"Showman killer" de Jorodowsky et Fructus
L’histoire : Mercenaire de l'espace, le Showman est un super-assassin né de l'imagination démoniaque d'un généticien. Dénué de toute émotion, formé à l'art des combats, il a été conçu pour tuer et seul l'or ou les joies simples propres à la mécanique de destruction lui procurent du plaisir. Pourtant, le destin de l'implacable Showman prend une nouvelle tournure quand il croise, lors d'une mission, la fascinante Ibis...
La critique de Mr K : Très bon et beau triptyque de bande dessinée SF prêté une fois de plus par l’ami Franck avec les trois tomes de Showman killer de Jodorowsky et Fructus. Space opera dantesque qui s’inscrit je trouve dans la lignées de La Caste des Métabarons et des Technopères que j’avais dévoré. Un empire en pleine déréliction, une menace venue d’un autre monde, un antihéros apathique qui ne pense qu’au fric sont au programme d’une œuvre qui dépote, régale les rétines et scénarisée de main de maître par un Jodorowsky une fois de plus en pleine forme.
Showman killer est une création ex nihilo d’un généticien fou qui cherche à obtenir l’assassin parfait, à savoir un être doué de pouvoirs uniques sans aucune once de conscience. On se garde bien de toute morale élémentaire dans ce type de quête et la naissance, puis l’apprentissage de Showman killer est terrible dans son genre. Très vite, la créature va se retourner contre son créateur et se mettre à son compte. Seul l’argent l’intéresse, dorénavant il se vendra au plus offrant. En parallèle, on suit l’omnimonarque, empereur d’un empire galactique puissant qui est tombé dans une sinistrose totale suite à la perte de sa femme qu’il aimait plus que tout. Il confie les rênes à une intrigante aux pouvoirs défiant toute imagination et qui poursuit d’obscurs desseins : la supra-hiérophante.
Tout cela passe bien au dessus de notre héros qui se contente d’amasser richesses sur richesses. Tout va changer quand une femme fascinante lui apparaît et va finir par lui confier un bambin que tout le monde recherche, à commencer par la régente démoniaque. Commence alors une profonde mutation chez Showman killer, lui qui est imperméable aux sentiments voit son armure se fendre, il n’agit plus seulement pour lui et prend conscience qu’il est bien davantage qu’un tueur sans âme. On s’oriente alors vers un affrontement titanesque qui livrera ses conclusions dans un dernier tome fulgurant.
Dès les premières planches, on est scotché par la beauté des dessins qui s’inscrivent dans la grande famille des dessinateurs cultes que sont Druillet, Caza et Moebius. Fourmillant de détails, colorés, animés, explosant les codes et les cases traditionnelles, on en prend plein les mirettes et l'ensemble donne à voir un univers gigantesque, bariolé, varié où technologie futuriste côtoie mysticisme et puissances spirituelles puissantes. Ça part loin dans le délire, on plane littéralement et l’on est vraiment transporté ailleurs sans que l’on puisse vraiment s’échapper.
On retrouve les questionnements de Jodorowsky sur le pouvoir et ses errances, la famille et ses déviances (on va très loin parfois ici), la religion et les croyances, la confrontation des cultures. En soi, ce n’est pas novateur si on le pratique déjà depuis un petit bout de temps mais c’est efficace, très bien huilé et le background est vraiment fouillé et cohérent. On voyage beaucoup de monde en monde, on alterne espace sidéral et mondes inconnus totalement dépaysants avec leurs propres règles et lois physiques. Génial !
La trame bien que classique est passionnante et les personnages charismatiques. À commencer par la supra-hiérophante qui est vraiment effrayante, machiavélique et en roue libre quand elle sent que les choses lui échappent. On croise aussi des créatures étranges, des dieux et déesses oubliés et à l’origine de tout un curieux personnage auquel au départ on donnerait le bon dieu sans confession. Le personnage principal gagne en épaisseur et lui qui m’indifférait quelque peu prend de l’ampleur et devient intéressant. Son second est quand à lui excellent de drôlerie, le parfait fait-valoir qui montrera une utilité des plus appréciables à certains moments clefs de l’aventure.
Univers foisonnant, explorations de l’immensité sidérale et du soi dans des moments psychédéliques, lutte de pouvoir intense, actes immoraux et grands quêtes initiatiques font de cette BD une pure expérience qui laisse bouche bée. Les amateurs ne doivent pas passer à côté !
"L'holocauste" de James Gunn
L’histoire : Mort aux savants ! L'appel à une vengeance sanglante s'éleva dans le monde entier Les peuples avaient été soumis trop longtemps au pouvoir de la science. Maintenant ils exigeaient leur liberté, même au prix de la barbarie... même s'il leur fallait tuer tout homme dont le savoir menaçait leur ignorance. Hier John Wilson était un grand savant admiré... maintenant c'était un hors-la-loi, un fugitif, un homme traqué. Son intelligence était le signe ineffaçable de sa culpabilité et son unique et fragile chance de survie.
