"Fog" de James Herbert
L’histoire : Cela commença par un tremblement de terre. Dans la confusion, au milieu des cris des victimes, personne ne prêta vraiment attention à ce brouillard jaunâtre qui s’échappait de la terre éventrée et que le vent eut tôt fait d’emporter vers la campagne anglaise. Puis des massacres inexplicables, déments, furent signalés sur le passage de la nappe de brouillard. Elle se mit à croître, progressant inexorablement vers les zones les plus peuplées d’Angleterre...
La critique de Mr K : Chronique d’un petit plaisir bien régressif aujourd’hui avec Fog de James Herbert, un auteur que j’aime pratiquer à l’occasion. Auteur d’ouvrages horrifiques sentant bon la série B, il me déçoit rarement, sachant que j’attends avant tout de ce genre de lecture de la détente entre suspens, gore et action. On peut dire qu’au niveau hémoglobine et scènes détonantes on est servi, pour le suspens c’est plutôt râpé... mais vraiment dans l’ensemble on passe un bon moment.
Suite à un tremblement de terre aussi soudain que destructeur, un mystérieux brouillard est libéré des profondeurs de la terre. Il sème le chaos sur son chemin car il a la propension à rendre fous les êtres vivants qui le respirent. Des animaux aux êtres humains, tous deviennent des psychopathes en puissance se réjouissant de la souffrance et de la mort qu’ils peuvent essaimer. Holman lui, en a réchappé, hospitalisé et maintenu en contention le temps que les effets disparaissent, le voila immunisé contre le Mal. Il devient, bien malgré lui, le champion de la cause humaine face à cette menace d’un nouveau genre dont les origines vont révéler bien des secrets cachés et obliger les autorités à utiliser les grands moyens.
Je vous le dis tout de go, pour l’originalité on repassera. Clairement, le scénario est cousu de fil blanc pour qui aime le genre et le pratique depuis un certain temps. On devine très vite les origines de ce brouillard meurtrier mais au final on s’en fiche un peu. L’intérêt est d’abord de suivre les descriptions du mal que l’auteur se complaît à faire le long de chapitres intermédiaires bien barrés qui ne lésinent pas sur le sadisme et le gore. Certains vous diront que c’est de la violence gratuite, que c’est trop... Pour ma part, c’est tellement exagéré, gros, qu’on n’y croit pas une seconde. Ce côté outrancier au contraire provoque de belles marades et ravira les amateurs de thrash bien saisi. Les âmes sensibles s’abstiendront par contre, au risque de faire des cauchemars à n’en plus finir. Il faut dire que le brouillard réveille en chacune de ses victimes ses pulsions les plus viles, les plus secrètes et gare à celles et ceux qui croisent son chemin.
Au delà des scènes bien salées que propose l’ouvrage, j’ai aimé l’ambiance de fin du monde qui y règne. Les règles n’ont plus cours, l’anarchie guette et le chaos et la destruction sont de mises. Il y a une ambiance à la Romero qui plane dans ces pages, cela donne lieu à des scènes dantesques et même à ce que l’on appelle des "plans monuments" au cinéma. Je ne vous dévoile pas grand-chose mais sachez que même la capitale y passe à un moment et que cela donne lieu à des scènes assez indescriptibles. La tension est bien rendue notamment quand on pénètre dans les arcanes du pouvoir et que l’on assiste de l’intérieur à la gestion de crise. C’est plutôt bien mené même si l’on peut relever quelques incohérences de ci de là avec des situations pour le moins abracadabrantesques.
Le scénario comme dit plus haut ne surprend pas, il en va de même pour les principaux personnages qui sont des archétypes lus et relus. Pour autant, on éprouve une certaine satisfaction à subir nombre de situations bien horribles. Plutôt creux dans leurs motivations, parfois risibles dans les sentiments qu’ils éprouvent (l’histoire d’amour entre Holman et Christine est d’une ringardise absolue), on ne s’attache pas vraiment à eux et l’on est plus là pour attendre la prochaine scène d’horreur. L’écriture fait le job sans briller mais se révèle efficace avec le découpage classique chez cet auteur (comme dans la très bonne Trilogie des Rats) où il alterne de courts chapitres qui s’apparentent à des mises à mort de persos plus que secondaires et un retour à la trame principale. Le rythme est effréné et ne laisse pas de répit sauf au milieu du roman lors de la révélation de la nature du mal qui pour le coup est un peu longuette.
