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Le Capharnaüm Éclairé
25 janvier 2010

De la souffrance de n'être qu'un enfant

copainL'histoire: Au sud des Etats-Unis, la pire des enfances attendait Harriet Cleve, dans l'ombre d'un frère assassiné, d'un meurtre jamais élucidé. Une famille détruite, un père enfui, une mère et une soeur anéanties. Lors de l'été de ses douze ans, la jeune fille se révolte. Elle veut savoir, et se venger. Elle sait que pour y parvenir, elle doit renoncer à sa propre adolescence et à ses rêves, affronter et défier le monde inconnu et menaçant des adultes. Et pour commencer, trouver de l'aide auprès d'un ami.

La critique Nelfesque: Quel bonheur que ce livre! Durant toute la lecture de ce roman, j'ai eu l'impression d'être dans du coton. Un coton ouatté. Dans la chaleur étouffante et enveloppante  de cette ville du sud des Etats-Unis, dans les années 70.

Ce que je retiendrai de ce "Petit copain" de Donna Tartt n'est pas le côté polar où Harriet cherche le coupable du meurtre de son grand frère, le trouve (ou croit le trouver), le traque et élabore sa vengeance. Si vous vous attendez à une révelation au bout des 850 pages et enfin savoir qui à tuer Robin, vous pouvez passer votre chemin. Ceux qui lisent ce roman dans cette optique là seront forcément déçus. Ca n'a pas été mon cas. J'y ai vu plutôt une chronique de la vie ordinaire, une histoire familiale forte avant et après le drame, une petite fille au fort caractère et aux raisonnements d'adulte et un ami fidèle mais si "enfant" par rapport à elle. Le mystère autour de la mort du frère d'Harriet n'est pour moi que l'explication au comportement des membres de la famille mais en rien un but à élucider.

Les personnages sont savoureux et leur psychologie est fouillée. Harriet est une petite fille déterminée qui ne supporte pas les faiblesses et souffre du manque d'intérêt qu'elle suscite autour d'elle. Hely, son ami, est un petit garçon tout ce qu'il y a de plus banal, adorant James Bond et se prenant pour lui, il cherche à impressionner Harriet d'apparence si forte, avec une maladresse enfantine touchante. Charlotte, sa mère, dépressive depuis la perte de son fils, erre dans la maison et est continuellement à côté de ses pompes. Ida, la bonne des Cleve, femme de couleur, tient la maison à bout de bras. Eddie, sa grand-mère est une femme droite et fière, issue d'une famille bourgeoise, elle a gardé une certaine attitude supérieure sur ses semblables...

Je me suis beaucoup attachée au personnage d'Harriet. Je me suis retrouvée un peu en elle et je n'ai pas pu m'empêcher de transposer son histoire sur la mienne. Elevée, comme elle, au milieu de plusieurs grandes tantes et dans un schéma très matriarcale, j'ai connu une enfance entourée de personnes âgées et de douceur bienveillante. A la perte de sa tata préférée, j'ai ressentie sa douleur. Cette tata, la seule qui l'aimait vraiment telle qu'elle était et en tant que personne, chez qui elle aimait courir prendre le goûter. Cette tata qui a sacrifié sa vie pour ses soeurs et qui était si pleine d'amour. Sa perte est un vrai crève coeur pour Harriet et une vraie douleur pour le lecteur. On ne peut rester insensible face à sa douleur.

A la moitié du livre, vient se supperposer à l'histoire familiale d'Harriet, celle des Ratliff. Les Ratliff sont des pauvres qui vivent en caravane et dont plusieurs membres ont fait des séjours en prison. Certains sont drogués jusqu'aux yeux, dealer, l'un deux est attardé mental, un autre prêcheur repenti. Des coupables idéales pour Harriet...

Ce que je retiendrai de ce livre, c'est la souffrance de l'enfance. Un âge où l'on ressent les choses, où l'on a envie d'hurler mais où l'on est traité comme un bébé. A son appel à l'aide lors du départ d'Ida, le rayon de soleil de la maison, on lui répond que ce n'est qu'une bonne, qu'elle trouvera du travail ailleurs. Pour elle, Ida n'est pas "qu'une" bonne, mais personne ne veut l'entendre... A son affolement à se rendre au camps de vacances qui ressemble plus à un camp pour catho intégristes qu'à un lieu d'amusement, on lui répond qu'elle va adorer être ici et que dans une semaine elle fera le cinéma inverse pour rester. Sauf que ce n'est pas vrai... A ses larmes lors de l'enterrement de sa tante Libby, on lui reproche son "hystérie". Mais ce n'est pas de l'hystérie...

