"La Ville de vapeur" de Carlos Ruiz Zafon
L’histoire : Un architecte qui fuit Constantinople avec les plans d'une bibliothèque inexpugnable, un étrange cavalier qui arrive à convaincre un tout jeune écrivain (accessoirement nommé Miguel de Cervantes) d'écrire un roman inégalable... On retrouve dans ce recueil une atmosphère et des thématiques familières aux lecteurs de Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du Cimetière des livres oubliés, tels Semperé, Andreas Corelli ou David Martin.
La critique de Mr K : Chronique d’un très beau cadeau d’anniversaire aujourd’hui avec un des derniers Carlos Ruiz Zafon qu’il me restait à découvrir, La Ville de vapeur, un recueil de nouvelles écrites au fil du temps et publiées l’année de sa mort prématurée. Ce fut une fois de plus un merveilleux voyage en compagnie de ce conteur hors pair qui se révèle très doué pour aborder ce genre exigeant et nous livre au passage quelques petites révélations sur des personnages clefs de sa tétralogie du Cimetière des livres oubliés.
11 nouvelles composent ce recueil allant de deux pages à plus de soixante, le format de chaque texte évolue donc beaucoup pour à chaque fois un vrai moment de bonheur de lecture. On voyage à travers le temps et l’espace même si bien sûr avec cet auteur, on navigue toujours autour de Barcelone baignant dans une atmosphère gothique et que l’on croise des personnages à fort charisme.
Tour à tour, un très jeune écrivain tombe sous le charme d’une jeune fille très riche tout les sépare sauf leurs sentiments, en pleine hiver une jeune fille enceinte trouve refuge dans une maison aristocratique pas des plus accueillantes, un photographe loue sa fille pour célébrer et faire renaître un enfant mort, on suit le destin tumultueux du créateur du labyrinthe des livres oubliés ou encore celui de Cervantès dans une version quelque peu remaniée – sic -, un richissime avocat défie à chaque Noël quiconque de le battre aux échecs en échange d’un pacte faustien, un jeune garçon passe une nuit peu commune auprès d’une jeune fille énigmatique, on suit un assassin en mission, un jeune homme loue une chambre sous les toits et fait la connaissance de la fille du proprio qui n’est pas forcément ce que l’on croit, on accompagne Gaudi à New York et on assiste même à l’apocalypse en deux minutes et deux pages !
Porté par l’imagination folle qu’on lui connaît, Zafon nous offre un sacré mélange des genres avec ces textes mêlant écrit picaresque, légende, histoire, récit d’apprentissage, thriller à l’occasion, fantastique, romance impossible... On plonge avec délice dans ces textes où nombre de rêves éveillés font écho à l’âme sombre des hommes, où la vengeance n’est pas un vain mot, mais où on s’aime aussi, où l’on partage le goût des livres, des histoires qui enrichissent et réchauffent les âmes.
C’est beau, très finement écrit, très profond malgré la brièveté parfois extrême de certains textes. Ce fut une lecture poétique et envoûtante bien souvent, une lecture qui nous touche en plein cœur et provoque l’évasion immédiate. Quel beau moment encore passé en compagnie du virtuose espagnol !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- L'Ombre du vent
- Le Jeu de l'ange
- Marina
- Le Prisonnier du ciel
- Le Prince de la brume
- Le Palais de minuit
- Les Lumières de septembre
Back to Emmaüs !
Petit post acquisitions aujourd'hui pour vous parler de nos belles prises effectuées à notre Emmaüs chéri tout début septembre. La tentation est au rendez-vous une fois de plus et nous n'avons réussi que très partiellement à être raisonnables. Jugez plutôt...
De très belles pioches, non ? Comme d'habitude, je vais vous faire le détail des nouveaux arrivants qui vont venir grossir nos PAL respectives. Comme vous allez le voir, c'est très varié une fois de plus avec des trouvailles parfois inespérées et d'autres qui s'apparentent davantage à un coup de poker. On commence avec mes craquages qui comme souvent sont bien plus conséquents que ceux de ma douce !
(Policiers, thrillers et compagnie)
- Les Mille et une vies de Billy Milligan de Daniel Keyes. Impossible de dire non à l'auteur du cultissime Des Fleurs pour Algernon et je ne connaissais pas du tout ce titre dont la quatrième de couverture est diablement attirante. Daniel Keyes s'essaie ici au thriller avec cette histoire d'un homme aux multiples personnalités dont on va explorer la vie et la psyché. Connaissant la finesse d'écriture de cet auteur et adorant les personnages torturés, je pense que je vais prendre mon pied.
- Comme un coq en plâtre de Sylvie Granotier. Amateur forcené de la série du Poulpe, j'avais découvert avec plaisir un volume consacré à sa shampooineuse chérie lors d'une lecture en septembre de l'année dernière. Je vais pouvoir récidiver avec cette histoire où l'on nous annonce qu'on va croiser un chien susceptible, un garagiste irascible, des SDF refroidis, des coiffeuses échaudées et un cyclope amoureux. Moi perso, ça me donne très envie !
- Messe noire d'Olivier Barde-Cabuçon. C'est la couverture qui m'a directement scotché, le titre aussi d'ailleurs. Un meurtre a été commis et des indices laissent à penser à une résurgence des messes noires. Détail qui a son importance, nous sommes en 1759 dans un Paris sous tension en plein règne de Louis XV le mal-aimé. Un page turner historique, voila un genre que j'affectionne particulièrement et dont ce titre parait être un bon représentant. Je vais découvrir l'auteur par la même occasion.
- Preuves d'amour de Lisa Gardner. Un livre de l'une de mes auteures chouchou dans le genre thriller. Ce titre m'avait échappé jusque là. Le hasard fait vraiment bien les choses parfois. Lisa Gardner nous plonge une nouvelle fois dans une histoire pleine de suspens avec cette femme officier de police qui abat froidement de trois balles son mari violent. Cependant les apparences pourraient être trompeuses et l'enquêtrice D.D. Warren va devoir démêler le vrai du faux. On peut compter sur le talent de l'auteure pour bien nous mener en bateau.
- Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas. Là encore, c'est un gros coup de pot que cette trouvaille, il s'agit du dernier ouvrage qu'il me restait à lire de l'elle dans son triptyque des évangélistes. Un petit bout d'os humain découvert par inadvertance au milieu d'excréments canins va commencer à obséder le héros de cette histoire qui part en quête d'un cadavre et d'un assassin. J'ai hâte de me replonger dans l'écriture de Fred Vargas qui n'a pas son pareil pour faire surgir l’inattendu du quotidien. Et quel plaisir de retrouver Kehlweiler et les autres !
(De la SF, en veux-tu ? En voila !)
- Les Masques du temps de Robert Silverberg. Un voyageur du futur, un simple touriste lambda, va mettre le souk dans notre époque de manière bien involontaire. J'aime beaucoup Robert Silverberg, sa plume, sa sensibilité, son sens de la dérision parfois. Je ne me pose donc pas trop de questions quand il croise ma route et comme je ne connaissais pas ce titre et que la quatrième de couverture est alléchante... je n'ai pas pu résister !
- Le Berceau du chat de Kurt Vonnegut Jr. J'avais été enthousiasmé par ma lecture du roman culte Abattoir 5, une ouvre à part, engagée et superbement écrite. L'occasion se présente donc de lire autre chose de Kurt Vonnegut Jr et franchement à la lecture du résumé au dos du livre, c'est bien barré ! Disparition mystérieuse dans le milieu des "pères" de la bombe atomique, une île perdue au milieu des Caraïbes tenue d'une main de fer par un dictateur sadique, un prophète hors-la-loi, une femme fatale qui cache son jeu, un journaliste trop curieux et les enfants du disparu qui détiennent entre leurs mains le secret de la dernière invention de leur papa, une arme effroyable... Sacré cocktail en perspective !
