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Le Capharnaüm Éclairé
1 décembre 2019

"L'Hiver dernier, je me suis séparé de toi" de Fuminori Nakamura

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L’histoire : Un journaliste est chargé d’écrire un livre sur un photographe accusé d’avoir immolé deux femmes, mais pourquoi l’aurait-il fait ? Pour assouvir une effroyable passion, celle de photographier leur destruction par les flammes ?

A mesure que son enquête progresse, le journaliste pénètre peu à peu un monde déstabilisant où l’amour s’abîme dans les vertiges de l’obsession et de la mort. Un domaine interdit où il est dangereux, et vain, de s’aventurer...

La critique Mr K : Retour en terres nippones pour cette lecture aussi glaçante qu’envoûtante. L’Hiver dernier, je me suis séparé de toi de Fuminori Nakamura est de ces livres qui ne peuvent laisser indifférent, de ceux qui vous marque dans votre chair et votre esprit. Personnages torturés, réalité déviante, secrets honteux enfouis, Eros et Thanatos mêlés sont au rendez-vous d’une lecture qui dépote et séduit, entre thématiques extrêmes et écriture d’orfèvre. Suivez mes pas, si vous l’osez...

Le personnage principal est chargé par son éditeur d’écrire un livre sur un condamné à mort. L’homme en question était photographe et a été jugé pour le meurtre particulièrement horrible de deux femmes, deux modèles qui ont posé pour lui et qu’il aurait immolé pour pouvoir les prendre en photo lors de leur dernier souffle. L’histoire commence par une première entrevue qui n’est pas sans rappeler celle entre un certain Hannibal Lecter et Clarice Starling. La comparaison ne s’arrête pas là car très vite on plonge ici dans les profondeurs abyssales de l’esprit humain, sa propension à faire le mal et à se laisser porter par ses pulsions les plus inavouables. Sachez qu’une fois ces pages ouvertes, il est tout bonnement impossible de s’échapper, que vous serez confrontés à des êtres cabossés, abîmés, malades et que les apparences sont décidément trompeuses, l’ouvrage lorgnant vers un scénario à la Old Boy, c’est à dire vers une fin plus que déstabilisante et impossible je pense à deviner avant l’ultime chapitre.

Un condamné fatigué et usé par des pulsions troubles, sa sœur qui s’apparente à une mante religieuse, une prostituée à qui on propose un rôle à sa mesure, un homme mystérieux qui ne se remet pas de la disparition tragique de sa fiancée, un journaliste dépassé par la tâche qui lui est confié... autant d’éléments clefs qui vont livrer tous leurs secrets au fil des chapitres qui s’égrainent sans que l’on ne s’en rende compte. Pulsions, passions, sexe, sang et désirs se mêlent, troublent les frontières du réel, du bien et du mal dans une sarabande macabre et mortifère qui prend à la gorge. L’ambiance générale est suffocante du début à la fin, le dégoût se dispute à une certaine curiosité car ici peu ou pas de tabous, seulement la lente et effroyable exploration de psychés détournées, seulement portées par des désirs et aspirations destructeurs.

Au fil de l’avancée de ses investigations, le journaliste va rencontrer des personnes parfois très étranges (mention spéciale au fabricant de poupées à échelle humaine), creuser les rapports complexes et ambigus du criminel et de sa sœur (deux personnages vraiment hauts en couleur en terme de dépravation) et finalement se sentir irrépressiblement attirer par le côté obscur qu’il côtoie d’un peu trop près. Plutôt classique dans son principe, l’ouvrage pourtant court (180 pages) prend une toute autre dimension au bout d’un tiers parcourus avec des révélations surprenantes, de nouveaux personnages qui renversent la donne initiale semant le doute et la confusion dans l’esprit du lecteur déjà bien fragilisé par ce qu’il lit.

J’ai aussi été séduit par le style de l’auteur, le dépouillement apparent de l’écriture n’est une fois encore qu’une apparence. Il y a une forme de poésie minimaliste qui se dégage de l’ensemble, une poésie dark, sans concession mais une poésie quand même qui m’a littéralement emporté et a magnifié à mes yeux une histoire bien sombre. Ils sont fous ces japonais ! ... et Fuminori Nakamura tout particulièrement ! Voila un livre qui ravira les amateurs de sensations fortes et de lectures japonisantes. Personnellement, j’essaierai de refréquenter cet auteur au plus vite !

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Commentaires
E
poésie minimaliste .. si ça passe dans les films (en fait coréens) je n'y arrive pas dans les romans...
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