Mais ne boudons pas notre plaisir, prenons ce livre pour ce qu’il est avant tout : un bon divertissement pour tout amateur d’horreur. On ne peut pas crier au génie mais les pages se tournent toutes seules et l’on a sa dose de sensations fortes. Des fois, cela suffit et c’est le cas aujourd’hui.
Ouvrages déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
-Le Sombre
-Pierre de Lune
-La Lance
-Le Survivant
Acquisitions virales...
2020 a bien commencé pour nous avec notre Little K qui grandit petit à petit. Mais elle n'est pas la seule ! Avant sa naissance, nous avions succombé une fois de plus au virus de l'acquisition d'ouvrages de seconde main. Il était plus que temps de vous faire une petite présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives... en fait dans la mienne, car Nelfe pour le coup n'a rien trouvé à son goût !
Ces trouvailles viennent d'horizons bien différents entre désherbage du CDI de mon établissement avant une remise à neuf complète, une ou deux boîtes à livres croisées lors de sortie en voiture ou encore des occasions dégotées dans des magasins de brocantes comme il en apparaît de plus en plus depuis quelques temps. Le butin est varié et fait surtout la part belle à des auteurs que j'aime tout particulièrement !
- Celui qui survit et Fog de James Herbert. Deux titres du même auteur dégotés en même temps et au même endroit ! Coup double donc pour deux ouvrages prometteurs avec une histoire de brouillard maléfique qui rend les gens fous et dans l'autre volume un homme unique survivant d'une catastrophe aérienne confronté au paranormal. Des histoires à priori classiques mais vu le talent de conteur de l'auteur de la très bonne trilogie des rats, je pense que James Herbert va encore me faire passer un bon moment.
- Debout les morts de Fred Vargas. Un des derniers titres de l'auteure que je n'ai jamais eu l'occasion de lire. Pas d'Adamsberg dans celui-ci par contre, avec une étrange histoire d'arbre qui apparait sans prévenir dans le jardin d'une cantatrice qui va finir par disparaître. Bizarre, vous avez dit bizarre ? C'est souvent le cas avec les trames que nous propose Fred Vargas et en général, c'est pour le meilleur. Hâte d'en savoir plus.
- Les Voisins d'à côté de Linwood Barclay. Je suis bien content d'être tombé sur cette histoire de voisinage qui va faire trembler dans les chaumières ! Jusqu'à quel point connaît-on ses voisins ? C'est un peu le principe de base de cette histoire d'assassinat qui va remuer une petite communauté bien sous tout rapport... du moins en apparence ! Linwood Barclay excelle pour faire basculer des quotidiens banals dans le doute et les affres de l'angoisse. Il ne fera pas long feu dans ma PAL !
- La Planète de Shakespeare de Clifford D. Simak. Impossible pour moi de résister à cet auteur quand je croise un de ses ouvrages en rayonnage d'occasion et puis cette collection de SF est mythique ! Dur de résumer la quatrième de couverture complètement folle de ce bouquin où un homme se réveille d'un sommeil cryogénique sur une drôle de planète où aurait vécu un certain Shakespeare. Même si je m'attends à tout et n'importe quoi avec un tel pitch, je ne me fais aucun souci, avec Simak je me régale à chaque fois !
- Bizarre ! Bizarre ! de Roald Dahl. Après ma lecture plus qu'enthousiaste de Matilda, il n'y a pas si longtemps, je vais remettre le couvert avec ce maître conteur qui propose ici une série de quinze histoires fantastiques entre drame et humour avec j'imagine le style si particulier et prenant d'un auteur qui a bercé mes jeunes années de lecteur. Typiquement le genre de lecture détente qui fait du bien et dont on a besoin en ces temps troublés.
- Le Roi Arthur : les légendes de la table ronde de Molly Perham. Un très beau livre pour finir le tour d'horizon du jour avec un ouvrage traitant d'un de mes héros préférés et tous les mythes qui l'entourent. J'ai rendez-vous avec Merlin, Arthur, Lancelot, Mordred et consorts avec des histoires éternelles, illustrées de fort belle manière. Que du plaisir en perspective !
Belle brochette d'ouvrages à mon actif encore une fois, la PAL remonte un peu mais rien de vraiment irrémédiable. Qu'il est bon de penser à tous ces mondes imaginaires qui m'attendent et procureront une évasion immédiate au milieu d'une actualité anxiogène au possible. Vous retrouverez comme d'habitude les chroniques de ces ouvrages sur le blog à plus ou moins longue échéance au fil de mes lectures. Portez-vous tous bien en tout cas en attendant. Et que la lecture soit avec vous !