- Killdozer, le viol cosmique de Théodore Sturgeon. Deux longs récits de Théodore Sturgeon réunis en un seul volume avec cet ouvrage mettant en scène deux luttes titanesques avec des créatures venues d'au-delà du néant. J'aime beaucoup cet auteur et cet opus manquait à ma bibliothèque. Le tort est désormais réparé, il ne me reste plus qu'à le lire !
- Dans le torrent des siècles de Clifford D. Simak. Un récit étrange d'homme du futur venu nous prévenir de l'imminence d'un désastre, le retour sur Terre d'un astronaute parti depuis 20 ans et dont on n'a plus de nouvelles. Il reviendrait avec un livre qui faudrait absolument empêcher d'être publié... Simak ne m'a jamais déçu, le pitch est très intrigant, allez hop dans ma PAL !
(Du contemporain et apparenté...)
- La Stratégie du choc de Naomi Klein. Voila un livre qui avait fait l'effet d'une bombe à sa sortie et que je voulais absolument lire. Le temps a passé et je l'avais oublié. Heureusement, notre excursion à Emmaüs m'a permis de mettre la main dessus. Essai polémique autour de la prise de contrôle de la planète par les tenants d'un ultralibéralisme tout-puissant, Naomi Klein revient sur 60 ans d'Histoire mondiale et l'éclaire à la lumière de données que beaucoup de médias / politiques écartent de leurs analyses. Il me tarde de le lire et de me faire ma propre idée.
- Barberousse de José Lenzini. Il s'agit d'un récit biographique qui part sur les traces de Barberousse, un héros de la Méditerranée que certains considèrent comme le premier fondateur de l'unité algérienne. Pirate, puis chef de flottille imposante et roi, il eut une vie riche et tumultueuse qui m'avait fasciné lorsqu'on l'avait abordé en fac d'Histoire. L'occasion m'est donnée de creuser un peu plus le sujet. Hâte d'y être !
- Le Valet de Sade de Nikolaj Frobenius. La vie et la mort du serviteur du marquis de Sade depuis sa naissance non désirée, la rencontre qui va changer sa vie et les actes dont il va se rendre complice quand il prendra son service. Une très belle couverture, un résumé plus que séduisant et l'atmosphère de souffre et de stupre autour de la figure de Sade m'ont convaincu d'adopter cet ouvrage. Qui lira, verra !
(Et enfin, la sélection de Nelfe !)
- Sankhara de Frédérique Deghelt. Une femme, jeune mère, avec un besoin viscéral de silence et de retraite pour se retrouver loin du tumulte d'un monde qui devient fou. On est en plein dans la problématique de maternité sur laquelle j'aime me pencher depuis quelques années maintenant. Je ne doute pas que l'écriture de Frédérique Deghelt fera mouche ici.
- Plateau de Franck Bouysse. Un roman aux accents de roman du terroir, en plein plateau de Millevaches, qui m'a surtout attiré par son auteur, Franck Bouysse, au talent immense. Hâte de découvrir celui-ci dont je n'avais jamais entendu parler auparavant.
- Damnés de Chuck Palahniuk. On attend forcément de Chuck Palahniuk une œuvre qui dépote ! Nous voici entre thriller et fantastique dans le voyage en enfer (au sens propre) d'une jeune fille de 13 ans à la recherche des raisons de sa propre mort. De quoi vivre de bonnes heures de lecture "endiablée" !
Si ça ce n'est pas une sélection riche en promesses, je ne m'y connais pas. Vous pouvez évidemment compter sur nous pour en reparler ici même au fil de nos lectures dans les semaines, mois et mêmes années à venir vu l'aspect gargantuesque de nos PAL respectives. Mais que voulez-vous ? Quand on aime on ne compte pas...
Acquisitions printanières contemporain et jeunesse
Chose promise, chose due, voici enfin le post consacré à nos acquisitions printanières dans les catégories littérature générale contemporaine et d'albums jeunesses. Rappelons qu'il s'agit dans leur majorité d'ouvrages de seconde main (on adore ça aussi chez nous) dégotés la plupart du temps par le plus grand des hasards dans des boîtes à livres ou des brocantes. Viennent s'y ajouter quelques livres trouvés dans des magasins de déstockage qui parfois offrent de sacrées découvertes ! Regardez un peu...
Beau butin, non ? Il y en a pour tout le monde en plus. Que ce soit Little K, Nelfe ou moi, on a tous trouvé de quoi s'occuper. Je vais donc vous présenter à la suite les petits nouveaux qui rejoignent nos PAL respectives pour chacun d'entre nous. C'est parti !
(Trouvailles Mr K)
- Blessés de Percival Everett. On commence avec un coup de poker avec un ouvrage de chez Actes sud, une maison d'édition que j'aime beaucoup. On suit la destinée d'un homme qui, ayant perdu prématurément sa femme, s'est écarté des hommes en allant s'installer dans un ranch éloigné de la civilisation moderne. Tout est calme et communion avec la nature jusqu'à ce qu'un meurtre soit commis révélant les fractures existantes dans ce microcosme avec en toile de fond un racisme larvé et récurrent. L'histoire me parle et l'ouvrage a une excellente réputation. Il devrait bien me plaire.
- L'Immeuble Yacoubian d'Alaa El Aswany. Chronique d'un immeuble et de ses habitants à travers le temps, ce livre a lui aussi bonne presse et propose à priori un regard acéré et sans fard de la société égyptienne gangrenée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales et l'absence de liberté sexuelle. En feuilletant le livre, j'ai accroché à la forme pure, lisant quelques paragraphes épars et qui m'ont séduit par un style précieux et fin. M'est avis que là aussi je vais passer un bon moment.
- Quand sort la recluse de Fred Vargas. Le hasard fait parfois très très bien les choses, c'est le cas avec ce Vargas que je n'ai toujours pas lu (après celui-ci il m'en restera uniquement un à lire). J'ai hâte de retrouver Adamsberg et toute son équipe pour une nouvelle enquête. Ça fait longtemps que je ne les ai pas pratiqués et ils m'ont manqué. Hâte d'y être !
- La Mort avec précision de Kôtarô Isaka. Direction la littérature nippone avec un ouvrage à la quatrième de couverture diablement séduisante. On suit le Dieu de la Mort et les fonctionnaires qui travaillent pour lui quand ils descendent sur Terre et enquêtent pour savoir si l'heure est venue pour tel ou tel humain de mourir. Je ne sais pas pour vous mais je trouve cela bien attirant et décalé. Il ne restera sans doute pas beaucoup de temps dans ma PAL celui-la.
- Dans l'oeil du démon de Tanizaki Jun'ichiro. Retour au Japon avec cet ouvrage où un écrivain se voit proposer par un riche ami oisif de venir assister à un meurtre. Ils sont tous les deux animé par une passion pour le cinéma et les romans policiers. Plongée dans les bas-fonds de Tokyo avec en ligne de mire une réflexion sur les illusions et les apparence selon le résumé. Ça sent bon la lecture addictive entre nervosité et étrangeté.
(Trouvailles Nelfe)
- Un long silence de Mikal Gilmore. Un livre qui devait croiser la route de Nelfe tôt ou tard tant il semble avoir été écrit pour elle. Un garçon enquête sur sa famille ancrée dans la violence, la haine et la folie et où l'on multiplie les secrets qui empoisonnent une vie. À priori, c'est une plongée sans concession dans une certaine Amérique et une aventure littéraire bien furieuse. Un Sonatine en poche ça ne se refuse pas !
