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Le Capharnaüm Éclairé
18 août 2016

"Le Caillou rouge et autres contes" de Caza et Bazzoli

couv

Le contenu : Recueil d'oeuvres de jeunesse de Caza, rééditées en 1985.

La critique de Mr K : C'est béni des dieux que nous sommes revenus d'une expédition chinage à Périgueux cet été, rappelez-vous mon poste enthousiaste en retour de vacances. Parmi ces très belles trouvailles, il y avait cette BD de Caza et Bazzoli proposée à un prix défiant toute concurrence et dans un état de conservation plus qu'honorable. Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour me plonger dedans et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai été bien inspiré de me porter acquéreur de ce Caillou rouge et autres contes. Bon, je ne partais pas vraiment dans l'inconnu vu mon admiration pour Caza et son travail... Cet ouvrage propose une compilation de micro-récits parus dans Pilote ou totalement inédits. Pour l'inspiration, Caza a demandé à un ami de lui fournir des idées mais aussi quelques phrases en adéquation avec ses dessins. C'est François Bazzoli qui s'y colle avec un rare bonheur comme je vais vous l'expliquer.

On retrouve tout d'abord une série de cinq histoires numérotées portant le titre loufoque de Quand les costumes avaient des dents. Si vous ne le saviez pas, longtemps avant l'apparition des êtres humains, les costumes vivaient en paix et se retrouvaient confrontés à de sacrés problèmes comme des ceintures venimeuses, la nécessaire survie en milieu hostile, l'apparition d'une mystérieuse main constituée d'ombre, des concours de jeux de mots idiots (un de mes récits préférés) et même le pêché originel revisité par un Caza totalement branque pour le coup (superbe variation autour de la fable Les animaux malades de la peste de La Fontaine). Ces historiettes se rapprochent esthétiquement du film Yellow Submarine des Beatles (cultissime et à voir absolument !) et des animations de Terry Gilliams pour les Monty Python. On vire donc dans le psychédélisme le plus pur avec une beauté de toutes les cases et de toutes les pages qui nous font basculer définitivement dans une autre dimension. J'ai adoré les références et l'humour qui pullulent dans les dessins et mots composant cette hagiographie des costumes. Un pur délire qui fait mouche !

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S'ensuivent trois contes hystériques comme les auteurs se plaisent à les appeler. Tour à tour, on suit l'histoire d'une princesse très laide à la recherche de la beauté, d'une autre fille de roi enfermée car menacée par une funeste prédiction et un roi qui possède une poule pondant des romans à succès. On retrouve des éléments de contes bien connus que les auteurs s'amusent à détourner sans vergogne. N'escomptez pas de happy-end mais plutôt un sadisme hors pair pour maltraiter des personnages en mal de reconnaissance que le malheur et le destin rattrapent assez tôt. Le trait est ici plus léger (plus propre au Caza que je connais déjà) pour des récits aussi brefs que drôles pour tout amateur de bons pastiches mêlant références cultes et petites blagues bien senties. On passe là encore un bon moment !

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Vient ensuite un aparté littéraire avec une courte nouvelle de Bazzoli illustrée par Caza. Une dame âgée trouve une étrange créature qu'elle va adopter et ramener à son logis. Le temps va passer et le protégé ne fait que grandir. Les illustrations sont tops et la nouvelle bien menée quoique plutôt classique dans son déroulé. Une belle incartade qui n'est pas pour autant mémorable. On retrouve ensuite la BD pure avec l'histoire éponyme du recueil mettant en scène Caza lui-même trouvant un jour sur son chemin lors d'une ballade une étrange pierre rouge. Les jours s'enchainent et il faut se rendre à l'évidence, tout se teinte en rouge autour de lui. Mais quel est ce mystère ? La révélation finale est assez bluffante et drolatique. Les textes sont toujours aussi incisifs et évocateurs et les dessins très réussis. Une des meilleures historiettes du volume. Pour finir, deux pages d'un projet avorté par Caza autour d'un robot amoureux. Sa présence est plutôt anecdotique et ne ravira que les grands amateurs du maître...

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Au final, on passe un très bon moment quoiqu'un peu cours devant ce recueil d'oeuvres oubliées de Caza qui avec son compère propose des récits amusants, parfois philosophiques et d'une grande beauté formelle. Un incontournable pour tous les amateurs du dessinateur, de l'époque et de l'art psyché qu'elle a diffusé. Un petit bijou !

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