La critique de Mr K : De la SF vintage au programme de la chronique du jour au Capharnaüm éclairé. L’holocauste de James Gunn nous propose un récit en trois parties bien distinctes, chacune d’ailleurs publiée à part à l’époque (1956, 1969 et 1972 pour être précis), et une vision apocalyptique d’un futur où la science est accusée de tous les maux et où l’on chasse les scientifiques ! Édifiant et prenant, on est ici en présence d'un livre proposant une véritable vision et réflexion sur l’être humain, son rapport à la science et la foi.
John Wilson n’avait pas vu les choses venir. Un soir, en rentrant de chez des amis, il voit un incendie gigantesque qui consume l’université où il travaille. La foule s’est retournée contre les savants leur reprochant tous leurs écarts et surtout les tenant pour responsables de toutes leurs difficultés notamment sociales et économiques. Notre héros n’a pas le choix, il doit s’enfuir, le voila devenu un fugitif recherché qui va devoir traverser le pays pour trouver une échappatoire... C’est un cours résumé de la première partie car la deuxième change d’angle de vue avec un quasi huis clos angoissant et une troisième partie qui semble en bonne partie déconnectée totalement de John Wilson. Le lien finira par se faire dans un final de toute beauté.
La dystopie est des plus flippantes, le roman est court (256 pages seulement) mais il réussit à planter un background complet et bien ficelé. Logique de développement, division de la société, mise en place d’un nouveau régime, autoritarisme larvé puis totalement assumé, surveillance et politique raciste dans le sens où elle écarte toute une catégorie d’individus... autant de thématiques abordées de manière claire, ludique (si si malgré un fond des plus sombres) et éclairante bien des fois. Chacun y retrouvera des allusions à des périodes charnières de notre Histoire commune. J’y ai pour ma part vu une belle parabole sur le Maccarthysme qui a sévi aux USA dans les années 50.
Le héros est brinquebalé pendant tout le roman. Perdu, décalé dans ce monde en pleine déréliction mais très intelligent et réfléchi, il doit survivre puis se défendre lors d’un procès. Face à la haine la plus crasse, le ressentiment aveugle de ses congénères, il va devoir ruser, argumenter et prouver son innocence. Ces passages sont assez jouissifs et donnent à lire de beaux raisonnements philosophiques sur la science, ses objectifs, sa méthode mais aussi ses limites et son manque d’humanité parfois. Lien avec la religion, la foi du scientifique est mise à l’épreuve face aux rouages de la machine répressive et les exactions dont il est victime. Bien que classique dans sa caractérisation, le personnage m’a plu et livre de belles saillies qui font mouche.
L’ouvrage se lit tout seul. Il est un peu daté c’est vrai dans le style mais il est très immersif, évoque des problèmes cruciaux dans le développement humain et propose une trame bien plus riche qu’elle n’y paraît de prime abord. Les amoureux de SF peuvent y aller, c’est une petite perle dans son genre.
"Du domaine des Murmures" de Carole Martinez
L’histoire : En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
La critique de Mr K : En 2016, je découvrais Carole Martinez avec le fantastique Le Cœur cousu, un ouvrage qui m’avait marqué à la lecture et qui m’encourageait à poursuivre ma découverte de l’auteure. Mais voila, le temps a passé... Elle s’est rappelée à moi lors de la découverte Du domaine des Murmures dans une boîte à livres dans notre coin, un ouvrage qui m’avait en plus été fortement recommandé par la documentaliste de mon établissement. Une fois de plus, ce fut une expérience incroyable avec au bout un plaisir de lire absolu et des souvenirs plein la tête.
Esclarmonde, fille de noble, a 17 ans et va se marier. Comme il est de coutume à l’époque, on se marie par intérêt dans les hautes sphères de la société, il faut forger ou consolider des alliances, on court la dot et l’on réfrène ses sentiments. C’est mal connaître notre héroïne qui plante tout le monde le jour J et décide de se consacrer à Dieu et se fait emmurer à la chapelle du château ! À travers ses yeux, nous suivons sa situation mais aussi celle des familiers de la maisonnée quitte à faire des milliers de kilomètres grâce aux témoignages et messages que reçoit l’héroïne devenue Sainte par son choix et qui reçoit nombre de pèlerins. Mais être emmurée ne veut pas forcément dire qu’elle est totalement coupée du monde et elle n’est pas au bout de ses surprises et de ses épreuves...
Se déroulant au Moyen-Age, ma période préférée en Histoire, la reconstitution est parfaite. On est vraiment immergé dans ce monde bercé par la religion et les croyances païennes. On ne rigole pas avec la foi et les commandements en ce temps-là mais on est aussi très précautionneux envers les intersignes, ces manifestations naturelles (ou non ?) qui font partie du quotidien à une époque où la science n’existe quasiment pas. Il est donc souvent fait référence aux pêchés, aux vertus, à la foi qui transporte des montagnes, à des fantômes ou autres esprits qui peuvent venir troubler vos nuits... L’aspect spirituel de la destinée d’Esclarmonde est très bien construit et fait écho à son époque, lui donnant une grâce dans l’abnégation, une aura saisissante.