- Âpre cœur de Jenny Zhang. Deux jeunes filles d'origine japonaise s'installent à New York avec leurs parents. Elles nous parlent de leur enfance en marge, du racisme ordinaire, de l'amour inconditionnel de leurs parents qui peut parfois les étouffer, de leur soif de sortir de l'enfance aussi. Ce roman a de très bonnes critiques et fait à priori voler en éclat les codes du roman d'immigration. Nelfe devrait être comblée.
- Sans moi de Marie Desplechin. La narratrice voit débarquer chez elle une jeunes femmes avec toutes ses affaires sous prétexte qu'elle est sans domicile fixe et qu'elle s'entend bien avec les enfants. Cela va bousculer les habitudes, faire bouger les lignes entre faux-semblants, trahisons et petits accommodements. Prometteur, non ?
- Là où chantent les écrevisses de Delia Owens. Abandonnée par sa famille, une fille de dix ans trouve refuge dans les marais, devenu un refuge naturel et une protection contre la société des hommes. Pendant des années, les rumeurs les plus folles courent sur la "fille des marais", tout va peut-être changer avec la rencontre avec Tate, un jeune homme cultivé et doux qui va lui apprendre à lire et à écrire. Salué par les lecteurs, présenté comme un roman à la beauté tragique, cet ouvrage devrait ravir ma chère et tendre. je dois avouer qu'il me tente bien moi aussi...
- Loin du monde de David Bergen. Années 70, l'Ontario sauvage, deux adolescents se rencontrent le temps d'un été. Tout les sépare et pourtant ils éprouvent des sentiments très forts l'un envers l'autre. Roman sur les illusions de l'adolescence et son idéalisme, cet ouvrage est reconnu par son aspect bouleversant et son exploration réaliste et touchante de l'âge ingrat. Nelfe n'en fera sans doute qu'une bouchée !
- Ateliers Montessori de Chiara Piroddi. Un ouvrage pratique pour finir la sélection de Nelfe qui présente tout un tas d'activités pour accompagner et solliciter son enfant tout au long de ses apprentissages. Nouveaux gestes, ouverture aux sens, ressentir le monde qui l'entoure et partage de bons moments sont au programme de cette lecture que nous ferons sans doute tous les deux ensemble avec notre très chère Little K.
(Trouvailles pour Little K)
- Grosse colère de Mireille d'Allancé. Un petite histoire autour de ce sentiment si désarçonnant pour les tout petits, la colère. On suit ici Robert - sic - qui s'y trouve confronté et va devoir apprendre à la surmonter. C'est mignon et bien ficelé, on espère qu'il plaira à notre fille.
- On m'a volé mes couleurs de René Gouichoux et Muriel Kerba. Kéké, le plus beau des perroquets a perdu toutes ses couleurs. c'est le drame, va-t-on pouvoir les lui retrouver ? C'est ce qui arrive quand on met en rogne une fée. Mignon, bien illustré, cette histoire devrait plaire.
- Marguerite la fleur de Catherine Bénas. Très belle évocation de la vie et de la nature à travers les paroles simples et fraîches d'une petite Marguerite. Épuré et profond, parfait pour notre loupiotte !
- Plouf ! Un abécédaire aquatique de Thomas Baas. Un ouvrage qui se déplie avec une superbe illustration en lien avec la mer pour représenter chaque lettre. À manipuler avec précaution mais très utile pour les premiers apprentissages.
- Quatre points et demi de Yun Seok-Jung et Lee Young-Kyung. Le regard enchanté d'une petite fille sur le monde à travers un poème magnifiquement mis en image. Le temps qui passe, l'observation du monde sont au programme d'un très bel ouvrage qui trouvera sans doute un bel écho auprès de Little K.
- Les Fleurs de la ville de Jon Arno Lawson et Sydney Smith. Une BD sans parole pour terminer avec une jeune fille qui ramasse toutes les fleurs qu'elle croise sur son chemin et qui poussent en ville. Elle semble réenchanter le monde au fil du bouquet qu'elle compose, les couleurs finissent par se bousculer. À noter que l'ouvrage est sans dialogue ce qui lui donne un aspect encore plus poétique. Une vraie merveille !
Un printemps fructueux de notre côté en terme d'acquisitions, de très belles trouvailles comme vous pouvez le constater et que vous retrouverez sur nos comptes Instagram respectifs et dans les chroniques à venir au Capharnaüm éclairé.
Accueil des nouveaux venus !
Avec la pandémie, forcément on bouge moins et surtout on ne fréquente plus trop certains hauts lieux de craquages comme notre cher Emmaüs. Cependant, à l'occasion d'une promenade ou de courses, il nous arrive de tomber sur une boîte à livre ou sur un magasin de revente d'objets de seconde main. On revient souvent "brocouille" (comme on dit dans le bouchonnois) mais parfois, il arrive qu'on tombe sur une ou plusieurs pépites... Voici aujourd'hui la présentation des nouveaux venus dans nos PAL respectives, trouvailles effectuées lors des trois derniers mois de 2021.
Pas mal de titres prometteurs, non ? On retrouve comme d'habitude des auteurs qu'on apprécie et dont on a hâte de retrouver la plume. Mais il y a aussi des quatrièmes de couverture qui ont pu attirer notre regard et attiser notre curiosité. Suivez le guide avec la présentation qui suit, il y a en plus un petit bonus en fin de post.
(Premier lot pour ma PAL)
- Du domaine des murmures de Carole Martinez. C'est deux jours après que ma documentaliste en ait parlé de manière fort élogieuse que je tombai inopinément sur cet ouvrage d'une auteure qui m'avait drôlement séduit avec Le Coeur cousu lu en 2016. Carole Martinez nous plonge en plein Moyen-âge pour suivre le destin tragique d'Esclarmonde, une femme insoumise qui décide de se consacrer à Dieu en se faisant emmurée vivante ! Ça ne sent pas la joie de vivre mais j'en ai tellement entendu du bien que je pense que je vais passer un bon moment.
- Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter. Ma Madeleine de Proust de ces acquisitions avec cet ouvrage lu en 6ème (de mémoire) et qui m'avait marqué. Deux enfants inséparables dont un de confession juive en Allemagne sous le régime nazi puis la Seconde Guerre mondiale, ces quelques mots suffisent pour donner la tonalité et les enjeux de cet ouvrage que je prendrai grand plaisir à relire avec mes yeux d'adulte. Je vais préparer mes mouchoirs, dans mes souvenirs c'était rude.
- Mémoires d'un jeune homme dérangé de Frédéric Beigbeder. Il s'agit du premier roman de l'auteur, personnage bien barré à lui tout seul et qui livre ici une fenêtre sur sa vie débridée de l'époque. Typiquement le genre de lecture que j'aime, qui détend et fait délirer à la fois. On peut faire confiance à Beigbeder pour user de sa verve sarcastique et nous emporter loin de la réalité !
- Le Déclin de l'empire Whiting de Richard Russo. C'est LE pavé de ces nouvelles acquisitions et c'est un coup de poker... J'espère que je ne me suis pas planté en l'adoptant ! Bon il s'agit tout de même du prix Pulitzer 2002, une fresque romanesque dans l'Amérique d'aujourd'hui entre petites misères et grande décadence, secrets de famille et lutte pour l'affirmation de soi. Ça sent quand-même très bon cette affaire !
(Et un deuxième lot pour ma pomme !)
