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Le Capharnaüm Éclairé
10 août 2020

Anthologie Creepy, Volume 3 - Collectif

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Le contenu : Avant Métal Hurlant, Ere Comprimée, Spécial USA, il y avait CREEPY, EERIE et VAMPIRELLA. Ces trois magazines cultes publiés par les éditions WARREN aux Etats-Unis entre 1964 et 1984, ont été une révolution de l’industrie des comic-books qui allait faire des vagues jusque sur le vieux continent.

En effet, en se libérant de l’étiquette "la BD c’est uniquement pour les enfants" pour passer à un format plus grand alors destiné aux adultes, ces magazines qui s’appuyaient dès leur création sur les auteurs mythiques des EC Comics, allaient ensuite lancer une nouvelle génération d’auteurs indépendants américains et marquer des deux côtés de l’Atlantique aussi bien les lecteurs que les jeunes artistes ou les éditeurs.

Avec notamment des œuvres sublimes de Wallace Wood, Steve Ditko, Neal Adams, ou encore Jeff Jones, découvrez avec ce troisième volume des anthologies CREEPY, les meilleurs auteurs et histoires de ce magazine incontournable qui allait changer l’histoire de la bande dessinée !

La critique de Mr K : Aujourd’hui, je vous parle du petit cadeau que je me suis offert en juin, le volume 3 de l’Anthologie Creepy paru chez Delirium. Ceux qui nous sont fidèles savent que je suis un grand amateur de comic books d’épouvante à l’ancienne avec des chroniques sur les deux premiers tomes, sur les deux tomes de Eerie et même sur les deux volumes extraordinaires consacrés à Corben, mon dessinateur préféré (volume 1 et volume 2). Ça fait un petit bout de temps que ce volume me faisait de l’œil, j’ai donc franchi le rubicon. Et comme d‘habitude, la lecture fut exquise !

Derrière la superbe couverture signée Frazetta (un dessinateur que j’admire beaucoup), on retrouve 27 histoires qui tour à tour intriguent, glacent le sang et règlent leur compte aux vices humains. Dans ces pages, il ne fait pas bon se laisser aller à nos bas instincts car avarice, orgueil, colère, gourmandise, luxure, envie et ressentiments vous seront fatals. Bien souvent c’est l’arroseur arrosé avec des actes qui se retournent contre leurs auteurs et sont l’occasion d’une bonne leçon bien morbide qui ravit le lecteur amateur de frissons.

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On retrouve une belle brochettes d’êtres torturés dans cet ouvrage qui fait la part belle aux monstres en tout genre dont souvent les pires sont humains. Momies vengeresses, esprits revanchards, zombie pourrissant, loup garou bien malgré lui, animaux gigantesques, golems gardien du temps, statues de cire bien vivantes, créatures de l’espace, mutants venus du futur ne sont finalement que la résultante d’acte vils perpétrés par des hommes sans scrupules bien souvent mus uniquement par leur intérêt. En quatre / cinq planches leur sort est bien réglé avec l’ultime remarque sarcastique du maître Creepy qui n’a pas son pareil pour les jeux de mots servis bien noirs.

Les récits se lisent avec un plaisir de tous les instants, on change d’histoire et bien souvent de scénariste et dessinateur. Les styles diffèrent beaucoup, certains sont certainement moins percutants mais l’ensemble des récits se tient bien et apporte son lot de surprises. On est ici dans du noir et blanc très léché, les auteurs jouant bien souvent sur des contrastes accentués qui donnent parfois à voir de véritables chefs d’œuvres du genre. Les récits se révèlent comme toujours très rythmés, sans temps mort et avec un sens de la concision dans la narration plus que louable et d’une efficacité redoutable.

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J’ai trouvé aussi ce volume plus engagé avec des critiques parfois très prononcées sur la course aux armements ou encore le Vietnam. Deux, trois récits abordent ces sujets frontalement, rappelons que ces comics datent des années 1967 à 1972. L’Amérique est toujours engagée dans le conflit et la censure fonctionne à plein régime. Les auteurs doivent aussi combattre la bien-pensance régnante et la toute puissance des ligues de vertu qui voient d’un mauvais œil ces histoires qui à leurs yeux pervertissent l’esprit de la jeunesse. L’éditeur James Warren avait écrit une lettre ouverte au Président de la République et au congrès américain bien percutante à l’époque, elle est reproduite fidèlement dans les pages de ce volume. À l’heure où les réactionnaires de tout poil ont pignon sur rue (il suffit de voir et entendre certains commentateurs politiques sur certaines chaînes d’info en continu), on se dit que le droit d’expression reste toujours en péril et qu’on est pas à l’abri d’un retour de l’ordre moral bien moisi.

En bonus dans cet opus, les éditeurs nous gratifient d’une interview fleuve de Frank Frazzetta, le fan que je suis a hautement apprécié les multiples réflexions sur sa manière d’appréhender son art et son travail. On trouve aussi une interview du même acabit d’Archie Goodwin qui se raconte lui-même et comme dans chaque intégrale, la toute fin du volume nous permet d’admirer les fac-similés des couvertures de Creepy en couleur. Bref on est gâté !

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Si vous êtes amateur du genre, de comics bien vintage, jetez vous dessus et sur les autres volumes, c’est une tuerie. Il me reste maintenant à regarder ce qui m’a encore échappé dans le catalogue Delirium et mon petit doigt me dit qu’il reste de petites choses intéressantes à explorer...

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