"La puissance des ombres" de Sylvie Germain
L’histoire : Pour fêter les vingt ans de leur rencontre au bas des marches du métro Saint-Paul, Daphné et Hadrien ont organisé une soirée à thème : chacun de leurs amis doit porter un déguisement évoquant une station de métro. Mais la fête tourne au drame. L’un des invités tombe mystérieusement du balcon et se tue. Et quelques mois plus tard, c’est au tour d’un autre convive de se rompre le cou en dégringolant des escaliers. Qui sera le suivant ? Quel est le lien entre la fête, les convives, les serveurs qui officiaient, et notre intense désir de réparation ?
La critique de Mr K : Bonne lecture que celle du dernier roman de Sylvie Germain : La puissance des ombres. À la confluence des genres avec un net attrait pour le noir profond, l’auteure avec le talent d’écriture qu’on lui connaît nous projette sur les traces du désespoir et de la folie avec talent malgré quelques menus défauts qui empêchent cet ouvrage d’être considéré comme un de ses meilleurs.
Imaginez, une fête costumée en plein cœur de Paris, dans un appartement d’un quartier cossu. L’heure est à la joie entre vielles connaissances, amis d’amis et une soirée plutôt réussie. Et puis, c’est le drame. L’un des invités tombe du balcon et meurt de sa chute. La police enquête et conclut à un accident. Tout pourrait s’arrêter là mais voila... deux autres invités de la fêtes meurent à leur tour dans des circonstances suspectes. Tout cela est bien louche et arrivé à la moitié du roman, le point de vue change, on passe dans l’esprit de l’assassin (car ce sont bien des meurtres !) et nous explorons sa psyché dévastée et essayons de comprendre quelle vérité cachée se trouve derrière ses actes innommables.
La première partie du roman s’apparente un peu à un jeu de piste. L’auteure s’attarde sur les invités et leurs costumes (tous en lien avec des stations de métro de Paris), les deux serveurs engagés pour la soirée et sur le déroulé des festivités. Je dois avouer que cette partie a un peu freiné mon enthousiasme car finalement son utilité est toute relative concernant la suite du récit. Peut-être n’ai-je pas tout saisi mais j’ai trouvé ces passages finalement longuets et n’apportant pas grand chose à la suite.
Car le vrai sujet n’est pas là. Il surgit dans la deuxième partie du roman avec les chapitres consacrés au tueur, une des personnes présentes à la fête. Passée la surprise de son identité, l’auteure revient sur ses errances entre les meurtres et surtout assène des flashback bien sentis qui expliquent sa psychologie pour le moins perturbée et ses actes désaxés. Ce personnage est vraiment réussi, tout en complexité. On en vient à le plaindre, à comprendre ses pulsions, gestes maladroits et déréliction mentale même si on ne peut accepter et excuser ce qu’il a commis. Ces moments sont vraiment les plus beaux du roman, une beauté sombre, inavouable parfois mais remarquablement mis en mot par l’auteure pour le coup très inspirée.
Sylvie Germain possède vraiment une belle plume, cisèle son propos, embarque alors le lecteur dans un voyage intérieur rude et vient nous cueillir avec une fin terrible bien que prévisible. On passe donc un bon moment même s’il faut s’accrocher au départ.
Désherbage à domicile !
En septembre dernier se tenait le désherbage annuel de la médiathèque de notre commune. C'est typiquement le genre d'événement que nous ne manquons pas au Capharnaüm éclairé, fous que nous sommes de contribuer à l'atomisation de nos PAL respectives plus que bien portantes !
Ils sont mignons les petits nouveaux, non ? Une fois de plus, nous sommes tombés sur de belles pièces avec notamment des auteurs que nous apprécions beaucoup chez nous, une belle colonie Actes Sud et deux ouvrages des éditions Stock. Voici la traditionnelle présentation des nouveaux arrivés qui tôt ou tard se verront chroniqués, une fois leur lecture effectuée !
- L'Homme qui tombe de Don DeLillo. Un roman post 11 septembre d'un auteur reconnu et que je vais apprendre à connaître avec ce volume. Bien tortueuse, la quatrième de couverture fait la part belle aux ressorts brisés de la machine humaine et la rencontre entre l'intime et l'universel. Vous n'avez pas tout compris ? Moi non plus je vous rassure ! Ce qui est sûr par contre, c'est que cette oeuvre borderline a tout pour me plaire sur le papier.
