jeudi 13 août 2020

"Debout les morts" de Fred Vargas

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L’histoire : Un matin, la cantatrice Sophia Siméonidis découvre, dans son jardin, un arbre qu'elle ne connaît pas. Un hêtre. Qui l'a planté là ? Pourquoi ? Pierre, son mari, n'en a que faire. Mais la cantatrice, elle, s'inquiète, en perd le sommeil, finit par demander à ses voisins, trois jeunes types un peu déjantés, de creuser sous l'arbre, pour voir si... Quelques semaines plus tard, Sophia disparaît tandis qu'on découvre un cadavre calciné. Est-ce le sien ? La police enquête. Les voisins aussi. Sophia, ils l'aimaient bien. L'étrange apparition du hêtre n'en devient que plus énigmatique.

La critique de Mr K : C’est toujours un plaisir bien particulier que de se retrouver à lire un ouvrage de Fred Vargas. C’est l’assurance d’une lecture détente à haute teneur littéraire. Debout les morts ne déroge pas à la règle, il s’agit du premier tome paru de la série des Évangélistes dont j’avais déjà lu Sans feu ni lieu. Pas de commissaire Adamsberg donc dans cet ouvrage, mais quatre hommes cohabitant dans la même bicoque qui vont se mêler à une enquête bien tortueuse comme sait si bien le proposer cette auteure décidément plus que douée.

Marc le médiéviste, Matthias le préhistorien et Lucien le contemporaniste spécialiste de la Première Guerre mondiale sont comme ils disent "dans la merde". À la dèche, sans boulot et sans femmes dans leurs vies respectives, le destin les réunit via Marc qui propose aux autres de devenir colocataires dans une vieille maison décrépite qui n’attendait qu’eux. Se joint à eux, le parrain de Marc, un ex flic débarqué suite à un scandale retentissant au sein des forces de l’ordre. Chacun se voit attribuer un étage dans l’ordre chronologique de la spécialité de chacun - sic -, sauf le parrain qui se retrouve sous les combles. Commence alors le rafistolage, la rénovation de la maison avec son lot d’imprévus, de discussions voire de disputes. Les débats entre ces quatre là peuvent s’avérer hauts en couleur.

Tout commence vraiment quand la voisine, une ex cantatrice, vient les trouver car un mystérieux arbre (d’âge adulte) est apparu dans son jardin au cours de la nuit ! Quelque chose d’insaisissable lui fait peur et les quatre hommes offrent leur aide, mais ils ne trouvent rien sous le mystérieux arbre. Puis, c’est la voisine qui disparaît et un corps carbonisé est retrouvé avec à ses côtés la pierre semi précieuse dont ne se séparait jamais la disparue... L’arrivée de la nièce de la voisine avec son jeune fils, l’autre voisine qui semble désespérée face aux événements, un mari qui a l’air de s’en foutre royalement... voila toute une série d’éléments qui ne peuvent qu’attiser la curiosité des trois historiens et du vieux flic. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises avec de nombreuses fausses pistes et révélations qui jalonnent ce roman au suspens qui ne se dément jamais.

On retrouve le ton si particulier de Fred Vargas, à commencer par des personnages décalés au verbe haut. On ne peut que tomber sous le charme de cette équipe de pieds nickelés dont les échanges sont savoureux et l'on passe joyeusement de l’extrême érudition aux palabres les plus familières. Cela donne un charme de fou à ses trois historiens branques entre le préhistorien taiseux adepte de naturisme, le médiéviste romantique tourmenté et Lucien qui vit littéralement à l’heure de la Grande Guerre et se révèle être un gueulard de première ! Malgré leurs nombreuses prises de bec, ces trois là se complètent idéalement. Et puis, il y a le parrain qui dirige tout cela en sous-main et qui sait mieux que personne mettre en valeur et utiliser les capacités de chacun.

L’enquête débute doucement, pas vraiment de quoi fouetter un chat. Pas d’indices, des présomptions tout au plus. Ils se donnent à fond en tout cas pour essayer de résoudre cette disparition au détriment même parfois de la légalité, aidant et se faisant aider par la police grâce aux anciennes relations du parrain. À partir de la moitié de l’ouvrage, on ne sait plus vraiment où l’on va, chose que j’apprécie lors d’une bonne lecture policière. Cependant, au fil des chapitres, on commence à entrevoir des liens, des étrangetés qui s’amoncellent pèle mêle, sans ordre apparent. Une idée folle a germé dans mon esprit, je pensais vraiment avoir trouvé la clef de l’énigme mais je me suis bien fait avoir une fois de plus. Bien malin, celle ou celui qui trouvera l’explication finale. Tout se tient parfaitement mais un élément permet de tout renverser... D’ailleurs des personnages de la fine équipe n’en reviennent pas eux-mêmes !

Debout les morts se lit donc quasiment d’une traite avec un plaisir renouvelé grâce au style inimitable de Fred Vargas et de ses personnages si attachants. Un très bon moment de lecture à côté duquel il ne faut pas passer quand on est fan de roman policier.

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
L'Homme à l'envers 
Sous les vents de Neptune
Dans les bois éternels
Un lieu incertain
L'homme aux cercles bleus
Coule la Seine
Sans feu ni lieu
Ceux qui vont mourir te saluent
- L'Armée furieuse
- Temps glaciaires
- Pars vite et reviens tard

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dimanche 15 mars 2020

Acquisitions virales...