- Seven dials d'Anne Perry. J'aime beaucoup cette auteure et quand l'occasion se présente j'aime ramener un de ses livres à la maison. On retrouve dans celui-ci l'enquêteur Thomas Pitt plongé en plein secret d'État avec un crime qui pourrait mettre à mal la couronne. Du policier classique comme je les aime en plein XIXème siècle, le combo qui tue !
- Riches, cruels et fardés d'Hervé Claude. Là encore une quatrième de couverture plus que convaincante et un auteur que je vais découvrir avec cette histoire se déroulant dans un hôtel quatre étoiles en Australie, coupé de tout et où les morts vont s'accumuler. Le postulat est classique mais c'est le genre de jeu de massacre littéraire que j'aime beaucoup (surtout quand ça dessoude chez les nantis). Wait and read !
- Le Langage de Pao de Jack Vance. Je ne dis jamais non à Jack Vance, un auteur prolifique, polymorphe et à la plume enivrante. Cet ouvrage a l'air bien étrange, le résumé à l'arrière est ésotérique. Il est question de modeler le comportement des humains en leur enseignant une langue nouvelle qui change de sens selon la catégorie de l'utilisateur. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Je trouve aussi...
(Le lot de miss Nelfe ! Toujours plus raisonnable que moi, vous remarquerez...)
- La Couronne verte de Laura Kasischke. Nelfe et Laura Kasischke, c'est une belle histoire d'amour littéraire. Elle était donc aux anges quand nous avons mis la main sur ce titre qu'elle n'avait pas encore lu. Deux jeunes femmes américaines parties fêter la fin du lycée au Mexique vont visiter avec un inconnu le fameux Chichen Itza. A priori ce n'était pas une bonne idée... Plume magique et un don certain pour explorer la psychologie de chacun, ses failles et ses égarements, je pense que ma douce va passer un beau et grand moment de lecture.
- La Cage dorée de Camilla Läckberg. Encore une auteure que Nelfe adore, décidément elle en a de la chance dans nos errements de boîtes à livres à boîtes à livres. Il s'agit ici d'un one-shot (il n'appartient donc pas à la série de romans avec Erica Falck comme héroïne). Camilla Läckberg verse ici dans le noir avec un mélange de trahison, rédemption et vengeance d'une femme qui a tout sacrifié pour un mari qui va la tromper. Il faut se méfier d'une femme en colère et l'héroïne du roman va rendre coup pour coup. Clairement un ouvrage pour ma douce...
(Et un dvd bonus !)
Ben oui, c'est suffisamment rare dans une boîte à livres pour être soulignée : un DVD ! On ne court pas après mais il nous manquait le troisième élément de la trilogie de Christopher Nolan consacré à Batman (chronique lors de sa sortie ciné ici). Un ton en dessous du précédent (aaaah ! ce joker anarchiste complètement jeté !), il reste une belle pièce d'action stylisée et profonde. M'est avis que je vais le revoir très vite !
Voila voila, un beau bilan je trouve, riche en promesses d'heures de plaisir. Chroniques à venir au fil de nos lectures respectives. Vive la seconde main !
Petites acquisitions d'été
Voila... il fallait bien que ça arrive ! Nous sommes retournés à notre Emmaüs et nous avons craqué ! Cela faisait pratiquement deux ans que nous n'y avions pas mis les pieds : l'arrivée de Little K, la COVID, la Raison pour ma part sont autant d'éléments qui nous ont tenu éloignés de ce lieu de perdition toujours aussi bien achalandé en terme de livres.
Voila le butin ! De belles prises au milieu d'un océan de tentations. De mon côté, j'ai évité les bacs de littérature dite contemporaine pour me concentrer sur la SF et le policier, deux genres sous représentés dans ma PAL. Nelfe est quant à elle tombée sur des ouvrages qu'elle avait repéré au fil du temps sur les réseaux et les sites d'actualité littéraire.
Et c'est parti pour une présentation en bonne et due forme de tous les petits nouveaux.
(mes trouvailles !)
- Histoires écologiques, collectif. Un recueil de nouvelles de science-fiction consacré à l'écologie, thème majeur du genre et sujet ô combien central dans l'évolution de notre monde actuel. Il est bon de revenir vers des auteurs classiques pour nourrir sa réflexion : Poul Anderson, Brian Aldiss, Philip Jose Farmer entre autres se penchent sur les désastres mais aussi les solutions possibles dans cette anthologie qui promet beaucoup et qui appartient à une collection qui m'a toujours donné beaucoup de plaisir de lecture.
- Le Miroir de Satan de Graham Masterton. Un auteur chouchou dont je n'avais pas encore lu ce titre, variation horrifique très librement inspirée de Lewis Carroll et de son oeuvre culte. Graham Masterton avait déjà fait le coup avec le très bon Le Portrait du Mal en s'inspirant d'Oscar Wilde. Le héros acquiert un miroir ayant appartenu à un enfant-star d'Hollywood assassiné dans de mystérieuses circonstances en 1939. Il va s'avérer très vite qu'il s'agit d'une porte vers l'Enfer et que son ancien propriétaire décédé ne l'est pas tout à fait complètement... Cet ouvrage ne passera pas l'été, c'est typiquement le genre de lecture détente que j'aime pratiquer en vacances.
- Les Quatre vents du désir d'Ursula Le Guin. Un autre recueil de nouvelles avec 20 récits à la confluence des genres SF et fantastique d'une auteure atypique et géniale à la fois : Ursula Le Guin. Son écriture est accessible, précise, poétique et très addictive. Il me tarde de me plonger à nouveau dans un de ses ouvrages. Celui-ci, je voulais l'acheter depuis un certain temps, c'est donc un très bon cas de hasard heureux que cette trouvaille. Yes !
- Yeruldelgger d'Ian Manook. Belle pioche aussi avec cet ouvrage d'Ian Manook dont j'ai aimé mes deux précédentes lectures qui se déroulaient en Islande. Ce titre est le plus connu de lui et il m'avait échappé jusque là. L'action se déroule en Mongolie et met le héros éponyme aux prises avec des crimes particulièrement épouvantables. Vu les avis lus ici ou là, ça promet. Vive le chinage !
- 2084 de Boualem Sansal. Un roman dystopique qui a fait beaucoup parler de lui à sa sortie et qui a divisé ses lecteurs, beaucoup l'ayant comparé au 1984 de George Orwell soit en positif soit en négatif. N'ayant que peu lu les critiques ou alors de manière superficielle, j'aborderai cette lecture de manière neutre. Un homme va se révolter contre un système fondé sur l’amnésie et la soumission au Dieu unique où la moindre pensée personnelle est proscrite et où la surveillance est généralisée. Perso, ça me donne envie !
- Dîner de têtes de Kââ. Un ouvrage au charme particulier car écrit par mon ex professeur de philosophie de Terminale littéraire aujourd'hui disparu, l'inénarrable Kââ à la prose plus que particulière... Un serial killer de la France profonde, de jeunes femmes victimes innocentes dans un thriller bien sanglant sont promis sur la quatrième de couverture. Wait and read !
(Les trouvailles de Nelfe !)
- Kinderzimmer de Valentine Goby. En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Un ouvrage fait pour Nelfe qui est passionnée par la seconde guerre mondiale et va découvrir par la même occasion l'écriture limpide et hautement séduisante de Valentine Goby qui m'avait bien plu lors de mes trois lectures de romans jeunesse sur l'immigration.
- Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. Autre thématique appréciée par ma douce, l'adolescence et ses affres. Ici, l'auteur nous raconte l'histoire d'Anthony 14 ans qui le temps de quatre étés va expérimenter la vie dans un monde qui se meurt avec notamment un premier amour qui se révélera douloureux comme bien souvent. Un roman qui a beaucoup plu et dont on a beaucoup parlé à sa sortie. Au tour de Nelfe de se faire son propre avis...
- My absolute darling de Gabriel Tallent. Adolescence encore et mal de vivre social au programme de ce roman noir qui bascule lors d'une rencontre qui va changer la vie de Turtle, la jeune protagoniste principale asociale de ce roman prometteur. M'est avis que je le piquerai à Nelfe si un jour j'en ai le temps ! Et puis Gallmeister hein...
De bien belles acquisitions une fois de plus et dont nous vous parlerons ici même au fil de nos lectures. Pour le coup, je trouve qu'on a été raisonnables, du moins... jusqu'à la prochaine fois !
"La Clé de l'abîme" de José Carlos Somoza
L’histoire : Puissant, immense, tout de verre et d'acier, le Grand Train de 7h45 vient de s'ébranler à destination de Hambourg, quand, à son bord, le modeste employé Daniel Kean distingue une flaque rouge sang aux pieds d'un passager. Pour déjouer l'attentat imminent, le jeune homme amorce le dialogue avec le kamikaze agonisant qui lui susurre quelques mots à l'oreille. Le voilà dépositaire malgré lui d'un effroyable secret : l'emplacement de la "Clé" qui pourrait détruire Dieu, détruire surtout la crainte qu'il inspire aux hommes. Flatté, menacé ou manipulé par deux bandes rivales qui se disputent cette boîte de Pandore, Daniel s'immerge dans un univers peuplé d'ombres, traverse des ténèbres et affronte des mythes et des divinités archaïques.
La critique de Mr K : Chronique d’une lecture bien perchée aujourd’hui avec La Clé de l’abîme de José Carlos Somoza, un ouvrage paru chez Actes sud qui végétait dans ma PAL depuis maintenant trop longtemps. Je me rappelle l’avoir adopté dès le premier regard avec cette couverture attrayante au possible qui m’a attiré de suite, la quatrième ayant achevé de me convaincre avec de grandes promesses. Au final, je n’ai pas été déçu, l’histoire est prenante au possible, les références nombreuses (dont une à laquelle je ne m’attendais pas) et malgré une lecture parfois âpre, on prend beaucoup de plaisir à suivre les aventures déjantées de cet infortuné de Daniel.
Daniel Kean sur le papier n’a pas grand chose d’un héros. C’est un être ordinaire. Il vit modestement avec sa femme et leur fille, travaille pour les transports publics, ne cherche pas à sortir du lot, se contente de ce qu’il a et franchement se trouve heureux comme cela. Lors d’une ronde dans un wagon, il remarque un voyageur saignant abondamment. Il s’en approche et se rend compte qu’il s’agit d’un déséquilibré qui s’apprête à commettre un acte terrible. De fil en aiguille, il gagne sa confiance et finit par se voir confier un secret qui pourrait changer la face du monde. Ça il ne le sait pas encore en fait, il attire les convoitises de deux groupes distincts qui se battent pour mettre la main sur la fameuse clé de l’abîme qui donne son titre à l’ouvrage. Tout bascule à ce moment là, Daniel se retrouvant bien malgré lui au cœur de la lutte éternelle entre le Bien et le Mal avec en point de mire la croyance et la crainte de Dieu qui pourraient bien disparaître... ce qui livreraient à coup sûr la Terre au Chaos.
Étrange, vous avez dit étrange ? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises car le roman ne peut se résumer à cela. L’histoire se déroule dans un futur indéfini et on sait juste qu’il y a eu de grosses catastrophes naturelles (le passage se déroulant dans un monde englouti enfermé dans un cercueil de verre est tout bonnement bluffant), que l’apocalypse a eu lieu et qu’une nouvelle société futuriste est apparue, que les hommes ne naissent plus naturellement ou très peu (vive l’eugénisme !), qu’une religion nouvelle est apparue se basant sur une bible contenant quatorze chapitres comme cet ouvrage d’ailleurs, chaque partie faisant référence à une œuvre de H.P. Lovecraft ni plus ni moins... Cela vous donne un bref aperçu de l’ouvrage qui fait la part belle à l’ésotérisme, aux références au maître mais interroge aussi beaucoup sur la foi et le sens de l’existence.
L’ensemble s’apparente donc à un road movie, une chasse au trésor mystique qui voit notre héros brinquebalé en tout sens, lui faible humain confronté à des forces et des organisations qui le dépassent. L’empathie fonctionne à plein régime pour lui, ses faiblesses nombreuses le rendent attachant, parfois pitoyable mais profondément humain. Il est le grand point fort de ce roman où l’on croise de multiples personnages et entités avec au cœur de la bagarre deux camps antagonistes que rien ne semble arrêter et fomentant de terribles actions pour arriver à leurs buts. Et puis, il y a LE personnage marquant, la Vérité, ni plus ni moins, personnage énigmatique à souhait, inclassable, qui se range d’un côté puis de l’autre, parsemant l'ouvrage de maximes sibyllines qui font froid dans le dos. La fin vient nous cueillir littéralement et provoque la réflexion du lecteur sur plusieurs jours, accompagnée de l’impression durable qu’on a lu un ouvrage à part.
Mené tambour battant, La Clé de l'abîme fait la part belle aux rebondissements inattendus, aux rencontres improbables, aux descriptions dantesques et aux questionnements philosophiques. Pas le temps de s’ennuyer même si j’avoue qu’il faut un temps d’adaptation pour goûter pleinement à la richesse de la langue employée. Ce roman ne conviendra pas à tout le monde car il se mérite mais une fois son armure fendue, quel bonheur et quelle ivresse ! Une sacrée découverte que les amateurs du genre doivent tester à leur tour au plus vite.
"Un Lieu sûr" de Barbara Gowdy
L’histoire : Bourbe est une jeune éléphante qui vient d'atteindre l'âge adulte. Sa vie d'Elle-là (l'espèce éléphantine) dans sa famille d'adoption s'écoule dans la peur. La peur des Patt'arrière (humains) qui massacrent de plus en plus de familles. Qui plus est la plus dure sécheresse depuis des dizaines d'années commence à sévir. L'eau et la nourriture commencent à se faire rares. Mais il y a peut-être un espoir. Une rumeur se répand, celle du Lieu sûr, un paradis loin de la peur et des massacres...
La critique de Mr K : Ce livre était dans ma PAL depuis un sacré bout de temps et une chronique dithyrambique le concernant m’a persuadé de le repêcher et de tenter l’aventure. Un Lieu sûr de Barbara Gowdy est un roman bien particulier, comparé en quatrième de couverture à du Kipling ou du Tolkien car l’auteur a quasiment inventé un langage pour pouvoir faire parler et évoluer ces protagonistes qui sont ni plus ni moins que des animaux et en grande majorité des éléphants ! Le pari est osé et globalement rempli même si certains écueils ne lui permettent pas à mes yeux de se classer dans mes ouvrages coup de cœur.
Cette fable animalière se déroule donc en Afrique dans un grand domaine dont on retrouve une carte simplifiée en début d’ouvrage. Ça commence bien, j’adore les cartes et plans dans les livres ! On suit la destinée de multiples animaux dont plusieurs familles d’éléphants dans une quête quasi existentielle, celle du fameux lieu sûr qui donne son nom à l’ouvrage, un endroit où tous pourraient vivre en paix loin des catastrophes naturelles et surtout des humains, menace de plus en plus prégnante. On suit la vie du troupeau, leurs moeurs, leurs rapports parfois orageux, les rapports de dominés /dominants mais pour fois de l’intérieur comme si nous en faisions partie.