- Prenez l'avion de Denis Lachaud. Un homme et une femme très différents survivent de façon inouïe à un crash aérien et vont essayer de comprendre le pourquoi de ce miracle. Un roman sur la peur, son apprivoisement et la renaissance de l'espoir. Branque, vous avez dit branque ? Je vous le confirme, ce livre est fait pour moi !
- Invisible de Paul Auster. Une relation triangulaire qui implose, roman d'apprentissage d'un naïf confronté au secret et aux interdits, voila le fond de ce roman d'un auteur que j'adore entre tous. Je dois avouer que je n'ai pas cherché plus loin, j'ai adopté ce volume de suite. L'amour rend aveugle dit-on...
- Dans la guerre d'Alice Ferney. De la même auteure, j'avais aimé Grâce et dénuement et je souhaitais découvrir d'autres titres. Le hasard fait bien les choses avec ce roman se déroulant durant la Première Guerre mondiale, une période que j'affectionne énormément. Nous suivons ici Jules un jeune homme appelé à combattre et les femmes de la famille qui restent à la maison et espèrent son retour. Ca ne respire pas la joie de vivre mais je sens que ça va me plaire !
- L'Enquête de Philippe Claudel. Là encore, un auteur aimé et apprécié par chez nous. Ouvrage kafkaïen selon certains (mon enthousiasme grandit d'autant plus), on suit une mystérieuse enquête dans une entreprise où beaucoup de suicides d'employés sont à déplorer. À priori, les frontières entre imaginaire et réel sont très vite abolies, le genre de lecture qui peut me plaire. Wait and read.
- Veuf de Jean-Louis Fournier. Que j'aime cet auteur ! Il revient dans cet ouvrage sur la perte de sa femme qui selon lui avait toutes les qualités qui comblaient ses propres défauts. je m'attend à beaucoup de tendresse, de tristesse mais aussi de dérision. Sa plume est incomparable et je suis sûr qu'une fois de plus, il sublimera son sujet.
- L'Inaperçu de Sylvie Germain. Un roman alléchant qui nous propose d'explorer une famille ordinaire dans laquelle va s'incruster une branche rapportée qui à sa disparition va bouleverser la mécanique familiale. On nous promet beaucoup de choses en quatrième de couverture : pages sombres de notre Histoire, tragédies individuelles, imprévisibilité, rêves fous et emprise du temps. Miam miam !
- Jour sans retour de Kressmann Taylor. Depuis Inconnu à cette adresse, je traque sans relâche le moindre ouvrage de cet auteur culte. Me voila bien récompensé avec ce témoignage mêlant vérité et fiction pour écrire un roman sur l'ascension implacable du nazisme vue par un résistant. Sans doute un ouvrage essentiel à l'heure où certaines figures politiques se plaisent à dire que c'est la rue qui soit disant a chassé le nazisme...
Voici les deux ouvrages dégotés par Nelfe qui une fois de plus s'est révélée plus raisonnable que moi...
- Les Jardins d'Allah de Sylvain Tesson. Elle était ravie de trouver un livre de cet auteur qu'elle aime beaucoup. L'écrivain-voyageur-géographe garde ici le cap à l'est pour nous entrainer en Asie du sud où les religions, les nationalismes et le mercantilisme post-moderne s'empoignent dans la plus totale confusion. Tout un programme !
- Le Pays des ténèbres de Stewart O'Nan. Une bande de gamins unis à la vie à la mort, un accident, le drame. Comment vivre avec cela sur la conscience ? C'est typiquement le genre de thématiques et de livre que Nelfe adore. M'est avis que c'est une très bonne pioche !
Notre tour d'horizon est complet, c'est la promesse de nombreuses et riches heures de lecture. Et dire qu'il va falloir que je vous parle bientôt de notre gros craquage à Emmaüs en début de mois... I.R.R.E.C.U.P.E.R.A.B.L.E.S je vous dis !
Chasse aux livres à domicile !
Le week-end dernier c'était au tour de la médiathèque de notre commune de procéder au désherbage de ses rayonnages. Pour ma part, je n'étais pas optimiste quant à la possibilité de trouver des titres qui me tenteraient vu le caractère "rural" de notre lieu de villégiature et le peu d'activités dédiées à la culture de manière générale. Je m'attendais plutôt à des titres soit hyper connus (déjà lus ou qui ne m'intéressent pas), à des romans de terroir (genre qui fonctionne pas mal en Bretagne et qui me laissent de glace) et à une majorité de livres pour enfants. Nelfe ayant une force de persuasion hors du commun, elle réussit tout de même à m'entraîner vers ce micro-événement "littéraire" local...
