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Le Capharnaüm Éclairé
19 novembre 2008

Mais qu'est-ce que je fous là?

PLOUFOn ne sait plus quoi faire pour les motiver. Ou pour qu'ils aient l'air motivé. Voilà quelques années, ils devaient marcher pieds nus sur la braise. Aujourd'hui, on organise pour les cadres des trucs encore plus idiots: construire une yourte et y dormir tous ensemble (afin de "se découvrir autrement"); déjeuner à 50 mètres de hauteur, suspendus par une grue (pour "renforcer l'esprit d'équipe"); conduire un 4/4 à l'aveugle, uniquement guidé par les indications du copilote (pour apprendre à "communiquer efficacement"). "Chaque fois que la convocation à notre convention annuelle arrive, j'ai envie de démissionner",  raconte un cadre d'Orange dans "Capital" (11/2008). La dernière fois, il a dû enfiler un costume gonflable de sumo et, ainsi déguisé, affronter deux de ses collègues sur le tapis... Quand les relations entre les gens sont entièrement détruites par la hiérarchie, l'absurdité des tâches, le stress, l'infantilisation, l'entreprise essaie désespérément de les reconstruire, ces relations. D'après un sondage de l'Institut Gallup, l'heure est grave: en France, seulement 5% des employés se sentiraient "engagés" dans l'entreprise. Et plus ils sont diplômés et haut placés, plus ils s'en battent les flancs. Les "désengagés actifs" représenteraient pas moins de 20% des bac +5 ("Le Nouvel Économiste", 2/10).

L'élite, c'était eux. Les forces vives de l'entreprise. Ils la faisaient tourner. Ils y gagnaient gros. Ils y faisaient carrière. Ils s'y dévouaient. Elle leur était loyale. C'est fini. On les met à la retraite anticipée. On les jette. Leur travail n'a plus guère de finalité. Ils rêvent de s'engager dans l'humanitaire. de faire quelque chose d'utile, pour une fois. Dans un livre récent ("Quand les cadres se rebellent" D. Courpasson et J.C Thoenig) , deux auteurs notent le nombre croissant de cadres qui se rebellent, se demandent soudain "Qu'est-ce que je fous là?", dénoncent "l'univers carcéral de leur entreprise de leur entreprise et la pression insatiable du management". Ces rébellions sont plus souvent le fait de cadres dits à haut potentiel, qui viennent d'atteindre  la trentaine. "Les rebelles sont souvent des hyperconformistes, partisans de l'entreprise et salariés soumis cités en modèles qui brusquement disent non à leur direction, à propos d'un fait mineur et très circonstancié, mais qui agit comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase". Bon, ce ne sont pas des foules. Le symptôme reste marginal. On peut régler le problème facilement. Il suffit d'acheter encore plus  de costumes gonflables de sumo.

Jean-Luc Porquet, rubrique "Plouf" du canard enchaîné n°4594.

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Commentaires
N
Et ils ont omis le meilleur: les week-end paint ball à la "Severance"! Ya pas mieux!
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