"La Danseuse" de Patrick Modiano
L’histoire : La danseuse arrivait, le matin, à sept heures quarante-cinq, gare du Nord. Ensuite le métro jusqu'à la place de Clichy. Le bâtiment du studio Wacker était vétuste. Au rez-de-chaussée, une dizaine de pianos d'occasion, rangés en désordre comme dans un dépôt. Aux étages, une sorte de cantine avec un bar et les studios de danse. Elle prenait des cours avec Boris Kniasseff, un Russe que l'on considérait comme l'une des meilleurs professeurs... Une odeur particulière de vieux bois, de lavande et de sueur.
La critique de Mr K : Modiano, un auteur que je n’ai lu qu’une seule fois et il y a bien longtemps. Rue des boutiques obscures, conseillé par ma mère, vite lu, goûté, apprécié entre balade parisienne et poésie aérienne des mots. Puis plus rien pendant plus de vingt cinq ans... Je dois cette lecture à la professeur documentaliste de mon établissement qui est fan du bonhomme et qui a adoré son dernier né La Danseuse. Comme on se prête régulièrement des bouquins, elle a pensé à moi et Modiano s’est invité à nouveau chez moi.
Les années 60 à Paris, on suit un jeune narrateur qui rêve de devenir écrivain et qui, en attendant la consécration, loge dans une chambre de bonne sous les combles et traduit des livres anglo-saxons. Il lui arrive aussi de garder l’enfant d’une dizaine d’année dont la mère est la danseuse qui donne son titre à l’ouvrage. Autour d’eux gravite toute une galerie de personnages plus mystérieux les uns que les autres dont un maître de ballet célèbre et un parrain du milieu sympathique aux nombreuses affaires clandestines.
J’avais oublié le style de Modiano. Cette prose qui guide le récit qui finalement n’en est pas vraiment un, le livre se révélant être une déambulation poétique basée sur les souvenirs nébuleux du personnage principal. Il faut se laisser porter par ces scénettes assez courtes, aux contours flous et vaporeux. Des liens se tissent entre les différents protagonistes mais rarement concrètement, les ellipses employées enfoncent le clou et donnent à l’ensemble un aspect cotonneux. L’auteur nous balade, le narrateur se promène et notre esprit s’évade dans les quartiers de Paris, les milieux interlopes et les émotions à fleur de mot d’un narrateur poète un peu perdu, en quête de lui-même.
Difficile d’en dire plus. La Danseuse se lit d’une traite, ses 95 pages hypnotisent le lecteur littéralement mais peut-on parler de bonne lecture ? L’expérience fut plaisante mais finalement pas mémorable en terme d’empathie pour les personnages. Il me restera seulement des sensations, quelques fulgurances et un style dépouillé qui touche l’âme. C’est déjà pas si mal, non ?