Une recherche Google a un prix... énergétique
Les internautes en sont rarement conscients, mais leurs périgrinations dans le monde virtuel a un coût énergétique bien réel. Selon Alex Wissner-Gross, physicien à l'Université de Harvard, deux requêtes sur Google consommeraient autant de carbone qu'un tasse de thé bien chaud. Selon les travaux de ce scientifique, deux requêtes sur Google génèreraient 14 grammes d'émission de carbone, soit quasiment l'empreinte d'une bouilloire électrique portée à ébullition (15 g).
"Google fait tourner d'immenses centre de calcul partout dans le monde qui consomment une importante quantité d'énergie, explique Alex Wissner-Gross dans le Times. Une recherche Google a donc une empreinte environnementale définie". Avec plus de 200 millions de recherches quotidiennes, la consommation électrique et les émissions de gaz à effet de serre provoquées par les ordinateurs constituent donc un vrai sujet d'inquiétude, estime le quotidien britannique.
2 % DES ÉMSSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
"Les centres de calcul sont parmi les infrastructures les plus coûteuses en énergie qu'on puisse imaginer", renchérit Evan Mills, scientifique au Lawrence Berkeley National Laboratory
de Californie. Quand un internaute fait une recherche sur Google, sa
requête est dirigée vers plusieurs serveurs qui sont en compétition les
uns avec les autres, parfois à des milliers de kilomètres. Google
envoie ensuite l'information de celui qui a produit la réponse la plus
rapide. "Google est très efficace, poursuit Evan Mills, mais le premier but est la rapidité, et qui dit rapidité dit consommation importante d'énergie".
Selon
un récent rapport du cabinet d'analyse Gartner, l'industrie
informatique génère à elle seule 2 % des émissions de gaz à effet de
serre, devant l'industrie aéronautique. Le simple fait d'utiliser un
ordinateur consomme entre 40g et 80g de carbone par heure, explique John Buckley, directeur de carbonfootprint,
un cabinet d'expertise environnemental britannique. La consultation
d'une simple page web consommerait à elle seule environ 0,02 grammes de
carbone par seconde, le chiffre étant multiplié par 10 pour une page
enrichie d'images complexes ou de vidéos (0,2 grammes).
UN AVATAR CONSOMME AUTANT QU'UN VRAI BRÉSILIEN
Plus surprenant : maintenir en vie un avatar sur le jeu de réalité virtuelle Second life pendant un an consommerait autant d'énergie qu'un Brésilien moyen, soit 1 752 kilowatts-heure. C'est en tout cas ce qu'affirme Nicholas Carr, auteur de The Big Switch, Rewiring the World. "Cette comparaison n'est pas déraisonnable , explique au Times Liam Newcombe, expert en centre de calcul à la British Computer Society. Cela nous montre combien les Occidentaux utilisent d'énergie pour se distraire au regard de la pauvreté énergétique de certains pays".
Ces études sont cependant loin de faire l'unanimité. Le blog flucuatnet s'interroge ainsi sur le profil de leurs auteurs, et rappelle qu'Alex Wissner-Gross est l'initiateur du projet CO2net, "dont le business est justement d'auditer et de limiter l'empreinte écologique des firmes informatiques et des sites web". Prenant la défense du web, Fluctuatnet suggère également de comparer les services rendus par le Net et son coût énergétique avec "les autres médias et services auxquels il se substitue en partie, comme le courrier postal, presse et produits imprimés, VPC... ?"
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