2020 a bien commencé pour nous avec notre Little K qui grandit petit à petit. Mais elle n'est pas la seule ! Avant sa naissance, nous avions succombé une fois de plus au virus de l'acquisition d'ouvrages de seconde main. Il était plus que temps de vous faire une petite présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives... en fait dans la mienne, car Nelfe pour le coup n'a rien trouvé à son goût !

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Ces trouvailles viennent d'horizons bien différents entre désherbage du CDI de mon établissement avant une remise à neuf complète, une ou deux boîtes à livres croisées lors de sortie en voiture ou encore des occasions dégotées dans des magasins de brocantes comme il en apparaît de plus en plus depuis quelques temps. Le butin est varié et fait surtout la part belle à des auteurs que j'aime tout particulièrement !

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- Celui qui survit et Fog de James Herbert. Deux titres du même auteur dégotés en même temps et au même endroit ! Coup double donc pour deux ouvrages prometteurs avec une histoire de brouillard maléfique qui rend les gens fous et dans l'autre volume un homme unique survivant d'une catastrophe aérienne confronté au paranormal. Des histoires à priori classiques mais vu le talent de conteur de l'auteur de la très bonne trilogie des rats, je pense que James Herbert va encore me faire passer un bon moment.

- Debout les morts de Fred Vargas. Un des derniers titres de l'auteure que je n'ai jamais eu l'occasion de lire. Pas d'Adamsberg dans celui-ci par contre, avec une étrange histoire d'arbre qui apparait sans prévenir dans le jardin d'une cantatrice qui va finir par disparaître. Bizarre, vous avez dit bizarre ? C'est souvent le cas avec les trames que nous propose Fred Vargas et en général, c'est pour le meilleur. Hâte d'en savoir plus.

- Les Voisins d'à côté de Linwood Barclay. Je suis bien content d'être tombé sur cette histoire de voisinage qui va faire trembler dans les chaumières ! Jusqu'à quel point connaît-on ses voisins ? C'est un peu le principe de base de cette histoire d'assassinat qui va remuer une petite communauté bien sous tout rapport... du moins en apparence ! Linwood Barclay excelle pour faire basculer des quotidiens banals dans le doute et les affres de l'angoisse. Il ne fera pas long feu dans ma PAL !

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- La Planète de Shakespeare de Clifford D. Simak. Impossible pour moi de résister à cet auteur quand je croise un de ses ouvrages en rayonnage d'occasion et puis cette collection de SF est mythique ! Dur de résumer la quatrième de couverture complètement folle de ce bouquin où un homme se réveille d'un sommeil cryogénique sur une drôle de planète où aurait vécu un certain Shakespeare. Même si je m'attends à tout et n'importe quoi avec un tel pitch, je ne me fais aucun souci, avec Simak je me régale à chaque fois !

- Bizarre ! Bizarre ! de Roald Dahl. Après ma lecture plus qu'enthousiaste de Matilda, il n'y a pas si longtemps, je vais remettre le couvert avec ce maître conteur qui propose ici une série de quinze histoires fantastiques entre drame et humour avec j'imagine le style si particulier et prenant d'un auteur qui a bercé mes jeunes années de lecteur. Typiquement le genre de lecture détente qui fait du bien et dont on a besoin en ces temps troublés.

- Le Roi Arthur : les légendes de la table ronde de Molly Perham. Un très beau livre pour finir le tour d'horizon du jour avec un ouvrage traitant d'un de mes héros préférés et tous les mythes qui l'entourent. J'ai rendez-vous avec Merlin, Arthur, Lancelot, Mordred et consorts avec des histoires éternelles, illustrées de fort belle manière. Que du plaisir en perspective !

Belle brochette d'ouvrages à mon actif encore une fois, la PAL remonte un peu mais rien de vraiment irrémédiable. Qu'il est bon de penser à tous ces mondes imaginaires qui m'attendent et procureront une évasion immédiate au milieu d'une actualité anxiogène au possible. Vous retrouverez comme d'habitude les chroniques de ces ouvrages sur le blog à plus ou moins longue échéance au fil de mes lectures. Portez-vous tous bien en tout cas en attendant. Et que la lecture soit avec vous !

jeudi 26 décembre 2019

"Pars vite et reviens tard" de Fred Vargas

pars viteL’histoire : Ce sont des signes étranges, tracés à la peinture noire sur des portes d'appartements, dans des immeubles situés d'un bout à l'autre de Paris. Une sorte de grand 4 inversé, muni de deux barres sur la branche basse. En dessous, trois lettres : CTL. A première vue, on pourrait croire à l'œuvre d'un tagueur. Le commissaire Adamsberg, lui, y décèle une menace sourde, un relent maléfique. De son côté, Joss Le Guern, le Crieur de la place Edgar-Quinet, se demande qui glisse dans sa boîte à messages d'incompréhensibles annonces accompagnées d'un paiement bien au-dessus du tarif. Un plaisantin ou un cinglé ? Certains textes sont en latin, d'autres semblent copiés dans des ouvrages vieux de plusieurs siècles. Mais tous prédisent le retour d'un fléau venu du fond des âges...

La critique de Mr K : Ça faisait déjà deux ans que je n’avais pas lu Fred Vargas, une auteure que j’aime tout particulièrement et dont je recherche régulièrement les titres qui me manquent dans nos séances de chinage. À part les deux derniers volumes sortis qu’il me reste à trouver, celui-ci est un ancien titre qui m’avait jusque là échappé. Le tort est désormais réparé avec Pars vite et reviens tard que j’ai dégoté par un heureux hasard il y a peu. L’attente avait été longue, je n’ai donc pas attendu longtemps avant de le sortir de ma PAL. À l’instar des précédents opus mettant en avant le commissaire Adamsberg, je l’ai dévoré en un temps record.

