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Le Capharnaüm Éclairé
4 décembre 2023

"Les Pizzlys" de Jérémie Moreau

couv pizzlys

L’histoire : Sillonnant Paris jour et nuit au volant de sa BMW à crédit, Nathan enchaîne les courses Uber pour subvenir aux besoins de ses frères et sœurs. Faisant littéralement corps avec son GPS, Nathan plonge dans un vide assourdissant quand son portable tombe en panne. Suite à un accident, Annie, sa dernière cliente, lui propose de partir vivre en forêt avec Zoé et Etienne au fin fond de l'Alaska.

La critique de Mr K : Aujourd’hui, cap sur une BD d’exception, la dernière en date de Jérémie Moreau, un jeune auteur qui m’avait bluffé avec Penss et les plis du monde (un ouvrage dont je n’ai pas écrit la chronique, la honte !). Je me rattrape avec celle des Pizzlys, un récit superbe et puissant, une ode à la vie, la vraie, loin de la superficialité qu'on tente de nous imposer et des illusions du consumérisme. Un bijou.

Depuis la mort de leur mère, Nathan est l’adulte responsable à la maison et il doit s’occuper de sa petite sœur et de son petit frère toujours dans le cursus scolaire. Ils vivotent comme ils peuvent sur son salaire de chauffeur Uber entre traites pour la BMW à crédit, les charges de l’appartement et les frais pour les petits. Plongé dans un quotidien infernal, Nathan est proche du vide sans le savoir. Un jour, lors d’une course, c’est l’accident, sa voiture est morte. Le voila totalement à la merci du destin et sur un coup de tête, il accepte la proposition d’Annie, la dernière cliente de sa courte carrière.

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Cette dernière rentre en Alaska sur la terres de ses aïeux, Nathan l’accompagnera avec ses frères et sœurs. Pas de contrat ou d’accord, simplement la découverte d’une terre sauvage, loin de tout, un remède pour leur situation insoluble ? Le fossé est immense avec leur quotidien quand ils arrivent sur place. La cabane de la famille d’Annie n’a pas d’accès à l’électricité et cela agace prodigieusement nos jeunes français accros aux écrans et aux consoles. Les débuts sont donc rudes surtout que le climat n’est pas des plus cléments.

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Mais petit à petit, l’apprivoisement a lieu, les citadins hyperconnectés vont justement se connecter à leur vraie nature d’être humain et à l’environnement. L’essentiel ? Ils passaient à côté depuis trop longtemps. Avec Annie, ils vont redécouvrir les vertus de l’attente, observer les cycles de la vie et de la mort, partir en chasse ou à la pêche pour se nourrir, bricoler, rire, souffrir aussi et apprendre sur les légendes du crû. Le quotidien bien que âpre s’avère riche en enseignements et en spiritualité. Chacun se redécouvre, progresse dans son chemin sur Terre et la fin en est la consécration subliminale.

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L’ouvrage dégage une profondeur incroyable, un message universel qui m’a parlé. Nous aurions tellement à gagner en nous concentrant sur nos besoins premiers, à s’ouvrir au monde au sens noble sans poursuivre des désirs chimériques qui nous détruisent et au final font que notre belle planète souffre énormément. Les dessins subliment l’ensemble avec des traits simples mais efficaces, l’auteur alternant multiples cases narratives et planches contemplatives virant parfois au psychédélisme par le choix de couleurs bien pêchues, limites fluorescentes.

Fond et forme se servent mutuellement et proposent un conte initiatique d’une rare force qui m’a comblé. Allez-y, foncez, l’ouvrage vaut vraiment le détour !

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