On voit souvent, avec nos yeux d'adultes, le côté insousciant de l'enfance. On en retient les jeux et l'amusement. Mais nous avons oublié que c'est aussi un dur moment d'incompréhension et de souffrance de n'être qu'un enfant, face à des adultes qui sont convaincus de savoir ce qui est bon pour lui...

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Commentaires
N
@Shanaanounet: Je les ai lu avec pas mal d'années d'intervalles et tu vois c'est celui ci que je retiens.<br /> Tu me diras ce que tu en auras pensé? ;)
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S
Nelfounette,<br /> <br /> Sur ce que je lis sur la toile, tu es bien la seule à avoir préférer celui là au maitre des illusions, beaucoup ont en effet été décus par celui là ! Mais perso je vais le lire il est dans ma PAL de toute et je suis tombé tellement amoureux du premier..
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N
@L'attrape rêves: N'hésite pas à revenir vers moi le jour où tu l'auras lu, on échangera nos ressentis.<br /> J'aime faire découvrir ce livre autour de moi, j'espère qu'il te plaira. Pour la petite histoire, lors de nos vacances, il y a peu, au bord de la piscine de notre hôtel, il y avait une dame qui lisait "Le petit copain". Je me suis retenue d'aller l'embêter pour lui parler du livre ^^
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L
J'aime beaucoup ton avis et surtout ton point de vue et ta manière de voir les choses qui est un peu pareil que moi! En tout cas je le note :)
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N
@Neph: Si quand même... En même temps dans un pavé de plus de 800 pages c'est un peu normal. Mais moi ça ne m'a pas dérangé du tout car j'ai complètement adhéré au style de l'auteure.<br /> Bonne lecture.
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N
Pas trop de longueurs ? C'est ce que je reproche au Maître des Illusions que je viens de terminer... En tout cas je le note, j'avais aimé le style de Donna Tartt.
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N
@rose: oui les priorités des adultes ne sont pas celles des enfants...
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R
Ton billet me rappelle les efforts de Harriet, persuadée que son enquête va régler tous les problèmes de sa famille, et souvent empêchée d'agir par les adultes, qui en même temps ne parviennent pas à l'empêcher de courir de grands dangers...
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N
@bartllebooth: J'ai lu il y a quelques années "Le maître des illusions" que j'avais adoré aussi. Mais il est vrai que 2 livres en 15 ans c'est peu... A priori, elle en a sorti d'autres mais ils n'ont pas été traduit! :(
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B
Ce qui est frustrant chez Donna tartt c'est que cela ne fait que deux livres en 15 ans...le maître des illusions est mon attrape coeur à moi, j'avais été forcément moins emballé par celui là tout en restant emerveillé par la qualité de cette auteure
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N
@Ys: Ce livre m'a vraiment touché. Je viens d'en entamer un autre mais c'est très dur de se replonger dans une autre lecture après celui ci... Il faut le digérer, presqu'en faire son deuil. C'est très particulier. Je t'encourage vivement à le lire.<br /> <br /> @Livresque: Toi aussi je t'y encourage ^^
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L
Je ne connaissais pas du tout mais ce que tu en dis me plait et m'intrigue. Je l'ajoute donc à ma wishlist :-)
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Y
Très très convaincante Nelfe... je lirai ce livre un jour, c'est certain... ça m'a l'air bien noir et bien psychologique, comme j'aime.
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N
@Anneso: Je l'ai lu il y a quelques années, j'avais aussi beaucoup aimé.<br /> <br /> @Véro: Oh que oui! ^^
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V
Un auteur à découvrir semble-t'il ...
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A
j'ai lu du même auteure Le maitre des illusions que javais beaucoup aimé. Je note celui-ci donc, et te conseille l'autre, si tu ne l'as pas encore lu ;)
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