"L'holocauste" de James Gunn
L’histoire : Mort aux savants ! L'appel à une vengeance sanglante s'éleva dans le monde entier Les peuples avaient été soumis trop longtemps au pouvoir de la science. Maintenant ils exigeaient leur liberté, même au prix de la barbarie... même s'il leur fallait tuer tout homme dont le savoir menaçait leur ignorance. Hier John Wilson était un grand savant admiré... maintenant c'était un hors-la-loi, un fugitif, un homme traqué. Son intelligence était le signe ineffaçable de sa culpabilité et son unique et fragile chance de survie.
La critique de Mr K : De la SF vintage au programme de la chronique du jour au Capharnaüm éclairé. L’holocauste de James Gunn nous propose un récit en trois parties bien distinctes, chacune d’ailleurs publiée à part à l’époque (1956, 1969 et 1972 pour être précis), et une vision apocalyptique d’un futur où la science est accusée de tous les maux et où l’on chasse les scientifiques ! Édifiant et prenant, on est ici en présence d'un livre proposant une véritable vision et réflexion sur l’être humain, son rapport à la science et la foi.
John Wilson n’avait pas vu les choses venir. Un soir, en rentrant de chez des amis, il voit un incendie gigantesque qui consume l’université où il travaille. La foule s’est retournée contre les savants leur reprochant tous leurs écarts et surtout les tenant pour responsables de toutes leurs difficultés notamment sociales et économiques. Notre héros n’a pas le choix, il doit s’enfuir, le voila devenu un fugitif recherché qui va devoir traverser le pays pour trouver une échappatoire... C’est un cours résumé de la première partie car la deuxième change d’angle de vue avec un quasi huis clos angoissant et une troisième partie qui semble en bonne partie déconnectée totalement de John Wilson. Le lien finira par se faire dans un final de toute beauté.
La dystopie est des plus flippantes, le roman est court (256 pages seulement) mais il réussit à planter un background complet et bien ficelé. Logique de développement, division de la société, mise en place d’un nouveau régime, autoritarisme larvé puis totalement assumé, surveillance et politique raciste dans le sens où elle écarte toute une catégorie d’individus... autant de thématiques abordées de manière claire, ludique (si si malgré un fond des plus sombres) et éclairante bien des fois. Chacun y retrouvera des allusions à des périodes charnières de notre Histoire commune. J’y ai pour ma part vu une belle parabole sur le Maccarthysme qui a sévi aux USA dans les années 50.
Le héros est brinquebalé pendant tout le roman. Perdu, décalé dans ce monde en pleine déréliction mais très intelligent et réfléchi, il doit survivre puis se défendre lors d’un procès. Face à la haine la plus crasse, le ressentiment aveugle de ses congénères, il va devoir ruser, argumenter et prouver son innocence. Ces passages sont assez jouissifs et donnent à lire de beaux raisonnements philosophiques sur la science, ses objectifs, sa méthode mais aussi ses limites et son manque d’humanité parfois. Lien avec la religion, la foi du scientifique est mise à l’épreuve face aux rouages de la machine répressive et les exactions dont il est victime. Bien que classique dans sa caractérisation, le personnage m’a plu et livre de belles saillies qui font mouche.
L’ouvrage se lit tout seul. Il est un peu daté c’est vrai dans le style mais il est très immersif, évoque des problèmes cruciaux dans le développement humain et propose une trame bien plus riche qu’elle n’y paraît de prime abord. Les amoureux de SF peuvent y aller, c’est une petite perle dans son genre.
Acquisitions printanières SF et fantasy
Au fil du printemps, Nelfe et moi avons récoltés quelques nouveaux livres prometteurs lors de passages à Emmaüs ou dans des boîtes à livres de la région. Tellement de titres nous ont tenté pendant cette période que je vais être obligé de rédiger deux postes différents les concernant. J'ai décidé de vous présenter aujourd'hui les ouvrages orientés SF et fantasy, des romans prometteurs et qui vont rejoindre ma PAL. Voyez plutôt.
Ils ne sont pas beaux ? Certains répondent à des attentes que je nourrissais depuis déjà pas mal d'années, d'autres sont de pures découvertes. Je suis assez compulsif comme lecteur, je lis de tout mais je dois avouer que ces genres de l'imaginaire me procurent un plaisir bien particulier et certains titres vont frapper fort je pense. La revue en détail commence maintenant !