"La Mort blanche" de Frank Herbert
L’histoire : Lorsque la voiture piégée explosa dans une rue de Dublin, John O'Neill vit mourir sa femme et ses deux fils par la faute d'un terroriste.
Il était un génie, il devint le Fou. Il avait perdu toute raison d'exister sauf une, la vengeance : il allait faire partager sa souffrance par la Terre entière. Seul, dans son laboratoire de fortune, il fabriqua une arme bactériologique terrifiante, la peste blanche, qui tuait les femmes, toutes les femmes, sans remède.
La critique de Mr K : Lecture d’un auteur mythique aujourd’hui avec La Mort blanche de Frank Herbert, l’auteur de Dune. C’est ma première incursion ailleurs que dans le space-opéra avec lui avec ce thriller d’anticipation écrit dans les années 1980 et terriblement d’actualité par ses thématiques. C’est une fois de plus le plus grand des hasards qui me l’a fait acquérir (l’abbé encore et toujours...) et la quatrième de couverture fort alléchante ne m’a pas fait hésiter une seconde. C’est donc avec impatience et beaucoup d’attentes que j’entamai la lecture de ce beau pavé de 575 pages. Au final, ce fut une sacrée expérience !
Biologiste moléculaire de renom, John perd tout en un instant suite à un attentat à la voiture piégée : sa femme, ses deux enfants et la raison. Fou de chagrin et de rage, il fera payer les coupables et l’humanité entière gouttera à sa vengeance. Il rentre en clandestinité, fabrique un virus exterminateur qu’il lâche ensuite sur trois principales cibles liées de près ou de loin au drame qu’il a vécu. Cette nouvelle peste condamne à long terme toutes les femmes du globe. On suit alors par l’alternance des chapitres les mesures mises en place par les différentes autorités pour essayer de lutter contre le phénomène et lui trouver un remède, un jeune couple amoureux qui à sa manière va rentrer dans l’histoire et John lui-même dans sa métamorphose et le voyage qu’il entreprend pour voir de plus près ce qu’il a déclenché. Dans ce roman-somme, l’auteur nous offre une vision incroyablement dense, crédible et prenante d’un monde livré à une menace extrême et un magnifique portrait d’un homme brisé que la colère va mener du côté obscur.
Ce roman d’anticipation se caractérise d’abord par son réalisme de tous les instants. Se déroulant dans les années 1980 en pleine Guerre froide, le récit s’attarde très vite sur les réactions en chaîne que suscite la menace pernicieuse de la disparition de la gente féminine. On rentre dans le bureau ovale, les cabinets ministériels, les laboratoires ultra-secrets et dans toute une série de lieux décisionnels qui semblent débordés par l’ampleur de la crise à affronter. En effet, le phénomène est rapide et quasiment hors de contrôle, le chaos guette avec des foules qu’on ne peut plus contrôler, une peur qui gagne le monde entier et de vieux réflexes de survie qui mettent à mal les jalons de toute civilisation. L’aspect géopolitique est ainsi bien poussé avec des références claires à des conflits prégnants à l’époque de l’écriture de cet ouvrage (la Guerre Froide, le terrorisme irlandais, l’Apartheid en Afrique du sud) ou encore d’actualité (Israël et la Palestine, le djihadisme) ce qui donne une densité bluffante à un livre que l’on pourrait même qualifier de prophétique sur certains domaines (notamment la question des armes bactériologiques ou chimiques dont on entend malheureusement parler de plus en plus depuis quelques temps). Sans raccourcis malheureux ni caricature, Herbert nous livre un scénario crédible et fort éclairant sur la nature des relations internationales et sur la manière de réagir des foules et des dirigeants. Ce n’est pas forcément rassurant vous vous en doutez mais on ne pouvait s’attendre à moins de la part de cet auteur qui déjà dans son cycle Dune excellait dans la description des rapports de force entre puissants.