Dans ce volume, je reviens en arrière dans la chronologie. En effet, Adamsberg vient d’être nommé à la tête du commissariat où il officie par la suite. Il doit prendre ses marques, à commencer par se rappeler le nom de ses hommes. Bon, il est toujours accompagné de Danglard son second qui ne tourne pour le moment qu’à la bière, il croise pour la première fois les pas d’Estalère et surtout de Violette Rettancourt, une enquêtrice de choc à la langue bien pendue (ma chouchoute). C’est aussi dans ce roman que l’on nous apprend les origines de La Boule, le chat qui par la suite passe son temps à flemmarder sur la photocopieuse des lieux (je suis un inconditionnel). Il y a un côté jubilatoire à retrouver toute cette troupe d’enquêteurs aux caractères bien trempés, très divers mais qui ensemble fonctionnent très bien dans les recherches qu’ils doivent mener. C’est aussi l’époque où Adamsberg et Camille ont encore une relation plus ou moins suivie même si ça finit par se gâter. Le commissaire reste toujours aussi charismatique entre réflexions nébuleuses, petites promenades méditatives et intuitions d’une acuité extraordinaire. Pas de doute, on est bien à la maison !

L’enquête en elle-même commence lentement. Le chiffre 4 peint à la mode ancienne sur des portes, des annonces étranges proclamées en pleine rue et des cadavres qui commencent à s’accumuler et finissent par semer la panique dans tout Paris. On croise d’étranges personnages dans des quartiers populaires qui cachent une Histoire trouble, de celles que les autorités ont étouffées par peur des représailles. L’ombre de la Peste ressurgit dans les esprits car les cadavres ont été noirci au charbon, des puces de rats sont retrouvés sur les lieux des crimes et une menace sourde plane. Comme à son habitude, Vargas prend son temps, détaille ses personnages secondaires, nous donne à voir l’âme à vif de protagonistes à l’apparence simple, basique mais qui au fil du déroulé s’enrichissent et montrent des trajectoires de vie torturées mais toujours crédibles. Impossible de se détacher de son étreinte, de son talent de conteuse emprunt d’amour pour ses personnages et d’un don de la narration somme toute rare.

L’Histoire se mêle donc à la danse étrange que se livrent les personnages avec des révélations fracassantes, des scènes de vie d’une truculence et d’une justesse de tous les instants, un Adamsberg qui a fort à faire avec un assassin retors et une vie personnelle des plus compliquée. L’addiction est immédiate en tout cas, on rentre dans un roman de Vargas comme on s’installe dans un bon fauteuil moelleux, enveloppant. Quel plaisir de lecture, quelle langue exquise à la lecture et au final quel beau moment passé entre ces pages ! Décidément, je ne me lasse pas des aventures d’Adamsberg.

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur :
L'Homme à l'envers 
Sous les vents de Neptune
Dans les bois éternels
Un lieu incertain
L'homme aux cercles bleus
Coule la Seine
Sans feu ni lieu
Ceux qui vont mourir te saluent
- L'Armée furieuse
- Temps glaciaires

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lundi 7 août 2017

"Temps glaciaires" de Fred Vargas

Temps-glaciaires

L’histoire : Le printemps s’annonça par un triolet de suicides. Une même signature laissée près des victimes, un étrange symbole en forme de guillotine.

Pour le commissaire Adamsberg et ses adjoints Danglard et Retancourt, c’est le début d’une enquête débridée qui les conduira des arcanes d’une étrange société, férue des écrits de Robespierre, aux terres lointaines et embrumées d’Islande.

La critique de Mr K : Ça faisait bien deux ans que je n’étais pas retourné voir du côté de chez Fred Vargas et son si charismatique commissaire Adamsberg. Il faut dire aussi qu’elle n’en a pas écrit 36 et que j’ai bien avancé dans sa bibliographie (sic). Temps glaciaires est son avant dernier ouvrage paru à ce jour et c’est une fois de plus Nelfe qui m’a sauvé la mise en dégotant cet exemplaire poche lors d’un chinage solo ! Oh gloire, oh joie ! Je pouvais enfin suivre la suite des aventures d’Adamsberg et de tous ses collègues hauts en couleur !

Quoi de mieux que de déguiser un meurtre en suicide pour éviter les poursuites policières ? L’assassin l’a bien compris et multiplie les passages à l’acte pour poursuivre un obscur objectif. Manque de chance pour lui, l’affaire finit par atterrir sur le bureau d’Adamsberg et celui-ci, une fois de plus bien inspiré, ne croit pas à la thèse des suicides. Commence alors un long cheminement pour découvrir la vérité avec son lot de pistes sérieuses ou non, d’atermoiements face à des témoins parfois non fiables, une équipe qui laisse apparaître quelques fêlures en son sein et un Adamsberg toujours aussi nébuleux qui se complaît à rester mystérieux dans ses démarches ; pas de doute, on y est, c’est du Vargas !