Grand bien lui a pris tant l'offre proposée s'est révélée finalement variée et de qualité. La responsable a du goût et ça se sent d'office. Par habitude, je ne lis que des livres que j'achète en seconde main (plus les SP) et je ne fréquente plus les bibliothèques depuis un certain temps. Il s'avère qu'une fois de plus lors d'un chinage, j'ai croisé des auteurs que j'affectionne beaucoup et que des titres m'ont séduit par leur quatrième de couverture intrigante. Au final, je suis ressorti avec six romans (un pour Nelfe) et une BD. Je vous invite à me suivre dans la découverte des nouveaux pensionnaires de nos PAL respectives !
- L'Amour est une île de Claudie Gallay. Depuis mes lectures enthousiastes des Années cerises et des Déferlantes, je voue un culte à cette auteure à l'écriture envoutante et simple à la fois. Impossible donc de ne pas acquérir ce titre qui me faisait de l'oeil et qui explore les passions, rêves et mensonges au coeur d'un été lourd de secret avec en toile de fond le festival d'Avignon. Sacré programme en perspective que je suivrai avec délice avant la fin de l'année.
- La Quarantaine de J. M. G. Le Clézio. Un bel ouvrage pour un auteur décidément à part dans le paysage littéraire français avec son goût pour le voyage, la rencontre de l'autre et une écriture poétique à souhait. Il est ici question de mise en quarantaine avant la reprise d'une vie "normale" avec la compilation de souvenirs et notes éparses. Sans aucun doute, une de mes futures "grandes" lectures.
- Hors champ de Sylvie Germain. À la table des hommes sorti en début d'année m'avait laissé un sentiment mitigé entre un jeune héros très charismatique, touchant comme jamais, et un background plutôt simpliste et surtout déjà lu et vu. Je retente ma chance avec ce titre traitant de l'effacement et de l'oubli de certaines personnes dans notre société occidentale contemporaine. Je gage sur la qualité certaine d'écriture de l'auteur pour nous faire explorer les peurs et doutes du genre humain.
- La Caverne des idées de J. C. Somoza. Coup de poker que ce livre qui m'a séduit par son histoire d'enquête policière sous fond de Grèce antique, période fascinante pour l'historien que je fus durant mes études. Qui a tué le jeune éphèbe ? C'est ce que vont s'atteler à découvrir deux êtres que tout oppose : un fin limier et un philosophe platonicien, mentor du disparu. Ce livre plein de promesse ne tardera pas à sortir lui aussi de ma PAL !
- Ainsi mentent les hommes de Kressmann Taylor. Trop content d'être tombé sur ce recueil de nouvelles après la gigantesque claque renouvelée lors de ma relecture de Inconnu à cette adresse et la découverte du très bel ouvrage jeunesse sorti chez Flammarion lors de la rentrée littéraire 2014, Monsieur Pan !Les courts textes réunis ici mettent en scène de jeunes adolescents confrontés à des adultes mensongers qui vont les pousser à s'isoler en dehors du cercle de l'humanité, dans la nature pour désamorcer douleur et désarroi. J'ai sacrément hâte de débuter cette lecture tant je trouve cette auteure redoutable d'efficacité dans le traitement de la nature humaine. Yes !
- Roi du matin, reine du jour de Ian McDonald. Ce livre nous raconte le destin de trois femmes irlandaises considérées comme folles par certains, sorcières par d'autres. Gnomes, extra-terrestres, monstres venus d'on ne sait où, mythomanes mêlant mensonges et réalité... l'éditeur nous promet un voyage qui dépote entre histoire et mythologie de ce pays si mystérieux. Je suis très curieux de lire ça !
- Un Fauve en cage, une aventure de Jérôme K. Jérôme par Dodier. L'occasion fait le larron et cela fait bien longtemps que je n'ai pas suivi une enquête de ce jeune enquêteur légèrement maladroit, amateur des policiers US à l'ancienne qui collectionne les sons de sirènes des polices du monde entier. Dans ce volume, il recueille une jeune femme amnésique sur qui plane un danger insaisissable. Là encore, un ouvrage qui ne tardera pas à quitter ma PAL !