L’aspect purement scientifique est aussi très poussé avec des passages tirant vers la SF Hard-science, un sous-genre que je n’apprécie pourtant pas vraiment au départ mais qui ici a le mérite d’être accessible et totalement intégré au reste. Il donne à voir de très prêt les travaux de John puis de ceux qui vont essayer de contrer son virus. J’ai tout compris, ce qui n’est pas une mince affaire avec le pur littéraire que je suis et ces données rajoutent un aspect réaliste à l’œuvre qui lui donne une puissance terrifiante supplémentaire. Pour contrebalancer cet aspect, l’auteur nourrit son récit de nombreuses références à la foi, la religion et la destinée humaine. À travers les personnages croisés, c’est l’occasion pour Herbert d’aborder des questions existentielles qui peuplent une vie humaine : la notion de paternité, le sens de la vie, la question de la rédemption et du pardon, les rapports homme femme, l’ordre et le chaos. Les différentes situations évoquées apportent vraiment leur lot de réflexion et plus qu’un roman sur un apocalypse possible, c’est une véritable analyse en profondeur de notre espèce qui nous est livrée sans fard ni évitements confortables d’où des passages parfois rudes à appréhender et pouvant choquer la morale communément admise. Moi qui aime être bousculé et interrogé, je n’ai pas été déçu, bien au contraire, on aime poursuivre ses réflexions après avoir refermé l’ouvrage.
Malgré un sous-texte et des questionnements métaphysiques, on accroche immédiatement et avec facilité à ce roman qui présente des personnages forts, attachants et diablement séduisants. Au premier rang d'entre eux, John devenu le terroriste absolu suite à un choc personnel épouvantable. Bien que responsable de millions de morts, on éprouve une empathie certaine en son endroit, la souffrance l’a définitivement abîmé et fait basculer. L’auteur nous livre ici un portrait d’une grande finesse et d’humanité de cet homme brisé que le malheur a poussé vers l’irréparable. La description de cet esprit tourmenté est d’une force incroyable, d’une justesse inégalée dans ce domaine, j’ai été saisi par ce personnage qui évolue énormément et ceci jusqu’à la fin qui étonnera plus d’un lecteur chevronné. Les autres protagonistes bien que moins présents sont tout aussi ciselés et chacun vit avec ses contradictions et ses aspirations, loin des clichés habituels du genre. On a affaire dans La Mort blanche à des personnages complexes dont les trajectoires de vie se mêlent, s’entrechoquent et se révèlent bien souvent imprévisibles pour le plus grand bonheur du lecteur conquis.
Il faut dire qu’on croise toutes sortes de protagonistes tous plus différents les uns que les autres avec notamment un prêtre catholique confronté à la colère de Dieu selon lui, des anciens terroristes de l’IRA qui reprennent le contrôle de leur pays et réitèrent les erreurs des oppresseurs qu’ils ont chassés, un couple vivant dans un caisson d’isolation pour sauver une jeune femme qui pourrait détenir une clef pour éradiquer la maladie, des présidents américains qui tentent de prendre les décisions qui conviennent, un nouveau pape qui tente d’asseoir son autorité, un garçon traumatisé par la perte de sa mère et toute une légion de personnages qui survivent comme ils peuvent dans un monde en plein changement et qui remplace l’ordre établi. Beau focus au passage sur l’Irlande entre luttes intestines pour la prise de pouvoir, la légitimité de la lutte armée et les débordements qu’elle peut générer, la culture irlandaise mais aussi les paysages d’un pays qui me fascine depuis longtemps. On voyage énormément au gré des pérégrinations des personnages et des péripéties du récit qui en compte beaucoup.
La lecture s’est révélée passionnante et d‘une saveur incomparable. Certes le style Herbert est particulier, il nécessite un petit temps d’adaptation tant les informations sont nombreuses et les ellipses obscures au départ mais une fois pris par la trame générale, les pages se tournent toutes seules. Alternant passages contemplatifs et descriptions précises, il n’y a aucun élément surfait ou inutile dans ce gros volume, tout s’imbrique parfaitement et propose une expérience assez unique en son genre. Le rythme s’accélère par moment procurant un suspens de bon aloi et l’exploration chirurgicale du personnage de John est d’une subtilité confondante. Il n’y a pas à dire cet auteur est extraordinaire, cet ouvrage est pour moi un classique indéniable dans son genre et tous le amateurs se doivent de l’avoir lu car loin des sentiers battus et s’adressant à notre intelligence, il ouvre une fenêtre vers des horizons insoupçonnés et très enrichissants. Un must !
"Le Survivant" de James Herbert
L'histoire: Un boeing 747 qui s'écrase près d'Eton: l'une des plus effroyables catastrophes de l'histoire de l'aviation. 332 morts et un seul survivant. On avait enterré les morts, et les vivants essayaient d'oublier. Seul un homme s'obstinait : Keller, jailli des flammes de l'avion, poussé par des forces invisibles, cherchant à comprendre pourquoi, lui, avait échappé à l'accident. Le jour de vérité approchait, une vérité insupportable pour les innocents habitants d'Eton. Une vérité à laquelle Keller se refusait à croire…
La critique de Mr K: James Herbert est pour moi le genre d'auteur qui nous procure de petits plaisirs coupables efficaces, un écrivain vers lequel on revient régulièrement pour retrouver quelques sensations fortes et des intrigues à la fois classiques et glaçantes dans leur déroulement. Ce volume n'a pas dérogé à la règle et m'a tenu en haleine de bout en bout.