Le personnage d’Esclarmonde est passionnant. La jeune fille de 17 ans, par son choix, va opérer un virage à 180 degrés dans une existence qui était jusque là balisée. En rupture avec sa famille et le monde, elle va se réinventer, se muter en femme forte, en sainte dans sa prison de briques où il lui arrive bien des choses (aucun spoiler mais c’est dur) et le vent des rumeurs et des colporteurs lui permettent de témoigner de l’évolution du domaine mais aussi le devenir de personnages pourtant partis bien loin faire croisade pour récupérer la ville sainte de Jérusalem. Bien que non actrice des faits relatés, sa voix porte et apporte renseignements, une peinture fort réussie de ce Moyen-Age souvent fantasmé à outrance. Esclarmonde apparaît alors comme une figure féministe à sa manière, une résistante mais aussi une personne fragile au destin brisé.
Les émotions se multiplient donc dans le crâne du lecteur surtout que malgré sa réclusion, elle continue d’entretenir des relations avec certaines personnes qui viennent la visiter : son fiancé transi d’amour devenu poète émérite, les servantes de la famille qui lui restent fidèles, le chanoine du domaine ou encore les centaines de personnes qui viennent lui demander son aide. Mais il y a aussi les petites trahisons, les tensions sous-jacentes et des révélations qui peuvent changer la donne, l’ouvrage prend alors une direction plus dramatique qu’elle ne l’est déjà.
Comme pour Le Cœur cousu, cet ouvrage se lit d’une traite avec passion et addiction. La langue poétique à souhait, accessible, souple, évocatrice, procure un plaisir de lecture immédiat et durable. Le voyage est total, prenant et absolument grandiose. On arrive au mot fin avec délectation et une once de déception tant on aurait voulu que l’expérience perdure. Un grand roman pour une grande écrivaine. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !
"J'ai tué le Soleil" de Winshluss
L‘histoire : Avec pour unique bagage un sac à dos et un fusil à la main, un homme marche en quête de nourriture. Il tente de survivre jour après jour dans une nature belle mais sauvage. Et il s'en sort plutôt bien, quand il n'est pas surpris par un ours ou par une meute de chiens errants. Calme, il paraît pourtant seul au monde. Qui est-il ? Pourquoi son regard vrille-t-il d'un coup lorsqu'il découvre une empreinte de chaussure dans la neige ?
La critique de Mr K : Un bonne bande-dessinée post apocalyptique au programme de la chronique du jour au Capharnaüm éclairé avec J’ai tué le soleil de Winshluss, un auteur que l’on apprécie à la maison notamment avec le très punk In god we trust, une revisite hilarante de la Bible ni plus ni moins !
Le démarrage est très classique. On suit un homme seul, barbu dans un monde où il n’y a plus personne. Le danger est cependant partout notamment des hordes de chiens errants affamés. Errant au gré de ses besoins, il visite maisons abandonnées et autres petites villages pour y trouver de quoi subvenir à ses besoins. C’est le règne du silence, l’humanité résumé à sa plus simple expression face à une nature désormais libérée de l’empreinte de nos civilisations et qui commence à reprendre ses droits. La "rencontre" avec l’ours à ce propos est assez savoureuse ! Volontiers contemplative, cette première partie s’attache à suivre Karl dans son quotidien survivaliste et il y a peu à lire sauf les jurons du héros face aux difficultés et un méga flippe face à une meute de chiens.
Puis, on vire dans une autre ambiance. Il finit par croiser des humains patibulaires qui veulent exécuter un homme, l’altercation est furieuse et notre héros sauve le membre d’une communauté qui vit en marge. Cet accès de fureur, ces réflexes guerriers interrogent le lecteur, les réponses vont venir durant le séjour qui débute pour Karl avec des flashback qui éclairent son passé et donne à voir un tout autre visage à cet homme qui semblait simplement bourru jusque là. Les révélations pleuvent et notre antihéros surprend et effraie à la fois...
Deux parties, deux climax traités avec finesse avec le trait si particulier d’un dessinateur qui semble s’être s'éclater dans sa proposition. Noir et blanc cendré, longues planches descriptives et irruption momentanée et fulgurante d’actions souvent bien thrash, le monde d’après fait peur et l’immersion est totale. L’avenir est ici très noir, l’espoir bien mince et l’on explore les instincts primaires de l’homme comme jamais même si par moment une pause apparaît, une lueur dans la nuit mais pas pour longtemps.
L’ouvrage se lit tout seul, malheureusement trop rapidement (seulement 20 minutes pour moi), presque un goût de trop peu alors que l’ouvrage se compose tout de même de 148 pages. Plus qu’une BD post-apocalyptique de plus, J’ai tué le soleil présente une étude de personnage fouillée et complexe, un pur bonheur qui montre bien qu’on peut aborder un genre très codifié tout en respectant ses lecteurs, en leur proposant une vraie réflexion sur notre espèce. Du caviar à consommer sans modération !