Lire cette auteur, c’est tout d’abord retrouver une sacrée bande de personnages. C’est toujours un plaisir de retrouver Adamsberg, doux rêveur devenu commissaire qui mène ses enquêtes de main de maître tout en désarçonnant ses coéquipiers par un lâcher prise à toute épreuve et une apparente déconcentration. Rien de nouveau dans cet ouvrage sur sa vie personnelle (cet opus se base essentiellement sur l’enquête en elle-même contrairement à certains tomes précédents) mais de beaux moments de réflexion du fonctionnaire de police sur lui-même et surtout sur la nature humaine. Les ressorts de l’investigation vont en effet le confronter à ce qui peut être de pire en nous, il lui faudra toute son inspiration et l’appui de ses collègues pour dénouer cette boule d’algues séchées que représente cette affaire.

Mais il est bien aidé, il peut ainsi compter sur le savoir encyclopédique de Danglard, son adjoint amateur de bon vin blanc et d’étalage excessif de culture. Ce duo fonctionne toujours aussi bien, le contraste étant saisissant entre le commissaire planant à 10.000 lieues et le méticuleux / rigide Danglard. Rajouter dessus Violette Retancourt toujours aussi solide qu’un roc, Veyrenc et son esprit incisif, Mordent l’amateur de conte, Voisinet l’ichtyologue de l’équipe, Estalère le narcoleptique, un sanglier peu farouche et le fidèle chat du commissariat qui fait éternellement la sieste sur la photocopieuse. Chacun (y compris le félin) vont apporter leur pièce à l’édifice, les retrouver c’est un peu comme revenir en famille, retrouver des proches trop longtemps éloignés. La magie opère de suite, l’amateur est définitivement accroché au bout de quelques pages.

Le focus se fait très vite sur deux pistes que semble tout séparer : un cercle d’amateurs de Robespierre et la lointaine Islande. Ce fut l’occasion pour moi de réviser quelque peu la biographie de ce prince la vertu sanguinaire et de croiser des personnages interlopes que la passion peut aveugler et rendre complètement branque. À ce propos, les passages mettant en scène les reconstitutions de discours sont impressionnantes et certaines discussions valent leur pesant d’or. Et puis, d’un autre côté, il y a cette mystérieuse expédition en Islande qui s’est mal terminée et qui pourrait expliquer cette série de meurtres. Mais les informations sont lapidaires, faussées. Qui dit vrai ? Qui ment ? Véritable imbroglio, cette piste va forcer Adamsberg à s’écarter du droit chemin, à tenter un nouveau coup de poker. Les tensions vont s’accumuler au fil des pages pour mener vers un final aux révélations nombreuses et à la limite de la rupture au sein de l’équipe.

C’est un gros volume que cet opus mais il se lit d’une traite tant on est happé par l’ambiance et les personnages. On se plaît à pénétrer dans les couloirs et pièces du commissariat, à errer en plein no man’s land sur une île islandaise isolée où plane une mystérieuse malédiction et à assister à la vie quotidienne de l’équipe d’Adamsberg. C’est très fin, hypnotique dans la façon de tourner parfois en rond, poétique à l’occasion lorsque l’on partage les pensées d’Adamsberg et très efficace en terme de roman policier. La langue merveilleuse de l’auteur y est pour beaucoup, derrière l’aspect parfois frustre des dialogues se dégage une humanité de tous les instants, un digne reflet du monde de l’intime et un bonheur de lecture renouvelé à chaque page. Vous l’avez compris, ce roman est dans la lignée des précédents et sa lecture me paraît essentielle pour tout amateur de l’auteure et/ou du genre.

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur :
L'Homme à l'envers 
Sous les vents de Neptune
Dans les bois éternels
Un lieu incertain
L'homme aux cercles bleus
Coule la Seine
Sans feu ni lieu
Ceux qui vont mourir te saluent
- L'Armée furieuse

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dimanche 14 mai 2017

Quand Nelfe rend visite à l'abbé !

Je vous en parlais hier sur notre Instagram, j'ai fait une petite virée chez Emmaüs. L'air de rien, histoire de voir si il y avait de nouvelles choses à se mettre sous la dent côté littérature... Mr K étant malade depuis vendredi, je n'avais pas envie de rester traîner à la maison en compagnie de ses virus. Comme cela faisait un moment que je n'avais pas été fouiner dans le coin, l'occasion était donc toute trouvée.

La moisson fut sympathique :

Acquisitions nelfesques ensemble

Comme vous pouvez le voir, je suis restée raisonnable. D'autant plus que je n'ai pas pensé uniquement à moi et que quelques titres sont réservés à Mr K (notez comme je suis un amour d'épouse...).

Se retrouvent donc dans ma PAL :

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- "Désolations" de David Vann parce que j'aime beaucoup cet auteur (tout simplement). J'ai déjà lu quelques uns de ses titres et à chaque fois ce fut une claque. Mr K m'a offert "Dernier jour sur terre" pour mon anniversaire et je compte bien le lire en premier mais je dois avouer que l'on n'a jamais assez d'ouvrages de cet auteur dans sa bibliothèque ! Une île, un couple, une nature hostile, des difficultés à communiquer. Tout cela me donne furieusement envie d'en savoir plus !

- "Il est de retour" de Timur Vermes parce que je viens de terminer un ouvrage traitant de la seconde guerre mondiale et qu'il fallait forcément que j'en rentre un nouveau ! Ici, on est dans la satire et je pense que je vais bien m'amuser tout en me faisant froid dans le dos (oui j'ai conscience que s'amuser avec un tel sujet parait étrange mais quand un éditeur place cet ouvrage entre Chaplin et Borat, normalement on ne doit pas faire que pleurer en le lisant). Sorte d'uchronie hitlérienne, la montée des extrémismes et la critique de la société et des politiques est au coeur de l'ouvrage. Ça promet !