Keller a survécu à l'impensable! Pensez donc, un crash aérien juste après le décollage de son avion (il en était le copilote)! Tout le monde est mort sauf lui! Rajoutez là-dessus qu'il a perdu la mémoire et qu'il lui est impossible de savoir pourquoi il s'en est sorti, et vous obtenez un être humain complètement largué qui cherche à obtenir des réponses. Les semaines se passent et il commence à avoir des flashs, à entendre des murmures et, en ville, les morts violentes et inexplicables s'accumulent... Bizarre, vous avez dit bizarre? Vous êtes encore bien loin de la vérité.
Elle est bien longue à se dessiner d'ailleurs entre les chapitres mettant en scène le héros à la recherche d'éclaircissements sur les causes du drame et ceux suivant très ponctuellement le destin fatal de quelques habitants d'Eton, victimes d'une mystérieuse entité. En effet, très vite on se rend compte que derrière le thriller plutôt classique se cache une intervention surnaturelle même si cette fois ci elle est légèrement différente de ce que l'on lit / voit d'habitude. Un bon point pour Herbert qui sème les fausses pistes pour mieux nous égarer dans des supputations sans fin. Bien malin serait celui qui devine les tenants et les aboutissants avant les derniers chapitres de ce volume.
On retrouve la finesse de caractérisation des personnages propre à Herbert qui fait dans le court et le concis, tout en efficacité et en retrait des stéréotypes. Ces personnages sont emplis de fêlures et cachent des zones d'ombre parfois peu enviables, parfois plus surprenantes. Les effets de surprises sont donc assez nombreux tout au long du récit qui se révèle tortueux et parfois très cruel envers ses protagonistes. Keller est vraiment attachant par exemple, il passe par tous les états en l'espace de quelques jours (sauf le grand bonheur extatique bien évidemment) et rien ne semble lui être épargné. Surtout qu'il doit composer avec une ville aux abois, des médias intrusifs et de nébuleuses forces qui le dépassent. Étrange atmosphère aux senteurs de fin du monde où même les dépositaires des forces divines ne peuvent rien faire (terrifiante scène dans une Église).
Difficile donc de relâcher ce livre tant l'histoire est addictive et les pages se tournent toutes seules. Moins gore qu'à son habitude, Herbert fait plus dans la terreur psychologique et les effets d'épouvantes à l'ancienne ce qui n'est pas plus mal et crédibilise davantage une histoire qui devient de plus en plus tourmentée et effrayante. Une bien belle expérience délicieusement horrible que tout amateur du genre se doit de lire.
Oeuvres déjà chroniquées du même auteur:
-Le Sombre
-Pierre de Lune
-La Lance
Premier craquage de 2015
Sous couvert d'accompagner Nelfe dans la découverte d'un magasin de tissu (le papa Noël lui a offert une machine à coudre dont elle vous parlera dans un futur post), j'avais en fait ourdi un plan lourd de conséquence pour ma PAL. Pourquoi ne pas profiter de la nouvelle année pour aller chiner quelque peu dans des brocantes de la région? Ce qui devait arriver arriva! J'ai une fois de plus cédé à la tentation, Nelfe dans une bien moindre mesure...
- Étoiles, Garde à vous de Robert A. Heinlein. J'ai adoré le film de Verhoeren Starship Trooper qui est tiré de ce roman, je m'attends à une belle dénonciation de l'autoritarisme militaire. Je suis en plein dedans et je ne suis pas du tout déçu. Chronique à suivre dans le mois (j'en ai dix autres déjà prêtes à poster!).
- Le Survivant de James Herbert. Le pitch est vraiment intrigant avec cet ultime rescapé d'un crash aérien cherchant à savoir pourquoi lui s'en est sorti et pas les autres... J'avais aimé La Trilogie des Rats du même auteur, gageons que celui-ci soit aussi réussi en terme de suspens.
- L'armure de vengeance de Serge Brussolo. Mon amour pour Brussolo n'est plus à prouver, il retourne ici au Moyen-âge avec une étrange armure mue par une volonté propre! Polar, fantastique, le tout mâtiné d'un background médiéval, la recette semble bonne!