"Riches, cruels et fardés" d'Hervé Claude
L’histoire : Luxe, sable et volupté... A la limite de la jungle australienne, face à la Barrière de corail et à des centaines de kilomètres de la première ville, se trouve un hôtel quatre étoiles... Un lieu pour touristes fortunés triés sur le volet, qui savent ce qu'ils viennent chercher et qui veulent la paix. L'isolement pourtant, privilège ultime des riches, peut devenir l'enfer. Un ouragan se déchaîne et les voilà coupés du monde. Les comportements changent. Des crocodiles sortent de l'eau devenue boue. La pluie tombe comme les arbres et un premier cadavre est découvert. Il n'en faut pas plus pour que les solidarités se lézardent. Personne, finalement, ne connaît son voisin... Personne ne sait s'il pourra s'en sortir ni qui sera la prochaine victime...
La critique de Mr K : J’ai dégoté cet ouvrage lors d’un chinage, la quatrième de couverture m’a bien plu et le nom de l’auteur me disait quelque chose sans que je puisse vraiment remettre une tête, une situation sur le patronyme Claude Hervé. C’est plus tard, en le googlisant que l’évidence se fit. Hervé Claude est un ancien journaliste de France Télévision puis d'Arte qui a notamment présenté le journal télévisé. Quelle reconversion ! Dans Riches, cruels et fardés, il nous offre un thriller se déroulant à l’autre bout du monde, dans un resort reculé où se retrouvent des membres éminents de la communauté gay et où va se dérouler un véritable jeu de massacre sous les auspices d’une terrible tempête qui sévit...
Au fil de la lecture, on suit le point de vue de différents protagonistes qui participent de près ou de loin aux événements. Il y a tout d’abord Ashe, un inspecteur flegmatique bossant pour des assurances et que l’on retrouve à plusieurs reprises. D’autres chapitres montrent l’action à travers les yeux de touristes venus se détendre et/ou connaître le grand frisson dans un resort au bord de la mer en Australie, près de la grande barrière de corail. L’ambiance est plutôt paisible, on est loin des grands rassemblements festifs propres à cette communauté parfois haute en couleur. Il y a beaucoup de couples plus ou moins en bon état, les dîners sont calmes. Cependant des tensions apparaissent notamment entre le patron et certains employés. Rien pourtant qui préfigure ce qui va suivre...
L’ouvrage démarre donc lentement, l’auteur se plaisant à s’attarder sur chacun pour bien caractériser leur situation, leur caractère. Je dois avouer qu’il faut être patient, rien de phénoménal ne se déroule sur les cent premières pages. Certes les personnages intriguent mais on se demande bien où cela va nous conduire. Puis c’est une disparition et un premier cadavre retrouvé sur la plage et les éléments qui commencent à se déchaîner. Les tensions entraperçues vont alors prendre de l’ampleur, des liens se font entre chacun, des rapports ambigus, cachés, qui accélèrent les choses mais en même temps brouillent les pistes. Le rythme s’accélérant, on n’est pas au bout de nos surprises avec des révélations parfois fracassantes et une noirceur de plus en plus palpable au Paradis.
L’ambiance change alors du tout au tout, on vire dans le noir le plus pur, voire le glauque. La nature humaine se révèle souvent dans des situations extrêmes où nos certitudes sont mises à l’épreuve. C’est le cas ici avec des limites de plus en plus poreuses entre bien et mal, la fin en la matière se garde bien de tout manichéisme et m’a pour le peu surpris et plutôt enchanté. Le croisement des regards permet de lever peu à peu les zones d’ombre et donne à voir une complexité dans l’architecture de la trame que l’on ne soupçonnait pas au débat. On reste cependant dans du classique et sans doute les plus armés d’entre vous devineront la fin avant qu’elle soit écrite. Pour ma part, je me suis laissé porter.
Sur le plan formel et stylistique, nous n’avons pas affaire à un ouvrage qui révolutionne le genre. On était ici dans le graduel et l’efficace, la langue est souple et les pages se tournent toutes seules. Au final, on ressort de cette lecture content mais pas transporté, peut-être manquait-il un tout petit supplément d’âme pour que cette lecture soit vraiment marquante. Reste un bon plaisir de lecture qui conviendra aux amateurs du genre.
"Un Homme de goût" de Cha et Eldiablo
L’histoire : Jamie Colgate, ex-flic en retraite anticipée, a une obsession : remettre la main sur le salopard qui l'a un jour laissée à moitié morte et tué son chien adoré. Mais le dangereux criminel qu'elle traque depuis plus de vingt ans est loin d'être un homme ordinaire. Il assassine depuis si longtemps et avec une telle efficacité que les pires tueurs en série ne peuvent lui être comparés. Quelle justice humaine appliquer à celui qui semble être un monstre sorti d'un placard plutôt qu'un homme ?
