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Le Capharnaüm Éclairé
13 août 2020

"Debout les morts" de Fred Vargas

L’histoire : Un matin, la cantatrice Sophia Siméonidis découvre, dans son jardin, un arbre qu'elle ne connaît pas. Un hêtre. Qui l'a planté là ? Pourquoi ? Pierre, son mari, n'en a que faire. Mais la cantatrice, elle, s'inquiète, en perd le sommeil, finit par demander à ses voisins, trois jeunes types un peu déjantés, de creuser sous l'arbre, pour voir si... Quelques semaines plus tard, Sophia disparaît tandis qu'on découvre un cadavre calciné. Est-ce le sien ? La police enquête. Les voisins aussi. Sophia, ils l'aimaient bien. L'étrange apparition du hêtre n'en devient que plus énigmatique.

 

La critique de Mr K : C’est toujours un plaisir bien particulier que de se retrouver à lire un ouvrage de Fred Vargas. C’est l’assurance d’une lecture détente à haute teneur littéraire. Debout les morts ne déroge pas à la règle, il s’agit du premier tome paru de la série des Évangélistes dont j’avais déjà lu Sans feu ni lieu. Pas de commissaire Adamsberg donc dans cet ouvrage, mais quatre hommes cohabitant dans la même bicoque qui vont se mêler à une enquête bien tortueuse comme sait si bien le proposer cette auteure décidément plus que douée.

 

Marc le médiéviste, Matthias le préhistorien et Lucien le contemporaniste spécialiste de la Première Guerre mondiale sont comme ils disent "dans la merde". À la dèche, sans boulot et sans femmes dans leurs vies respectives, le destin les réunit via Marc qui propose aux autres de devenir colocataires dans une vieille maison décrépite qui n’attendait qu’eux. Se joint à eux, le parrain de Marc, un ex flic débarqué suite à un scandale retentissant au sein des forces de l’ordre. Chacun se voit attribuer un étage dans l’ordre chronologique de la spécialité de chacun - sic -, sauf le parrain qui se retrouve sous les combles. Commence alors le rafistolage, la rénovation de la maison avec son lot d’imprévus, de discussions voire de disputes. Les débats entre ces quatre là peuvent s’avérer hauts en couleur.

 

Tout commence vraiment quand la voisine, une ex cantatrice, vient les trouver car un mystérieux arbre (d’âge adulte) est apparu dans son jardin au cours de la nuit ! Quelque chose d’insaisissable lui fait peur et les quatre hommes offrent leur aide, mais ils ne trouvent rien sous le mystérieux arbre. Puis, c’est la voisine qui disparaît et un corps carbonisé est retrouvé avec à ses côtés la pierre semi précieuse dont ne se séparait jamais la disparue... L’arrivée de la nièce de la voisine avec son jeune fils, l’autre voisine qui semble désespérée face aux événements, un mari qui a l’air de s’en foutre royalement... voila toute une série d’éléments qui ne peuvent qu’attiser la curiosité des trois historiens et du vieux flic. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises avec de nombreuses fausses pistes et révélations qui jalonnent ce roman au suspens qui ne se dément jamais.

 

On retrouve le ton si particulier de Fred Vargas, à commencer par des personnages décalés au verbe haut. On ne peut que tomber sous le charme de cette équipe de pieds nickelés dont les échanges sont savoureux et l'on passe joyeusement de l’extrême érudition aux palabres les plus familières. Cela donne un charme de fou à ses trois historiens branques entre le préhistorien taiseux adepte de naturisme, le médiéviste romantique tourmenté et Lucien qui vit littéralement à l’heure de la Grande Guerre et se révèle être un gueulard de première ! Malgré leurs nombreuses prises de bec, ces trois là se complètent idéalement. Et puis, il y a le parrain qui dirige tout cela en sous-main et qui sait mieux que personne mettre en valeur et utiliser les capacités de chacun.

 

L’enquête débute doucement, pas vraiment de quoi fouetter un chat. Pas d’indices, des présomptions tout au plus. Ils se donnent à fond en tout cas pour essayer de résoudre cette disparition au détriment même parfois de la légalité, aidant et se faisant aider par la police grâce aux anciennes relations du parrain. À partir de la moitié de l’ouvrage, on ne sait plus vraiment où l’on va, chose que j’apprécie lors d’une bonne lecture policière. Cependant, au fil des chapitres, on commence à entrevoir des liens, des étrangetés qui s’amoncellent pèle mêle, sans ordre apparent. Une idée folle a germé dans mon esprit, je pensais vraiment avoir trouvé la clef de l’énigme mais je me suis bien fait avoir une fois de plus. Bien malin, celle ou celui qui trouvera l’explication finale. Tout se tient parfaitement mais un élément permet de tout renverser... D’ailleurs des personnages de la fine équipe n’en reviennent pas eux-mêmes !

 

Debout les morts se lit donc quasiment d’une traite avec un plaisir renouvelé grâce au style inimitable de Fred Vargas et de ses personnages si attachants. Un très bon moment de lecture à côté duquel il ne faut pas passer quand on est fan de roman policier.

 

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
L'Homme à l'envers 
Sous les vents de Neptune
Dans les bois éternels
Un lieu incertain
L'homme aux cercles bleus
Coule la Seine
Sans feu ni lieu
Ceux qui vont mourir te saluent
- L'Armée furieuse
- Temps glaciaires
- Pars vite et reviens tard

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