- À Marche forcée de Slavonir Rawicz. L'unique choix de Nelfe mais quel choix ! Nous avions regardé l'adaptation cinéma lorsqu'elle est passée à la télévision et nous avions été bluffé par cette histoire vraie (Les Chemins de la liberté de Peter Weir, sorti en 2010). Ce livre est le témoignage unique d'évadés du goulag russe qui ont parcouru des miliers de kilomètres à travers le désert de Gobi. Je pense que c'est le genre de lecture qui ne laisse pas indifférent. J'ai hâte de savoir ce que Nelfe en pensera, d'autant plus qu'elle affectionne les romans des "grands espaces" !
De belles pioches une fois de plus, des PAL qui grossissent un peu mais pas trop (on a vu pire au Capharnaüm éclairé en terme d'acquisitions !) et qu'il faudra faire diminuer quand la rentrée littéraire 2016 sera derrière nous. Quel bonheur que d'être lecteur !
Puces de Doëlan (29)
En pleine saison des vide-greniers et autres brocantes, dimanche dernier nous sommes allés à celui organisé dans notre commune. Cadre très sympa, en bord de Scorff, c'est toujours un plaisir d'aller fouiner par là-bas chaque année. Oui mais voilà, cette fois-ci, c'est le drame ! Mr K tombe sur une galette-saucisse immangeable ! Galette cartonneuse et cassante et saucisse à peine cuite. Pour Mr K, on touche là à quelque chose de sacré (alléluia) et ce problème de cuisson est vu comme un blasphème (amen) ! Vite, il faut trouver une solution, détourner son attention ! Viiiiite !
Le matin même, j'avais remarqué que se tenaient le même jour les Puces de Doëlan. Il est à peine midi passé, Doëlan est à quelques kilomètres et j'adore ce petit port été comme hiver. Hop, tout le monde dans la voiture, c'est parti pour la découverte de cet événement. Je m'attends à une sortie des plus agréables et c'est une excellente idée pour changer les idées de mon glouton de mari... Qui sait, en plus, il y aura peut-être un autre stand de crêpes là-bas (héhé)...
Le soleil est là (je suis même revenue rouge écrevisse sur une épaule, je suis maintenant bi-goût, youpi !), le cadre est parfait. On fouille dans les bacs, on découvre avec plaisir les stands de particuliers et de professionnels. Un savant mélange bien dosé.
Benoîte Groult étant décédée il y a quelques jours, cette promenade à Doëlan a une saveur particulière. Nous sommes triste à la vue de sa maison, on y pensera forcément à chaque passage sur ce port...
Nous nous sommes concentrés sur les bouquins, Mr K étant à la recherche de certains classiques, il a fait de belles trouvailles. De mon côté, je ne me suis contentée du paysage. Je n'ai pas craqué et je vous laisserai découvrir les acquisitions de Mr K dans la seconde partie de cet article. Pour l'heure, je vous offre quelques vues supplémentaires du cadre dans lequel nous avons évolué dimanche dernier (avouez que nous sommes à plaindre !) et je laisse maintenant la parole à Mr K qui va vous présenter ses trouvailles.
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A défaut de trouver une galette-saucisse digne de ce nom, le hasard a mis sur mon chemin un certain nombre d'ouvrages à des prix vraiment modiques (0.5€ la pièce en général). Comme dans le domaine des acquisitions livresques, je n'ai aucune volonté... Voici le résultat !
Neuf ouvrages de plus dans la PAL ! Quelques classiques pas encore lus, des auteurs plus contemporains que j'affectionne et un saut dans l'inconnu ! En bonus, Nelfe et moi avons même mis la main sur un jeu de société pour deux autour du Seigneur des anneaux. Beau butin pour un début d'après-midi enchanteur entre site magnifique et brocante à ciel ouvert. Suivez le guide des acquisitions du week-end dernier !
- L'Arbre de santal de Tarjei Vesaas. Un Actes sud de plus à mon actif avec cette histoire d'une famille partant sur les routes pour fuir une mystérieuse menace. S'apparentant à un récit initiatique (tout ce que j'aime !), je vais découvrir un nouvel auteur qui nous convie à priori à un voyage de l'autre côté des choses, de l'autre côté de la nuit... Tout un programme !
- Le Procès de Kafka. En lisant l'excellent ouvrage que lui consacre Xavier Mauméjean, j'avais très envie de relire du Kafka. Le Procès est sans doute son oeuvre la plus connue, je l'ai lu à 16 ans et j'avais adoré. Le temps a passé, l'heure est venue pour moi de le relire et de confronter cette lecture avec mon vécu et mon expérience. En plus, le héros porte le même patronyme que moi ! L'occasion fait le larron.