La critique de Mr K : Bonne pioche encore à mettre au profit de l’ami Franck avec ce prêt éclairé et propice au plaisir de lecture. Je retrouve le duo Cha et Eldiablo après mon expérience très positive de Pizza roadtrip. Un Homme de goût est moins débridé dans le rythme et les personnages mais tout aussi réussi et diablement prenant avec en plus une dimension créative et des choix stylistiques surprenants et réussis.
Jamie Colgate après plus de vingt ans de chasse a enfin réussi à mettre la main sur Nekros, un serial killer qui sévit depuis trop longtemps et qui l’a laissée pour morte des années auparavant. La situation semble être à son avantage mais c’est mal connaître ce monstre à la nature étrange. Résistant, doté d’un réseau et d’une fortune imposants, semblant immortel, il retourne la situation à son avantage et se livre alors au jeu des révélations.
On se prend immédiatement au jeu de cette chasse à l’homme qui se transforme rapidement en un récit fantastique de haute volée mêlant flashback et rebondissements actuels. Cela donne lieu a des choix différents de coloris, de style selon l’époque où se déroule le récit, un choix artistique réussi et qui explose bien souvent les rétines. Cha est décidément une grand dessinatrice et je trouve qu’elle franchit encore un pas avec cette œuvre où elle explore différentes techniques. Elle m’a plus d’une fois surpris et émerveillé. Bravo à elle !
Pour revenir au récit, il y a donc plusieurs histoires dans la même histoire en quelque sorte pour un personnage intrigant puis très vite inquiétant de par son cynisme. On explore les époques avec délice en alternant les tons. On est parfois dans l’épique, dans le conte, le polar, le factuel pur et l’on plonge dans les temps anciens ou même les ghettos des seventies aux USA. C’est varié mais pour autant tout cela forme un tout cohérent à la portée renversante. L’histoire se déroule bien, multiplie les embardées et la fin (bien qu’un peu attendue) est un bel aboutissement.. du moins pour nous lecteur, Jamie elle n’a pas fini d’en baver...
Cet ouvrage se lit donc d’une traite avec grand plaisir. Ce mélange d’enquête policière et de fantastique est une vraie et grande réussite que l’on ne peut que recommander. Alors ? Qu’est-ce que vous attendez ?
"Voici l'homme" de Michaël Moorcock
L’histoire : Il s'appelait Karl Glogauer.
Il avait remonté le temps, du milieu du XXe siècle jusqu'en l'an 28, pour chercher le Christ et assister à sa crucifixion. Maintenant qu'il se trouvait sur la Terre Promise, il venait de rencontrer Jean-Baptiste, le prophète, et déjà il lui parlait de celui qu'il désirait voir et dont l'image le hantait depuis toujours bien qu'il fût incroyant.
Mais Jean le Baptiste le regardait, un rien stupéfait. Comme si l'on avait à l'instant prononcé le nom de Jésus de Nazareth pour la première fois devant lui...
La critique de Mr K : Que j’aime cet auteur ! Qu’il touche à la science-fiction ou à la fantasy c’est toujours carton plein. Une imagination débordante, un style qui dépote, un ton décalé qui fait mouche et surtout aucun filtre, une dimension de son talent qui prend tout son sens ici. Dans Voici l’homme, Michaël Moorcock propose une variation autour du voyage temporel et s’attaque à la figure de Jésus-Christ ni plus ni moins. C’est brillant, source d’un grand plaisir de lecture et l’on ressort à nouveau ébloui par cet auteur décidément très talentueux.
Karl débarque en plein premier siècle de notre ère avec une idée fixe : assister à la crucifixion de Jésus. Ce psychologue de formation, à la vie mouvementée, part rencontrer Jean le Baptiste et quand il lui pose des questions sur Jésus, celui-ci lui demande de qui il peut bien parler ! Quel choc pour notre héros ! C’est le début d’un autre voyage, un voyage initiatique sur les traces du Sauveur mais aussi une quête de soi qui va mener vers un dénouement absolument génial !
Cet ouvrage livre tout d’abord un portrait très poussé de notre voyageur temporel. Via la technique répétée du flashback, Moorcock revient sur l’enfance, l’adolescence, les premières expériences, son métier de psychologue, ses rencontres. Cela occupe quasiment la moitié du livre. C’est bienvenue car ces passages mettent en perspective le récit, éclaire le lecteur sur les motivations profondes de Karl et proposent des réflexions métaphysiques. Son parcours tortueux est très parlant, on sort clairement de l’archétype de l’explorateur solide et déterminé, à l’épreuve de tout et surtout de lui-même. Perfectible, dans le doute voire dans des états seconds, Karl par son humanité relance tout un mythe et va quelque peu bouleverser les choses -sic-.