Et pour Mr K alors ?

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- "Ortog et les ténèbres" de Kurt Steiner parce que l'histoire m'a tout de suite accrochée et que j'ai su en lisant la 4ème de couv' que ça lui plairait aussi. Une héroïque mission dans l'espace, une quête de l'être aimé au XXXème siècle et une épopée au royaume des morts à travers les cercles infernaux du feu, du poison et de la démence : c'est pour lui !

- "Temps glaciaires" de Fred Vargas. Avant de partir j'ai cru entendre "Hey si tu trouves le Vargas où il y a "glaciaire" dans le titre, tu prends ! Je l'ai pas !". Ah ben ça tombe bien dis donc ! Et dire que de mon côté je n'en ai jamais lu un seul...

- "Procédure d'évacuation immédiate des musées fantômes" de Serge Brussolo parce que rien que le titre intrigue. On a quelques ouvrages de cet auteur à la maison et encore une fois de mon côté je n'ai jamais mis le nez dedans mais force est de constater qu'ici la 4ème de couverture donne furieusement envie ! Voyez plutôt :
"Dans un Paris en partie vitrifié par un récent conflit nucléaire, la crise énergétique fait rage. Pour remédier à la pénurie, un groupe de savants a imaginé de convertir l'âme des morts en électricité. Désormais, les kilowatts sortent tout droit des cimetières ! L'énergie-fantôme, c'est la mort mise au service de l'électroménager, c'est l'au-delà commandé par un interrupteur, le fleuve des morts qui court sur le filament d'une ampoule électrique, le carburant d'outre-tombe grâce auquel vous pourrez, demain, mettre un fantôme dans votre moteur ! Mais comme l'apprendra Georges, le médium-dépanneur qui guérit les téléviseurs par simple imposition des mains, l'énergie-fantôme, c'est aussi... l'enfer !"
C'est pas dit que je ne lui pique pas celui-ci !

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Et enfin, petit bonus pour moi côté couture avec l'achat de 4 patrons vintage qui font leur entrée dans mon atelier :

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Des pantalons esprit sarouel parfaits pour l'été, des blouses col Mao et deux robes ambiance Mad Men en vacances. J'adore ! En actualisant les tissus, ça peut donner des choses bien sympa. Allez hop, je m'y mets ! Je ne parle pas vraiment de couture ici mais si ça vous intéresse, sur IG, vous verrez que la lecture n'est pas ma seule passion. Bon, là j'ai conscience qu'il y a du challenge (les pantalons sont "super-easy" selon Burda alors je veux bien les croire) mais j'ai bien envie de tenter. Et puis rien que pour les patrons, mes yeux forment des coeurs infinis ! Merci l'abbé !


vendredi 20 mars 2015

"L'Armée furieuse" de Fred Vargas

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L'histoire: Avec sa petite blouse à fleurs et son air timide, Valentine Vendermot et son histoire de fantômes ne sont pas de taille à mobiliser une brigade parisienne. Pourtant, le commissaire Adamsberg a très envie de s'intéresser à cette chevauchée nocturne dans le bocage normand. Il délègue l'enquête en cours et se rend sur les lieux: Ordebec, son église, son bistrot, son chemin de Bonneval, ses crimes atroces.

La critique de Mr K: L'Armée furieuse est l'avant dernier roman en date de Fred Vargas dans les aventures du commissaire Adamsberg. Je l'ai dégoté déjà depuis un certain temps et il me faisait de l'œil dans ma PAL de romans policiers. Je cédai donc à la tentation et plongeai avec délice dans l'univers si particulier de cette auteure que j'affectionne tout particulièrement.

Une fois de plus Adamsberg et son fidèle second Danglard (ainsi que toute la fine équipe) se retrouvent confrontés à une série de meurtres sanglants, cette fois-ci dans la campagne normande profonde. Il décide de se mettre plus ou moins au vert suite à l'escapade d'un suspect depuis les geôles de son commissariat (une histoire de riche personnalité assassinée et de bouc-émissaire banlieusard). Dans les brumes de Normandie, une compagnie fantastique erre dans les chemins de traverse en quête d'âmes à emporter en Enfer. Les cadavres s'accumulent, les indices moins... L'enquête progresse très lentement au rythme des éclairs de génie d'un Adamsberg toujours aussi nébuleux dans ses raisonnements et ses rapports aux autres.

Ce qu'il y a de bien chez Vargas, c'est l'impression de se retrouver chez soi avec des familiers dès le premier chapitre. Adamsberg reste égal à lui même, son charme reste toujours aussi prégnant avec en plus dans ce volume la découverte de son fils oublié qu'il avait retrouvé lors du roman précédent. Zerk et lui se ressemblent beaucoup et ils commencent à s'apprivoiser l'un l'autre, vu leur natures taciturnes, ce n'est pas évident au départ. On retrouve aussi Danglard à l'érudition digne d'une encyclopédie et au goût immodéré pour le vin blanc (mais comment fait-il pour tenir autant!) qui aura fort affaire avec Veyrenc dont il jalouse la relation étrange avec Adamsberg. C'est aussi au détour de certaines pages les apparitions remarquables et remarquées de Rettancourt, ogresse de la police nationale aussi efficace que forte en gueule et tous les autres membres de la brigade ainsi que le gros chat qui paresse à longueur de journée sur la photocopieuse (elles savent ce qui est bon ces bestioles-là!).

