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Le Capharnaüm Éclairé
5 juillet 2011

"Le coeur en dehors" de Samuel Benchetrit

coeurL'histoire:

Tu sais Charly, il faut aimer dans la vie,
beaucoup... Ne jamais avoir peur
de trop aimer. C'est ça, le courage.
Ne sois jamais égoïste avec ton coeur.
S'il est rempli d'amour, alors montre-le.
Sors-le de toi et montre-le au monde.
Il n'y a pas assez de coeur courageux.
Il n'y a pas assez de coeurs en dehors...
                                                                    S.B

La critique de Mr K: Retour en banlieue pour moi, cinq ans après mon retour en Bretagne après mutation. Dans ce petit livre de 248 pages, on suit Charly, un gamin de dix ans, d'origine malienne qui vit dans une cité de banlieue. Au tout début, il assiste à l'arrestation de sa mère par la police et il part à la recherche d'Henry, son frère toxico, pour démêler la situation (on ne saura qu'à la fin le pourquoi du comment). Derrière ce postulat, on se rend vite compte que l'auteur a deux objectifs à travers cet ouvrage: raconter une histoire et décrire la vie en cité.

Pari réussi tant on s'accroche aux personnages dès le début. Charly Traoré est intéressant, émouvant et à 10000 lieues des clichés véhiculés par les médias sur les ados de cité. On ne tombe pas pour autant dans la vision naïve et idyllique de la banlieue mais on a un regard neutre, un regard d'enfant encore innocent dans un monde rude, parfois sordide où la misère côtoie la misère et entraîne certains sur de mauvais chemins. C'est avec un mélange de curiosité et d'appréhension que nous suivons les déambulations de Charly dans son quartier. On se rend compte très vite de l'attachement très fort qui le lie à sa mère qui est encore toute sa vie, on rencontre sa petite-copine, on croise son frère Henry lors d'une scène mémorable et émouvante à souhait (passage sur le terril vers la fin du roman), on passe voir les employeurs de sa mère (un couple de personnes âgées vivant dans un quartier pavillonnaire), on goûte à son amour des bons mots et tout particulièrement Rimbaud... Comme écrit en quatrième de couverture, il y a du Petit Nicolas dans ce livre.

Tout cela est raconté dans un style oralisé familier. Cela se lit donc très facilement et les pages se tournent rapidement. Petit reproche, on a du mal à se dire qu'un môme tel que Charly puisse raisonner de cette matière avec un tel vocabulaire. On sent que c'est un adulte qui s'imagine enfant et du coup, l'ouvrage perd en crédibilité. Reste une histoire puissante qui m'a fait penser au Gône du Chaâba d'Azouz Begag que j'avais dévoré il y a quelques temps déjà. L'humour est aussi présent malgré la chape de plomb qui englobe de plus en plus le livre durant son déroulement (la scène du repas chez les Roland est à se tordre). La révélation sonne comme une sentence. On referme le livre avec le cœur bien remué et un léger mal de bide qui nous rappelle combien on est chanceux par rapport à d'autres dans la vie et nous incite à exercer notre devoir de vigilance contre la discrimination et le populisme d'extrême droite.

Une bonne lecture entre mélancolie et espoir. Peut-être pas le chef d'œuvre absolu mais de bien belles pages à parcourir en compagnie du petit Charly.

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Commentaires
M
@Véro: Ben n'hésite pas, je pense que tu t'y retrouveras.
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V
La référence au Gône du Chaaba me donne envie de lire ce titre...
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N
@les cafards: Héhé bienvenue! avec nos noms, nous étions faits pour nous rencontrer ;)
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L
enfin un cafards no home où c'est pas le bordel !
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M
@Mélo: C'est mon premier de lui et franchement c'est pas mal! Si je le rencontre à nouveau au détour d'un rayon de libraire ou de brocante, je me laisserai sans doute tenter! ;)
Répondre
M
Cet auteur me tente de plus en plus...
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