Un peu à la manière d’un Scorsese dans son film La dernière tentation du Christ (très bon film) ou encore le génial L’Agneau de Christopher Moore, cet ouvrage heurtera les fondamentalistes et les tenants de la doctrine officielle de l’Église. La nature du Christ, la personnalité de ses parents "terrestres", la crudité de certains propos tranchent et apportent une tonalité toute particulière à l’ouvrage. Cet aspect uchronique avec en plus des références à l’effet papillon brouillent les pistes, désacralisent un mythe tout en le rendant humain, plus proche de nous, plus palpable.
Le voyage dans le temps bien que présent est finalement assez secondaire, la trame se concentrant essentiellement sur le parcours du héros dont le voyage ne se passe pas vraiment comme prévu, la petite histoire rencontre la grande à bien des occasions. Chancelant très vite, se posant nombre de questions existentielles, les certitudes de Karl sont vraiment mises à mal et l’on devine au 2/3 de l’ouvrage ce qu’il va advenir de lui. C’est brillamment construit, très progressif et la fin nous laisse sur les genoux (dans le bon sens du terme).
Dès les premiers chapitres, l’auteur nous met le grappin dessus avec son sens de la mise en scène, de la caractérisation rapide. L’ouvrage ne s’embarrasse pas de longues descriptions, Moorcock va ici à l’essentiel. Il plante sa situation, présente ses protagonistes avec concision et un sens de l’économie de mots qui permet à la trame de décoller assez vite. La variation des époques, les liens entre passé / présent / futur rajoutent à l’ensemble une haute teneur et offrent un récit vraiment addictif, titillant la curiosité du lecteur qui construit ses hypothèses comme il peut (et avec délectation).
On passe donc un excellent moment avec cette lecture à la fois fraîche (malgré une parution déjà ancienne, 1977), éprouvante parfois (le parcours intime du héros) et source de nombreuses réflexions. Moorcock frappe encore et conjugue toujours écriture limpide et fabuleuse imagination. Un voyage à nul autre pareil que je vous invite fortement à entreprendre à votre tour.
"Satanie" de Fabien Vehlmann et Kerascoët
L’histoire : Charlotte, alias Charlie, une jolie petite rousse, organise une expédition afin de retrouver son frère, un jeune scientifique, qui a disparu sous terre depuis plusieurs mois. Celui-ci affirmait pouvoir prouver l’existence de l’Enfer en s’appuyant sur la théorie de l’évolution de Darwin. Le groupe conduit par Charlie s’enfonce sous terre et découvre au fur et à mesure de sa progression que les entrailles de notre planète abritent bel et bien une autre forme de vie pour le moins inattendue... Et si c’était ça, l’Enfer ?
La critique de Mr K : Nouvelle découverte grâce à l’ami Franck avec Satanie du duo Fabien Vehlmann et Kerascoët qui récidivent après le magnifique et ténébreux Jolies ténèbres qui m’avait littéralement scotché. Au programme de cette bande dessinée de haut vol, la quête d’une sœur qui en partant à la recherche de son frère va découvrir la vraie nature du cœur de la Terre et va voir son existence totalement bouleversée, changée à jamais. Littéralement embarqué dès les premières pages, j’ai dévoré ce volume avec un plaisir intense et un émerveillement de tous les instants. Suivez le guide !
Charlotte organise donc une expédition pour retrouver son frère, un scientifique un peu fou parti vers le centre de la Terre pour localiser les Enfers. Mythe ? Réalité ? La question le passionnait mais semble avoir eu raison de lui, il n’a plus montré le moindre signe de vie. Voilà donc la jeune femme partie pour une aventure spéléologique avec des hommes rodés à l’exercice et même un abbé ! Très vite le voyage va se révéler mouvementé, surprenant et surtout initiatique pour chacun des aventuriers à commencer par Charlotte.
On voyage autant que les personnages avec un récit ébouriffant où l’on en prend plein les yeux et où les rebondissements sont nombreux. Charlotte va durant ce périple beaucoup changer, elle grandit, mûrit, subit des chocs traumatiques, n’est vraiment plus la même à la fin de son aventure. D’ailleurs, j’évacue de suite la polémique sur la fin, personnellement je l’ai adoré, elle est pleinement ouverte et logique. Pour en revenir à l’héroïne, elle est très attachante et l’on prend un grand plaisir à la suivre dans ce parcours initiatique d’une profondeur folle et passionnant.
L’exploration de l’intérieur de la Terre est donc riche en surprises et les auteurs proposent vraiment une vision neuve tout en s’inspirant de références plus anciennes (pour moi les plus évidentes sont Jules Verne et HP Lovecraft, excusez du peu). Cela donne lieu à des rencontres pour le moins étranges, des peuplades oubliées, des créatures étranges aux formes diverses et aux intelligences développées fondées sur d’autres systèmes de valeur. Pour être dépaysé, on est dépaysé et j’ai aimé cette sensation de ne pouvoir parfois se raccrocher à rien, de se laisser porter par l’imagination débridée déployée ici. Certaines planches sont tout bonnement hallucinantes, fourmillant de détails et lorgnant vers le psychédélisme et le subliminal.