- Cette nuit-là de Linwood Barclay. Recommandé par Michaël Connelly lui-même, à priori il s'agit d'un thriller page-turner efficace où il est question de la disparition de la famille d'une jeune fille partie fait le mur pour une soirée. À voir!
- Le Rocher de Tanios d'Amin Maalouf, prix Goncourt 1993 de mémoire. À priori un excellent livre entre aventure et intimisme. J'ai hâte de le lire!
- La Pentalogie de la Belgariade de David Eddings. À 50 centimes la pièce, difficile de résister surtout qu'il est précédé d'éloges très flatteurs chez tous les amateurs du genre fantasy peu représenté dans ma PAL (bon, on cherche les excuses qu'on peut!). Je pense les amener tous les cinq en Asie du sud-est d'ici peu, on aura une longue escale de 14h à Abu Dhabi sur le retour et des moments de farniente en prévision. À raison de 1kg au total, ça ne pèse pas trop lourd dans les bagages!
- La Pentalogie de la Mallorée de David Eddings. Vous l'avez compris, il y a un ou une grande fan d'Eddings qui a lâché son stock dans la région. Ce deuxième cycle fait suite à celui précédemment évoqué, vu le prix je décidai de doubler la mise. On est des oufs et on n'a peur de rien!
- Le DVD de Enter the Voïd de Gaspard Noë. Mon grand regret de 2010 en matière de cinéma: ne pas avoir pu aller le voir! Il parait qu'il est cultissime, j'aime le bonhomme, sa filmographie, sa technique et son esprit frondeur. Visionnage prévu ce vendredi avec Nelfe et mon plus vieil ami. Ca va dépoter!
- Mémé de Philippe Torreton. Vous vous rappelez? Nelfe m'accompagnait et elle aussi a craqué... Ce livre lui a fait de l'oeil dès sa sortie en librairie, le hasard lui a permis de l'acquérir à prix modique! Elle s'attend à beaucoup pleurer, rassurez-vous je serai là pour la consoler!
Bonne pioche donc que cette expédition de début d'année qui s'est avérée fructueuse en terme d'acquisitions et riche en promesses d'évasion. Y'a plus qu'à!
"La Lance" de James Herbert
L'histoire: Pour venger son associée sauvagement assassinée, le détective privé Harry Steadman se fait passer pour un acheteur potentiel auprès d'Edward Gant, un marchand d'armes qui semble impliqué dans une organisation terroriste internationale.
Mais Gant ne se contente apparemment pas d'encourager de sanglants attentats ou de favoriser l'éclosion de conflits localisés, il se considère investi d'une mission sacrée: assurer le triomphe des puissances des ténèbres.
Et, de toutes les armes qu'il a à sa disposition, la plus redoutable reste la nécromancie...
La critique de Mr K: Ne vous laissez pas abuser par l'hideuse couverture du présent ouvrage, James Herbert vaut bien mieux que cela! Auteur ultra-connu pour sa trilogie des Rats, il n'a peu d'équivalents pour fournir du suspens et des passages bien gratinés en terme de gore. Le quatrième de couverture de La lance m'intriguait car la dimension ésotérique semblait importante dans une histoire qui semblait tendre au prime abord vers le roman policier-espionnage. Je n'ai pas été déçu!
Ex membre du Mossad qu'il a quitté écœuré par la violence et les vendettas, Harry Steadman s'est réfugié au royaume-Uni où il coulait une vie tranquille de détective privé entre histoires d'espionnages industriels et relations adultères à démasquer. Co-propriétaire de la société avec une amie, sa situation est confortable et sans accroc; mais voilà que ses anciennes relations de travail refont surface pour lui confier une affaire délicate, un agent du Mossad a disparu lors d'une infiltration qu'il effectuait au sein de l'entreprise d'un certain Edward Gant, richissime marchand d'arme connu pour ses accointances avec certains groupuscules extrémistes. Il refuse dans un premier temps mais son associée ne veut pas laisser passer une telle occasion pouvant apporter notoriété et fortune à leur agence. Quelques jours plus tard, elle est assassinée sauvagement devant le domicile de Harry. Le sang de ce dernier ne fait qu'un tour et le voilà parti pour une infiltration à haut risque qui va l'emmener sur des voies insoupçonnées et des plus ténébreuses.
