"Wormwood: gentleman zombie" de Ben Templesmith
L'histoire:
Wormwood est un asticot pensant, échappé d'une dimension infernale, qui parle anglais (avec un fort accent), boit de la bière (en grande quantité), fume (beaucoup) et qui, accessoirement, habite des cadavres. Aidé de Monsieur Pendulum et de la strip-teaseuse Medusa, il passe son temps à sauver le monde d'invasions démoniaques et de préférence tentaculaires.
La critique de Mr K:
Belle découverte que j'ai fait là par l'entremise de Céline, une amie qui me l'a offert le week-end dernier suite à une soirée d'anthologie... on va dire qu'elle n'a que 3 mois de retard par rapport à ma date d'anniversaire! L'attente valait le coup! C'est une BD bien déjantée comme je les aime!
Difficile d'en parler tant elle ne ressemble à rien d'autre. Mélange de fantastique-ésotérisme, de comics pour les scènes de bastons et d'humour bien senti et thrash. Le présent recueil conte deux récits bien séparés. Le premier s'apparente plus à une sorte de présentation scénarisée où l'auteur présente les principaux protagonistes: Wormwood et ses comparses. Le deuxième (le plus long) est consacré à une enquête entière.
Wormwood est donc une espèce de parasite qui s'approprie des cadavres pour pouvoir agir à sa guise, derrière cet alcoolo-fumeur fini se cache un dandy chargé de sauver le monde, rien de moins! J'ai particulièrement apprécié sa rhétorique et son sens particulier de la répartie. Il est accompagné par Mr Pendulum, une de ses créations tout de fer construite qui se révèle être un compagnon silencieux, aux réparties rares mais subtiles, particulièrement efficace un canon scié à la main! Ce joyeux duo traîne ses guêtres dans un obscur bar-club de streaptease tenu par Medusa, humaine au charme vénéneux et au caractère bien trempé. Les vannes pleuvent, les coups aussi mais rassurez-vous chers lecteurs ça se termine toujours bien... même si le corps de Wormwood a tendance à souffrir de ses altercations avec les entités tentaculaires qui croisent son passage.
J'ai vraiment apprécié cet univers à l'ambiance glauque et crasseuse, les discussions à bâtons rompus entre les héros et les créatures qu'ils pourchassent. On est toujours le cul entre deux chaises, entre sérieux et dérision. Un exemple: Un bad guy invoque Moloch un dieu ténébreux venu des tréfonds de l'enfer pour se débarasser du trio magique. La bête s'apprête à les erradiquer quand il reçoit un appel sur son portable de sa chère et tendre qui lui demande plus ou moins de rentrer avec le pain pour le dîner! Il s'avère un peu plus loin que Wormwood est allé à l'école avec le frère de Moloch... Du délire total je vous dis!
Ci-contre vous pourrez vous faire une idée du trait de ce grand dessinateur (auteur entre autre de "30 jours de nuits" ). J'ai apprécié la colorisation mi acidulée mi sombre qui fait qu'en tournant les pages, on a l'impression de voyager entre deux mondes, digne écho de l'entre-deux dont je vous parlais en début de post.
On rigole donc assez volontier, du moins si on possède un sens de l’humour assez glauque et l'enquête que dirige le ver et ses amis est plutôt prenante. Par contre, la lecture des dialogues n'est pas toujours aisée. En effet, les polices de caractères sont souvent serrées, petites, plutôt sombres (utilisation volontaire de couleurs), dans des bulles noires et avec des phrases souvent difficiles à loger dans la place impartie. Si le texte se montre ainsi plutôt riche, cet aspect exige des lecteurs un certain effort. Mais bon... perso j'ai trouvé que ça rajoutait un poil de noirceur dans une oeuvre déjà profonde et saisissante.
J'ai d'ors et déjà commandé le volume deux en compagnie des volumes 10, 11 et 12 des Chroniques de la Lune Noire. À découvrir!