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Le Capharnaüm Éclairé
23 avril 2012

"La course aux étoiles" de James Michener

001L'histoire: Le roman vrai du programme spatial américain depuis le "kidnapping" des savants allemands à la barbe des russes en 1945 jusqu'au triomphe de la navette, en passant par les vols historiques de Gemini et d'Apollo et les premiers pas de l'homme sur la Lune.

Les héros? Quatre hommes et quatre femmes que le destin a placés au cœur de cette aventure. Huit figures dont l'histoire personnelle se confond avec la légende de l'espace, avec, en toile de fond, les luttes d'influence, les rivalités, les débats politiques et scientifiques qui ont agité les coulisses de ce projet titanesque.

La critique de Mr K: 1140 pages de bonheur avec ce roman épique et passionnant au cœur de la conquête de l'espace depuis la fin de la seconde guerre mondiale aux années 80. Étant petit, comme beaucoup de petits garçons, j'ai été fasciné par les dinosaures, les origines de la vie et de la planère Terre puis par l'espace et ses héros de Sheppard à Gargarine en passant par Amstrong et Aldrin. L'occasion était trop belle quand j'ai vu ces deux volumes me tendre leurs petits bras dans un vide grenier périgourdin il y a déjà deux ans! Mais voila, résolutions 2012 obligent, je m'attaque à ma PAL sérieusement et grand bien m'en a pris avec ce roman historique que j'ai dévoré en moins d'une semaine tant j'ai été emporté dans le récit.

Michener s'est amusé à glisser des personnages fictifs dans l'Histoire avec un grand H. Ainsi on suit le destin d'un ingénieur allemand spécialisé dans les fusées, un sénateur républicain ancien héros de guerre participant à la commission du Sénat concernant la recherche spatiale, un pilote d'élite de la Navy, un savant américain... autant de vies que l'on va suivre sur plus de quarante ans. Le grand mérite de ce procédé est de rendre accessible un contenu pourtant complexe. Ainsi, au delà des passages expliquant les002 différentes révolutions techniques parsemant la conquête de l'espace, on suit la vie de famille et les relations complexes des différents personnages au sein de leur travail et dans les relations avec leurs proches (ce qu'ils réussissent dans leur labo, ils le ratent d'autant plus dans la vie de famille notamment dans l'éducation de leur progéniture pour certains). On évite l'écueil du roman scientifique éreintant pour pénétrer dans un univers type saga avec une dimension épique non négligeable: il est tout de même question de l'exploration spatiale!

C'est aussi un remarquable miroir de la société américaine de l'époque. Tout d'abord, on est en pleine Guerre froide et la paranoïa est de mise. L'URSS fait peur et mène la course à l'espace. Le programme spatial est avant tout une redoutable arme de propagande au service de l'idéologie libérale et des différents gouvernements américains de l'époque (d'Einsenhower à Carter, en passant par Ford, Nixon et Kennedy). À ce propos, l'auteur a ajouté tout un pan à l'histoire principale en suivant le travail de l'attaché de presse responsable du suivi dans les médias des différentes personnalités du programme: c'est édifiant! On y voit notamment comment on s'y prend pour sculpter de toute pièce un héros et on voit tous les éléments que l'on gomme pour s'attirer l'attachement des foules (infidélités chroniques de certains cosmonautes, femmes effacées et obéissantes sont à mettre en avant etc...). La société de l'époque est rétrograde et à travers les différents destins abordés, apparaît en filigrane la condition de la femme et l'émergence du féminisme (figure de Penny Pope), l'homophobie latente et la honte des parents face au coming out de leur fils, le rêve américain qui est encore dans tous les esprits avec l'échec en ligne de mire pour tous les mal-nés et minorités ethniques (notamment les afros-américains) et la quasi dictature de l'argent sur les destins individuels. Des passages à cet égard sont rudes avec notamment l'émergence des réactionnaires voulant bannir des lieux d'étude la notion d'évolutionnisme et de géologie au profit du créationnisme le plus primaire. C'est donc une véritable page d'histoire qui nous est offerte avec ce livre. Un petit bémol, j'ai trouvé que Michener ne parlait pas assez de l'impact du premier vol humain dans l'espace (Gargarine en l'occurence) sur l'Amérique montrant par là même les limites de ce roman tout de même centré sur l'aventure américaine.

Ce livre se lit très facilement et l'on tourne les pages sans s'en rendre compte. Le style n'est pas extraordinaire mais convient à merveille pour le thème traité. On passe allègrement de moment intimes à des passages héroïques et scientifiques. L'ensemble a nourri mes rêves et m'a fait revivre mes premières exaltations de mômes quand je lisais de grands livres d'images au CDI de mon collège. Si le sujet vous intéresse et que la somme de pages ne vous fait pas peur, ce livre est pour vous. Il est considéré comme une des meilleures vulgarisations sur le thème de la conquête de l'espace.

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