Ce roman est de facture classique. On retrouve la figure centrale du héros torturé par un passé qu'il voulait oublier et qui refait surface. On est loin tout de même d'être face à un héros monolithique et sa psyché va bien évoluer au fil de l'intrigue. Très vite, on se rend compte que derrière cette histoire se cache quelque chose de plus gros et les théoriciens du complot seront ravis devant la tournure des événements. Tous les ingrédients sont là pour fournir une excellent page-turner: Mossad, CIA, MI6, Secte Néo-nazie et références multiples à Hitler et Himmler (toutes véridiques et mises en parallèle avec l'évolution de l'intrigue), spiritisme et ésotérisme diabolique, références bibliques, ambiance glauque à souhait, un début d'histoire d'amour... Bref, vous mixez l'ensemble et cela vous donne le présent ouvrage. L'intrigue est très bien menée, les surprises sont certes peu nombreuses mais le final est haletant à souhait. On pourrait même dire que le roman est trop court (280 pages) tant on aimerait en lire encore davantage.
Au niveau formel, on retrouve ici les qualités de Herbert: concision des descriptions, personnages plantés en quelques lignes et développés tout au long de l'ouvrage, un suspens et un caractère d'urgence présent du début à la fin de l'histoire, des passages bien gores mais jamais gratuits et une exploration en profondeur des abysses psychologiques humains. Et oui, il aime notre côté sombre et dans ce livre on peut dire qu'on est servi! L'écriture est égale à celle qu'on lui connaît: accessible mais ne cédant pas à la facilité, les pages se tournent toutes seules. Le plaisir de lecture est total et même si on ne peut pas dire que ce roman soit un classique (il lui manque ce petit supplément d'âme qui sépare l'excellence du très bon), on passe un très bon moment.
"Pierre de Lune" de James Herbert
L'histoire: D'épouvantables visions hantent Jonathan Childes, des images sanglantes d'effroi et de meurtre. C'est à la suite de telles visions que, sur ses indications, la police a pu retrouver autrefois les corps mutilés des victimes de crimes apparemment rituels. Childes a été innocenté – comment en savait-il si long? - mais une fâcheuse réputation le poursuit.
Et voilà que cela recommence, sur la petite île où il s'est réfugié, comme s'il était en communication télépathique avec quelques monstres assoiffé de sang. D'autres meurtres ont lieu, d'autres événements dramatiques... et Childes en est toujours averti le premier, nargué dirait-on par le criminel. La menace bientôt se précise, se transforme en terreur pure lorsque la monstrueuse créature surgit dans l'île même où Childes croyait trouver la paix...
La critique de Mr K: Cela faisait un petit bout de temps que je n'avais pas lu un ouvrage de cet auteur que j'affectionne tout particulièrement (voir critique d'un autre titre ici). Il est surtout reconnu pour ses romans de terreur où les scènes gores sont légions dans un style à la fois simple et virtuose, alignant les chapitres à une vitesse effrénée sans jamais laisser de repos au pauvre lecteur. Ce roman est légèrement différent faisant la part belle à la psychologie et au paranormal. Attention, accrochez votre ceinture, vous embarquez pour un voyage où rêves, visions et réalités se mêlent étroitement!
Pauvre Jonathan Childes! Les premiers chapitres nous présentent un homme apaisé, professeur en informatique, installé dans les îles anglos-normandes, vivant tranquillement sa nouvelle vie. Il fréquente une femme qui l'aime, il est très complice avec sa fille restée à Londres avec son ex femme, son couple n'ayant pas résisté aux épreuves passées (et quelles épreuves!). Mais voilà, un beau jour (ou peut-être une nuit?), le voilà de nouveau assailli par des visions bien sombres: le corps d'un enfant inhumé et mutilé, un vieillard assassiné... Les vieux démons sont de retour, il semble que quelque chose ne soit pas réglé...
À partir de là, la vie du héros dérape. Toutes ses certitudes s'évaporent laissant place au doute et à l'angoisse. L'équilibre est devenu instable pour paraphraser Stanislas (Sic! Faut que j'arrête les vannes pourries!) et Jonathan s'enfonce en plein cauchemar. La menace se fait de plus présente mettant en danger ses proches et malgré tout ce qu'il essaie de faire, rien ne semble pouvoir empêcher l'inéluctable. Cela dure jusqu'à un dernier chapitre des plus terrifiant et une ouverture finale des plus intéressante.