- L'Adieu aux armes d'Ernest Hemingway. Un des livres préférés des français selon divers classement, bizarrement j'étais passé au travers depuis tout ce temps ! Et pourtant, j'aime Hemingway et son écriture d'une densité incroyable, son universalisme et son humanisme sans fard. J'ai bien hâte de m'y remettre avec ce récit se déroulant durant la Première Guerre mondiale mêlant histoire d'amour et réflexion sur la barbarie.
- En un combat douteux... de John Steinbeck. Pour ceux qui nous suivent, vous connaissez mon profond attachement à ce géant de la littérature. Steinbeck a un don incroyable, celui de conjuguer universalité de ses récits et personnages au charisme fort. Il est ici question d'une grève pendant la grande dépression, Steinbeck s'attachant à suivre les pas de deux ouvriers syndiqués. Toujours d'actualité, ce titre a lui aussi bonne presse dans l'oeuvre du maître. Encore une lecture prometteuse en vue !
- Les Quarante cinq d'Alexandre Dumas. Encore un auteur que j'aime et qui s'offre à moi au détour d'un stand. J'avais bien envie de me remettre au roman historique, c'est l'occasion rêvée avec ce double volume se situant après l'action se déroulant dans La Reine Margot sous le règne d'Henri III. Gageons qu'aventures, conspirations et grands moments historiques se succèdent pour mon plus grand plaisir !
- Eldorado de Laurent Gaudé. Voila un livre de cet auteur qui m'avait jusque là échappé. Le tort est désormais réparé ! Le thème est d'actualité avec un roman traitant des émigrants risquant leur vie sur des bateaux de fortune en mer Méditerranée. On nous promet un voyage initiatique, du sacrifice, de la vengeance et de la rédemption. Tout pour plaire, non ?
- Magnus de Sylvie Germain. Dans ma chronique de À la table des hommes, je concluais en disant que cette auteure méritait une deuxième chance tant j'avais été partagé entre deux sentiments contradictoires vis-à-vis de son dernier roman en date. Le destin a tranché, ce sera Magnus qui me permettra de me faire un avis plus sûr sur Sylvie Germain. Prix Goncourt des lycéens en 2005, ce livre raconte la recherche de son passé par un homme amputé de ses souvenirs. Là encore, le résumé est alléchant, il ne reste plus qu'à tenter l'aventure !
- La Vie d'une autre de Frédérique Deghelt. J'avais adoré L'Oeil du prince lors de sa sortie et il me tardait de retomber sur une auteur qui m'avait séduit par sa science de la narration alambiquée et son écriture immersive au possible. Ici, on change de registre avec une femme qui se réveille un beau matin avec un mari et trois enfants ! 12 ans de sa vie se sont envolés depuis un soir de fête bien arrosé en compagnie d'un bel inconnu... Si ça, ce n'est pas un pitch séduisant, je ne m'y connais pas ! D'ailleurs ce sera ma prochaine lecture ! Verdict dans quelques semaines sur le blog... Pas mal de chroniques en attente au moment où j'écris.
- Le Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier. Voici le fameux saut dans l'inconnu dont je vous parlais plus haut. Essai venu d'ailleurs qui a fait grand bruit lors de sa sortie, il est question d'ésotérisme, d'alchimie, de sociétés secrètes, d'irrationnel. L'ombre de Fox Mulder plane au dessus de ce titre bien épais et à la réputation sulfureuse. Wait and see !
Enfin, voici le fameux jeu de société se déroulant dans l'univers de Tolkien. Nous avons hâte de l'essayer avec Nelfe étant des inconditionnels des Colons de Catane et autres jeux du même type. Chacun ici jouera un des deux hobbits principaux (Frodon et Sam en l'occurence, désolé Pipin et Merry on vous aime aussi !) pour aller détruire l'anneau unique en triomphant de différents obstacles. Cela promet des heures de jeu endiablées ! Sauron n'a qu'à bien se tenir !
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Et voilà pour cette fois ! Quitte à me transformer en mamie qui ne parle que de la météo, je dois dire que je ne suis pas mécontente d'avoir une PAL fournie et un nouveau jeu à tester dans les prochains jours... En attendant de pouvoir aller à la plage avec les bouquins et les jeux ! Héhé !
"À la table des hommes" de Sylvie Germain
L'histoire : Son obscure naissance au cœur d'une forêt en pleine guerre civile a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S'il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle du langage, il garde toujours en lui un lien intime et pénétrant avec la nature et l'espèce animale, dont une corneille qui l'accompagne depuis l'origine.
