons. En attendant, je dirige le Gouvernement Mondial toute seule. J'y arrive bien.

La critique de Mr K : Courte chronique d’une grosse déception aujourd’hui avec ce recueil d’Ursula le Guin: Les Quatre vents du désir. Et pourtant, j’aime le genre de la nouvelle, l’auteur et la transfiction. Mais voila, parfois ça veut vraiment pas et c’est très difficile à expliquer... Dommage car à la base, j’étudie en cours la nouvelle contenue dans ce volume, Le Récit de sa femme, depuis que je suis devenu enseignant, un texte malicieux qui a le très grand avantage de prendre à rebrousse poil mes jeunes élèves. Malheureusement, le charme n’a pas opéré avec beaucoup d’autres textes de ce recueil.

Conçu comme une gigantesque rose des vents construite en de multiples chapitres, ce livre est constitué de textes qui se révèlent très différents les uns des autres, l’auteure passant allégrement du fantastique à la SF le tout parfois avec un ton humoristique, cynique et bien souvent un phrasé poétique. L’ensemble est donc varié, parfaitement chaotique et délirant parfois. Il y est question entre autres de destinées multiples, du temps, d’intelligence au sens propre et figuré, de langage, d’assise du pouvoir sur les masses.

On est bien loin de sa saga Terremer qui m’avait captivée, je dois avouer qu’Ursula Le Guin m’a perdu avec ce recueil bien trop ésotérique pour moi. Peut-être aussi n’était-ce pas le moment de le lire? J’avoue ne pas avoir compris la moitié de ce que j’ai pu lire, de n’avoir pas eu la moindre empathie pour les êtres et personnages présentés. Quant à la prose de l’auteure bien que poétique et riche, elle ne m’a pas happé comme lors de mes précédentes lecture de Le Guin.

Alors, c’est vrai. Certains textes amènent à des réflexions profondes, donnent à faire réfléchir mais le plaisir de lire n’a jamais été vraiment présent pour moi. Chacun y trouvera son compte ou pas... Pour ma part, ça a été un coup dans l’eau...

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jeudi 18 novembre 2021

"Grenailles errantes" de Bruno Marée

grenailles errantes

L’histoire : Elles sont bringuebalées par les hasards de la vie, par des rencontres improbables, par des doutes salutaires, par le souffle d’un vent inattendu, redouté ou inespéré. Elles roulent sur leur chemin, se bousculent parfois, s’incrustent ou s’envolent ou se perdent dans les fossés des bas-côtés. Elles s’agitent souvent et laissent apparaître leurs hésitations, leurs forces et leurs faiblesses. Un jour ou l’autre, nous sommes tous des "grenailles errantes"...

La critique de Mr K : Des nouvelles en veux-tu ? En voila ! Paru chez Quadrature à l’occasion de la rentrée littéraire, Grenailles errantes de Bruno Marée est un petit bijou du genre. Ce recueil conjugue de nombreuses qualités qui le place haut la main en tête de liste de mes lectures de nouvelles de l’année. Douze nouvelles comme autant de récits percutants, émouvants et révélateurs de l’humain dans sa diversité et ses points communs. Suivez le guide !

Une salle d’attente par temps orageux où se joue un théâtre d’ombre d’impatiences exacerbées, une femme qui s'offre une échappée belle loin de son quotidien morne, la théorie et l’exemple autour de la notion de souvenir, un vieux qui sort sans autorisation de son logement et ressasse ses récriminations, une femme qui se réfugie dans la nature quand elle n’en peut plus et qui va sauver quelqu’un d’une mort terrible, une femme rebelle partie acheter des chocolats au supermarché et qui s’y retrouve coincée pour la nuit, les souvenirs d’expéditions de montagne d’un alpiniste qui se rappelle de la personnalité hors du commun du premier de cordée, une partie de pêche qui tourne mal (mais alors vraiment mal), un couple de pharmaciens à la retraite qui s’achète la maison de campagne de leurs rêves, un magasin de souvenirs tenu par deux vieilles filles qui va accueillir un charmant nouveau vendeur, une infirmière saboteuse qui lutte pour la survie de la forêt ou encore le journal quotidien d’un gardien de musée qui observe ses contemporains... voila les différents sujets abordés dans des récits courts et incisifs dont aucun ne se révèle commun ou inférieur aux autres.

Je découvrais Bruno Marée avec cette lecture et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut une vraie révélation. Son style est vraiment à part, mélangeant finesse et saillies bien fun, mêlant ironie, auto-dérision et parfois passages plus poétiques. Impossible de lâcher sa lecture tant on est pris par ce style qui magnifie les histoires qui nous sont proposées. Celles-ci sont drôlement bien troussées avec des personnages croqués avec justesse et des destins tortueux qui bien souvent nous parlent. Dans les choix qui s’opèrent, les questionnements et incertitudes évoquées, Bruno Marée nous parle à cœur ouvert de ce qui fait une vie humaine. J’ai adoré cet écho qui a résonné plus d’une fois en moi et qui m'a touché. J’ai rarement été aussi ému avec certains textes que je me permettrai de partager avec mes jeunes pousses dans le cadre de lectures à voix haute voire d’études plus littéraires tant ils pourraient se révéler éclairants et inspirants pour développer l'empathie et l'ouverture.

Grenailles errantes est donc un excellent recueil de nouvelles contemporaines avec une écriture ciselée et pleine de facétie que j’ai pu lire et que je vous conseille très fortement. Les amateurs ne doivent pas passer à côté !