C’est plutôt bien rendu. C’est avec un luxe de détails que l’auteur s’attarde sur les différentes étapes de la journée, les habitudes, les fonctionnements internes et les pensées de chacun des protagonistes. La nature est représentée comme elle est : ordonnée, toujours juste malgré l’aspect sauvage et indomptée dont elle fait preuve parfois. La vie et la mort sont concomitants, la sélection naturelle fait le reste sans tenir compte des sentiments et liens créés entre individus. Les rapports de force existent mais aussi une forme de solidarité, d’entraide, notamment face à de super prédateurs comme les êtres humains.
C’est réaliste malgré l’étrangeté du projet, emprunt de poésie et avec de forts sous entendus qui permettent au livre comme toute fable de fournir moult parallèles qui font s'interroger le lecteur sur notre espèce. D’ailleurs dans cet ouvrage, il y a des scènes et des évocations insoutenables de nos exactions sur ces animaux nobles en voie de disparition. Cela serre le cœur et révolte tout à la fois. Au cœur d’un raisonnement, une aînée raconte même la création de l’homme dans un passage terrible que je vous le livre ici :
Il y a dix mille ans, pendant la première longue sécheresse, un mâle et une femelle (éléphants) affamés tuèrent et mangèrent une gazelle et ce faisant violèrent la première et la plus sacrée des lois : "Tu ne mangeras point de créatures, vivantes ou mortes". Avant même que les deux mécréants aient terminé leur repas, ils commencèrent à rapetisser. Tandis que leur corps devenait plus petit et plus fleut, leur trompe diminuait jusqu'à ne plus être qu'un moignon, leurs oreilles rétricissaient, et une fourrure poussait au sommet de leur tête. Ils se dressèrent sur leurs pattes arrière pour protester mais seul un faible hurlement sortit de leur gorge. Furieux et pleins de défi, ils se déclarèrent carnivores, libres de s'attaquer à n'importe quelle créature ne marchant pas debout (ainsi que, dans leur éternelle colère, ils le faisaient à présent).
Pour autant, je me suis parfois ennuyé dans cette lecture, la faute à l’aspect parfois trop documentaire animalier avec une matière trop dense, trop naturaliste qui m’a étouffé et s’étend trop en longueur. J’aurais voulu qu’il y ait plus d’effets narratifs, d’artifices scénaristiques pour donner vraiment vie à un univers pourtant bien vivant. Il m’a fallu en milieu de tome me battre contre l’envie de lire en crabe, mon esprit vagabondant hors des lignes sans que je puisse vraiment me raccrocher à quelque chose de solide. Heureusement le dernier tiers revient vraiment sur la quête principale et propose une fin logique et sombre à la fois.
L’écriture est très accessible même si les termes inventés pullulent et pourront rebuter certains (un lexique est néanmoins présent en début d’ouvrage). Un Lieu sûr se lit cependant facilement malgré quelques freins qu’il faut surmonter. C’est une lecture qui se mérite, au message écologique fort et original dans sa forme. À chacun de tenter l’aventure ou non.
Six mois de craquages !
Post particulier aujourd'hui avec la présentation de toutes nos acquisitions effectuées en matière de livres d'occasion au cours des six derniers mois. Emmaüs, boîtes à livre, magasins discount et autres brocantes nous ont fait succomber plus d'une fois et par petites touches bien senties. Addict un jour, addict toujours ! Revenons donc sur l'étendue des dégâts...
(Belle photo de famille, non ?)
Le butin s'avère très varié avec des livres que je recherchais depuis un certain temps, des auteurs chouchous dont il me manquait un titre ou encore des ouvrages prometteurs où le charme agit de suite par la couverture ou la quatrième de couverture sans que l'on puisse résister. Ce qui vous surprendra moins, c'est le fait qu'une fois de plus Nelfe a été beaucoup plus sage que moi. Une section spéciale lui sera tout de même consacrée en toute fin d'article !
(Voyage en terres asiatiques...)
Quelques trouvailles bien sympathiques venues d'Orient aux éditions Picquier qui ne sont plus à présenter.
- "Les Chroniques de Zhalie" de Yan Lianke. Direction la Chine avec la chronique d'un village pauvre qu'une femme hors du commun veut transformer en cité flamboyante. Entre folie, ambition et parabole de la Chine moderne tournée en dérision, voila un ouvrage qui promet beaucoup.
- "L'Hiver dernier, je me suis séparé de toi" de Nakamura Fuminori. Roman noir japonais, l'ouvrage s'attache à suivre l'enquête d'un journaliste sur un photographe accusé de tuer ses modèles pour prendre un cliché de leur mort en direct... Attirance pour la perdition, on nous annonce des apparences trompeuses et une frontière de plus en plus mince entre raison et pulsions meutrières. Typiquement le genre d'ouvrage qui peut me plaire !
- "Le Jardin arc-en-ciel" d'Ogawa Ito. Une rencontre miraculeuse, un amour qui emporte tout sur son passage et le destin d'une famille pas comme les autres sont au programme de ce roman très apprécié sur la toile qui s'apparente à une ode à la tolérance et à l'acceptation des différences. Je suis intrigué par cet ouvrage qui ne tardera pas à quitter ma PAL tant il se dégage un charme inexpliquable de la quatrième de couverture.
- "Peur blanche" de Ken Follett. Ce sera mon premier Ken Follett en dehors de ses romans historiques. Miam miam ! Thriller scientifique, ce livre a un postulat de départ des plus inquiétants : une terrifiante arme bactériologique a été dérobée et un vent de panique souffle sur la Grande Bretagne. J'ai hâte de découvrir cet auteur sous un jour nouveau, comme en plus il a bonne presse, je ne pense pas m'être trompé en adoptant ce volume !
- "Delirium Tremens" de Ken Bruen. Un roman policier venu d'Irlande qui a l'air particulièrement sombre avec un antihéros alcoolique et complètement borderline. Face au classement par la police d'affaires touchant à des jeunes filles retrouvées mortes noyées, il va reprendre du poil de la bête pour que justice soit faite. Ça a l'air bien hardboiled !
- "Magie maya" et "Le Sphinx" de Graham Masterton. Deux ouvrage d'un de mes auteurs favoris en littérature d'épouvante. Graham Masterton nous propose ici deux danses avec des démons et divinités démoniaques qui vont bouleverser pour notre plus grand plaisir les vies apparemment sans histoire de héros improbables. Cet écrivain est mon pêché mignon et j'ai vraiment hâte de le relire. M'est avis que je vais prendre un des deux volumes avec moi pour nos vacances.
(Classique quand tu nous tiens !)
- "Un Capitaine de quinze ans" de Jules Verne. Trop content d'avoir dégoté chez Emmaüs ce titre de Jules Verne qui m'avait échappé jusque là. Cette histoire d'adolescent se retrouvant à la barre d'un grand navire à voile à tout juste quinze ans a tout pour m'emballer. Il ira rejoindre après sa lecture ma collection d'ouvrages parus chez Hachette (superbe collection) de cet auteur qui a bercé mon enfance avec des romans immortels.
- "Le Fantôme des Canterville" d'Oscar Wilde. J'avais lu il y a quelques temps Le Portrait de Dorian Gray qui m'avait, je l'avoue, refroidi. Le style a vieilli à mes yeux et je m'étais ennuyé. N'étant pas rancunier, je vais retenter l'aventure Oscar Wilde avec ce recueil de nouvelles trouvé à prix d'or. Gageons qu'il me rabiboche avec cet auteur culte !