La critique de Mr K : Ce roman est le premier de Sylvie Germain qui m'est amené à lire. Cette auteure a bonne presse et j'ai sauté sur l'occasion pour la découvrir avec la sortie de son nouvel ouvrage dont la quatrième de couverture est aussi intrigante qu'engageante dans les thématiques qui semblent être abordées. La lecture fut rapide, le constat mitigé.
Tout le roman se déroule dans un pays dont on ne connaîtra jamais le nom, où se livre une guerre civile sanglante, où s'enchaînent les exactions et les vendettas vengeresses. Au milieu de ce chaos et la folie organisée des hommes, nous suivons la destinée de Babel depuis sa naissance trouble au fin fond de la forêt à son arrivée dans l'accomplissement de la quarantaine. Être hybride? Enfant sauvage? Candide des temps modernes? Il est un peu de tout cela à la fois et c'est à travers ses yeux et ceux de personnes qu'il va rencontrer et qui vont jalonner sa vie que l'histoire se déroule devant nos yeux entre réalisme, naturalisme et parfois du fantastique. Étrange voyage qui alterne morceaux de choix à la beauté pure et dérives parfois simplistes et digressives pas forcément de bon aloi.
Ce que j'ai préféré dans ce roman est sa première partie qui s'apparente directement aux récits que j'ai pu lire par le passé sur les enfants sauvages du XIXème siècle qui ont inspiré un de ses plus grands films à François Truffaut. On suit pas à pas, les premières sensations, expériences de Babel. Il se nourrit de son environnement, de ce qu'il ressent et tente de survivre. Il sera recueilli dans un village déserté par les hommes partis à la guerre et commencera le dur apprentissage de la vie au sein d'une population frustre et méfiante. Cela donne de très beaux passages sur l'éveil aux autres et sur le monde (une très légère ouverture à ce moment là de la vie de Babel) et des moments bien plus rudes quand il doit se confronter à la cruauté des autres jeunes du village qui ne voient en lui qu'un idiot buté dont on peut se gausser facilement et sans crainte de représailles.
L'écriture est d'une grande beauté, un souffle inédit se fait sentir et l'on partage scènes du quotidien et réflexions plus profondes notamment lors de la fuite de Babel vers un ailleurs prometteur. L'apprentissage des mots et la magie inhérente qui les accompagnent, Dieu et ses multi-facettes à travers le monde mais aussi l'injustice, l'intolérance placent ce roman définitivement sous le sceau du récit initiatique avec ce jeune garçon plongé dans un monde qui le dépasse. Mais cet univers est désormais le sien, il va devoir s'en accommoder pour se trouver lui-même. Il pourra compter sur deux vieux clowns libertaires en colère contre le monde entier et la douce Zelda qui lui fera connaître l'Amour. La langue est limpide, exigeante par moment pour ciseler aux mieux personnages et situations, l'immersion totale. Tout pour plaire normalement, mais malheureusement il y a un hic…
Bien que séduisante dans sa forme, la prose ici livrée n'a vraiment rien d'originale et vire parfois au pamphlet simpliste contre l'espèce humaine. Entendons-nous bien, je me classerai volontiers dans le camp des pessimistes et déclinistes concernant notre espèce qui excelle dans la destruction et l'auto-satisfaction. Je trouve que dans ce roman, l'auteur passe parfois du coq à l'âne pour dénoncer de manière frontale et pas très fine des errances de notre développement: je pense notamment au passage sur le sort que l'on réserve aux animaux ou encore la suppression d'esprits libres par des intégristes (passage qui m'a fait penser aux attentats de janvier 2015). Cela alourdit le roman et surtout son propos qui se démarquait dans les 100 premières pages par une ambiance cotonneuse teintée de mystère et de décalage (j'adore cette sensation). Par la suite, on perd cette impression au profit d'un brûlot certes allant dans le bon sens mais plutôt simpliste et au final, manquant de puissance. Un soupçon de nuance ne fait jamais de mal!
Impossible donc de ne pouvoir dire que du bien de ce roman pourtant tellement réussi dans le traitement de son personnage principal (que j'ai adoré et dont je garderai un souvenir ému). Je suis adepte du genre et j'ai trouvé dix fois mieux en terme de parcours initiatique dans un monde en pleine déshérence. Reste que je ne reste pas définitivement fermé à cette auteure tant j'ai aimé son style d'écriture qui ne ressemble pas à ce que l'on peut lire généralement. Elle mérite un deuxième essai, je le tenterai quand un chinage de plus me mettra sur sa route...