Vargas n'a pas son pareil pour planter un décor et des personnages de la ruralité. La Normandie des campagnes est très bien décrite dans ce roman depuis les descriptions du village d'Ordebec au caractère quelques peu renfermé des habitants. Nous nous promenons en compagnie du commissaire dans les bois et les chemins de d'exploitation à la recherche de lord Hellequin, seigneur mort-vivant venu sur Terre chercher les pêcheurs ne méritant pas une vie meilleure. Naturalisme, expressionnisme et même une pointe de fantastique à l'occasion, curieux mélange que ses errances champêtres où Adamsberg cherche une vérité enfouie dans le passé commun de cette commune où amitiés et haines perdurent entre les familles et les personnes. Les dialogues sont aussi succulents entre les parisiens tout frais débarqués et les personnes du crû aussi familières que pleines de bon sens. Au fil des rencontres, des expériences, les fausses pistes abondent et tour à tour le lecteur se prend à envisager toutes sortes de pistes sans vraiment pouvoir affirmer qu'elles soient bonnes pendant plus de dix pages tant l'auteur se complaît à nous surprendre de chapitre en chapitre.

Écriture une fois de plus simple et efficace, un sens du suspens vraiment incroyable, des personnages très attachants, une révélation finale qui se tient et difficile à deviner... autant de bons points qui font de cet opus une très belle réussite de plus à mettre à l'actif de Fred Vargas. À lire!

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L'Homme à l'envers 
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- Ceux qui vont mourir te saluent

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mercredi 30 avril 2014

"Ceux qui vont mourir te saluent" de Fred Vargas

ceuxquivontmourirL'histoire: À priori, tous les dessins de Michel-Ange ont été répertoriés. Et lorsque l'un d'eux fait une apparition discrète sur le marché, il y a tout lieu de supposer qu'il a été volé. Le plus incroyable, c'est que celui qui est proposé à Henri Valhubert, célèbre expert parisien, provient probablement de la bibliothèque vaticane!
Qui se risquerait à subtiliser les trésors des archives papales? L'affaire se complique lorsque Valhubert est assassiné, un soir de fête, devant le palais farnèse.
Instantanément, les soupçons se portent sur le fils de la victime. Ce dernier fait partie d'un curieux triumvirat d'étudiants, aux surnoms d'empereurs: Claude, Néron et Tibère. En résidence à Rome depuis plusieurs années, tous trois entretiennent des liens singuliers avec la veuve de Valhubert. Une femme au charme envoûtant et dont le passé comporte quelques zones d'obscurité...

La critique de Mr K: Un petit plaisir policier aujourd'hui avec ce volume de Fred Vargas qui patientait déjà depuis un petit bout de temps dans ma PAL. Ce titre n'est pas à classer dans la série des Adamsberg et propose une enquête haletante dans le milieu de l'art, de la diplomatie inter-étatique et des secrets de famille. Derrière le meurtre principal se cache tout un réseau de relations plus étranges et nébuleuses que la normale que Vargas avec son grand talent d'écrivaine va tâcher de dénouer pour nous dans un volume aussi court (190 pages) qu'efficace.

Pour ce qui est de l'intrigue, on reste dans du classique pur jus. L'auteure commence par nous faire côtoyer les trois membres d'une confrérie pas tout à fait comme les autres. Claude, Tibère et Néron sont trois passionnés d'histoire antique et plus particulièrement de l'époque romaine. Ils mènent leurs études, courent la gueuse et participent à des soirées estudiantines endiablées. Leurs rapports relèvent quasiment de la fratrie et ils partagent tout. Tout bascule quand le père de Claude meurt au cours d'une soirée et que les soupçons s'orientent vers ce petit groupe d'ami. L'agent spécial Valence, envoyé pour étouffer l'affaire qui pourrait faire grand bruit et porter préjudice à certains membres du gouvernement, va très vite s'apercevoir qu'on lui cache bien des choses et que la vérité va être difficile à découvrir entre fausses pistes et faux-semblants. Pour démêler cet imbroglio, Il va pouvoir compter sur l'aide précieuse de l'inspecteur italien Ruggieri qui tient pas dessus tout à résoudre cette affaire sans épargner personne.

Vargas une fois de plus nous livre toute une galerie de personnages plus réussis les uns que les autres. Valence tout d'abord, bloc de la quarantaine implacable (il y a un peu d'Adamsberg chez lui) mène son enquête à un rythme aussi lent que mesuré. Doué d'un sens de la déduction fort développé, il rencontre et interroge des personnes de tout milieu sans rencontrer de grosses difficultés. Forçant le respect parfois jusqu'à l'inquiétude, il va se heurter à une jeune veuve au passé sombre et aux rapports ambigus avec le triumvirat précédemment évoqué. Simple affection, amour, attirance purement charnelle, réseau mafieux? Autant d'hypothèses tour à tour abordées, mises à l'épreuve et parfois écartées. Le chemin vers la révélation finale est ici sinueux entre manipulations affectives, manœuvres d'intimidation, confessions dangereuses et autres confidences fallacieuses. On en perd son latin, les rebondissements sont nombreux et la fin cueille le lecteur entre logique et stupéfaction.