- Les Artefacts du pouvoir de Maggie Furey. Cette tétralogie de fantasy sera une de mes lectures de l'été, période idéale pour se plonger dans un cycle de ce type. Je ne connaissais pas du tout l'auteure avant de tomber inopinément sur ce lot complet et les premiers avis que j'ai pu compulser sur le net m'ont convaincu de m'en porter acquéreur. Une jeune orpheline de père va voir sa vie bouleversée à l'annonce de pouvoirs qu'elle ne maîtrise pas encore. Elle va intégrer une académie de magie et devenir une puissante magicienne qui partira à la quête de quatre artefacts légendaires. Le pitch plutôt classique cache à priori un récit dense et enlevé. Tout ce que j'aime !
- Le Nez de Cléopâtre de Robert Silverberg. Un auteur qu'on ne présente plus et auquel je ne peux jamais résister quand je croise un ouvrage de lui que je n'ai pas lu. Six nouvelles ici font la part belle au détournement de l'Histoire, des uchronies compilées dans ce volume avec des idées de base bien tripantes : l'Empire romain qui se maintient et s'élargit face aux invasions barbares, Socrate rencontrant Pizarre dans un monde parallèle, la Peste noire de 1348 qui emporte les 3/4 de l'Europe occidentale... Avec Robert Silverberg, je suis sûr de n'être jamais déçu, hâte de lire cet ouvrage !
- La Brigade de l’œil de Guillaume Guéraud. 2037, la Loi Bradbury interdit toutes les images depuis 20 ans sur le territoire américain car elles sont considérées comme nocives et peuvent rendre fou selon la propagande qui matraque la population. Une brigade spécialisée (donnant son nom au livre) traque les terroristes opposés à cette dictature. Un résumé qui fait froid dans le dos pour un roman plébiscité par beaucoup et que je vais pouvoir enfin lire après en avoir beaucoup entendu parlé, notamment lors de diverses conférences aux Utopiales.
- Chiens de guerre d'Adrian Tchaikovsky. Rex est un bon chien. C'est un biomorphe, un animal génétiquement modifié, lourdement armé et doté d'une voix synthétique créée pour distiller la peur. Rex obéit aux ordres du maître qui lui désigne les ennemis. Mais qui sont-ils réellement ? Se pourrait-il que le maître outrepasse ses droits ? Et si le maître n'était plus là ? Ça fleure bon le récit hardboiled révélateur des dérives du pouvoir et de la disparition de toute éthique dans les recherches en biotechnologie. Typiquement le genre d'ouvrage qui propose un récit prennant et source de réflexion. Miam miam !
- L’holocauste de James Gunn. Dans une société imaginaire, les savants sont condamnés à mort car trop longtemps les peuples ont été soumis au pouvoir de la science. Ils exigent désormais leur liberté même au prix de la barbarie. Le héros était jadis un scientifique admiré, il est désormais un fugitif. Un road movie qui s'annonce sous les meilleurs hospices pour un auteur que je vais découvrir avec cet ouvrage lourd de promesses. Wait and read.
- Voici l'homme de Michael Moorcock. Là encore au auteur que j'adule et un ouvrage qui m'avait jusque là échappé. Un homme du XXème siècle remonte le temps jusqu'en l'an 28 pour chercher le Christ et assister à sa crucifixion. Il finit par rencontrer Jean-Baptiste qui semble entendre le nom de Jésus-Christ pour la première fois ! Le postulat est terrible et je pense qu'on peut compter sur Moorcock pour nous livrer un récit hors norme.
- Tous les pièges de la terre de Clifford Simak. Encore un auteur que j'affectionne pour un recueil de nouvelles alternant SF, suspens policier et contes fantastiques que je vais découvrir. Des nounous qui élèvent leurs jeunes pousses en s'appropriant leur jeunesse comme salaire, l'alcool des extraterrestres qui révèle le malheur des autres et conduit à l'ivresse, un robot piégé par la sensibilité humaine, la publicité comme tranquillisant parfait d'une guerre inter-planétaire... autant de présentations qui m'ont fait craquer pour un livre qui lui aussi promet beaucoup. Simak va encore frapper je crois.
- Thin Air de Richard Morgan. Un one-shot de l'auteur de la trilogie littéraire Altered Carbon (dont j'ai lu le premier tome qui s'est révélé enthousiasmant). Véritable machine à tuer bourrée d'implants en tout genre, Hakan Veil est un agent de sécurité haut de gamme qui se voit confier une mission, à priori anodine, de protection. Tout va basculer avec des révélations mettant à jour un nid d'intrigues et de meurtres. Action, thriller et cyberpunk sont au menu d'un roman prometteur comme jamais, vu la patte de cet écrivain, je vais passer un bon moment.
De bien belles acquisitions qui vont alourdir encore un peu plus les rayonnages de ma PAL et qui vont faire mon bonheur dans les semaines et mois à venir. RDV ici même pour les futures chroniques qui les concerneront. Haut les cœurs lecteurs !