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Le Capharnaüm Éclairé
15 février 2024

"Né d'aucune femme" de Franck Bouysse

 

L’histoire : Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d'une femme à l'asile.
- Et alors, qu'y-a-t-il d'extraordinaire à cela ? Demandai-je.
- Sous sa robe, c'est là que je les ai cachés.
- De quoi parlez-vous ?
- Les cahiers... Ceux de Rose.
Ainsi sortent de l'ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquelles elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin.

 

La critique de Mr K : Nouvelle lecture dans le cadre de notre défi interne #piochedanslautrecapharnaum. Ma chère Nelfe, qui l'a lu en 2020, m’a donc chaudement recommandé cet ouvrage de Franck Bouysse, auteur que je découvrais par la même occasion. Né d’aucune femme est pour le coup un roman bien noir et j’avoue que j’ai adoré. Même si les débuts ont été plus difficiles que d’habitude pour rentrer dedans (la faute aussi à une reprise complexe au boulot et ma fille qui se transforme depuis peu en Gremlins), j’ai pris une sérieuse claque et le parcours de vie terrifiant de Rose restera longtemps ancré dans ma mémoire.

 

Noir c’est noir pour Rose. Vendue par son père à 14 ans à Charles, maître des forges du secteur, la voila devenue bonne à tout faire de la maisonnée. Ménage, repas et autres tâches domestiques lui sont dévolues sans gages et sous l’autorité de la mère du maître des lieux. Rose pioche ici ou là quelques étincelles de bonheur fugace auprès de la nature, des chevaux de l’écurie et d’Edmond, homme à tout faire des lieux qui est le seul à sembler se soucier d’elle. Le quotidien est difficile donc, une ombre invisible plane au dessus des lieux. Pourquoi la maîtresse de maison reste-t-elle enfermée dans sa chambre et ne sort jamais ?

 

Difficile d’en dire plus sans livrer les clefs d’une intrigue aux ramifications nombreuses où l’on s’enfonce peu à peu dans ce que l’humanité peut produire de plus malséant et épouvantable. Plus on avance dans cette lecture, plus on a la gorge et les tripes prises par le drame qui se joue. Sans en faire trop, sans pathos, Franck Bouysse va infliger nombre de tourments à Rose et par rebonds au lecteur. Situé à une période non précisée, je miserais sur le 18ème ou 19ème siècle, c’est comme si un fatum s’abattait sur Rose qui va subir des épreuves terribles qui vont détruire sa jeunesse et son existence.

 

Roman choral qui donne vie à des personnages qu’on n’est pas prêt d’oublier tant ils sont caractérisés avec mesure et réalisme, changeant de point de vue et croisant les regards, on suit la jeune et insouciante Rose, son père ravagé par la culpabilité, Charles et sa mère, horribles maîtres à la morale éteinte depuis longtemps, Edmond l’homme à tout faire gentil et lâche à la fois, le prêtre Gabriel en quête de vérité... tous nous touchent d’une manière ou d’une autre. Les trames se rejoignant, on s’oriente vers des révélations douloureuses et puissantes à la fois. On passe vraiment par tous les états et l’on finit sur les genoux, profondément ébranlé.

 

Remarquablement écrit, porteur d’un souffle qui emporte tout sur son passage, l’ouvrage se lit d’une traite. On est face à de la littérature engagée et élaborée avec un soin total pour un plaisir total. À lire absolument et encore un sacré bon conseil de la part de ma douce.

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Commentaires
M
Il vaut le coup vraiment mais il faut avoir le cœur bien accroché. ;)
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M
Ok, vous m'avez convaincue ! 📖💗📖
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