L’objet BD est magnifié ici. On retrouve la beauté des traits du dessinateur, la flamboyance des couleurs et la gestion parfaite de la narration entre action trépidante (il y a parfois un côté Indiana Jones) et moments plus calmes voire contemplatifs. Il y a aussi à l’occasion une petite dose d’humour bien sentie, notamment dans certains échanges entre les protagonistes qui sont plutôt cash et rajoutent à l’humanité profonde qui se dégage de l’aventure. C’est donc aussi une BD fun et même presque picaresque par moment avec un côté extravagant poussé.
Satanie est vraiment une très belle réussite, une revisite originale et réussie du mythe des enfers, un beau parcours de personnage et une œuvre magnifique en terme esthétique mélangeant avec bonheur aventure, onirisme, fantastique et même un peu de sciences. Ne passez pas à côté de ce titre si vous êtes amateur de ce type de récits, c’est un incontournable dans le genre !
"Bulle de savon" de Sylvia Hansel
L’histoire : Une Parisienne de 25 ans tombe amoureuse d’un très jeune Britannique au charme magnétique. Nous sommes en 2006, sur Myspace les top friends imposent leur loi et Zizou va bientôt placer son coup de crâne légendaire. Après une lune de miel enfiévrée, l’amant file à l’anglaise. Désespérée, la jeune femme sombre dans l’autodestruction.
La critique de Mr K : Je vous présente aujourd’hui un très court roman qui m’a enthousiasmé au plus haut point. Dans Bulle de savon, Sylvia Hansel nous raconte une histoire d’amour qui finit mal en nous plaçant dans la peau d’une jeune femme qui va accuser le coup comme elle peut. C’est frais, intimiste et rock and roll !
La bulle de savon qui donne son nom au titre de l’ouvrage, c’est la relation quasi fusionnelle que l’héroïne noue avec un britannique en goguette dans la capitale : le beau Jason. Ils sont jeunes, ils se plaisent quasi instantanément et leur histoire débute sur les chapeaux de roue. La barrière de la langue ajoute un charme certain à l’aventure que vivent pleinement les deux tourtereaux entre longues sessions au lit et sorties débridées. Mais tout a une fin, un jour l’Apollon met fin à la relation et la narratrice se retrouve toute désemparée et commence à sombrer. Et oui, une bulle de savon par définition c’est fragile et le monde semble s’écrouler autour de la délaissée.
Cette dernière est très attachante. Vendeuse dans un magasin à Paris, elle vit sa vie tranquille avec sa bande de copines. En deux / trois chapitres, le portrait est dressé avec justesse et l’on aime cette jeune femme qui vit de peu mais s’en contente (la vie parisienne a son coût). Pas très heureuse en amour jusque là, elle reste cependant optimiste et croque la vie à pleines dents. Elle n’a pas sa langue dans sa poche et cela donne à lire des passages tordants notamment quand elle discute mecs avec ses copines. On en prend pour notre grade mais c’est plutôt mérité. J’ai adoré ce côté fun, sans complexes, plein de vie. On partage avec elles de sacrés bons moments avec en plus des références musicales bien senties en totale adéquation avec mes goûts musicaux.
Puis apparaît Jason. L’amour nous change forcément et elle tombe éperdument amoureuse. Ils se créent un cocon qui l’éloigne quelque peu de ses proches mais en même temps, elle s’épanouit et s’éveille à elle-même notamment au niveau plaisir sexuel. Quand le glas sonnera sur son histoire avec son mec, elle va devoir affronter le chagrin, les divers questionnements qui l’assaillent et essayer de se relever. C’est là encore très réussi, on retrouve des éléments que l’on a pu soi-même éprouver en d’autres temps. La déprime, les remises en question, les paradis artificiels et une perte d’envie sont abordés ici, l’héroïne semblant se perdre en chemin. Le fun laisse la place à la mélancolie et à la crise existentielle.
Je m’attendais en lisant la quatrième de couverture à détester Jason. En fait, ces deux là n’étaient pas faits pour rester ensemble. Leurs envies respectives à long terme ne correspondent pas, Jason est plus libre, souhaite s’amuser plutôt que de s’installer durablement. Certes c’est rude à encaisser pour l’héroïne mais c’est ce qui malheureusement arrive souvent quand on s’emballe trop vite. La rupture n’est pas des plus correctes (par téléphone) mais au final, le jeune homme ne l’a pas fait souffrir durablement ou de manière malhonnête. Du coup, je trouve l’histoire d’autant plus réaliste et accrocheuse. Pas de terribles révélations ici, seulement deux êtres qui finissent par se séparer dont l’un qui souffre beaucoup plus que l'autre.
L’écriture quant à elle est superbe. Simple, souple, incisive, l’auteure embarque immédiatement son lecteur et offre un portrait de femme sensible et profondément émouvant tout en réussissant à nous faire rire par moment. Un très bon cocktail à consommer sans modération !