On retrouve le caractère profondément humaniste et finaud de Vargas dans le traitement de ses personnages et des relations qu'ils entretiennent. La description est réaliste et complexe comme le sont les rapports humains. Pas de superficialité ici, plutôt une analyse au scalpel des désirs et motivations profondes de chacun. Chacun a sa part d'ombre, sa somme d'expérience et quand les destins individuels se chevauchent, la théorie des dominos s'applique et donne lieu à des circonvolutions scénaristiques de haute volée. Bien que petit par la taille, ce récit est d'une rare densité émotionnelle et factuelle. On ressort de cette lecture ravi et conforté dans l'idée d'avoir lu un excellent policier.

Vous l'avez compris, si vous êtes amateurs du genre et que vous ne connaissez pas encore ce roman, il serait vraiment temps de vous pencher sur la question car cette lecture est un plaisir de chaque instant qui vous réservera de nombreuses surprises et vous rendra addict dès les premières pages.

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur:
- L'Homme à l'envers
- Sous les vents de Neptune
- Dans les bois éternels
- Un lieu incertain
- L'homme aux cercles bleus
- Coule la Seine
- Sans feu ni lieu

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lundi 2 décembre 2013

"Sans feu ni lieu" de Fred Vargas

SansFeuNiLieuL'histoire: - C'est un crétin ou quoi, ce type? Louis Kehlweiler s'énerve. Cette histoire ne tient pas debout! Il ne fait de doute pour personne que Clément Vauquer est bel et bien coupable de deux meurtres dont on l'accuse. En outre, la police possède son signalement, il ne restera pas longtemps en cavale.
Oui, mais Clément, l'accordéoniste demeuré, est un protégé de la vieille Marthe... Cela suffit pour que Kehlweiler demande à Marc, Lucien et Mathias de cacher le fugitif quelques jours. Personne n'ira le chercher dans la baraque pourrie qu'ils habitent, au fin fond du 18ème arrondissement.
Le temps d'aller à Nevers, là où tout a commencé...

La critique de Mr K: C'est mon premier Vargas sans Adamsberg. Cet ouvrage trainait dans ma PAL depuis trop longtemps pour être ignoré davantage. Je n'ai jamais été déçu par un Vargas et j'étais curieux de voir ce que donnerait un livre de cette auteure sans son personnage fétiche. Après cette lecture me voilà conforté dans ma belle opinion que j'ai de cette écrivaine.

Le héros est ici un certain Louis Kehlweiler que l'on surnomme "l'allemand" à cause de ses origines. Viré des services de l'Intérieur, il traine sa défroque dans Paris et participe à l'occasion à des enquêtes qui le touchent de près. Comme il a gardé un réseau fort développé depuis sa mise à pied, cela lui permet d'avancer très vite. Ici il est contacté par une vieille connaissance. Marthe, prostituée de son état est une personne que tout le monde respecte énormément et son petit protégé est en grand péril. Impossible de remettre sa parole en doute, si la vieille Marthe dit que le petit est innocent, c'est qu'il est! Et pourtant... tout l'accable! Il était présent sur tous les lieux du crime et il a laissé ses empreintes partout. D'abord septique, Kehlweiler va vite se rendre compte que quelqu'un a manipulé le simple d'esprit, la police et la presse. Commence alors une course contre le temps pour retrouver le ou les responsables.

On retrouve dans ce roman toutes les qualités d'un Vargas. Ainsi, les personnages sont fouillés et d'une densité telle que l'on ne peut que s'attacher à eux. Et comme à son habitude, Vargas soigne tout particulièrement les dialogues où l'on retrouve son sens du rythme et de la truculence. On fréquente ici les gens simples des quartiers déshérités et on y croit, tant l'atmosphère et les lieux sont remarquablement décrits. Par petites touches précautionneusement dispensées par l'auteur, l'intrigue avance et je dois avouer que je me suis fait complètement balader. Lorsque la révélation finale est enfin livrée, je ne m'y attendais pas notamment en terme de mobile. Pourtant tous les éléments du puzzle étaient là mais je me suis fait avoir! Belle fin en tout cas pour une enquête tortueuse où le héros devra constamment dénouer les contre-vérités et les omissions des personnes qu'il rencontre. Par moment, on retombe aussi sur des passages humoristiques caractéristiques du style de l'auteur, j'ai particulièrement apprécié les retrouvailles entre Kehlweiler et un policier de Nevers.

J'ai dévoré ce volume comme pour tous les autres de Vargas. Ce nouvel héros, même s'il n'est pas des plus original, est très vite attachant et sa méthode intuitive est très agréable à suivre. Les relations entre personnages sont d'un réalisme extrême et nous livre des tranches de vie inoubliables entre émotion et tension. Une lecture rapide et distrayante à souhait que tout amateur du genre peut tenter sans risque d'être déçu.

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur:
- L'Homme à l'envers
- Sous les vents de Neptune
- Dans les bois éternels
- Un lieu incertain
- L'homme aux cercles bleus
- Coule la Seine

Posté par Mr K à 20:02 - - Commentaires [4] - Permalien [#]
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jeudi 8 novembre 2012

"Coule la Seine" de Fred Vargas

97822914L’histoire: "Ton collègue blond est assez emmerdant mais je l’aime bien, et puis il est généreux. Il se pose des questions sans fond, il s’inquiète et ça fait le bruit des vagues. Toi en revanche, tu fais le bruit le vent. Ca se voit à ta manière de marcher, tu suis ton souffle. Ton ami blond voit une flaque. Il s’arrête, examine la chose et il la contourne, il prépare bien son affaire. Toi, tu ne vois même pas cette flaque mais tu passes à côté sans le savoir, au flair. Tu piges? T’es comme un magicien..."