- "Les Âmes mortes" de Gogol. J'adore cet auteur que je n'ai plus pratiqué depuis de nombreuses années (avant le blog, c'est dire !). Ce roman appartient aux grands classiques de la littérature russe et nous conte l'odyssée d'un escroc pour acheter des âmes mortes (des serfs disparus) pour s'enrichir ensuite illégalement. On peut compter sur Gogol pour livrer un ouvrage remarquablement écrit et au passage un tableau satirique de la société russe de l'époque.
(Mix de contemporains bien alléchants !)
- "Trilogie maritime" de William Golding. Sous la forme d'un journal intime, l'auteur culte de Sa Majesté des mouches nous invite à suivre le voyage vers les antipodes d'un jeune aristocrate anglais qui durant la traversée va perdre ses illusions et découvrir le monde, le vrai ! Cet ouvrage me fait vraiment de l'oeil, il me tarde de le découvrir et de replonger dans l'écriture à la fois subtile et puissante d'un des auteurs les plus doués de sa génération.
- "Katiba" de Jean-Christophe Rufin. Quel plaisir de tomber sur cet ouvrage de Rufin, un de mes auteurs chouchou ! Dans la lignée de son très bon Le Parfum d'Adam, il nous propose à nouveau un thriller avec le terrorisme en toile de fond, ici dans la mouvance islamiste. J'ai hâte de retrouver l'écriture à la fois simple et gouleyante d'un auteur qui ne m'a jamais déçu !
- La Conversation amoureuse d'Alice Ferney. Je vous avoue que je ne savais pas de quoi parle ce roman lorsque je l'ai croisé dans un bac de livres d'occasion. J'ai vu le nom d'Alice Ferney et je l'ai adopté directement étant un grand fan de cette auteure pas comme les autres qui propose avec chacun de ses ouvrages un voyage livresque puissant et marquant dans la durée. Après recherche sur internet, il est question d'un amour adultère nourrit par une passion féroce ! Hâte d'y être !
(Voyages en terres étranges en vue !)
- "Brocéliande" de Jean-Louis Fetjaine. Voici un ouvrage que je recherchais depuis plusieurs années en occasion, il s'agit de la suite du Pas de Merlin de Jean-Louis Fetjaine, un autre auteur que j'apprécie grandement. Ce livre reprend l'épopée de Merlin là où on l'avait laissé et si je me souviens bien, il était en bien fâcheuse posture !
- "Le Dernier loup-garou" de Glen Duncan. Moi, Lucifer du même auteur m'avait totalement conquis lors de sa lecture, je vais remettre le couvert avec ce premier volume d'une trilogie prometteuse. Un vieux loup-garou suicidaire et blasé va faire une rencontre qui va changer totalement son existence, les avis de certains amis blogueurs sont parfois dithyrambiques concernant ce tome 1. Il ne me reste plus qu'à franchir le Rubicon !
- "Les Chroniques de Durdaine" de Jack Vance. Encore un hasard heureux avec cette intégrale de Jack Vance qui promet de l'aventure en pagaille, un univers SF bien barré et des révélations fracassantes sur un monde où les habitants sont contrôlés par la terreur (une variation autour du collier explosif à la Battle Royale - oeuvre cinématographique culte à mes yeux -). Considéré comme une oeuvre culte du space-opéra, m'est avis que cet ouvrage ne restera pas longtemps dans ma PAL !
- "Sargasso" de Edwin Corley. Un vaisseau spatial US se pose en plein triangle des Bermudes, un drame se noue alors mettant en prise directe mystères de l'espace, secrets sous-marins enfouis, manoeuvres politiques et phénomènes naturels stupéfiants. Le contenu m'attire fortement (toutes les thématiques me sont chères) et la couverture est sublime de surcroît. Y'a plus qu'à !
(Futures lectures nelfesques !)
Comme promis, voici la section dédiées aux acquisitions de ma chère et tendre, sélection qui bien que moins dense promet de merveilleuses heures de lecture :
- "Fumiers et Cie" de Tom Sharpe. Auteur se situant entre les Monthy Python, les Marx brothers et le no-sense à l'anglaise, il est très apprécié de ma douce qui l'avait dégusté avec Wilt 1. On retrouve de nouveau son goût pour la satire au vitriol avec cette histoire totalement farfelue suivant des personnages déjantés. Je pense que Nelfe va bien s'amuser !
- "La Théorie des six" de Jacques Expert. Fan de thriller, Nelfe n'a pas hésité longtemps à acquérir cet ouvrage de Jacques Expert, un auteur que nous pratiquons assez régulièrement. Un tueur en série bien retors annonce qu'il va faire six victimes et lance un défi aux forces de l'ordre : pourront-ils l'arrêter avant la fin de son cycle ? On peut compter sur cet auteur pour maintenir le suspens jusqu'au bout. Nelfe vous dira ce qu'elle en a pensé lors de son retour de lecture.
- "Une pluie sans fin" de Michael Farris Smith. Là encore, Nelfe succombe à la tentation de replonger dans l'oeuvre d'un auteur qu'elle aime tout particulièrement avec son génial Nulle part sur la Terre et Le Pays des oubliés (qu'elle n'a toujours pas chroniqué la feignasse !). Ici, il verse dans l'anticipation à la mode La Route de McCarthy avec des USA coupés en deux suite à des aléas climatiques exceptionnels. C'est l'occasion pour Michael Farris Smith d'explorer les psychés humaines et de livrer en filigrane un portrait sans concession de son pays. Je le piquerais bien à Nelfe après sa lecture...
Il ne reste maintenant plus qu'à opérer des choix de lecture, lire encore et toujours pour voyager, se transcender, explorer notre humanité, rire, pleurer, s'indigner et encore et toujours prendre du plaisir. Nos PAL bien descendues depuis quelques mois reprennent du poil de la bête... Belle variation autour du mythe de Sisyphe, non ? Comptez sur nous en tout cas pour vous faire partager ces futurs moments qui je n'en doute pas seront intenses et susceptibles de vous intéresser.
"Prenez l'avion" de Denis Lachaud
L’histoire : L’avion vient de tomber. Tout n’est plus que débris et silence.
Un homme sort de la carlingue éventrée, aperçoit Lindsay qui, comme lui, semble avoir survécu, et s’empresse de lui porter secours.
Lentement ces deux êtres s’enfoncent dans la forêt, se soutiennent, tentent d’éloigner cet enfer qui ne les quittera plus.
Après de longues heures de marche les secours arrivent enfin, épuisé l’homme perd connaissance en laissant Lindsay face au présent d’une vie à jamais modifiée. Mais la peur partagée est un lien singulier, une dépendance qui vous attache à l’autre sans la moindre mise en scène, le moindre échange, sans la moindre séduction préalable. Et si Lindsay joue la comédie depuis de nombreuses années sur les scènes londoniennes, si sa quarantaine l’autorise parfois à entrevoir les arcanes du désir, le destin cette fois a placé sous ses pieds un drôle d’échiquier sans masque ni parade et sans texte étudié.
Prendre le train, traverser la Manche, rejoindre l’homme de la forêt, cet étranger intime, celui qui saura comprendre l’enjeu de cette chance ultime : avoir survécu. Tel est le projet de Lindsay.
