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Le Capharnaüm Éclairé
21 juillet 2022

"Riches, cruels et fardés" d'Hervé Claude

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L’histoire : Luxe, sable et volupté... A la limite de la jungle australienne, face à la Barrière de corail et à des centaines de kilomètres de la première ville, se trouve un hôtel quatre étoiles... Un lieu pour touristes fortunés triés sur le volet, qui savent ce qu'ils viennent chercher et qui veulent la paix. L'isolement pourtant, privilège ultime des riches, peut devenir l'enfer. Un ouragan se déchaîne et les voilà coupés du monde. Les comportements changent. Des crocodiles sortent de l'eau devenue boue. La pluie tombe comme les arbres et un premier cadavre est découvert. Il n'en faut pas plus pour que les solidarités se lézardent. Personne, finalement, ne connaît son voisin... Personne ne sait s'il pourra s'en sortir ni qui sera la prochaine victime...

La critique de Mr K : J’ai dégoté cet ouvrage lors d’un chinage, la quatrième de couverture m’a bien plu et le nom de l’auteur me disait quelque chose sans que je puisse vraiment remettre une tête, une situation sur le patronyme Claude Hervé. C’est plus tard, en le googlisant que l’évidence se fit. Hervé Claude est un ancien journaliste de France Télévision puis d'Arte qui a notamment présenté le journal télévisé. Quelle reconversion ! Dans Riches, cruels et fardés, il nous offre un thriller se déroulant à l’autre bout du monde, dans un resort reculé où se retrouvent des membres éminents de la communauté gay et où va se dérouler un véritable jeu de massacre sous les auspices d’une terrible tempête qui sévit...

Au fil de la lecture, on suit le point de vue de différents protagonistes qui participent de près ou de loin aux événements. Il y a tout d’abord Ashe, un inspecteur flegmatique bossant pour des assurances et que l’on retrouve à plusieurs reprises. D’autres chapitres montrent l’action à travers les yeux de touristes venus se détendre et/ou connaître le grand frisson dans un resort au bord de la mer en Australie, près de la grande barrière de corail. L’ambiance est plutôt paisible, on est loin des grands rassemblements festifs propres à cette communauté parfois haute en couleur. Il y a beaucoup de couples plus ou moins en bon état, les dîners sont calmes. Cependant des tensions apparaissent notamment entre le patron et certains employés. Rien pourtant qui préfigure ce qui va suivre...

L’ouvrage démarre donc lentement, l’auteur se plaisant à s’attarder sur chacun pour bien caractériser leur situation, leur caractère. Je dois avouer qu’il faut être patient, rien de phénoménal ne se déroule sur les cent premières pages. Certes les personnages intriguent mais on se demande bien où cela va nous conduire. Puis c’est une disparition et un premier cadavre retrouvé sur la plage et les éléments qui commencent à se déchaîner. Les tensions entraperçues vont alors prendre de l’ampleur, des liens se font entre chacun, des rapports ambigus, cachés, qui accélèrent les choses mais en même temps brouillent les pistes. Le rythme s’accélérant, on n’est pas au bout de nos surprises avec des révélations parfois fracassantes et une noirceur de plus en plus palpable au Paradis.

L’ambiance change alors du tout au tout, on vire dans le noir le plus pur, voire le glauque. La nature humaine se révèle souvent dans des situations extrêmes où nos certitudes sont mises à l’épreuve. C’est le cas ici avec des limites de plus en plus poreuses entre bien et mal, la fin en la matière se garde bien de tout manichéisme et m’a pour le peu surpris et plutôt enchanté. Le croisement des regards permet de lever peu à peu les zones d’ombre et donne à voir une complexité dans l’architecture de la trame que l’on ne soupçonnait pas au débat. On reste cependant dans du classique et sans doute les plus armés d’entre vous devineront la fin avant qu’elle soit écrite. Pour ma part, je me suis laissé porter.

Sur le plan formel et stylistique, nous n’avons pas affaire à un ouvrage qui révolutionne le genre. On était ici dans le graduel et l’efficace, la langue est souple et les pages se tournent toutes seules. Au final, on ressort de cette lecture content mais pas transporté, peut-être manquait-il un tout petit supplément d’âme pour que cette lecture soit vraiment marquante. Reste un bon plaisir de lecture qui conviendra aux amateurs du genre.

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