Il a raison ce clochard, le commissaire Adamsberg est un véritable magicien. Trois nouvelles pour le prouver, trois enquêtes du commissaire, à Paris, là où coule la seine.

La critique de Mr K: Retour dans l’univers de Vargas et de son personnage clef, Jean Baptiste Adamsberg, commissaire le plus nébuleux de la planète policière qui nous revient ici dans trois nouvelles réunies dans ce volume. Trois enquêtes où ses capacités de déduction et sa finesse d’esprit seront mis en exergue par le rythme de la Seine.

Les trois récits sont centrés sur Paris ce qui détonne un peu des autres ouvrages que j’ai pu lire de Vargas. Pas de voyages ici mais des déambulations au gré du macadam de paname avec des rencontres inoubliables et des dialogues qui touchent toujours autant par leur naturel et leur caractère évocatoire. J’ai particulièrement apprécié les passages où Adamsberg discute avec un étrange SDF qui est au centre d’une affaire plus complexe. Le face à face est haletant et lourd de secrets qui ne demandent qu’à être libérés.

On retrouve le style bien particulier de l’auteur qui s’adapte parfaitement au genre de la nouvelle. Il ressort de cette lecture une impression d‘immédiateté et de réalisme qui immerge littéralement le lecteur avec douceur et une ambiance jazzy unique. L’humanité profonde qui se dégage du commissaire rayonne et la lecture se fait douceur, friandise trop courte mais tellement succulente.

Un bon plaisir de simplicité que je vous convie à découvrir au plus vite tant ce livre est un petit bonheur de tous les instants.

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur:
- L'Homme à l'envers
- Sous les vents de Neptune
- Dans les bois éternels
- Un lieu incertain
- L'homme aux cercles bleus

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mercredi 18 juillet 2012

"L'homme aux cercles bleus" de Fred Vargas

homme aux cercles bleusL'histoire: "Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors?" depuis quatre mois, cette phrase accompagne des cercles bleus qui surgissent la nuit, tracés à la craie sur les trottoirs de Paris. Au centre de ces cercles, prisonniers, un débris, un déchet, un objet perdu: trombone, bougie, pince à épiler, patte de pigeon...

Le phénomène fait les délices des journalistes et de quelques psychiatres qui théorisent: un maniaque, un joueur.

Le commissaire Adamsberg, lui, ne rit pas. Ces cercles et leur contenu hétéroclite sont de mauvais augure. Il le sait, il le sent: bientôt, de l'anodin saugrenu on passera au tragique.

La critique de Mr K: Retour aujourd'hui dans l'univers si particulier de Fred Vargas avec cet ouvrage qui est le premier où apparaît le commissaire Adamsberg, figure tutélaire de l'oeuvre de cette écrivain qui n'a pas son pareil pour planter un décor et distiller une ambiance. Dans cette première enquête, l'accent est mis sur la figure de ce policier pas comme les autres, sur son second Danglard et sur les rapports qui vont s'instaurer entre eux deux. Finalement l'enquête passe au second plan donc si vous cherchez une histoire haletante, passez votre tour... L'intérêt ici est tout autre.

Pour autant, l'enquête est là. Elle est loin d'être inintéressante, on se demande bien qui a cette idée saugrenue de tracer des cercles à la craie bleue pour cerner des objets et des débris sans importance. On pense tout d'abord à un artiste amateur de happening ou avide de faire le buzz comme on dit désormais. Mais voilà, le sang finit par couler et on se doute qu'un esprit dérangé se cache derrière cet individu à la manie étrange. La révélation est réussie même si le cheminement de la réflexion d'Adamsberg est ici tortueux et elliptique. Clairement, Vargas s'intéressait à autre chose qu'à ces cadavres égorgés...

L'intérêt principal de l'auteur se porte sur ses personnages comme d'ailleurs dans l'ensemble de son oeuvre. Comme ce volume est plutôt court (220 pages), il a fallu qu'elle fasse des choix et au centre de ceux ci on retrouve Adamsberg. Première apparition pour lui, comme je le disais plus haut, on le retrouve toujours aussi brumeux et perché, semant la confusion dans l'esprit de ses subordonnés, en premier lieu dans la tête de Danglard son fidèle lieutenant amateur forcené de vin blanc et de savoir livresque. On retrouve cette étrange alchimie qui fera la gloire de ce duo atypique dont les liens sont aussi étroits que difficiles à cerner: attirance / répulsion, admiration / consternation... Toujours est-il qu'on ne s'ennuie jamais en leur compagnie et qu'il est difficile de lâcher le livre avant sa dernière page. Rajoutez à cela un bel aveugle ronchon, une chercheuse en faune sous-marine retorse et une ex-fantôme d'Adamsberg (la fameuse Camille) et vous avez une bien belle galerie de personnages hauts en couleur.

J'ai donc passé un excellent moment en compagnie de ces êtres de papier, pas de réelle originalité dans l'histoire mais toujours le même talent de conteuse pour Vargas avec son écriture si particulière entre simplicité et humour fin. On sourit donc, on s'interroge, on cherche avec les héros... bref, on est immergé, le piège se referme sur le pauvre lecteur qui ne peut que constater impuissant son addiction! Que demander de plus?

Déjà lus, appréciés et chroniqués du même auteur:
- L'Homme à l'envers
- Sous les vents de Neptune
- Dans les bois éternels
- Un lieu incertain

Posté par Mr K à 18:02 - - Commentaires [8] - Permalien [#]
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