La critique de Mr K : Chronique d’une lecture étrange aujourd’hui avec Prenez l’avion de Denis Lachaud paru chez Actes sud en 2009. Je partais avec aucune idée préconçue ne connaissant ni titre ni l’auteur, restant seulement sur l’impression vaporeuse laissée par la quatrième de couverture qui m’avait déjà bien intrigué lors d’une session chinage qui avait mis ce livre sur mon chemin. Au final, je suis très partagé entre de très belles pages poétiques fournissant un écrin de toute beauté à un postulat de départ original, un personnage féminin principal repoussoir qui ne m’a guère convaincu et une impression diffuse de tourner en rond...
Emmanuel et Lindsay n’auraient jamais du se rencontrer. Il est menuisier ébéniste en France, elle est actrice de théâtre à Londres et écrit à l’occasion. Ils vont cependant partager une expérience peu commune : réchapper au crash de leur avion en pleine pampa. Emmanuel va sortir Lindsay de la carlingue et va la pousser à marcher à travers la jungle jusqu’à ce qu’ils tombent sur des sauveteurs. Le devoir accompli, Emmanuel tombe dans les vapes et entame un long chemin comateux. Lindsay voit dans cette rencontre et cet acte fort un signe : cet inconnu pourrait bien être l’homme de sa vie...
On débute l’ouvrage par l’accident en lui-même et une Lindsay déroutée qui fait la rencontre d’Emmanuel. Puis, s’enchaînent des chapitres qui alternent passé, présent et point de vue des deux personnages. Cela permet de se faire une idée plus précise des forces en présence, deux personnages très différents qui chacun à sa manière a déjà beaucoup vécu. D’Emmanuel, on apprend très vite qu’il a mal vécu sa séparation avec Camille qui représentait énormément pour lui. Dépressif, sans réussite dans sa reprise en main, c’est pour cela qu’il était parti en voyage dans les tropiques. Le personnage est très attachant, il symbolise bien à lui seul la fragilité d’une destinée humaine, cette possibilité pour chacun d’entre nous de tomber alors que rien la veille ne semblait pouvoir nous arriver. Touchant, avare en parole, posé, il est à mon avis la grande réussite de l’ouvrage. On ne peut pas dire la même chose de Lindsay qui m’a très vite horripilé avec son aspect bobo, contemplative à l’excès, nombriliste et pseudo gamine qui peut se permettre bien des choses. Elle nous livre ses pensées avec abondance mais au final, je n’en est perçu qu’un grand vide sans intérêt.
Il ne se passe donc pas grand-chose dans l’ouvrage, la narration destructurée ne livre pas de gros rebondissements et tout se devine aisément en de longs passages exposant les pensées intimes, le passé des personnages. Par contre, Denis Lachaud s’y entend en terme d’écriture. C’est beau, les mots claquent, les sons se font écho et l’on est littéralement porté par cette langue aussi étrange qu’envoûtante. Le plaisir est donc parfois immense (surtout les passages mettant en scène Emmanuel) mais éphémère et l’on regrette que l’œuvre ne soit pas plus équilibrée. La lecture avançant, on a aussi l'impression grandissante d'avoir affaire à une oeuvre finalement assez prétentieuse qui pourrait s'apparenter à de la masturbation intellectuelle pour nanti, ce qui n'est vraiment pas ma tasse de thé. Mauvaise pioche donc pour moi, cela arrive parfois...
"La Sirène" de Camilla Läckberg
L'histoire : Un homme a mystérieusement disparu à Fjällbacka. Toutes les recherches lancées au commissariat de Tanumshede par Patrik Hedström et ses collègues s'avèrent vaines. Impossible de dire s'il est mort, s'il a été enlevé ou s'il s'est volontairement volatilisé.
Trois mois plus tard, son corps est retrouvé figé dans la glace. L'affaire se complique lorsque la police découvre que l'une des proches connaissances de la victime, l'écrivain Christian Thydell, reçoit des lettres de menace depuis plus d'un an. Lui ne les a jamais prises au sérieux, mais son amie Erica, qui l'a aidé à faire ses premiers pas en littérature, soupçonne un danger bien réel. Sans rien dire à Patrik, et bien qu'elle soit enceinte de jumeux, elle décide de mener l'enquête de son côté. A la veille du lancement de La Sirène, le roman qui doit le consacrer, Christian reçoit une nouvelle missive. Qulqu'un le déteste profondément et semble déterminé à mettre ses menaces à exécution.
La critique Nelfesque : Me voici de nouveau plongée dans les aventures d'Erica Falck et Patrik Hedström avec "La Sirène", 6ème volet de la saga. Tous les amateurs des récits de Camilla Läckberg s'accordent sur un point : il est aussi plaisant de suivre la vie privée de ses personnages principaux que les enquêtes en elles-même. On ne déroge pas à la règle avec ce tome-ci qui voit Erika, enceinte jusqu'aux yeux, et de jumeaux qui plus est, aller encore une fois au bout d'elle-même et se révéler être une wonder-woman du quotidien.
Parce qu'elle est comme ça Erika. Une nana qui ne tient pas en place, qui a du mal à se dire qu'elle doit lever le pied parfois et qui, sous la plume de Camilla Läckberg, est toujours confrontée à des histoires trépidantes. Il est intéressant ici de voir les processus d'écriture et la vie d'auteur entre sortie d'un nouveau titre, soirées inaugurales et promotion autour de son ami Christian, déjà rencontré dans les précédents tomes, et qui sort ici son premier roman.
Ce fameux Christian reçoit des lettres anonymes menaçantes et intrigantes. Il dit ne pas y accorder d'importance mais tout porte à croire qu'un secret se cache là dessous et Erika est bien déterminée à le dénicher. D'autant plus que cela survient en parallèle d'une enquête dont son mari, Patrik, a la charge. Un homme a été retrouvé sur le port de Fjällbacka, figé dans la glace.
Une fois de plus, Camilla Läckberg nous offre ici un tome bien construit et dans lequel on a toujours autant de plaisir à suivre la petite équipe et leurs déboires personnels. Certaines choses peuvent être devinées en amont (et oui c'est ça quand on est coutumier de ce genre de littérature, il y a des ficelles que l'on détecte à des kilomètres) mais de petites surprises sont aussi disséminées tout au long de l'ouvrage. Le bilan, si bilan il doit y avoir, et donc relativement positif. Disons-le clairement, ce n'est pas le meilleur tome de la saga pour l'enquête qui y est exposée et les résolutions de celle-ci mais on a forcément hâte de lire la suite à la vue du dernier chapitre... Sans vouloir spoiler (rassurez-vous, ce n'est pas le genre de la maison), j'ai tout de même envie de dire : NON MAIS CAMILLA CA VA PAS BIEN DE NOUS LAISSER AVEC CES DERNIERS PHRASES !?
Si vous n'avez jamais lu du Läckberg, ne commencez pas par celui-ci. Cela n'aurait aucun intérêt et vous perdriez toute la dynamique de la saga dans son ensemble tant ici l'auteure nous fait faire un bond dans l'histoire. C'est la première fois, de mémoire, qu'elle relie autant deux tomes entre eux. C'est bien simple, si vous n'avez pas le 7ème tome, "Le Gardien de phare", à portée de main, vous allez devenir fou ! C'est une bonne chose car il va y avoir, je sens et je l'espère, une accélération dans la narration. Cette saga est finalement très pépère et au bout d'un moment ce rythme peut commencer à lasser d'autant plus que les ficelles sont plus ou moins recyclées d'un tome à l'autre. L'auteure ici nous laisse présager une suite tourmentée et c'est tant mieux ! Un nouveau vent se lève sur Fjällbacka !
Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- "La Princesse des glaces"
- "Le Prédicateur"
- "Le Tailleur de pierre"
- "L'Oiseau de mauvais augure"
- "L'Enfant allemand"