Je ne tournerai pas autour du pot, Herbert n'a pas son pareil pour maintenir le suspens et au contraire de nombreux auteurs il assure quand il s'agit de boucler son intrigue. Remarquablement construit avec des chapitres qui se renvoient la balle de manière diabolique, il joue avec nos nerfs avec ce récit fantastique enraciné dans un quotidien banal. Franchement, je n'étais pas rassuré par moment et on est parfois surpris par le chemin emprunté par le héros. Les chapitres décrivant les faneuses visions sont morbides à souhait mais peu à peu on se rend compte que la dimension psychologique est très dense. Les personnages sont très bien rendus sur ce plan là et on se prend au jeu.
Au final, j'ai passé un excellent moment entre frissons et révélations. A découvrir absolument si le genre vous plait et que vous voulez être surpris. Une petite bombe en quelque sorte!
"Le Sombre" de James Herbert
L'histoire: Dans la banlieue sud de Londres, une avenue paisible... où l'on n'a pas oublié cependant le suicide collectif qui ensanglanta, il y a six mois, la maison Beechwood désormais inhabitée.
Et soudain la violence resurgit, se déchaîne: en une nuit deux crimes et deux suicides - ceux-là mêmes des meurtriers. Le Mal vient-il de la vieille demeure? Non loin, d'autres assassinats sont commis, atroces, délirants, et la destruction de Beechwood est ordonnée...
C'est alors que, venue de nulle part, une masse ténébreuse et sans cesse grandissante obscurcit le ciel de Londres. Et quand elle s'abat sur la ville, commence le règne du Sombre - celui de la peur, du sang et de la folie...
La critique de Mr K: Pour une fois, la quatrième de couverture n'est pas exagérée, ce livre est à la hauteur du speech: il faut avoir le coeur bien accroché pour suivre Bishop lors de sa confrontation avec le Mal envahissant l'une des métropoles les plus étendue d'Europe. Il faut dire que Herbert sait y faire, j'avais particulièrement apprécié sa trilogie sur Les rats lors d'une lecture adolescente.
James Herbert reprend ici un thème très connu, celui de la lutte du Bien et du Mal — en l'occurrence les Puissances des Ténèbres et de la Lumière — le tout parsemé de touches de parapsychologie, d'ésotérisme et de mysticisme (on sort donc déjà du roman gore à 2 euros). Beechwood est une maison inhabitée et à la réputation sinistre : un suicide collectif s'y est déroulé quelques mois plus tôt et depuis elle est le siège, ainsi que la rue où elle se trouve, d'événements étranges et violents. C'est de là que vont partir les hordes redoutables du Sombre : le carnage commence alors et Londres ne sera pas épargnée par ces combats véritablement apocalyptiques.
On retrouve le style si particulier de Herbert, celui qui avait prouvé son impact et son efficacité dans la trilogie des Rats. Certains chapitres sont réservés aux futures victimes que l'on retrouve en piteux état dans le chapitre suivant, ce sont de petits fragments de vies insignifiantes, banales avec ce qui va avec: injustices, tracas quotidiens, petits mensonges familiaux, amours naissants... autant de trajectoires individuelles rayées peu après par une phrase ou un paragraphe de l'auteur qui semble prendre un malin plaisir à faire disparaître des personnages aussitôt qu'il les crée. Ca chamboule pas mal le lecteur et c'est une des grandes forces de ce livre. Les amateurs de gores seront servis, Herbert est un esthète du genre entre descriptions quasi chirurgicales (le haut de coeur n'est parfois pas loin) et les évocations plus fines qui n'en sont pas moins dérangeantes. En même temps, à quoi peut-on s'attendre quand un personnage, le Sombre en l'occurence, est l'incarnation du Mal absolu, pouvant contrôler les esprits faibles et leur faire faire ce qu'il veut. J'ai été séduit par cette ambiance apocalyptique très bien rendue et sans frioriture.
Mais s'il n'y avait que le gore, ce livre n'aurait pas eu autant de succès. Herbert est aussi un maître quand il s'agit de monter et d'entretenir le suspens. Difficile une fois de plus de lâcher cet ouvrage avant d'en avoir parcouru la totalité. Chaque chapitre éclaire un peu plus la nature du Sombre et ses motivations: le Mal pour le Mal? Le démon invoqué par une secte d'illuminés? La vengeance d'un homme? Le fléau de Dieu sur ses créatures imparfaites? un peu de tout ça à la fois? À chacun de le découvrir en lisant ce petit livre qui ne payait pas de mine dans une caisse d'un dépôt vente mais qui m'a tenu en haleine deux jours par son écriture simple et maline et son histoire qui ne trahit jamais son postulat de base proche de l'Armageddon. Une lecture plaisir pour tous les amateurs de sensations fortes!