"Le Plus beau lundi de ma vie tomba un mardi" de Camille Andrea
L’histoire : Noah D'Amico, dix ans, s'est donné comme objectif de devenir le premier enfant métis président des États-Unis. Quatre secondes et cinquante centièmes, voilà le temps dont il dispose pour convaincre chaque personne de son voisinage. Peu mais suffisant pour un certain Jacob Stern, vieil homme de soixante-quinze ans, impressionné par ce jeune orateur.
C'est ainsi que Noah entre dans la vie de Jacob, avec la force d'une tempête, l'abreuvant de jolis mots et de belles espérances. Une rencontre qui changera tout et de laquelle naîtra la plus improbable des amitiés. Mais les gens ne sont pas toujours ce que l'on croit. Chaque être humain a sa part d'ombre. Jacob ne le sait que trop bien, Noah, lui, le saura bientôt.
La critique de Mr K : Voilà un livre bien surprenant que j’ai littéralement dévoré. Le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi de Camille Andrea (à priori le pseudo d’un auteur français bien connu...) s’apparente sur le papier à un bon feel good reading des familles. Mais voila… arrivé à la moitié de la lecture de ce court roman, une révélation fait basculer l’ouvrage dans autre chose, une dimension plus sombre qui fait cependant remarquablement écho à la première partie de l’ouvrage. Personnellement, j’ai totalement adhéré au process, je regretterai juste un léger défaut dont je vous parlerai en toute fin de chronique.
Nous faisons donc connaissance avec deux protagonistes principaux bien différents l’un de l’autre. Rien ne les prédestinait à les faire se rencontrer. Noah est un jeune garçon métis qui rêve de devenir Président des États-Unis. Fils d’un modeste pizzaiolo, il arpente les rues de sa ville pour récolter des signatures afin de faire baisser l’âge légal lui permettant de devenir l’homme le plus important du pays (il en faut 34, il n’a que 10 ans !). Il a un sacré bagout, beaucoup de répartie et si vous le laissez vous parler, il vous convaincra sans nul doute ! Pour le moment, le nombre de signature stagne à une, ce qui n’équivaut pas à grande chose.
Jacob va lui ouvrir la porte. Le vieil homme septuagénaire plutôt renfrogné, veuf et malheureux voit en cette apparition une occasion unique, une rencontre magique qui pourrait lui redonner le goût de vivre. Ils prennent l’habitude de se rencontrer autour d’un petit goûter (aaaah, vive les donuts au chocolat !) et ils discutent de tout et de rien. Le petit lui explique ses solutions pour sauver le monde, lui l’écoute patiemment et se nourrit de cette candeur et optimisme qui réchauffe son vieux cœur. Jacob se livre moins au départ, il perd un peu la boule, a des absences et oublis réguliers. Bientôt il confie au jeune homme qu’il écrit dans un carnet les éléments de sa vie, dont un passé nébuleux, de peur d’oublier qui il est.
Le départ est doux comme un bonbon, plein de bons sentiments sans pour autant tomber dans le simpliste et la naïveté béate. Mais voila qu’une divulgation faite par Jacob et une vérité cachée vont bouleverser l’ordre établi. Les hypothèses de lecture s’avèrent erronées, notre vision du personnage change totalement. Noah du haut de son jeune âge va donc faire connaissance avec la dissimulation, la peine et surtout ouvrir son regard sur la vraie nature humaine, une nature plus complexe qu'il n’y paraît et où chacun joue sa partition avec les armes et capacités qu’il possède. Sa relation avec Jacob va s’en voir totalement changé et l’épilogue final remettra les pendules à l’heure avec une série de révélations qui vont à nouveau modifier notre perception des choses, livrant au final un personnage aux ramifications denses et passionnantes.
On se concentre beaucoup sur les deux personnages, autour gravitent des personnalités sympathiques parfois très bien traitées comme celle du père de Noah, un papa élevant seul son enfant et faisant comme il peut ou encore une enquêtrice se mettant sur les traces de Jacob dont finalement le personnage faussement creusé laisse un goût d’inachevé. C’est là le défaut que je citais précédemment, pourquoi s’amuser à donner des détails sur sa vie personnelle quand au final cela ne rajoute rien à l’intrigue. Ce n’est pas grave en soi, l’ensemble se lit très bien mais j’ai trouvé des choses inutiles qui s’apparentent davantage à du remplissage qu’à autre chose.
Attention ce n’est qu’un menu problème tant le plaisir de lire est au rendez-vous. C’est la première fois que je me frotte à cet(te) auteur(e) et je dois avouer qu’il (elle) est sacrément doué(e). Il (elle) possède une plume légère et concise, une science du suspens, des révélations millimétrées et un don certain pour nous captiver et ne plus nous relâcher. On passe un excellent moment avec ce roman qui se plaît à passer du côté clair et obscur à la fois.